Impressionnant aveugement amoureux

Publié le par Michel Monsay

Impressionnant aveugement amoureux

Un récit percuté par l’histoire géopolitique du XXIe siècle naissant. Par petites touches pudiques, il dessine, entre certitudes sentimentales et doutes vertigineux, le désarroi puis la détresse de son héroïne, sans jamais forcer le trait psychologique ni appuyer son coup de théâtre final. C’est le portrait impénétrable de quelqu’un qui ne change pas au côté de quelqu’un qui se transforme. Au fil d’un scénario habilement tissé, qui évolue de la comédie romantique au drame psychologique à suspense, la jeune réalisatrice allemande Anne Zohra Berrached ­raconte cinq années de la vie d’un couple où l’amour est confronté, mais aussi résiste, aux secrets, aux non-dits et au déni. La force de Ce qui reste est de s’en tenir exclusivement au point de vue de son héroïne et à son attitude ambiguë vis-à-vis de son compagnon : meurtrie par la radicalisation progressive de celui-ci, la jeune scientifique se révèle incapable de regarder toute la réalité en face, convaincue d’un retour possible au bonheur malgré tout. Cette chronique sensible de l’aveuglement amoureux, mise en scène avec une grande sensualité, doit aussi à ses comédiens, Roger Azar, séduisant par son opacité, et, surtout, Canan Kir, touchante jusque dans les contradictions de son personnage.

Ce qui reste est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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