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Judicieuse exploration d’un mythe sous toutes les coutures, même les plus sombres

Publié le par Michel Monsay

Judicieuse exploration d’un mythe sous toutes les coutures, même les plus sombres

En introduction du documentaire réalisé par le français Laurent Bouzereau, un extrait des coulisses de l’interview a été choisi, laissant entrevoir une femme peu commode, légende vivante dont la réputation de diva la précède. Ce qui augure la promesse d’un film nuancé, loin des habituelles hagiographies ronflantes dans le monde des documentaires de cinéma produits à la chaîne, sur la petite fille du Sud des États-Unis, Dorothy Faye, devenue Faye Dunaway, légende hollywoodienne et reine de Cannes où elle fut à l’honneur de l’affiche de la 64e édition, en 2011. Grâce à son travail sur les planches, elle est remarquée à Broadway par une directrice de casting qui la présente au grand producteur Sam Spiegel. Ce dernier la fait jouer dans Les Détraqués (1967). S’ensuit le succès mondial Bonnie and Clyde la même année, puis L’Affaire Thomas Crown (1968), Chinatown ou encore Network, pour lequel elle obtint en 1977 l’Oscar de la meilleure actrice. Au-delà de sa carrière, le documentaire traite entre autres de la misogynie et de l’âgisme féminin à Hollywood. Exceptionnellement douée, Faye Dunaway fut très tôt affublée d’une réputation d’actrice difficile et connut une carrière en dents de scie : tout cela, et plus, est examiné et commenté. Elle n'hésite pas à parler de ses démons, ses grandes colères et périodes de dépressions, de comportements très durs comme elle les qualifie elle-même, l’ayant handicapée toute sa vie, et expliquant en partie son attitude. Elle a fini, il y a une quinzaine d’années seulement, par être diagnostiquée bipolaire, une maladie contre laquelle elle se bat depuis, grâce à un traitement médicamenteux ayant stabilisé ses humeurs. Cette réputation est aussi imputable au fait qu’elle exige énormément d’autrui, parce qu’elle exige énormément d’elle-même. Le grand cinéaste Sydney Lumet avec lequel elle a tournée Network, disait d'elle : « Un acteur intelligent se nourrit de détails, et ce désir, cette soif de détails, est souvent caractérisé, à tort, de comportement difficile. Pourtant, il s’agit simplement d’un bon travailleur qui demande ses outils afin d’accomplir le travail requis. Faye Dunaway a ce besoin et exige ces détails, et parce qu’elle est intelligente et extraordinairement perspicace, elle en exige beaucoup, et si vous faites au moins la moitié des recherches qu’elle effectue, vous obtenez des résultats incroyables. » Faye est un documentaire qui réussit à rendre hommage à cette grande actrice et à nous garder captivé. Une vision globale sur une légende vivante du cinéma. En alliant des images d’archives rares, des extraits de films cultes et des interviews sincères, le documentaire dresse un portrait complet et nuancé de Faye Dunaway. Il nous rappelle pourquoi elle est une figure si respectée et admirée dans le monde du cinéma malgré son caractère.

Faye est à voir ici sur Max pour 5,99 €, un mois sans engagement avec pub ou 9,99 € sans pub.

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Un sommet du burlesque muet de l’inimitable et génial Buster Keaton

Publié le par Michel Monsay

Un sommet du burlesque muet de l’inimitable et génial Buster Keaton

Ce long métrage, l’un des plus célèbres du comique qui ne rit jamais, est un petit modèle d’absurde et de non-sens. Le jeune millionnaire Rollo Treadway est amoureux de Patsy sa voisine d'en face, fille de l'armateur O'Brien. Il décide de l'épouser sur-le-champ. Patsy le repousse. Rollo s'embarque à bord du Navigator, sans savoir qu'il n'y a personne à bord. Par un curieux concours de circonstances, Patsy se retrouve, elle aussi, sur le bateau. Buster Keaton manifeste dans ce film un véritable génie de l'absurde. Exemple : pour faire sa demande en mariage, Rollo, qui n'a que la rue à traverser, utilise sa somptueuse limousine. Econduit, il revient à pied.  Plus tard, on verra notamment comment il arrive à se servir des objets, toujours réticents à son égard et générateurs de catastrophes, pour préparer le petit déjeuner. Buster Keaton engage une sorte de corps-à-corps perpétuel avec l'impossible et finit par triompher de façon tout à fait imprévue. Courses-poursuites, café à l’eau de mer, combat d’escrime contre un espadon, chaise pliante récalcitrante, mobilier devenu fou… Les scènes, toujours plus burlesques, s’enchaînent sans discontinuer. Chaque salle du bateau offre un terrain de jeu, comme la cuisine et sa panoplie d’ustensiles démesurés, la cale et ses objets explosifs, ou même le pont qui semble hanté. Une musique frétillante accompagne ce grand tourbillon de gags qui n’offre pas une minute de répit. Rien n’est laissé au hasard : Buster Keaton et Kathryn McGuire, visages graves, multiplient les acrobaties et exécutent des chorégraphies millimétrées. Patauds mais touchants, décalés mais poétiques, ils forment un duo parfaitement accordé et créent des personnages plus subtils qu’il n’y paraît. Buster Keaton restera à jamais l'un des plus grands comiques de l'Histoire du cinéma.

La croisière du Navigator est à voir ci-dessous, n'hésitez pas à cliquer sur plein écran en bas à droite :

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Les grêlons d'hier à Paris

Publié le par Michel Monsay

Les grêlons d'hier à Paris

Publié dans Chroniques

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Touchante réflexion poétique de la vie, empreinte de mélancolie et de grâce

Publié le par Michel Monsay

Touchante réflexion poétique de la vie, empreinte de mélancolie et de grâce

Zabou Breitman et Florent Vassault se partagent le récit d’une vie : à elle la fiction, à lui le documentaire. Objectif : raconter l’histoire d’un garçon inconnu, découvert dans un lot de photos. Elle imagine 24 heures dans l’existence du garçon à l’âge de 25 ans, qu’elle prénomme Jean. Lui engage une véritable enquête, scrute les photos, recto verso, pour trouver des indices, remonte les pistes, cherche et interroge des témoins. Les deux récits sont cousus intimement par une astuce narrative qui fonctionne à merveille. La première scène nous conduit sur une fausse piste : Tiens, une comédie avec François Berléand et Isabelle Nanty, en couple prolo dans une France vintage ? Oui, mais non, car aussitôt apparaît à l’écran Zabou Breitman passant en revue des clichés de famille trouvés dans une brocante. Le garçon ouvre des réflexions vastes et touchantes sur le temps qui passe, le souvenir qu’on laisse derrière soi, ce à quoi se résume une vie, ce qui mérite d’être raconté. C'est là toute la grâce et le sel de ce merveilleux jeu de piste, dans lequel on aime se perdre et qui, mine de rien, parle de l'impermanence de nos vies, de la mémoire et de l'oubli, réveillant nos propres souvenirs. À travers un montage habile, le film évoque à la fois l’universalité du passé et l’individualité d’un destin, jouant sur les allers-retours entre réel et imaginaire. Le résultat est là : un objet cinématographique joyeusement non identifiable, entre documentaire, fiction et expérimentation. Un film sur le fil, un exercice d'équilibrisme entre des genres sinon opposés, du moins distants. Œuvre hybride, Le Garçon laisse aux pièces du puzzle le temps de s’assembler. Le film met subtilement en lumière des récits de vie, des rêves, et les regrets d’un héros du quotidien, dont le portrait contrasté se dévoile progressivement comme une photographie sortie des bains révélateurs d’une chambre noire. Décontenancé de prime abord par ce dispositif hybride, on ne tarde pas à être fasciné par la recherche et le stratagème inventé par les réalisateurs, qui se révèle d'une grande puissance émotionnelle.

Publié dans Films

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Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"

Publié le par Michel Monsay

Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"

L'exposition L’art dégénéré : le procès de l’art moderne sous le nazisme, au Musée Picasso, nous plonge au cœur de cette vaste campagne de censure, dénigrement et destruction. Plus de 20 000 œuvres furent la cible du régime national-socialiste, de 1933 à 1945. La meilleure façon d'honorer cette mémoire, était de mettre en avant les œuvres survivantes. Il y a une grande réussite dans cette exposition, c’est la couleur qui allège une partie de la lourdeur du sujet : Ces œuvres maltraitées ont survécu à cette période-là, mais elles existent en elles-mêmes et retrouvent ici une deuxième vie. La juxtaposition de ce que les nazis considéraient comme dégénéré avec leur haine des juifs donne aussi une coloration particulière à l'exposition, ça n'est pas seulement une avant-garde qu'ils ont essayé d'effacer, mais aussi toute l'expression artistique de la communauté juive. Paul Klee, Otto Dix, Marc Chagall, Vassily Kandinsky, Pablo Picasso, Vincent Van Gogh, Emil Nolde,... Tous ces artistes ont vu leurs œuvres classées par les nazis comme “art dégénéré”. De l’accession au pouvoir d’Hitler en 1933 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, la politique d’exclusion des artistes contemporains non conformes à l’esthétique nazie est appliquée de manière ultra violente : Confiscation et ventes d’œuvres des musées allemands, licenciement de professeurs et de conservateurs, menaces physiques et morales poussant les artistes à l’exil. Parallèlement à Munich, le 19 juillet 1937, les visiteurs s’entassent dans les espaces étouffants et mal éclairés de l’exposition « Art dégénéré » qui vient d’ouvrir ses portes. Organisée par les nazis, gratuite, elle est censée montrer la « dégénérescence » de l’art moderne et réunit plus de 700 œuvres. La circulation est pénible, l’accrochage est une insulte à la muséographie, c'est un véritable capharnaüm où la foule se déplace malaisément, silencieuse et crispée. Les œuvres sont accrochées n’importe comment sur des cimaises de fortune, parfois à touche-touche, certaines à l’envers. Sur les murs, des cartels imprécis relaient des mots haineux, violents, destinés à décrédibiliser les artistes, les insulter, les ridiculiser, les livrer à la vindicte populaire, les réduire à néant : Des « fous », des « sauvages », des « criminels », du « fumier ». Aujourd'hui, pour la première fois en France, une passionnante exposition permet d'admirer une soixantaine de tableaux et de sculptures d'art moderne désignés par le régime hitlérien sous le vocable infamant d'art "dégénéré", une belle revanche pour ces merveilleux artistes.

L’art dégénéré : le procès de l’art moderne sous le nazisme est à voir jusqu'au 25 mai au Musée Picasso

Ci-dessous un aperçu de l'exposition et pour finir un très beau tableau représentant le maître des lieux.

Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
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Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
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Une plongée fascinante et sombre qui raconte la terrible histoire de "l’art dégénéré"
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Publié dans Expos

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Bouleversante Mélanie Thierry dans un film terrible et beau sur l'enfance et la Shoah

Publié le par Michel Monsay

Bouleversante Mélanie Thierry dans un film terrible et beau sur l'enfance et la Shoah

Après Voyages et La Douleur, Emmanuel Finkiel évoque une nouvelle fois la Shoah. Interprétée par Mélanie Thierry dans l'un des plus beaux rôles de sa carrière, La chambre de Mariana s'impose comme une réussite majeure. Adaptant le roman glaçant d’Aharon Appelfeld, le réalisateur inscrit en exergue la phrase suivante : « Tout ce qui s’est passé est inscrit dans les cellules du corps et non dans la mémoire ». Mariana, ce personnage irradiant et douloureux, est incarné, endossé, habité par Mélanie Thierry. Si, ici et là, on reconnaît son rire, tout le reste est terre inconnue. Sa voix plus grave parlant ukrainien, sa silhouette qui ploie sous la lourdeur des jours, même son visage, dont la bouche rouge sourit tandis que les yeux bordés de mascara dégoulinant disent la peur, l’infinie détresse. Impressionnante interprète, Mélanie Thierry n’a pas fait que s’entraîner deux années durant à parler la langue du film, elle est devenue cette femme imparfaite et généreuse, cette beauté ravagée par la brutalité des hommes et la laideur du monde. Ce que raconte La Chambre de Mariana, tourné en Hongrie alors que la guerre d’aujourd’hui en Ukraine éclatait et chassait le tournage du territoire initialement envisagé, c’est comment on survit (parfois) à l’innommable, à quel point il faut s’échapper pour rester là, vivant. Et comment la force des liens peut être fil d’Ariane, pour sortir du labyrinthe de l’enfer. La mise en scène d’Emmanuel Finkiel, impressionniste, pointilliste, délicate et pourtant constituée de strates, de terrifiantes réalités aperçues d’une fenêtre ou dans une forêt, est un faisceau de détails justes et poignants, de tremblements et d’émotions. Il rend hommage de la plus belle des manières à un immense écrivain, Aharon Appelfeld, dont l’acuité du regard et la voix douce ne cessent de nous manquer dans le monde d'aujourd'hui.  Du huis clos freudien au drame initiatique en temps de guerre, avec cœur mais sans pathos, La Chambre de Mariana raconte aussi la survie d’un pays. La lutte éternelle entre pulsions de vie contre pulsions de mort, qu’Appelfeld a éprouvée dans sa chair, en fuyant devant les nazis, et dont Emmanuel Finkiel fait une réparation psychanalytique vis-à-vis de son père, séparé de sa famille pendant la rafle du Vel’d’Hiv. Deux histoires si personnelles qui se rencontrent et nous terrassent, tandis qu’en Ukraine grondent à nouveau les bruits de la guerre. Le cinéaste fait preuve d’une belle inventivité de mise en scène et d’une qualité de travail sur l’image et le son, discrète mais au final assez impressionnant dans ce film poignant.

Publié dans Films

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L'émancipation d'une femme par le rire dans une série tout en finesse et fantaisie

Publié le par Michel Monsay

L'émancipation d'une femme par le rire dans une série tout en finesse et fantaisie
L'émancipation d'une femme par le rire dans une série tout en finesse et fantaisie

Traversée d’une certaine allégresse et portée par le charisme de son interprète Rachel Brosnahan, La fabuleuse Madame Maisel déploie dès la première scène de la saison 1 ses plus beaux atours. Les Golden Globes 2018 ne s'y sont pas trompés en la désignant meilleure comédie de l'année et Rachel Brosnahan meilleure actrice, tant cette série représente le parfait antidote à la morosité. Il suffit d'observer Midge, le personnage principal, toute de rose vêtue, valsant dans les rues de ce New York de la fin des années 50, pour être saisi par une bonne humeur communicative. Il y a une indéniable fibre féministe dans la série, sans pour autant être militante. Amy et Daniel Sherman-Palladino, créateurs de la série, déploient dans les cinq saisons leur style enlevé, leurs dialogues piquants, leur capacité à imaginer des personnages à la fois mélancoliques et débordant d'énergie. Ils portent un regard rafraîchissant sur le stand-up, et imaginent une révolution féminine intime, drôle et émouvante. Midge, en se découvrant anticonformiste, va devoir affronter le regard des siens, celui de la société, et dépasser ses propres a priori. C'est aussi le choc des cultures, lorsque la bourgeoise Midge se lie à sa manager, la beatnik sans le sou, la revêche Susie (inégalable Alex Borstein). Car la série serait moins percutante sans cette figure secondaire, extrêmement mal assortie à l'héroïne et pourtant indispensable à sa réussite. Elle est aussi ambitieuse et mordante que Midge, ce qui suffit à lier les deux femmes plus profondément qu'à leur propre famille. La Fabuleuse Madame Maisel s’inspire de la véritable histoire du stand-up féminin américain, qui débuta au milieu des années 50. Elle recrée l’ambiance du Gaslight Café, authentique club underground ouvert en 1958 dans Greenwich Village, où se produisirent, entre autres, Bill Cosby, Bob Dylan et Charles Mingus. Tendrement vache avec une communauté juive new-yorkaise incarnée par les insupportables parents et beaux-parents de Midge, Amy Sherman-Palladino s’attaque frontalement à l’Amérique de la fin des années 1950, paternaliste et phallocrate, et, en écho, à celle de Trump. Midge Maisel trouve dans le stand-up mieux qu’un exutoire à sa position de femme trompée et délaissée. Elle s’y révèle, donne corps à son personnage de femme battante (qui n’est autre qu’elle-même, débarrassée des carcans de la société) et prend en main le récit de sa vie, avec les bons côtés comme les pires. Car sous son optimisme pop et coloré, cette épatante série laisse en effet filtrer une bonne dose de mélancolie. Midge ne devient pas une vedette en trois épisodes, elle paye cher ses moqueries à l’égard des castes dominantes, doute, trébuche parfois dans sa marche vers l’indépendance, mais elle ne perd jamais son dynamisme. Elle doit beaucoup à Rachel Brosnahan, entourée d’un ensemble de comédiens remarquables, parfaite de candeur et de malice mêlées qui, sans jamais cabotiner, imprime au personnage un tempo comique impeccable et une énergie contagieuse. De ménagère à pionnière voire avant-gardiste, on la suit dans sa trajectoire virevoltante à la fois plaidoyer et hommage aux luttes féministes, dans le monde du show-business en particulier et en Amérique en général. Un portrait de femme dessiné avec autant d’esprit que de tendresse, tout autant qu'une lettre d’amour à ceux qui ont fait de New York l’écrin bouillonnant du spectacle vivant et de la comédie.

La fabuleuse Madame Maisel, les 5 saisons sont à voir ici ou sur le replay de M6.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la minisérie vous aurez les sous-titres en français.

Publié dans replay

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L’expressionniste flamboyante Gabriele Münter, pionnière de l’art moderne

Publié le par Michel Monsay

L’expressionniste flamboyante Gabriele Münter, pionnière de l’art moderne
L’expressionniste flamboyante Gabriele Münter, pionnière de l’art moderne
L’expressionniste flamboyante Gabriele Münter, pionnière de l’art moderne

Le Musée d’Art Moderne de Paris consacre une très belle exposition à l'artiste allemande Gabriele Münter (1877-1962), qui permet de découvrir près de 170 œuvres retraçant six décennies de création, entre peinture, gravure, photographie et broderie. C'est la première rétrospective française dédiée à cette figure majeure de l’expressionnisme allemand, elle met en lumière l’étendue de l’œuvre de cette artiste, cofondatrice du mouvement Cavalier Bleu (Blaue Reiter), dont les peintures sont d'une grande diversité technique et une modernité étonnante. Si son nom est souvent associé à celui de Kandinsky, dont le très beau portrait qu'il a peint d'elle ouvre l'exposition (le premier ci-dessous), cette exposition insiste sur son indépendance artistique et sur l’importance de son œuvre dans le contexte du XXe siècle. Une femme en retrait, une œuvre en pleine lumière. Gabriele Münter a longtemps été cantonnée à un rôle secondaire, son nom attaché à celui de Kandinsky. Une compagne, une élève, une silhouette à peine esquissée dans l’ombre du génie. Pourtant, ce récit éclipse une évidence : sans Gabriele Münter, l’histoire de l’art moderne aurait suivi un autre cours. L’artiste a contribué à ouvrir une voie nouvelle. Son trait acéré et ses aplats de couleurs saturées cernés de noir confèrent à ses œuvres une immédiateté presque brute, une tension permanente entre construction et spontanéité. Puis vient la rupture. L’exil en Scandinavie après sa séparation avec Kandinsky bouleverse sa palette : la lumière se tamise, la mélancolie affleure. La guerre qui repousse l’art dans l’ombre. Münter dissimule des œuvres menacées, peint à huis clos, loin des circuits officiels. La couleur devient plus intérieure, plus resserrée. Peindre n’est plus une conquête, c’est un acte de résistance. Sa peinture n’a jamais cherché à séduire, elle traverse la matière avec une lucidité implacable. Durant sa période d’exil en Scandinavie, elle travaille et expose sans relâche avec un succès constant. Les traits s’adoucissent et les coloris refroidissent, mais pas son œil-caméra qui capte tout. Entre 1920 et 1930, Gabriele Münter vit principalement à Berlin. Elle est rattachée à la Nouvelle Objectivité, une peinture vériste, qui épingle les travers de la société. Pour elle, il s’agit plutôt de montrer la réalité des femmes qui gagnent leur vie et s’émancipent, d’un trait filant et cristallin. Sa rencontre avec Johannes Eichner, philosophe et historien de l’art, marque le retour à Murnau en 1931. C’est lui qui lui enjoint de cacher les œuvres dangereuses de la période du Blaue Reiter à la cave. Lui qui la pousse à arrondir les angles et à baisser l’intensité de la couleur de ses peintures pour échapper à la censure du national-socialisme. Gabriele Münter passera à travers les mailles du filet nazi et ne sera jamais, contrairement à la totalité de ses camarades, classée comme artiste « dégénérée ». Après la guerre, septuagénaire, elle continue de peindre et laisse Johannes Eichner s’atteler à sa reconnaissance internationale et son œuvre est exposée partout. D’une ampleur exceptionnelle, la rétrospective que lui consacre le musée d’Art Moderne de Paris apporte un nouvel éclairage sur l'œuvre de Gabriele Münter et sa place importante dans l’histoire de l’art.

Gabriele Münter - Peindre sans détours est à voir au Musée d'art moderne jusqu'au 24 août.

Voici un aperçu de l'exposition, cliquez sur la première photo pour la voir en grand et faites ensuite défiler pour voir les suivantes.

L’expressionniste flamboyante Gabriele Münter, pionnière de l’art moderne
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L’expressionniste flamboyante Gabriele Münter, pionnière de l’art moderne

Publié dans Expos

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Éblouissant numéro de claquettes

Publié le par Michel Monsay

Éblouissant numéro de claquettes

Dans ce chef-d'œuvre de la comédie musicale, Chantons sous la pluie, Gene Kelly et Donald O'Connor livrent l'un des plus beaux numéros de claquettes de l'Histoire du cinéma.

Publié dans Chroniques

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Tendresse en terres arides

Publié le par Michel Monsay

Tendresse en terres arides

Le premier long-métrage de Mo Harawe est traversé de moments tendres, émouvants, d’une grande beauté. Cela tient au regard que ce jeune cinéaste austro-somalien porte à la fois sur un adorable petit garçon au potentiel remarqué par son institutrice, son père qui l’élève seul et se démène pour lui offrir une scolarité, et sa tante qui les rejoint après avoir divorcé et ne lâche rien de ses rêves. Le regard de Mo Harawe reste toujours à juste hauteur de ses personnages courageux. Épaulé par le très beau travail de son directeur de la photographie Mostafa el-Kashef, il filme les tribulations de ce père généreux au beau milieu d’un pays qui convulse sous la guerre civile et les catastrophes naturelles. Sans édulcorer la brutalité de cette réalité, il donne à voir la part sublime de cette région désertique, qui est aussi le plus grand littoral d’Afrique, entre l’Océan Indien et le golfe d’Aden. Il en fait l’écrin d’une histoire émouvante, où se racontent l’amour inconditionnel d’un père pour son fils, et la dignité d’hommes et de femmes qui cherchent à contrer l’adversité et se frayer coûte que coûte un chemin vers un horizon ouvert. Il transparaît dans le grain de l’image, l’harmonie des teintes chaudes, la lumière qui révèle les peaux, les gestes attentionnés. La beauté du film, au-delà de l’image elle-même, sublime, à la fois naturaliste et forte en contrastes, réside dans la manière que le cinéaste a de traiter avec le même intérêt et la même tendresse chacun de ses trois personnages, qu’importe leur âge, leur sexe ou leur parcours. Qu’il les isole dans le plan, les filme en duo ou en trio, chacun a sa partition à jouer dans cette symphonie collective qui valorise l’individu et ses choix, bons ou mauvais. Mais au-delà des différentes quêtes qui animent les trois personnages, qu’elles soient de survie, d’indépendance ou d’amour, Le village aux portes du paradis n’est jamais aussi touchant que lorsqu’il ausculte les liens familiaux et les drames intérieurs de ses trois héros. Ce beau premier film somalien, malgré l'alignement d'injustices, s'affirme comme une œuvre positive, aux plans magnifiques.

Publié dans Films

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