Une captivante idée du grand spectacle

Publié le par Michel Monsay

Une captivante idée du grand spectacle

Sans doute ce qu'il y a de mieux cette année en matière de blockbuster hollywoodien, Mission : impossible - Dead reckoning, comme les six autres films de la franchise, est mené tambour battant et saupoudré de scènes d’action ahurissantes, avec un héros à l’ancienne qui se frotte à son époque dans un univers 2.0. Après le carton au box-office l'an dernier de Top Gun : Maverick, Tom Cruise a plus que jamais le vent en poupe. Par ailleurs, on ne dira jamais assez à quel point la saga Mission : Impossible est à part dans le paysage hollywoodien. Elle s'est démarquée par la diversité de cinéastes à sa tête (De Palma, Woo, Abrams, Bird, McQuarrie), et par leur manière d’avoir dynamité les acquis de la série originelle des années 60. Chacun y a apporté son style, ainsi que son bagage cinéphile, de sorte à faire de ce socle d’espionnage et d’action un retour boosté aux hormones aux classiques du suspense, de Fritz Lang à Hitchcock. Il y a d’ailleurs un paradoxe amusant à voir les films se reposer autant sur des gadgets et autres machines à masques, pour mieux les rendre hors-service le moment venu. La technologie est bien utile pour l’imaginaire de la franchise et certaines de ses idées situationnelles, mais le corps actant de Tom Cruise prédomine toujours dans le sauvetage de situations désespérées. Cette tension permanente entre classicisme et modernité est à la fois fascinante, et bien utile à la légende que se façonne la star. À soixante et un ans, Tom Cruise s’impose en dernier dinosaure d’un cinéma de divertissement exigeant et artisanal, où la quasi absence d’effets visuels numériques met en avant la vérité d’une performance physique sans artifices, et de cascades à l’ancienne. L'apologie du risque comme paramètre nécessaire à l’équation créative fait de chaque Mission : Impossible un acte de résistance. Presque partout ailleurs, Hollywood a abdiqué. Les actionnaires ont pris le contrôle des grands studios et s’illustrent, avant toute chose, par leur aversion au risque. C’est le règne des fonds verts où l’essentiel des scènes se joue en post-production, derrière un ordinateur. Le degré zéro de l’initiative, de la nouveauté. Non pas que Mission : Impossible soit dénué d’effets spéciaux numériques, mais il revendique encore la promesse d'Hollywood : montrer ce qu’on ne verra nulle part ailleurs, et élever la cascade à l’état d’art incandescent. Ce septième volet de Mission : Impossible, qui met en valeur de beaux personnages féminins et n'est pas dénué d'humour, réussit une nouvelle fois son pari de nous offrir un pur spectacle de cinéma hyper-spectaculaire, hyper-physique, sans oublier d’être séduisant, et nous donne rendez-vous dans un an pour la suite.

Publié dans Films

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