Un film d’animation flamboyant et introspectif

Publié le par Michel Monsay

Un film d’animation flamboyant et introspectif

Un quart de siècle après sa sortie, Slam Dunk, le manga de sport le plus vendu au monde avec 170 millions d'exemplaires, fait aujourd’hui un retour vibrant. Créé par le maître Takehiko Inoue et publié au Japon durant la première moitié des années 90, cette odyssée du basket inter-lycéen fut éditée en 31 tomes en France à l’aube des années 2000. Takehiko Inoue n’est pas n’importe qui au Japon. Révéré par ses pairs pour son sens de la narration et sa maîtrise technique ébouriffante, trônant sur plusieurs immenses succès de librairies, l’homme a gagné une indépendance totale, pliant les éditeurs à sa volonté au point de ne plus publier qu’au compte-gouttes depuis vingt ans. Auteur du manga original Slam Dunk, Takehiko Inoue renoue avec sa création en signant lui-même le scénario et la mise en scène du film. Le dessinateur subjugue les rétines en enchaînant des séquences de basket stupéfiantes. Il profite à fond de l'animation, travaille les flous, varie les angles, tranche des ruptures brutales, multiplie les accélérations fulgurantes, les ralentis gracieux, les gros plans gelés, les cavalcades pulsées par guitares électriques, les parenthèses d'apesanteur… Il attrape encore les regards qui se croisent ou se défient, le sillon d'un ballon transformé en boulet de canon, la sueur qui roule sur la peau, les muscles qui refusent l'obstacle quand la volonté réclame plus, les chevilles qui craquent, les poumons qui éclatent… puis ce geste de ballerine, le poignet du basketteur au moment du lancer à trois points. Enfin, le silence. Puis ce petit souffle de la balle dans les filets du panier. Pfft ! Le générique d’ouverture, crayonné au noir et blanc, donne le sentiment de donner vie au manga : les lignes se tracent, les corps se mettent en marche, l’équipe se forme et avance collectivement. Un bon millier d'artistes animateurs sont crédités au générique de ce long-métrage à la fois spectaculaire et intimiste, qui alterne habilement le déroulé d'un match décisif et très intense avec des flashbacks sur le passé des joueurs, en particulier celui du personnage central entouré d'un drame familial qui le hante. The First Slam Dunk est un grand film sur le basket, grâce à l’extraordinaire et très réaliste pénétration graphique que l’auteur offre de la discipline, pour l’avoir pratiquée lui-même dans sa jeunesse, en raconte sa grammaire et sa philosophie même, il est aussi une réflexion pertinente sur l’intensité physique, sa représentation et la capacité à aller aux delà de ses limites.

Publié dans Films

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