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Pour en finir avec ces privilégiés de la République

Publié le par michelmonsay

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Cela fait 25 ans que Sophie Coignard,  journaliste d’investigation à l’hebdomadaire Le Point, dénonce avec succès à travers une quinzaine d’ouvrages, les dérives et les dysfonctionnements de notre société. Elle a travaillé avec un autre journaliste du même magazine pour écrire ce livre dont on parle beaucoup en ce début d’année, dans lequel ils mettent en lumière une caste de privilégiés totalement coupée de la réalité du quotidien. Par une enquête minutieuse avec des faits avérés à l’appui, ils nous démontrent comment ces patrons, haut fonctionnaires, élus nous gouvernent avec incompétence, lâcheté, et cumulent en toute impunité toutes sortes de passe-droits et de rémunérations démesurées. Ce brulot qui met en avant les comportements indécents de certaines de nos élites en ces temps de grave crise économique, pourrait bien se retrouver au cœur de la campagne électorale.

 

 L’oligarchie des incapables – Un essai de Sophie Coignard et Romain Gubert – Albin Michel – 368 pages – 20 €.

 

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Corps et âme voués à la politique

Publié le par michelmonsay

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Récompensé par 3 Césars, ce remarquable film de Pierre Schoeller est seulement le second de ce réalisateur de 50 ans. Cet homme qui écrivait pour les autres jusqu’à présent, a décidé de prendre la caméra en 2008 mais son talent pour raconter une histoire est toujours intact, puisqu’il vient de lui valoir le César du meilleur scénario. Il ausculte ici la pratique du pouvoir avec un réalisme et une lucidité que l’on n’a sans doute jamais poussés jusque-là au cinéma. Passionnante de bout en bout, cette plongée au cœur de la vie d’un ministre que l’on suit au plus près, montre les compromis, les arrangements, les idéaux refoulés, la carapace nécessaire pour résister à toutes sortes de pressions et d’épreuves. Une mise en scène toujours très juste, un scénario de très grande qualité, des comédiens impeccables avec à leur tête un Olivier Gourmet au sommet de son art, tout dans ce film contribue à nous ancrer de manière viscérale à l’intérieur d’un monde sous tension permanente. Le ministre des transports est réveillé en pleine nuit, suite à un accident de car dans les Ardennes qui a fait 12 victimes dont des enfants. C’est sur ce drame tristement d’actualité que l’on fait connaissance avec cet homme d’état, qui se rend tout de suite sur place et dont nous allons suivre le marathon quotidien, entouré de ses collaborateurs notamment le précieux directeur de cabinet. Parmi les très nombreuses qualités de ce film, l’aspect humain des personnages et des situations n’est jamais oublié dans cet univers politique qui ne laisse guère de place aux états d’âme.                                                                                                                      

 

L’exercice de l’Etat – Un film de Pierre Schoeller avec Olivier Gourmet, Michel Blanc, Zabou Breitman, …- Diaphana – 1 DVD : 19,99 €.

 

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Le retour d’une superbe voix

Publié le par michelmonsay

 

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Pour fêter ses 25 ans de carrière, la chanteuse irlandaise dont on a davantage évoqué les frasques que sa musique ces dernières années, revient  avec un magnifique 9ème album totalement inattendu. Cette artiste de 45 ans qui avait eu un début de carrière très remarqué avec une voix hors du commun et une forte personnalité, a retrouvé l’inspiration et s’offre un second souffle très convaincant. Peut-être est-ce une certaine maturité, une assurance, toujours est-il qu’il se dégage de cet album une qualité musicale et vocale indéniables portant des textes profonds, souvent engagés et parfois plus légers. La voix de Sinéad O’Connor est plus que jamais bouleversante, elle lui donne tout un panel de couleurs, tantôt douce avec un léger voile qui donne des frissons, tantôt puissante pour exprimer une douleur, elle la module du grave à l’aigu avec une étonnante facilité. Variant les tempos, la pop qu’elle nous propose oscille naturellement du folk au rock. Sa musique collant parfaitement à sa voix est chargée d’émotion, ce qui ne l’empêche pas de se permettre quelques mélodies entraînantes. Il y a comme cela parfois des retours en grâce, souvent dus à un talent qui sommeillait et dont l’on peut se réjouir ici qu’il ne soit pas tombé dans les oubliettes. A l’écoute de ces 10 morceaux, on se dit que cette irlandaise a bien fait de revenir à ce qu’elle fait de mieux, écrire, composer et chanter, d’autant qu’elle trouve ici l’assemblage parfait de ses qualités.                                                                                                                  

 

Sinéad O’Connor – How about I be me (And you be you)? – PIAS – 1 CD : 13,99 €.

 

Publié dans Disques

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La vie politique façon Grand siècle

Publié le par michelmonsay

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Grand romancier de 65 ans, lauréat du Goncourt en 1997 pour « La bataille », Patrick Rambaud est aussi un fameux pasticheur et sa plume cruelle et désopilante a déjà fait de nombreux ravages. Commencée avec l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, cette chronique irrévérencieuse écrite dans un style ancien que l’on pratiquait au temps de nos monarques, aborde dans ce 5ème tome tous les événements qui se sont passés à la cour et dans son entourage entre l’été 2010 et 2011, du discours de Grenoble à l’affaire DSK. Il se réapproprie tous les personnages et les croque dans une très belle langue, où personne n’est épargné pour le plus grand plaisir du lecteur. L’auteur, par son approche satirique mais néanmoins lucide, nous offre une respiration drôle et intelligente au milieu des nombreuses analyses politiques, qui a pour but d’éclairer les français sur la bouffonnerie de ce quinquennat.

 

 Cinquième chronique du règne de Nicolas 1er – Un roman de Patrick Rambaud – Grasset – 200 pages – 14,50 €.

 

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A la fois léger et bouleversant

Publié le par michelmonsay

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Justement récompensé samedi dernier aux Victoires de la Musique, découvrez ou redécouvrez le superbe album de Catherine Ringer, sorti en mai dernier.

 

Un peu moins de quatre ans après la disparition brutale de Fred Chichin, la moitié des Rita Mitsouko, Catherine Ringer sort un premier album solo forcément très attendu avec de nombreuses interrogations. A 53 ans, l’artiste a trouvé les ressources et la motivation pour continuer son odyssée musicale, et s’est lancée dans l’écriture et la composition sans son alter ego après 28 ans de collaboration. Elle, que l’on considérait davantage comme une interprète qu’un auteur, démontre aujourd’hui que l’âme des Rita Mitsouko est bien présente dans ses nouvelles chansons, tout en apportant une touche supplémentaire plus personnelle. Un incroyable mélange d’ambiances et sonorités traverse la formidable collection de 12 morceaux qui composent cet album, où se côtoient une vitalité, une légèreté et une profondeur troublantes. On retrouve l’inventivité que se permettaient les Rita Mitsouko en poussant encore un peu plus loin le brassage des influences musicales. Sa voix n’a peut-être jamais été aussi belle dans une palette plus large tant dans la tonalité, l’intensité que dans l’émotion. Chantées en français et en anglais, les chansons sont imprégnées plus ou moins directement de l’ombre de Fred Chichin, avec en point d’orgue un texte poignant qu’elle chante merveilleusement sur un extrait de la 5ème symphonie de Mahler. Aussi à l’aise dans des tempos et des univers rock, électroniques, de chansons réalistes à la Piaf, ou sur les violons déchirants de Mahler, Catherine Ringer est plus que jamais une grande dame de la musique dans toute sa richesse, et l’on ne peut que se réjouir de son retour au premier plan.

 

 Catherine Ringer – Ring n’ roll – Because – 1 CD : 14,99 €.

Publié dans Disques

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« Le sport professionnel ne se justifie que s’il est vecteur de lien et d’exemplarité »

Publié le par michelmonsay

Claude Onesta - Handball-Teamchef France (2)    

Le faux-pas en Serbie n’enlève rien au prestigieux palmarès de l’entraîneur le plus titré du sport collectif français, champion olympique, deux fois champion du monde et deux fois champion d’Europe. Tourné désormais vers les Jeux de Londres, Claude Onesta élu manageur de l’année 2011, nous parle de sport, de ses valeurs, de la société, de la crise avec la lucidité et la générosité qui le caractérisent.

 

Qu’a-t’il manqué à l’équipe de France pour continuer sur sa lancée lors de cet Euro en Serbie ?

Claude Onesta - Vous avez l’impression que tout le monde est bien en place, chacun exprime sa volonté de réussir une fois de plus, mais au-delà des discours, les joueurs sont peut-être un peu moins déterminés qu’il le faudrait, pas suffisamment inquiets. Tout cela relève de réglages infimes, je n’avais pas en face de moi des joueurs qui avaient perdu le sens de leur engagement. En cours de préparation, j’ai relevé un manque d’intensité dans le travail mais chacun pensait que ça irait quand même. Puis on rate le début de la compétition, on commence à se crisper, à douter, et avec un match tous les deux jours, le dérapage continue sans que l’on puisse retrouver la bonne direction. Cet échec comportait le risque de fracture pour la suite, et dans notre malheur nous avons réussi à éviter que le groupe se disloque et que les joueurs se renvoient la responsabilité. Autrement dit nous avons réussi à vivre cette défaite de manière solidaire et digne. Il appartient aujourd’hui à chacun de faire le tour de ce qui lui a manqué ou de ce qu’il n’a pas fait, et dresser un bilan qui servira à la construction de la préparation aux Jeux Olympiques.

 

Mis à part l’Euro, quelle est la recette du succès de l’équipe de France et de votre méthode en particulier ?

C.O. - Il ne suffit pas d’additionner des joueurs de talent pour que cela fonctionne, manager une équipe ou un groupe d’individus quelle que soit leur activité, c’est arriver à les rendre solidaires, à ce que l’intérêt général soit une priorité pour chacun, en faisant le pari que la réussite collective générera des réussites individuelles conséquentes. L’équipe de France est passée d’une gestion directive à une gestion participative où les joueurs élaborent le projet avec moi. Je reste l’autorité, celui qui décide mais aussi celui qui écoute, met en relation, trouve des équilibres qui sont le support de la confiance réciproque qui règne dans le groupe. Je dois être capable de comprendre le fonctionnement de chacun, de les associer autour d’un objectif commun, et d’anticiper les problèmes pour essayer de les résoudre ensemble. La responsabilisation d’une prise de décision permet au joueur de l’assumer de manière plus cohérente.

 

Votre réussite est l’objet de très nombreuses sollicitations, qui fait appel à vous et dans quel but ?

C.O. - Le monde sportif bien sûr, mais aussi le monde associatif, caritatif, politique, économique. J’étais porteur, un peu moins avec la défaite en Serbie…, d’une image de réussite avec une connotation sociale et humaine. Aujourd’hui tout le monde a envie de réussir et en plus d’être aimé des autres. J’ai eu la sensation de servir d’exemple et d’être utilisé à toutes les sauces, mais j’ai toujours essayé de garder beaucoup de distance. Aujourd’hui malheureusement, le monde du travail repose sur un modèle hiérarchique où l’on a isolé les individus du projet global en les encourageant à être meilleur que son voisin. Les entreprises ont de ce fait beaucoup de mal à faire travailler les gens ensemble. J’essaie de faire passer le message qu’en se faisant confiance, en se parlant, on comprend pourquoi l’autre va être utile et on peut arriver ainsi à des performances durables et plus conséquentes. Cette méthode n’est pas rêvée, il faut lui donner du sens, vivre avec ces idées sur le long terme, on ne peut pas juste se contenter de le dire, puis ensuite ne pas le faire.

 

Quel regard portez-vous sur le handball par rapport aux sports plus médiatisés ?

C.O. - Le handball, tout en étant sur le devant de la scène, est sur des niveaux de gains et de rétributions bien moindres que d’autres sports, donc avec des enjeux moins conséquents. Pour autant, mes joueurs gagnent entre 10 000 et 30 000 € mensuels, ce qui n’est pas neutre. On est aussi porteur d’une image d’exemplarité dans les comportements, on essaie d’éviter toutes les indécences que l’on peut voir chez d’autres, qui ne se rendent pas compte des dégâts générés par leur attitude sur la jeunesse. Notre modèle est très basé sur les valeurs éducatives à l’inverse de nombreux sports professionnels, on nous a souvent d’ailleurs reproché d’être un sport d’enseignant ou de prof de gym. Aujourd’hui avec la notoriété et la médiatisation de nos joueurs, il pourrait y avoir un dérapage mais l’encadrement veille au grain. Le sport professionnel ne se justifie que s’il est vecteur de lien et d’exemplarité, tout en étant une vitrine qui va donner envie aux jeunes de pratiquer une discipline. D’autant que nous avons en France la chance d’avoir le système des pôles espoirs dans chaque région.

 

Le sport est-il touché par la crise et vous-même comment la percevez-vous ?

C.O. - Les tous meilleurs joueurs ne sont pas touchés par la crise, vu qu’ils ont un caractère unique, par contre le budget des clubs professionnels est en baisse. Les collectivités qui contribuent à ces budgets ont aujourd’hui d’autres priorités, de même les entreprises ont diminué le sponsoring et la publicité. Les clubs étant moins solides, il y a moins de contrats professionnels ou alors ils sont plus précaires. De son côté, la pratique sportive de loisir continue d’augmenter, c’est un équilibre de vie et elle permet d’évacuer une partie des inquiétudes. Le milieu associatif contribue aussi à partager avec d’autres les difficultés, à trouver des notions de solidarité, de projets communs qui permettent de se mobiliser et se sentir moins seul.

Moi qui suis quelqu’un de construit sur le partage, l’échange et la participation, j’ai la sensation que ce monde est devenu fou, et malgré les alertes successives il ne se régule jamais. Cette course absolue à une rentabilité permanente et immédiate est complètement ridicule, mais malheureusement les états n’ont plus la maîtrise de leur politique, ce sont les marchés qui régulent tout, générant des situations inquiétantes pour le plus grand nombre. En matière de santé par exemple où les évolutions profitent toujours aux mêmes. Quand on peut aujourd’hui découvrir des médicaments qui devraient résoudre des problèmes de mortalité dans certains endroits, et que l’on ne les développe pas à cause du manque d’argent de ces pays, le cynisme de cette logique économique est insupportable.

 

Qu’attendez-vous de cette période électorale et vers quels changements doit-on aller, notamment dans le domaine agricole ?

C.O. - L’ultralibéralisme a montré qu’il était destructeur, il faudrait revenir à un système mieux équilibré où l’Etat devienne l’élément de régulation qui permette la protection du plus grand nombre. Il va certainement falloir passer par des périodes plus difficiles pour absorber une partie de nos excès. J’espère que ce seront ceux qui ont le mieux profité de la situation qui seront les plus sollicités pour faire des efforts. Cela dit, celui qui est devenu riche en générant du travail et un environnement social prolifique, ne mérite pas d’être puni. Par contre, celui qui ne vise que la spéculation doit être mis à contribution.

Par ailleurs en faisant des économies dans des secteurs comme l’éducation, on va peut-être résoudre des problèmes financiers sur le court terme, mais sûrement provoquer des problèmes conséquents sur l’avenir et en particulier pour la jeunesse. Le sport est souvent présenté comme le remède à tous les maux liés à cette jeunesse, drogue, addictions, insertion, violence, mais il ne représente que 0,1% du budget de l’Etat et ne peut pas de ce fait résoudre toutes les difficultés. Il va donc falloir se donner plus de moyens, à la fois pour le sport de masse mais aussi pour celui de haut-niveau, où il faut aussi une meilleure répartition avec les sports dits amateurs. Il n’est pas normal, qu’un athlète qui s’entraîne 5 heures par jour à un niveau international et qui est capable de devenir champion du monde, gagne à peine le SMIC, comparé au train de vie indécent du football.

Les agriculteurs, dont souvent le travail ne suffit plus pour vivre dignement de leur activité, sont peut-être au 1er plan des difficultés de nos sociétés modernes, au regard de ce qu’est la concurrence venant d’ailleurs. L’exemple des produits espagnols est frappant, ils arrivent dans le Sud de la France à un prix qui n’est même pas le prix de revient d’un kilo de fruits produit en France. On a construit une Europe marchande, en négligeant l’aspect fiscal et social mais aussi en oubliant d’uniformiser les problématiques.

 

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Quand la pop, le folk et l’électro trouvent le mariage parfait

Publié le par michelmonsay

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Déjà 16 ans de carrière pour Wilco, que d’aucuns considèrent comme le plus grand groupe américain actuel. Avec leur 8ème album, ils sont indiscutablement au sommet de leur art et nous proposent une collection de 12 morceaux d’un éclectisme et d’une richesse remarquables. Des ambiances souvent envoutantes, parfois entraînantes et une musique naviguant entre pop, folk et musique électronique, toujours habitée, qui a de la profondeur et dans laquelle on plonge avec délectation. Autour de son leader Jeff Tweedy, auteur compositeur chanteur et guitariste, le groupe se compose de 5 autres musiciens de grande qualité. Aussi à l’aise sur des ballades acoustiques que sur des envolées électroniques ou électriques, les six de Chicago ont bâti un album tout à la fois magnifiquement mélodieux, créatif et exigeant. Selon les atmosphères, la voix du chanteur change étonnamment de teintes comme si elle s’accordait selon que ce soit un piano, des guitares ou des synthétiseurs. Ce nouvel album de Wilco, qui est définitivement un des leaders de la pop indépendante, enchante nos oreilles avec une musique qui provoque un panel de sensations rarement aussi large sur un seul et même disque.                                                                                                                     

 Wilco – The whole love – Epitaph Pias – 1 CD : 20 €.

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Le rire et l’émotion

Publié le par michelmonsay

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Un Molière, un César, une brillante carrière tant au théâtre qu’au cinéma, Patrick Chesnais est souvent associé à ce personnage pince sans rire souvent dépassé voire désabusé, qui au final se révèle toujours drôle et attachant. Arrivé à une certaine maturité, il enchaîne films et pièces avec une côte d’amour toujours au beau fixe.

 

Pas de temps mort pour Patrick Chesnais, à peine fini la tournée de la pièce « Toutou » fin janvier, il démarre en province d’abord puis à Paris en septembre, Tartuffe de Molière qu’il va jouer avec Claude Brasseur. Davantage porté vers le théâtre contemporain, même s’il a joué du classique dans la première partie de sa carrière, il préfère les pièces qui parlent des choses d’aujourd’hui, et être plutôt dans la création que reproduire des succès passés, sauf lorsqu’il s’agit de chefs-d’œuvre comme Tartuffe où il y apporte une sensibilité moderne dans le jeu.

Côté tournages, son emploi du temps est aussi bien rempli. Il en a dès à présent deux prévus pour 2012 et il vient de terminer le film de Jean Becker, « Bienvenue chez nous » qui sortira en juin. Il y campe un artiste peintre dépressif qui part de chez lui en voiture, et rencontre une jeune fille asociale de 15 ans. A travers un road-movie, ils vont mutuellement se redonner goût à la vie. Avant cela, il avait tourné un film belge où il jouait un père d’un égoïsme monstrueux qui cache une fragilité. Egalement un polar de Xavier Durringer diffusé le 6 janvier sur France 2, « Hiver rouge », où Patrick Chesnais incarne un commissaire désabusé sur les traces d’un sérial killer, une très belle réussite selon ses dires. Le point commun entre ces trois rôles est une certaine complexité de caractère, à laquelle le comédien apporte quelque chose qui apparemment lui échappe et rend ainsi le personnage attachant.

 

Le plaisir d’être en tournée

Ce planning très serré l’a obligé à réduire la tournée de Toutou à deux mois, mais comme il enchaîne avec Tartuffe en province, il va pouvoir apprécier ces moments privilégiés : « A l’inverse de Paris, on ne joue pas tous les jours et c’est chaque fois dans des endroits différents, il n’y a donc pas de saturation ni de fatigue. On est en forme dans un lieu agréable sans les tracas du quotidien, on laisse le temps filer, on bouquine, on se promène, s’il y a un spa dans l’hôtel, on s’occupe de son corps, puis le soir on est acclamé dans une salle comble en étant mieux payé qu’à Paris, et pour finir il y a toujours un bon restaurant après. Quant au public, le second degré et la finesse passent mieux à Paris, mais les réactions peuvent être beaucoup plus fortes en province. »

Le bonheur avec Patrick Chesnais est qu’il ne manie pas la langue de bois, si répandue de nos jours, et n’hésite pas à dire qu’il regrette d’avoir accepté de jouer Toutou. Mis à part le challenge excitant d’être constamment en scène avec sa femme Josiane Stoléru, il trouve la pièce en elle-même plus limitée que toutes celles jouées jusqu’alors. Pourtant, le public sort ravi et rit de bon cœur à cette histoire de couple qui part en vrille à la suite de la perte de leur chien, mais sur la durée, ce n’est pas le succès que rencontre habituellement Patrick Chesnais. Avec Tartuffe, il est évident qu’il n’aura pas ce regret, et dès les répétitions il sent déjà la force de chaque mot.

 

Les coulisses de l’acteur

Instinctif dans son jeu, il ne croit pas à la technique : « Pour un acteur, la technique c’est vivre, apprendre la vie, respirer la vie et la restituer le mieux possible. Derrière l’acteur, il y a avant tout l’homme qu’il est, ce qui transparaît de lui qu’il le veuille ou non. » Lorsqu’il joue au théâtre à Paris, afin d’éviter l’usure : « Nous devons redécouvrir le texte tous les soirs, pour cela on s’appuie sur le public et selon ses réactions, on joue différemment. S’il ne rie pas, on se retrouve dans une pièce plus réaliste voire dramatique et je vais jusqu’au bout de cette logique, alors que le lendemain la salle va peut-être hurler de rire. Quand une situation est juste, il y a un effet de miroir et le public rie de se reconnaître. » Il explique très bien la différence entre le théâtre et le cinéma qu’il pratique simultanément : « Au théâtre, on donne énormément, c’est comme un show partagé avec des centaines de personnes. Au cinéma, on vous prend, on vous capte, on vous arrache quelque chose de l’ordre de l’intime. »

S’il aime beaucoup travailler dans le cinéma, cela dépend aussi de la qualité des scénarios, il en reçoit beaucoup et sait au bout de 10 pages si le film va se faire. Il recherche avant tout une certaine cohérence entre le scénario, le travail avec le réalisateur, le résultat du film terminé et son succès auprès du public. A l’image de  « Tu seras mon fils » qui sort fin janvier en DVD, dans lequel il joue le régisseur d’un domaine viticole aux côtés de Niels Arestrup, un film qu’il juge très réussi et qui a eu un joli succès.

 

Une plus grande liberté

Il a l’impression à 64 ans d’être arrivé à une certaine maturité tout en étant en pleine possession de ses moyens, notamment au cinéma où il sent plus de liberté et de maîtrise devant la caméra : « Avant j’étais soit dans la comédie avec la tête dans les nuages, soit dans quelque chose de plus sombre, aujourd’hui tout se mélange. On me propose des personnages plus complexes, peut-être grâce à une sorte d’accomplissement entre l’homme que je suis devenu, l’expérience, la force, la plénitude et quelque chose qui ressemble à du bon sens. Le public me perçoit comme étant un pince sans rire un peu bougon, un peu désabusé, ayant un mauvais caractère mais étant drôle. Même si c’est réducteur il y a quelque chose de vrai. » Cette maturité lui évite aujourd’hui d’avoir le trac, sauf lors des premières et des représentations exceptionnelles comme en 2010 juste avant la cérémonie des Molières, lorsqu’il a joué une pièce de Feydeau en direct à la télé et devant toute la profession.

Après avoir été contemplatif à ses débuts, il a besoin aujourd’hui d’avoir une vie agitée où il se passe sans arrêt quelque chose. Pour cela, il enchaîne films, téléfilms, pièces et continue à s’occuper de l’association Ferdinand qu’il a créé à la mort de son fils, tué en 2006 alors qu’il avait 20 ans, dans un accident de voiture provoqué par un ami ivre qui conduisait le véhicule dans lequel Ferdinand était passager. Patrick Chesnais avec son association attire régulièrement l’attention dans les médias, avec des clips ou des courts-métrages poignants pour alerter contre l’alcool au volant chez les jeunes. Pour prolonger la vie de son fils, il a aussi écrit un livre : « Il est où, Ferdinand ? »

 

Etonnant de facilité

Même si dès l’âge de 7 ans, il avait fabriqué un théâtre dans sa chambre et jouait des personnages avec ses copains, il ne concevait pas de devenir acteur professionnel. Puis à 16 ans passés, un matin en se réveillant, il a eu la révélation. Plutôt mauvais élève en classe, cette vocation dont il prend subitement conscience va l’emmener sur une voie royale avec une facilité déconcertante. D’abord au conservatoire de Rouen, ville où il a passé son enfance, puis au fameux Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris dont il ressort avec le 1er prix de comédie. Tout s’enchaîne ensuite naturellement, d’abord au théâtre puis au cinéma à partir de 1974, où depuis il est un des rares comédiens à jouer autant sur scène que devant une caméra. Pour comprendre cette insolente réussite, ce sont les mots que lui a confié en 1971 l’acteur Marcel Dalio qui sont les plus justes : « Toi, tu as les deux, faire rire et émouvoir, c’est très rare. » Savoir provoquer le rire pour Patrick Chesnais : « c’est avoir un regard différent sur le monde, une part d’innocence, d’enfance, mêlée à une sensibilité tout en sachant être réactif. »

 

Comblé mais pas tout à fait

Dans les 70 films, 30 téléfilms et 50 pièces qu’il a joués, se détachent « Cochons d’Inde » un bijou d’humour et d’absurde qui lui a valu le Molière du meilleur comédien 2009, « Je ne suis pas là pour être aimé » le très beau film de Stéphane Brizé en 2005 dans lequel Patrick Chesnais est remarquable, et aussi « La lectrice » le joli film libertin de Michel Deville où il a obtenu le César du meilleur second rôle. Les critiques lui ont très souvent été favorables, surtout au théâtre, et si tous ses désirs professionnels sont comblés, il aimerait revenir à la réalisation qu’il avait déjà touché à deux reprises et continuer à jouer : « J’ai toujours l’envie d’aller plus loin avec des scénarios encore meilleurs, j’aime jouer, ça me fait du bien, sinon je commence à m’embêter. »

 

Publié dans Portraits

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Un jazz à déguster sans modération

Publié le par michelmonsay

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Cette chanteuse américaine de 43 ans a un réel attachement pour la France, de par son grand-père russe qui lui a transmis le goût de la culture française, et notre pays le lui a toujours bien rendu depuis son 1er album en 1997. Elle sort aujourd’hui enfin un enregistrement en concert, capté en mai dernier à La Cigale de Paris, où son talent et celui de ses musiciens prend toute sa mesure. A travers 13 morceaux chantés en anglais mais aussi en français et en portugais, Stacey Kent nous embarque à bord d’un très beau voyage émotionnel où sa voix délicate d’éternelle jeune fille fait merveille. Apportant une incroyable fraîcheur au jazz vocal où bon nombre de ses collègues provoquent l’ennui, elle chante à la fois avec sensibilité, malice, gourmandise, sensualité et une technique irréprochable. Elle est entourée d’un excellent quartet dont son mari saxophoniste à la très belle sonorité de velours, d’un pianiste, d’un contrebassiste et d’un batteur, l’ensemble produisant un jazz subtil et inventif. Incontestablement, l’une des toutes meilleures chanteuses du moment.

 

 Stacey Kent – Dreamer in concert – Blue Note Emi – 1 CD : 16,99 €.

 

Publié dans Disques

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Un thriller psychologique époustouflant

Publié le par michelmonsay

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A la fois grand prix du festival du cinéma américain de Deauville et de la semaine de la critique au festival de Cannes, ce film est l’un de ces petits bijoux que le cinéma indépendant nous offre ponctuellement. Pour son 2ème long-métrage, Jeff Nichols, réalisateur américain de 33 ans, confirme tout le bien que la profession pense de lui en nous offrant une œuvre d’une totale maîtrise. Tant au niveau de la mise en scène, du cadrage, de la manière de revisiter le thriller, de l’impeccable direction d’acteurs, ce film qui bouscule les genres est autant bouleversant qu’angoissant. Le cinéaste qui filme magnifiquement aussi bien les visages que les paysages, nous donne à voir une image très réaliste de la ruralité américaine, du monde ouvrier, tout en nous embarquant dans une histoire imprégnée de paranoïa. Un homme qui mène une vie paisible avec sa femme et sa fille, se réveille un matin après avoir fait un violent cauchemar où il était menacé par une tornade. Il reprend le cours normal de sa vie entre travail et famille tout en commençant à se poser des questions, d’autant que la nuit suivante survient de nouveau un horrible cauchemar. Le film mêle habilement une tension qui va crescendo à des scènes intimistes superbement interprétées par les deux comédiens principaux. Assez peu de musique angoissante ni autres subterfuges liés à ce genre de cinéma, et pourtant on est complètement pris par ce remarquable film sur la peur.

 

Take shelter – Un film de Jeff Nichols avec Michael Shannon, Jessica Chastain, …

Publié dans Films

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