Portrait de la jeune fille en feu
Ce film magnifique, dont l'élégance et la beauté visuelle illumine chaque image, a obtenu le Prix du scénario au Festival de Cannes. Ode à la création, à l’émancipation des femmes si compliquée au XVIIIe siècle, à la passion amoureuse, cette œuvre à l'image d'un tableau est composée de plans épurés, concentrés sur les visages, les corps, les textures, les paysages, et filmés avec une grâce infinie. Les comédiennes, Adèle Haenel et Noémie Merlant, sont remarquables d'émotion retenue qui peu à peu se libère, de justesse, de sensualité. A 40 ans, Céline Sciamma pour son 4ème film poursuit en costumes dans la veine d'un cinéma féministe subtil, émouvant, qui interroge sur la place de la femme dans nos sociétés, et en l’occurrence ici de leur absence dans l'histoire de l'art. En s'approchant au plus près d'une artiste peintre et de son modèle, une jeune aristocrate sortie de son couvent pour être mariée à un inconnu, la cinéaste filme comme rarement l'a été fait jusqu'à présent la naissance du désir. Il y a un peu du Jane Campion dans ce film qui nous bouleverse à plus d'un titre.