Le besoin vital du regard de l'autre

Publié le par Michel Monsay

Le besoin vital du regard de l'autre

On connaissait Stéphane de Groodt comédien et chroniqueur, qui n’a pas son pareil pour jouer avec les mots à la vitesse de l’éclair souvent dans le registre de l'absurde, désormais il est également auteur. Dans sa première pièce, Un léger doute, il joue aux côtés de l'excellent Éric Elmosnino, ainsi que Constance Dollé et Bérangère McNeese, toutes deux très à l'aise dans le dédoublement de leurs personnages et dans les situations décalées que provoquent le texte. C’est un voyage en absurdie, selon son expression, que nous propose de découvrir Stéphane de Groodt. Il explore avec finesse et ingéniosité la vie d’un acteur lorsque le public sort de la salle, laissant ses personnages sans vie. Le rideau se baisse, les spectateurs s’en vont et ensuite ? Quand le rideau se relève, s’agit-il de la comédie qui se joue ou de la vie qui reprend ses droits ? Entre fiction et réalité, on ne sait plus qui est qui… Avec ce scénario original, ce Léger Doute nous emmène dans le monde singulier, mais pluriel de Stéphane De Groodt, sur les traces d'un Ionesco ou d'un Beckett. L’idée de cette pièce lui est venue pendant le confinement. Quand il n’y a pas de public, qu’il n’y a personne pour regarder les personnages, les comédiens, que deviennent-ils ? Eh bien, les personnages meurent… Quand il n’y a pas un regard porté sur eux, qui sont-ils ? Comme le dit l'auteur : Si vous vivez seul sur une île déserte, vous ne savez pas si vous êtes grand, petit, intelligent, drôle… On a besoin du regard de l’autre. C'est une espèce de mise en abyme du théâtre, une pièce dans la pièce. Dans un laisser-aller progressif, les comédiens incarnent parfaitement exaspérations, mesquineries et dégoûts suscités peu à peu par la vie de couple, et se retrouvent dans des quiproquos hilarants qui démantèlent les règles du savoir-vivre. Avec cette acuité loufoque, qui fait tout le charme de son style, Stéphane De Groodt embarque avec lui les doux rêveurs que nous sommes, ceux qui aiment la bizarrerie et la poésie burlesque, dans cette pièce où le rire est au rendez-vous.

Un léger doute est à voir au Théâtre de la Renaissance jusqu'au 7 janvier.

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Publié dans Théâtre

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