Un récit d'apprentissage tendre et optimiste

Publié le par Michel Monsay

Un récit d'apprentissage tendre et optimiste

Cette chronique touchante s’affranchit des représentations habituelles de la banlieue pour nous émouvoir avec la grâce d’une musique d’opéra. Pour traiter une situation familiale compliquée qui fait obstacle aux aspirations du jeune personnage principal pour le chant, le film choisit le ton léger de la comédie. Le parcours semé d’embûches du jeune homme avec sa passion comporte des péripéties cocasses. Rien n’est lourd ou appuyé. La galerie de personnages est dépeinte avec sincérité et bienveillance, et la prestation du jeune acteur Maël Rouin Berrandou, dans son premier rôle au cinéma, est d’une étonnante justesse : il parvient à endosser la part burlesque de son personnage sans perdre la détresse de la chronique sociale. La mise en scène de Yohan Manca, qui signe ici son premier long-métrage, est à hauteur d’enfant, elle capte sans effets clinquants la trajectoire du jeune Nour, se mettant totalement au service des enjeux humains. Une bonne humeur délicate, ainsi que la douceur de l’enfance, confèrent au film les allures d’un conte. Le personnage féminin, lumineuse Judith Chemla, est comme une fée qui va sauver le héros de son destin tout tracé. D’ailleurs, pour atteindre cette représentation féerique, le réalisateur a choisi de ne pas nommer le lieu de l’action, même si la chaleur de la lumière peut faire penser à une ville du Sud de la France. Il détourne ainsi les clichés sur les quartiers défavorisés avec humour et tendresse, sans oublier pour autant l’âpreté du réel, ce qui rappelle les comédies italiennes. Faire pénétrer l’opéra et le romanesque dans un cadre régi par la virilité et la violence, l’enjeu était de taille, mais le réalisateur y parvient sans angélisme grâce à un regard sensible et chaleureux sur la fratrie.

Mes frères et moi est à voir ici en location pour 2,99 €.

Publié dans replay

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