Un film d'animation drôle, irrévérencieux et haut en couleurs

Publié le par Michel Monsay

Un film d'animation drôle, irrévérencieux et haut en couleurs

On sourit souvent en regardant Linda veut du poulet !. Le film se déroule de nos jours, dans une petite cité ordinaire, un jour de grève générale. Il ne s'agit pas de combattre un monstre ou d'évoluer dans un monde fantastique, mais simplement de trouver... un poulet ! Les personnages du film d'animation de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach sont finement dépeints et portés par des dialogues bien sentis, joués notamment par les excellentes Clotilde Hesme et Laetitia Dosch mais aussi Estéban et son irrésistible diction nonchalante. L'univers graphique sensuel et chatoyant de Sébastien Laudenbach fait merveille, qui après La Jeune Fille sans mains en 2016 le consacre comme l’un des plus talentueux cinéastes d’animation européens : ses coups de crayon voluptueux mus par la couleur, tout comme le passage sur fond noir dans certaines séquences sont de jolies trouvailles esthétiques, et on s'étonne constamment que des traits aussi abstraits et minimalistes soient si puissamment réalistes. Avec des dialogues rafraîchissants, des situations irrévérencieuses, ce film parle de l’enfance comme un enfant le ferait, sans mièvrerie, sans emphase, avec moquerie, insolence et poésie. En juin, au Festival international du film d’animation d’Annecy, le plus important au monde, Linda veut du poulet !, œuvre française à petit budget, a raflé, au nez et à la barbe de productions européennes, américaines ou japonaises de grande envergure, la principale distinction au palmarès, le Cristal d’Or du long-métrage. C’est un film qui disjoncte, avec un sens aigu de l’absurde et du burlesque, empruntant des sentiers multiples, passant du sérieux au merveilleux, avec un humour parfois teinté de mélancolie, pour parler à cette enfance enfouie en chacun de nous. Un film qui ne reste jamais vraiment au même endroit, comme s’il avait la bougeotte, comme un enfant turbulent, de ceux qu’on met au coin parce qu’ils dérangent la classe. Derrière cette cocasse équipée sauvage, se glisse un récit social empreint d’amour, de chagrin, mais aussi d’une grande solidarité.

Publié dans Films

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