Un sommet d'émotion à la finesse narrative et la justesse des personnages rarissimes

Publié le par Michel Monsay

Un sommet d'émotion à la finesse narrative et la justesse des personnages rarissimes

Cette série intimiste drapée dans les atours d’un polar a battu des records d’audience au Royaume-Uni, et s’offre une touchante conclusion, après sept ans d'interruption. La troisième et ultime saison suit les derniers jours mouvementés de la carrière de l'héroïne de la série, une sergente de police dans une petite ville du Yorkshire, entre enquête alambiquée et conflits familiaux. Personnages dessinés avec délicatesse, émotions fortes, intrigue policière efficace mais secondaire… on y retrouve tout ce qui fait de Happy Valley une série majeure. Frustrations, regrets et non-dits s’y mêlent avec une rare intensité émotionnelle dans une explication déchirante, point d’orgue d’un récit résolument féministe. S’inscrivant dans la tradition anglaise du drame social, Sally Wainwright, la créatrice de la série, met en scène sa région natale du nord de l’Angleterre, le Yorkshire, verte contrée détruite par la crise industrielle et dévastée par le trafic d’opiacés, où dans ce dernier chapitre, un pharmacien vend sous le manteau des antidépresseurs. Mal-logement, chômage, inégalités sociales, criminalité, violences domestiques, détresse psychologique… la série dépeint une Angleterre mal en point sans rien éluder des maux qui la gangrènent, mais sans misérabilisme. Chaque saison de Happy Valley est rythmée par une enquête policière classique. Ici, le pharmacien véreux qui entretient une liaison avec une femme battue se retrouve lié aux agissements de la mafia locale. Ces intrigues secondaires dérapent souvent, mais contribuent à illustrer la crise sociale qui sert de toile de fond à la série. Elles tendent le récit, rendent infernal le quotidien du personnage central, et donc exacerbent ses émotions. Ce recours au format familier du polar permet aussi de rendre accessible au grand public ce drame profondément humain. Cette troisième saison, efficace et déchirante, a réunit plus de neuf millions de téléspectateurs chaque semaine sur la BBC. Autre atout de cette série, elle sait prendre son temps : ici, on peut observer les gens au quotidien, faire épouser le temps du réel et le temps du récit, mais beaucoup de scénaristes n’ont pas confiance en cette aptitude fondamentale des séries à faire jaillir la vie et, par peur d’ennuyer les gens, vont plus vite que dans un film. Cette passionnante fresque sociale est peuplée de personnages imparfaits, y compris l'héroïne, et les méchants ne sont pas caricaturaux comme souvent, donnant à l'ensemble une cohérence et une vérité que l'on ne rencontre pas si souvent à la télé.

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Publié dans replay

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