Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Publié le par Michel Monsay

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon

Lauréat du Prix Goncourt, ce très beau roman mélancolique, désabusé mais néanmoins empreint d'humour,  nous plonge dans une cellule de 6m² du pénitencier de Montréal, où un homme d'une cinquantaine d'années, qui purge une peine de deux ans pour un délit qui ne sera révélé qu'à la fin du livre, nous raconte son quotidien carcéral avec un Hells Angel tout aussi rustre que touchant, et déroule le fil de sa vie de Toulouse au Canada en passant par le Danemark en faisant revivre tous ses êtres chers qui ne sont plus. A 70 ans, Jean-Paul Dubois, cet ancien journaliste du Nouvel Obs, auteur notamment de "Kennedy et moi", "Le cas Sneidjer" ou "Une vie française", a écrit l'un de ses plus beaux romans, le meilleur pour de nombreux critiques, en se tenant à la règle qu'il s'est fixée depuis le début de sa carrière : se mettre à l'ouvrage toujours le 1er mars et l'avoir fini à la fin du mois pour profiter de la vie le reste du temps. Profonde, délicate, ironique, humaine, sont quelques unes des caractéristiques de cette œuvre qui décrit en creux un monde en train de disparaître pour laisser la place à un autre dirigé par le capitalisme, l'injustice, l'inhumanité sociale. Remarquablement construit entre passé et présent, ce roman conjugue l'échec à tous les temps, notamment dans la famille du narrateur, et rend hommage aux morts, à la force et au réconfort qu'ils apportent aux vivants. Comme le dit l’antihéros bienveillant de ce roman très émouvant  : "il y a une infinité de façons de gâcher sa vie", une chose est sûre Jean-Paul Dubois ne gâche pas la sienne, en marquant la littérature de son empreinte, qui à travers 22 livres, dissèque avec une formidable lucidité la nature humaine, et pour lui-même en étant propriétaire de son temps avec le moins de contraintes possibles.

Publié dans Livres

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