L'art de la joie

Publié le par Michel Monsay

L'art de la joie

Pour ceux qui n'ont pas eu l'immense bonheur de lire ce chef-d’œuvre de la littérature italienne sorti en France en 2005, stoppez tout séance tenante et procurez-vous ce magnifique roman, qui avant de paraître en 1998 à titre posthume, deux ans après la mort de Goliarda Sapienza à 72 ans, fut refusé par plusieurs maisons d'édition. Et pourtant que de qualités dans cette œuvre foisonnante, d'une réjouissante liberté à l'instar de son personnage principal, Modesta, une femme qui aura tout connu dans sa vie, la pauvreté et le viol dans son enfance, le couvent, le communisme, le fascisme, la bisexualité, la maternité, le meurtre, le statut de princesse sicilienne, la prison, qu'elle affronte toujours avec intelligence, charisme, énergie et détermination. L'écriture de Goliarda Sapienza est somptueuse et lumineuse, sa narration fluctue invariablement entre la première, la troisième personne et des dialogues tantôt passionnels, vivants, exaltés, tantôt philosophiques, ses phrases dans un fabuleux mélange de poésie, de sensualité, de perspicacité, de psychologie touchent profondément à leur lecture. Féministe, libertaire et politique, ce roman spirituel et charnel démarre au début du XXe siècle pour en suivre toutes ses transformations durant sa première partie, à travers une saga familiale pour le moins originale. C'est peu de dire que l'on se passionne à suivre les aventures amoureuses, familiales, idéologiques de Modesta, dans ce portrait de femme inoubliable entourée de nombreux personnages attachants que l'on quitte à grand regret.

Publié dans Livres

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