Une voix sublime

Publié le par Michel Monsay

Une voix sublime

On la connaît moins qu’Aretha Franklin ou Nina Simone, pourtant Roberta Flack, dotée d’une musicalité rare, d’une voix exceptionnelle et d’une personnalité rayonnante, mérite sa place au premier rang des chanteuses soul. Née en 1937, elle grandit en Virginie sous l’aile d’une mère organiste à l’église. Son talent précoce au piano devrait lui ouvrir une carrière de concertiste mais l’époque est encore à la ségrégation, alors la jeune femme se contente de donner des cours. Elle joue aussi des standards dans un bar de Washington où le pianiste jazz Les McCann la repère en 1968, l’amenant à signer chez Atlantic. Son talent éclate sur trois albums immaculés mais sa carrière ne décolle qu’en 1972, quand Clint Eastwood tombe sous le charme de sa voix avec le morceau The First Time Ever I Saw Your Face, qu'il intègre dans son premier film de réalisateur, Un frisson dans la nuit. La consécration vient ensuite avec le tube universel auquel on l’associe forcément, Killing me softly with his song, parfait exemple d’un morceau transcendé par son interprète. Défiant les barrières sociales avec un mariage mixte, engagée dans la lutte pour les droits civiques au soutien d’Angela Davis, voyageant au Ghana pour le fameux festival Soul To Soul (le « Woodstock noir », en 1971), traumatisée par le suicide de son partenaire musical Donny Hathaway, Roberta Flack a eu un parcours tout sauf lisse. Arte vient de proposer un documentaire lui rendant hommage, mais trop parlé et pas assez chanté, quel dommage. En attendant un autre documentaire qui mettra plus en valeur la voix magnifique de cette grande dame de la soul, le mieux est d'écouter ses premiers albums, vous tomberez instantanément sous le charme comme Clint.

Publié dans Chroniques

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