Une œuvre puissante et dérangeante

Publié le par Michel Monsay

Une œuvre puissante et dérangeante

Le cinéaste belge de 46 ans, Joachim Lafosse, a l'habitude de porter à l'écran les difficultés des couples, voire même leur désintégration, que ce soit dans "A perdre la raison", avec Emilie Dequenne et Tahar Rahim, ou "L'économie du couple" avec Bérénice Béjo et Cédric Kahn. Dans "Les intranquilles", on retrouve cette atmosphère suffocante qui existaient déjà dans les deux films précités et que le réalisateur parvient à créer ici avec des plans très serrés sur les visages, en suivant les personnages caméra à l'épaule dans un mouvement perpétuel, en les isolant de leur environnement, pour être au plus près du malaise qui va s'installer au fil de l'intrigue. Joachim Lafosse excelle dans ce cinéma de la destruction. Dès les premières minutes de son long-métrage, il installe une tension qui ne quittera plus le récit jusqu’à la fin. L'histoire qu'il nous raconte agit telle une déflagration, grâce à une mise en scène à la fois frontale et pudique et l'interprétation exceptionnelle de Damien Bonnard et Leïla Bekhti. Mélodrame à la beauté sans apprêts et à la sensibilité à vif, « Les Intranquilles » avancent comme une chorégraphie de regards déchirante, où Joachim Lafosse épouse le point de vue inquiet, puis perdu du personnage féminin. Puisant dans son histoire personnelle, son père était bipolaire, Joachim Lafosse signe un drame rigoureux et d’une grande sobriété, qui à la fois bouleverse et met mal à l'aise devant la complexité de cette maladie.

Publié dans Films

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