Il a incarné la jeunesse rageuse, fauchée en plein élan des années sida

Publié le par Michel Monsay

Il a incarné la jeunesse rageuse, fauchée en plein élan des années sida

5 mars 1993, la mort de Cyril Collard, fauché par le sida à seulement 35 ans, suscite une très vive émotion. Quelques mois plus tôt, le grand public l’a découvert avec son premier long-métrage, Les nuits fauves. Un film coup de poing qui raconte l’histoire d’un garçon bisexuel et séropositif qui tente de continuer à vivre et à aimer. Une histoire très largement autobiographique. À sa sortie, fin 1992, le film a été un événement, vu par 3 millions de spectateurs en salles et salué par quatre César. Audacieux, libre, cash, parfois cru, il touche au cœur la jeunesse des années sida. Cyril Collard balaye les tabous, ne s’interdit rien, parle de liberté, de sexe vite consommé comme de passion dévorante. Chez lui, rien n’est lisse : ni les émotions ni la manière de les filmer. Il bouscule le cinéma français de l’époque, qui ressemble trop selon lui à un cinéma de bureau. Trente ans après sa mort, Cyril Collard À la vie, à l’amour entend faire redécouvrir le destin d’un artiste saisissant. Le documentaire, réalisé par Caroline Halazy, explore cette trajectoire fulgurante et aujourd’hui méconnue, qui a mené à un film culte pour toute une génération. L’histoire d’un fils de famille bourgeoise qui plaque brutalement ses brillantes études pour se lancer à corps perdu dans la création artistique. Écrivain, musicien, chanteur, cinéaste,  Cyril Collard est tout cela à la fois. Il cherche, explore, crée. Assistant de Maurice Pialat, il en devient le disciple, captant le réel dans toute sa brutalité, même quand cela dérange. Proche de Rachid Taha, il réalise le clip de la chanson Douce France, le titre phare du groupe Carte de séjour. Il est fasciné par le voyage, les pays du Sud, et notamment l’Afrique du Nord. Dans son œuvre, Cyril Collard dénonce à sa manière, viscérale, les crimes racistes et la montée de l’extrême droite. Les nuits fauves s’impose comme la première œuvre grand public à parler du sida. Un film en avance sur son temps. Non seulement par sa manière de briser le tabou de cette maladie que le public tenait alors à distance, mais aussi par ce choix assumé de donner à voir la marginalité, des personnages anticonformistes, des comportements dérangeants. La force de ce portrait doit beaucoup à la figure charismatique du cinéaste, mi-ange mi-démon, qui se dévoile sans fard au gré d’archives télé, lui qui fut l’un des premiers à évoquer sa séropositivité dans les médias. Trente ans après, Les nuits fauves conserve sa vigueur désespérée, et ce documentaire rend un bel hommage à son auteur

Cyril Collard, À la vie, à l'amour est à voir ici ou sur le replay de France Tv.

Publié dans replay

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