Élégance et érudition mais malheureusement pas immortelle

Publié le par Michel Monsay

Élégance et érudition mais malheureusement pas immortelle

C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la nouvelle de la mort de l’historienne Hélène Carrère d’Encausse, première femme à la tête de l’Académie française. Elle y était entrée en 1990 avant d’en devenir Secrétaire perpétuel en 1999, un titre qu’elle tenait à ne pas féminiser. Ce samedi 5 août, la famille d’Hélène Carrère d’Encausse a annoncé le décès à l’âge de 94 ans de la célèbre historienne spécialiste de la Russie, qui s’est éteinte paisiblement entourée de sa famille. Née à Paris le 6 juillet 1929, elle était la fille d'une Italienne et d'un philosophe géorgien émigré en France, Georges Zourabichvili. Née apatride, elle acquiert la nationalité française en 1950. Elle affirmait « être Française de la tête aux pieds ». De ses origines, elle avait conservé sa foi orthodoxe. Elle épouse en 1952 Louis Carrère, dit Carrère d'Encausse, un assureur avec lequel elle a trois enfants : l'écrivain Emmanuel, ainsi que Nathalie, avocate, et Marina, médecin et consultante dans les médias. Elle obtient le diplôme de l'Institut d'études politiques de Paris et un doctorat ès-Lettres, puis enseigne l'histoire à la Sorbonne puis à Sciences Po ainsi qu'au collège d'Europe de Bruges. Spécialiste de la Russie, elle est l'auteur de plusieurs biographies dont celles de Lénine, Staline ou Catherine II. Elle fait en 1978 une entrée fracassante dans l'édition avec L'Empire éclaté, succès commercial et critique où elle prédit, avant beaucoup d'autres, l'éclatement de l'URSS confrontée au problème des minorités. Elle est invitée dans de nombreuses universités étrangères, notamment en Amérique du Nord et au Japon. Elle a été décorée en 1998 par le président russe Boris Eltsine de l'Ordre de l'amitié entre les peuples « pour son étude de la Russie ». En 1997, elle a reçu en France le Prix des Ambassadeurs pour son ouvrage Nicolas II : la transition interrompue. Hélène Carrère d'Encausse a été la troisième femme élue à l'Académie française. Elle a également eu une carrière politique : après avoir dirigé, en 1992, le Comité national pour le « oui » au référendum sur le traité de Maastricht, elle figure, lors des européennes de 1994, en seconde position sur la liste de la majorité de droite UDF-RPR, derrière Dominique Baudis. Élue au parlement européen, elle est vice-présidente de la commission des Affaires étrangères et de la Défense. « Mère supérieure », selon l'affectueuse expression de son confrère à l'Académie Erik Orsenna, « tsarine » pour d'autres, auteur d'une bonne trentaine d'ouvrages, Hélène Carrère d'Encausse, grand-croix de la Légion d'honneur, était doyenne d'élection et d'âge de l'Académie française qu'elle a dirigée durant 24 ans avec une détermination et une exigence intellectuelle et morale impressionnantes. Engagée dans une défense vigoureuse de la tradition lexicale française, dans la préservation du patrimoine, en particulier parisien car la capitale était son jardin d'élection, dans le débat sur immigration et intégration, dans l'approfondissement de la civilisation européenne, cette femme dotée d'un optimisme inentamable et d'une énergie rayonnante, voire impériale, a incarné, par l'originalité même de son parcours, un moment particulier de la culture française et européenne.

Depuis 10 ans, j'ai eu la chance et l'honneur, en étant photographe pour l'Académie française, de côtoyer Hélène Carrère d'Encausse. Voici quelques souvenirs de ces 10 années, des plus anciennes photos, notamment en compagnie de Sylviane Agacinski en 2013, qui vient d'ailleurs d'être élue le 1er juin à l'Académie, jusqu'aux photos plus récentes, notamment lors de la réception d'Antoine Compagnon il y a trois mois et la dernière photo que j'ai faite d'Hélène Carrère d'Encausse tout sourire  :

Élégance et érudition mais malheureusement pas immortelle
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Publié dans Chroniques

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