Mort de l'un des plus grands intellectuels français

Publié le par Michel Monsay

Mort de l'un des plus grands intellectuels français

Un esprit incandescent. Une curiosité sans limite, une soif de connaissance, une profonde culture. Une envie de transmettre, de former, de lancer des projets, d’embellir le débat démocratique. Une pédagogie hors du commun. Daniel Cohen, grand économiste et humaniste, est mort dimanche à l'âge de 70 ans d'une maladie du sang. Il était entre autres professeur à l'École normale supérieure et membre fondateur de l'École d'économie de Paris, institution qu’il présidait depuis 2021. Observateur des transformations du capitalisme contemporain, Daniel Cohen était une figure reconnue au niveau international et son œuvre était traduite dans une dizaine de langues. Connu du grand public pour ses interventions dans les médias, Le Monde, LibérationL'Obs, C Politique, C ce soir,... Daniel Cohen est né à Tunis en 1953, ancien élève de l'ENS de la rue d’Ulm, il s’est fait connaître par son ouvrage Richesse du monde, pauvreté des nations, publié en 1997, dans lequel il y décrit la montée des inégalités. Par la suite, tout au long des années 2000, il s’est intéressé aux mutations de la société postindustrielle, que ce soit dans le domaine du travail (Nos temps modernes, 2000) ou des échanges internationaux (La Mondialisation et ses ennemis, 2004). Ses ouvrages suivants - Trois leçons sur la société postindustrielle (2006) et La Prospérité du vice, Une introduction (inquiète) à l'économie (2009) - s’apparentent à des fresques historiques décrivant la transformation du capitalisme, de sa naissance à nos jours. Dans son dernier essai publié, Homo Economicus (2012), il proposait une réflexion sur le paradoxe d'Easterlin, selon lequel l’augmentation du produit intérieur brut par habitant ne se traduit pas nécessairement par une hausse du niveau de bonheur individuel. Il a obtenu deux fois le Prix du livre d'économie. Homme de gauche, Daniel Cohen n’était pas seulement un économiste remarquablement intelligent, connecté aux enjeux de notre temps. Son génie, lui qui était normalien en mathématiques, était de maîtriser les outils de l’économie avec une vision d’ensemble du monde et de la justice, de maîtriser tout le spectre économique, de l’analyse mathématique jusqu’à la philosophie politique. Il était profondément humaniste, engagé, disponible, drôle, et chacune de ses interventions était remarquablement pertinente. Quelle tristesse !

Publié dans Chroniques

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