Une série trépidante et romanesque

Publié le par Michel Monsay

Une série trépidante et romanesque

L’ancien journaliste d’investigation israélien Moshe Zonder chapeaute cette très bonne série à suspense qui offre une plongée dans l’Iran contemporain. Ne pouvant y tourner, il a multiplié les sources afin de s’approcher au mieux de la réalité du pays. À tel point que pour trouver l’une des images les plus justes de l’Iran aujourd’hui, et de sa jeunesse actuellement dans la rue, il faut regarder une série venue d’Israël, l’ennemi juré du régime des mollahs. Comme Hatufim, qui a inspiré Homeland, et Fauda, deux séries à succès, Téhéran aborde frontalement le contexte géopolitique de la région. Si l’action se déroule sur le sol iranien, le tournage ne pouvait s’y tenir, pour des raisons évidentes. C’est donc à Athènes que Moshe Zonder a travaillé avec des acteurs israéliens d’origine iranienne et des Iraniens expatriés en Grèce. Il présente dans cette série une vision nouvelle, notamment de la jeunesse occidentalisée, à rebours de tous les clichés sur l’Iran, fruit d’un long travail. Si, dans Téhéran, le contexte géopolitique est central, son véritable sujet est la famille et l’identité, un aspect privilégié par le créateur de la série, dont les parents, survivants de la Shoah, ont quitté la Pologne pour Israël. Téhéran raconte en filigrane le besoin de certains israéliens d’origine iranienne de renouer avec leurs racines. Dès le départ, Téhéran se distingue par son rythme et sa tension qui se confirment tout au long des deux saisons de huit épisodes. En plus de tous les ingrédients d'une grande série d'espionnage, Téhéran brosse aussi le portrait d'une jeunesse insoumise et capture les fractures d'une société désenchantée sous pression, gangrenée par la corruption et les passe-droits. Quelque part entre Homeland et Le Bureau des légendes, Téhéran déploie une intrigue machiavélique et brille autant par l’élégance de sa photographie que par son montage au cordeau. La série n’oublie jamais de donner un visage humain à ses personnages les plus cruels, les plus sombres. C’est toute sa force : éviter l’écueil du manichéisme. Si la série se distingue par sa réalisation virtuose, menée tambour battant, et une distribution impeccable, la complexité de son récit fascine. Il déploie intelligemment une intrigue tentaculaire mêlant quête identitaire, tragédies migratoires et enjeux géopolitiques, sur fond de divisions profondes de la société iranienne.

Téhéran est à voir ici sur Apple Tv pour 9,99 € un mois sans engagement ou alors avec l'essai gratuit de 7 jours.

Publié dans replay

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