« On ne fait pas assez pour l’agriculture alors que c’est quand même l’essentiel »
Lui qui vient de fêter ses 40 ans de scène, n’a pas finit de réinventer l’humour à chaque spectacle, voire même à chaque représentation. Son ton décalé, poétique, flirtant avec l’absurde, et son engagement écologique ont contribué à faire de Marc Jolivet un humoriste à part. A 62 ans, après avoir proposé un spectacle symphonique, un autour des présidentielles, il s’attaquera en 2013 aux coulisses du déclenchement de la 1ère guerre mondiale.
Pouvez-vous nous parler du métier d’humoriste ?
Marc Jolivet - Je suis d’un tempérament joyeux, déconneur et je n’ai pas la sensation de faire un métier, je suis moi-même. Humoriste ce n’est pas un métier mais une façon d’être, de vivre, et j’ai la chance merveilleuse que des gens payent pour venir m’écouter raconter les histoires que j’ai écrites. Rire est indispensable pour vivre. J’ai commencé par écrire des pièces, des chansons, des films et assez naturellement je suis passé au one-man-show. La vie est tellement courte que l’on a intérêt à avoir un maximum de rêves et essayer d’en réaliser le plus possible. En écrivant, on n’est jamais sûr de l’effet sur le public. Il m’arrive quelquefois d’être content et penser que telle idée est vachement bien et va marcher très fort, mais il s’avère que ce n’est pas le cas. Inversement, on est parfois étonné par le rire provoqué par un passage dans un sketch, où l’on ne s’attend pas vraiment à ce qu’il fonctionne autant. C’est là un des aspects passionnants de l’humour, qui démontre les limites d’une éventuelle technique, à laquelle je ne crois absolument pas. Le moment que je préfère est d’entendre rire les gens et les voir repartir heureux, avec en point d’orgue l’improvisation, lorsque notamment j’arrive à trouver des mots qui correspondent uniquement au public de telle ville et pas un autre. Un rire local en somme.
Quel regard portez-vous sur le monde agricole et y avez-vous des liens ?
M.J. - J’ai un bon ami vigneron, Jean Luc Isnard, qui fabrique un Cotes du Ventoux biologique, Terres de Solence, avec lequel j’espère un jour faire du vin. Par ailleurs, j’ai été à un moment parrain des amis de la Confédération paysanne, et lorsque José Bové a rejoint les communistes, j’ai arrêté. Je souhaite que l’agriculture intensive devienne une agriculture plus responsable. J’ai vu les drames provoqués par les pesticides, c’est scandaleux, et j’espère que les agriculteurs vont en prendre conscience et se révolter, en tout cas je suis à leurs côtés. Je trouve que l’on ne fait pas assez pour l’agriculture alors que c’est quand même l’essentiel. Il faudrait que la FNSEA se rapproche de la Confédération paysanne, et que tous les agriculteurs se mettent ensemble pour faire une agriculture raisonnée, naturelle. Sans parler de nos estomacs, il faut que les agriculteurs qui s’empoisonnent eux-mêmes, comprennent qu’ils ne doivent pas rester entre les mains de Monsanto, pour cela nous devons lutter ensemble au niveau européen. Pour manger sainement et d’une façon naturelle, je suis très favorable aux AMAP ou aux démarches similaires. Il faut vraiment être taré lorsqu’on a le choix, pour préférer une nourriture avec des pesticides à une qui n’en a pas.
De quoi est faite votre actualité ?
M.J. - Durant un an et demi, je vais écrire un nouveau spectacle qui deviendra un film et s’appellera « Moi, Guitry, De Gaulle et les autres ». C’est une comédie dans le style de Feydeau autour des raisons du déclenchement de la guerre 14-18, que nous jouerons à partir de novembre 2013 au Théâtre du Rond-point. A côté de cela, je vais finir mon 2ème roman, peut-être faire un spectacle pour enfants et continuer à jouer mes précédents spectacles. Pour le « Comic symphonic », je serai à Toulon le 6 juillet, à Toulouse le 13, puis 3 dates en octobre que vous trouverez sur mon site. Pour « Marc Jolivet fête ses 40 ans de scène », je serai le 25 juillet à Roquebrune-Cap-Martin, puis toujours sur le site vous aurez les dates pour la rentrée.
Avez-vous un sketch sur le monde agricole ?
M.J. - J’ai un sketch qui a 15 ans et que j’actualise au fur et à mesure, dont la durée peut aller jusqu’à 45 minutes selon l’improvisation, mais je vais essayer de vous le faire court : C’est François Hollande qui va rejoindre son ex-compagne Ségolène Royal et il ne veut pas que ça se sache. Il part dans la campagne déguisé en José Bové, et sa voiture crève au milieu de nulle part à 3 heures du matin. Il voit une ferme, va demander si on peut l’aider. Le paysan appelle alors Emilio, arrive un cochon avec une jambe de bois. Le paysan lui demande d’aller réparer la roue de François Hollande. Le Président dit au paysan : Mais monsieur, c’est un cochon ! L’autre lui répond : Vous voulez qu’on vous aide ou pas ? Le président : Bon d’accord. Le cochon prend les clés dans son groin, part réparer la roue de la Ferrari, revient et rend les clés à François Hollande. Le paysan lui dit : Voilà monsieur, bonne nuit on va se recoucher. François Hollande lui répond : Excusez-moi, encore merci mais pourquoi ce cochon a une jambe de bois ? Le paysan conclut : Monsieur, un cochon avec des qualités pareilles, vous n’imaginez tout de même pas qu’on va tout manger d’un seul coup !