Une profonde tristesse

Publié le par Michel Monsay

Une profonde tristesse
Une profonde tristesse

Tellement attachante et radieuse dans l’expression d’une fragilité conquérante, Jane Birkin avait conquis une place à part dans le cœur des Français. En témoigne l’émotion créée par l’annonce du décès de la comédienne et chanteuse ce dimanche à 76 ans. Jamais elle ne s’est départie de cette simplicité bohème et de cette classe naturelle qui donne tant d’éclat aux multiples projets artistiques auxquels elle a participé, un peu dans son pays natal, l'Angleterre et la plupart du temps en France. Enfant fragile, lolita à pygmalion, mère bohème, actrice accomplie, chanteuse affirmée ou femme militante, son accent british et son couple avec Serge Gainsbourg dans les années 1970 ont marqué les imaginaires. À la fois actrice et mère, muse et militante, chanteuse et sex-symbol, Jane Birkin a traversé les époques avec un panache qui l’a érigée au rang d’icône. Enfant du babyboom, elle tient de sa mère, l’actrice anglaise Judy Campbell, sa passion pour la comédie. Si, à la vingtaine, elle enchaîne les petits rôles dans le Swinging London des années 1960, c’est plus tard, à Paris, fraîchement divorcée d’un John Barry infidèle, qu’elle connaît le succès. En 1968, à la faveur d’une rencontre avec Serge Gainsbourg sur le tournage de Slogan, la jeune Jane scelle son destin. Ensemble, ils incarnent un couple mythique. Elle lui inspire de nombreuses sublimes chansons autant pour lui que pour elle qui resteront à jamais au répertoire, il l’amène à faire de sa silhouette de "demi-garçon", quolibet de ses jeunes années, un modèle de féminité. Mais quand Gainsbourg laisse place à Gainsbarre, son double destructeur, Jane Birkin s’émancipe. Dans les années 1980, elle passe des comédies populaires au cinéma d’auteur. Dirigée par Agnès Varda, Jacques Rivette, Bertrand Tavernier, Régis Wargnier ou encore Jacques Doillon, elle laisse filtrer une mélancolie à fleur de peau. Sur les planches, dirigée par Patrice Chéreau notamment, en chanson, d'un côté de la caméra ou de l'autre, sur le pavé, Jane cumule les batailles (pour les droits civiques, l'écologie, contre le sida,…) ou auprès d'Amnesty international en infatigable exploratrice de la liberté. Comme vient de l'écrire si joliment Étienne Daho : « Inimaginable de vivre dans un monde sans ta lumière »

Comment ne pas être bouleversé en revoyant Jane Birkin dans quatre clips musicaux ci-dessous, tirés de son magnifique dernier album écrit avec Étienne Daho et Jean-Louis Piérot, paru fin 2020 ? Autre vidéo très touchante et témoignage de l'inlassable engagement de cette femme d’une humanité et d’une bienveillance unique : Il y a cinq mois, Jane Birkin apportait son soutien au peuple birman.

Publié dans Chroniques

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