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Un propos fort servi par la grande maîtrise d'un jeune cinéaste

Publié le par Michel Monsay

Un propos fort servi par la grande maîtrise d'un jeune cinéaste

Ce premier film du belge Leonardo Van Dijl, qui s’intéressait déjà dans ses courts métrages au monde du sport et à sa rigidité, prend pleinement en charge le désir d’absolu, de perfection du geste de son héroïne, pour l’inscrire dans une mise en scène performative. Parallèlement, on comprend vite que Julie est captive d’un secret, celui de l’abus qu’elle a subi par son entraîneur et qu’elle tait. Au moment où le film s’ouvre, l’homme a déjà été évincé du club après le suicide d’une autre jeune joueuse qu’il entraînait aussi. Dans les couloirs, les discussions forment une rumeur lointaine, comme une tempête prête à éclater. Le film, très délicat, nous dit tout cela sans qu’aucun mot ne soit prononcé, nous place dans une connivence secrète avec sa jeune héroïne, et évite tout effet d’attente d’une révélation. Nous ne savons rien de Julie, pourtant nous devinons tout ce qui s’agite derrière la placidité de ses traits et le mouvement fuyant de son regard triste. Le silence est toujours un aveu, semble nous dire le film dont le dispositif sonore est là pour nous laisser écouter son bruit à elle, ausculter son malaise, entendre son souffle court. La maîtrise dans Julie se tait, c’est aussi celle de l’emprise qui perdure, de ses effets indicibles. En nommant l’agresseur de Julie, en lui donnant une consistance, un visage, une voix douce et enveloppante, Leonardo Van Dijl fait le choix, très fort, de démystifier la figure du supposé monstre pour en faire un être terriblement banal et interchangeable. Si l’héroïne est plutôt taiseuse, sa présence constante raconte beaucoup, et le film est riche de sens. En une heure et demie, il immerge le public dans une portion de vie dont il ne ressort pas indemne. La particularité de cette expérience immersive est d’assister en direct à une prise de conscience progressive, à une réappropriation de soi, à une résilience en marche. Proposition cinématographique singulière, tant les récits d’abus privilégient souvent de traiter frontalement ledit abus, ou par l’angle de la défense, de la vengeance, ou du processus judiciaire. Leonardo Van Dijl choisit de coller à une protagoniste qui entend, écoute, perçoit, devine, intègre, digère, et vit une compréhension a posteriori, à son rythme et en silence. Le cinéaste a eu de l’instinct en choisissant son actrice, évidemment très bonne joueuse de tennis et douée d’une présence saisissante. La compréhension intérieure de Tessa Van den Broeck transcende son incarnation, sans une once de performance forcée. La place de l’objectif, les plans fixes, le montage, tout relève d’un dosage minutieux et puissamment signifiant. La très belle nouvelle de ce premier long métrage est aussi de témoigner d’un sujet de société sans en faire un film à dossier, mais en atteignant son but par l’accomplissement artistique. Et de révéler un jeune réalisateur à la précision d'orfèvre, sans qu’il étouffe son sujet, ni l’émotion en jeu, organique. Elle rejaillit une fois le générique fini. Julie se tait infuse dans les regards. Dans les tripes. Dans l’esprit. L’héroïne palpite, elle est bien vivante.

Publié dans Films

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Une minisérie sombre et fascinante

Publié le par Michel Monsay

Une minisérie sombre et fascinante

L’intrigue de Shokuzai semble osciller entre le polar et le drame psychologique. Mais, très vite, Kiyoshi Kurosawa colore son récit d’un climat étrange. Rien d’étonnant pour un cinéaste qui aime flirter avec le surnaturel pour raconter le Japon déshumanisé d’aujourd’hui. Et, depuis ses débuts, excelle à incarner la peur, en maître du hors-champ, cet espace invisible d’où le danger peut surgir à chaque instant. Le fantastique est le moyen que le cinéaste a trouvé pour représenter la psyché tourmentée de personnages rongés par la culpabilité. Ce fantastique naît directement de la banalité du quotidien, grâce à une mise en scène au scalpel. À la manière d'un chef-d'œuvre du cinéma japonais, Rashomon d'Akira Kurosawa, qui n'a aucun lien de parenté avec le réalisateur de Shokuzai, le récit repose sur un drame auquel chacun de ses cinq épisodes fera retour à son commencement, bégayant ainsi la catastrophe initiale, envisagée à chaque fois sous l’angle d’un nouveau personnage, plutôt que de récapituler les épisodes précédents, comme pour l’encercler au lieu de se faire suite, pareilles à des ondes de choc traumatique. Le récit serpente à pas chassés à travers un réseau de névroses, en même temps qu’il investigue à travers chaque figure de femme et la veulerie des hommes qui l’entoure, une forme de précipité des pathologies sociales du Japon contemporain, décrit comme une zone peureuse et poreuse où blessures béantes et indicibles terreurs enfantines s’entrelacent aux désirs adultes. Le somptueux travail de l'image, tout de subtiles rimes chromatiques, oppose le temps chatoyant des jeux enfantins à un futur traumatisé qui n'en serait que la continuation dégradée, aux teintes si fanées que ses héroïnes, qui y trébuchent sans cesse sur les objets les plus anecdotiques d'une réalité méchante, en paraissent cadavériques, des pantins presque zombifiés. Kiyoshi Kurosawa met ici en œuvre tout son génie pour ciseler un récit complexe sur fond de pédophilie, de suicide, de jalousie, de meurtres, de perversions en tout genre et de rédemption.

Shokuzai est à voir ci-dessous ou ici sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Un documentaire passionnant qui est un régal pour les yeux

Publié le par Michel Monsay

Un documentaire passionnant qui est un régal pour les yeux

A la demande du documentariste américain de légende, Frederick Wiseman, la famille Troisgros père et fils a accepté d'ouvrir en grand ses cuisines et les coulisses de l'un des meilleurs restaurants du monde, le Bois sans feuilles, dans la Loire. Dans ce film, il a su saisir l'essence, la philosophie et la fluidité inouïe de cette maison d'exception. Les gestes. Mille fois refaits. Parfaits. Un vrai ballet. Nous sommes en cuisine, un jour de travail ordinaire au Bois sans feuilles, le restaurant triplement étoilé de la vénérable maison Troisgros à Ouches, près de Roanne (Loire). Chacun est à son poste et à sa tâche, mais le calme règne, tout juste perçoit-on les cuillères tinter dans les casseroles et le grésillement des aliments poêlés. Ce climat presque feutré peut surprendre pour qui se figure les cuisines comme un lieu trépidant et bruyant où sont aboyés les ordres. Rien de tout cela chez les Troisgros, cuisiniers de pères en fils depuis quatre générations. Comme à son habitude, Frédérick Wiseman, 93 ans, prend son temps. Les près de quatre heures que dure son film, on ne les sent pas passer. Il faut bien ça pour se retrouver en immersion, pour voir et comprendre ce qui se joue en coulisse, la somme de travail, d'imagination, de rigueur et de réactivité que réclame la tenue de ce lieu de très haute gastronomie. Si Frederick Wiseman est connu pour aborder des thèmes sociaux (prisons, hôpitaux, tribunaux, aide sociale, etc.), il s’est aussi penché sur des sujets moins graves, et notamment en France, où il a exploré successivement les coulisses de la Comédie française (1996), du Ballet de l’Opéra de Paris (2009) et du Crazy Horse (2011). Récompensé d’un Oscar d’honneur (2016) et d’un Lion d’or (2014) pour l’ensemble de sa longue et fructueuse carrière (une cinquantaine de films à son actif), le réalisateur est réputé pour son exigence fondée sur quelques principes immuables : ses documentaires ne comportent ni commentaire, ni voix off explicative, et sont exempts de musique additionnelle. Se fondre dans le décor, faire oublier la caméra, filmer en longueur, puis tout reconstruire patiemment au montage, qui tient lieu chez lui de commentaire, voilà tout l’art incomparable de Wiseman. Menus-Plaisirs s’ouvre dès potron-minet sur le marché en plein air, où César et Léo Troisgros viennent sélectionner les plus beaux légumes avant de retrouver leur père Michel pour une discussion sur de futurs plats. Le réalisateur fait ensuite la navette entre leur restaurant triplement étoilé du Bois sans feuilles et celui, plus accessible (financièrement parlant), de la Colline du colombier, en passant par les visites avec les chefs chez des fournisseurs locaux passionnés : éleveurs bovin ou caprin, fromager affineur, maraîcher et même apiculteur, personne n’est oublié lors de cette balade volontiers bucolique dans la campagne ligérienne. De ce documentaire captivant on ressort avec la sensation d'avoir cheminé intimement aux côtés de ces artistes des fourneaux toujours en quête de perfection, au point de les connaître. Une transparence qui ne gâche en rien la magie et le mystère de leur travail.

Menus-Plaisirs-Les Troisgros est à voir ici pour 2,99 € en location.

Publié dans replay

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Une nouvelle performance bluffante de la géniale Meryl Streep

Publié le par Michel Monsay

Une nouvelle performance bluffante de la géniale Meryl Streep

Il y a des actrices dont on accepte tout. Meryl Streep est de celles-là, qui fait le show de façon réjouissante dans ce film de Jonathan Demme, sorti en 2015. Elle y joue une femme ayant abandonné vingt ans plus tôt mari et enfants pour une improbable carrière de chanteuse rock, qui, de fait, n'a jamais décollé. Caissière de supermarché le jour, elle œuvre le soir au sein du Flash, groupe anonyme d'un pub de Los Angeles, qui reprend surtout des standards plus ou moins récents, de Bruce Springsteen à Lady Gaga. Quand son richissime ex (Kevin Kline) la réclame au chevet de leur grande fille, en dépression post-rupture, personnage joué par la propre fille de Meryl, Mamie Gummer, c'est le choc frontal de modes de vie très opposés. Meryl Streep s'amuse doublement : des dialogues acérés nés sous la plume de l'insolente Diablo Cody (la scénariste de Juno et Young Adult) et des scènes de concert très réussies. Elle a appris la guitare (notamment auprès de Neil Young, rien que ça), chante très bien et Jonathan Demme, qui l'a entourée de pointures musicales, filme chaque morceau enregistré en direct avec une gourmandise communicative. C'est un film qui a un immense charme et nous rappelle, si besoin est, l'envergure peu commune de l'actrice principale.

Ricki and the Flash est à voir ici pour 2,99 € en location, en tapant le titre du film dans la loupe de recherche en haut à droite.

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Snoopy a tout compris !

Publié le par Michel Monsay

Snoopy a tout compris !

On ne peut plus d'actualité ...

Publié dans Chroniques

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Encore plus belle qu'avant

Publié le par Michel Monsay

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Encore plus belle qu'avant
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Publié dans Chroniques, Photos

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Un cinéaste et deux actrices en état de grâce

Publié le par Michel Monsay

Un cinéaste et deux actrices en état de grâce

Magistralement écrit et interprété, sobrement réalisé, le vingt-troisième film de Pedro Almodóvar est un très touchant appel à la sollicitude et, si possible, à l’empathie, comportements en voie de disparition aujourd’hui. Un appel entendu par le jury de la dernière Mostra de Venise, qui lui a attribué son Lion d’or. La Chambre d’à côté est, en effet, un film en totale révolte contre le monde d’aujourd’hui, profondément ancré dans l’égocentrisme haineux et tenté par le totalitarisme soi-disant salvateur. Outre le formidable talent du cinéaste qui nous éblouit à chaque plan, il y a la sublime interprétation des deux actrices au sommet de leur art. Pedro Almodóvar avait déjà travaillé avec Tilda Swinton dans l’un de ses deux courts-métrages en langue anglaise, La Voix humaine (d’après Cocteau en 2020), et voulait renouer avec cette expérience. Il savait que Julianne Moore, au jeu d'une grande capacité d'écoute, serait sa partenaire tout indiquée. D’où la très directe référence au tandem Bibi Andersson Liv Ullmann du Persona d’Ingmar Bergman, dont le cinéaste espagnol atteint la profondeur et l'exceptionnelle direction d'actrices. Une référence accompagnée de plusieurs autres, toutes en relation étroite avec les différents thèmes abordés, comme la mort inéluctable (The Dead de James Joyce, si fidèlement adapté au cinéma par John Huston en 1987 (Gens de Dublin) ), ou la solitude apaisée (le tableau d’Edward Hopper, People in the Sun). Des citations qui donnent au film une ampleur artistique universelle, sans pour autant lui ôter sa dimension éminemment personnelle, Pedro Almodóvar continuant sa magistrale série de portraits féminins, comme toujours plongés dans son univers chromatique de prédilection, ses rouges, ses jaunes et ses verts, qu’il doit, comme il le reconnaît souvent, « au Technicolor de son enfance ». Un film qui, d’autre part, présente un engagement humain et politique, puisque, en Espagne, une loi a été votée, le 25 juin 2021, autorisant l’euthanasie. Un film donc à la fois beau et courageux. Ceux qui redoutaient que Pedro Almodóvar perde son âme en traversant l'Atlantique et en tournant son premier film américain en seront pour leurs frais. La chambre d'à côté évolue aux antipodes de l'accablant formatage de mise à Hollywood, ignore les tics du cinéma indépendant US et, par ailleurs, jette un regard pour le moins critique sur une Amérique en proie à la bigoterie et à l'obscurantisme. Le cinéaste joue merveilleusement du champ-contrechamp, et filme la peur dans un regard esquissé, le doute au détour d'une parole hésitante, le sentiment indicible éprouvé face à une chaise vide qui, une fois la porte fermée, raconte que l'absence durera toujours. Il orchestre ces derniers moments avec un art époustouflant de la délicatesse et de la suggestion. Pas un mot superflu, pas une scène de trop dans ce chef-d’œuvre murmuré.

Publié dans Films

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Le maître de la provocation nous a quittés

Publié le par Michel Monsay

Le maître de la provocation nous a quittés

Des dialogues percutants, une misanthropie assumée, des comédies souvent féroces qui divisaient le public. Bertrand Blier est mort à l’âge de 85 ans. La France giscardienne des années 1970, redevenue douillette, rêvait de provocations, qu’elle ne tolérerait plus aujourd’hui. Bertrand Blier est alors devenu une sorte de prophète. Il réalise, en 1974, d’après son propre roman, Les Valseuses : l’odyssée tragi-comique de deux petits voyous (Gérard Depardieu et Patrick Dewaere) en quête de fric et de sexe. Puis, Préparez vos mouchoirs (1978, avec les mêmes comédiens, Oscar du meilleur film en langue étrangère) : l’histoire d’un mec qui offre sa femme à un autre, rien que pour la voir sourire. Bertrand Blier devient célèbre. On loue son insolence. Et ses dialogues, effectivement les plus crus jamais écrits depuis Henri Jeanson et Michel Audiard, qu'il a côtoyés enfant, étant le fils du grand Bernard Blier. On pourfend sa misogynie, qu’il ne cessera jamais de contester : « Reproche totalement idiot. Dans mes films, ce sont les hommes qui ont toujours le sale rôle. Je n’ai filmé que des crétins. Des lâches. Aucun n’a la clé du monde féminin… Souvenez-vous des imbéciles des Valseuses : ils sont sur une dune et Depardieu dit à Dewaere : “Il y a bien un cul qui nous attend quelque part.” Toute la connerie des mecs, elle est là… » Son cinéma est gorgé d’un humour sombre et bouffon qui lui fait imaginer d’incroyables intrigues où, par exemple, un homme (Depardieu) en séduit un autre (Michel Blanc) pour finir, avec lui, sur le trottoir (Tenue de soirée, 1986). Ou un garagiste (Alain Delon) s’attache à une inconnue (Nathalie Baye) qui se donne à des hommes dans les trains (Notre histoire, 1984). Il lui est arrivé de prendre une idée de départ simple dans Trop belle pour toi, une des plus vieilles du monde et les plus exploitées : celle d’un homme marié qui tombe amoureux d’une autre femme. Oui, mais voilà, c’est Bertrand Blier qui écrit. Il se plaît à inverser ce à quoi l’on s’attendait. L’épouse est raffinée et d’une beauté saisissante, la maîtresse ordinaire est nettement moins belle, mais c’est de cette dernière que va s’éprendre éperdument le mari. De quoi surprendre. Pas tant que ça. Ce sont des choses qui arrivent, qui ne s’expliquent pas. D’ailleurs, Bertrand Blier ne s’y essaie pas, s’attachant surtout à filmer, avec une justesse bouleversante, les choses de la vie de tous les jours, comment on tombe amoureux et combien la raison n’y peut rien. Josiane Balasko est surprenante et magnifique. Mais la vraie surprise est Carole Bouquet, révoltée, humiliée, malheureuse, formidable comme jamais. La médiocrité de l’être humain culmine dans Buffet froid (1979), véritable cauchemar de quatre-vingt-cinq minutes : on y plonge dans l’inconscient d’un froussard (Depardieu) qui fait exécuter les meurtres dont il rêve par une sorte de double docile (Jean Carmet), avant de quêter un juste châtiment auprès d’un flic irascible, incapable de maîtriser ses nerfs (Bernard Blier). Dans sa filmographie, il y eut des zébrures de beauté dans Merci la vie (1991), ou des éclairs d’humanité dans Un, deux, trois, soleil (1993). Deux films qu’il osait aimer un peu. Puis, après quelques films moins inspirés il revient en 2010, avec Le Bruit des glaçons. Un nouveau pied de nez au bon goût et à la décence, où il approfondissait l’un des grands thèmes de son œuvre : le face-à-face avec la mort. On y voyait, en effet, un romancier alcoolique et goncourisé (Jean Dujardin) recevoir la visite de son cancer qu’interprétait Albert Dupontel. Un cancer pique-assiette, rigolard, sympa, par moments, mais susceptible et menaçant à la moindre résistance : « Parlez-moi poliment ou je vous fais un pancréas… » Étrangement, avec un sujet pareil, sa mise en scène devenait moins asphyxiante qu’à l’ordinaire, presque aérienne. Bertrand Blier n’a jamais renoncé à l’insolence. C’était un solitaire, un humaniste contrarié, un enquiquineur tendre.

Publié dans Chroniques

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Magnifique Une de l'Humanité

Publié le par Michel Monsay

Magnifique Une de l'Humanité
Magnifique Une de l'Humanité
Magnifique Une de l'Humanité
Magnifique Une de l'Humanité
Magnifique Une de l'Humanité

Ne jamais oublier. Plus que jamais d'actualité. Éduquons les plus jeunes et les plus ignares.

Publié dans Chroniques

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Magnifique récit de deuil

Publié le par Michel Monsay

Magnifique récit de deuil

Dans ce récit magnifique, Prix Goncourt 2022, pur comme une chanson d’enfant, Brigitte Giraud dépasse l’histoire personnelle pour dire l’universalité de la perte et de la reconstruction. Son écriture, toujours sobre mais jamais modeste, est moderne et envoûtante, complice et pudique. Chaque chapitre décrit des émotions à fleur de peau, des esquisses de sourire, des bonheurs réifiés, et rappelle ainsi la puissance de l’écriture qui préserve le souvenir quand la vie va trop vite et qu’on voudrait la retenir encore un peu. Au fil d’un récit-compte à rebours, où pointent entre les lignes la colère, le remords, l’écrivaine interroge, non sans un brin d’autodérision, cette part inexpliquée de l’existence que l’on nomme hasard, coïncidence ou destin. Mais aussi la manière dont se déterminent nos décisions, nos empêchements, nos choix : ceux que l’on opère pour soi, pour l’autre ou malgré soi sous le coup de diktats familiaux ou d’injonctions sociales. Entrelaçant, comme dans tous ses livres, l’intime et le collectif, Brigitte Giraud consigne, au ­travers de la photographie musicale d’une époque, ses souvenirs. Et, avec eux, retrace son histoire avec Claude, son compagnon mort accidentellement en 1999. Celle de deux jeunes gens nés en Algérie, qui ont grandi dans une ZUP près de Lyon. Portés par la fougue et l’insouciance de leur ­jeunesse, ils se rêvent, loin de la cité, dans un lieu bien à eux, empli de musique et de copains de passage. A l’orée des années 1990, le couple devient famille, avec l’arrivée de Théo, s’embourgeoise au son d’Oasis, de Coldplay ou de Dominique A. Et, peu à peu, se laisse prendre dans les rets d’une époque d’argent facile, de prêts, d’investissement immobilier, qui alimente le mirage d’un bonheur parfait. En 2001, quelques mois après le drame, Brigitte Giraud composait A présent : un récit bouleversant dans lequel elle relatait les quelques jours qui suivirent l’accident, jusqu’aux obsèques. Elle y évoquait la fracture du temps, le chagrin, la béance. Vingt ans plus tard, à défaut de combler celle-ci, la romancière l’habite avec des mots empreints de douceur et de nostalgie. Mieux, dans ce Vivre vite, lumineux et vibrant d’amour, elle lui donne corps à travers le délicat portrait de Claude. Comme une ultime étreinte.

Publié dans Livres

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