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Fascinante héroïne de série inspirée par une vraie femme gangster

Publié le par Michel Monsay

Fascinante héroïne de série inspirée par une vraie femme gangster

Ce récit grisant d’une Arsène Lupin prolétaire, qui essaye de survivre dans le Royaume-Uni ultralibéral de Thatcher, semble romanesque. Tout dans cette histoire est pourtant vrai. Joan avait bien habitude d’avaler les pierres précieuses qu’elle cachait, une fois régurgités, dans une boîte à biscuits. Elle est aussi rapidement devenue une experte en falsification des chèques. Celle qui arbore épaulettes, manteau de fourrure et une ribambelle de perruques saura s’imposer dans des bas-fonds très machistes, frayant même avec les terroristes de l’IRA. Adapté du récit autobiographique d’une voleuse de joyaux, Joan Hannington, Joan détaille les étapes de la mutation d’une jeune mère délaissée par un compagnon violent et instable en marraine de la pègre londonienne. C’est à la fois une victime, broyée par son enfance où elle a subi des violences, et en même temps une femme incroyablement courageuse et intrépide. Joan est aussi le produit de son époque : Une décennie où tout le monde courrait après l’argent, la réussite et le statut social. Sophie Turner (Game of Thrones) prête sa fougue et sa révolte à cette héroïne abîmée par la vie, qui refuse de se laisser rabaisser. Sa Joan est un parfait concentré de charisme et d’aplomb dans une série qui retranscrit à merveille la frénésie et l’exubérance du Londres des années 1980. La scénariste Anna Symon s’empare de cette trajectoire hors normes pour brosser un complexe portrait de femme. Sans jamais verser dans l’apologie des activités illicites de son héroïne, elle en éclaire les zones d’ombre et de lumière. Un parti pris également adopté par Richard Laxton dont la caméra prend tout son temps pour laisser jaillir l’humanité de Joan Hannington. Dans les polars, neuf fois sur dix, les femmes sont des victimes disparues, étranglées ou violées. Quand elles ne le sont pas, elles incarnent des détectives mais rarement des hors-la-loi. La vraie Joan Hannington a raconté qu’aucun de ses « collègues » gangsters ne la prenait au sérieux. Elle était toujours sous-estimée. Somme toute, elle était confrontée aux mêmes préjugés que les femmes dans le monde du travail. C’est la raison pour laquelle en faire une héroïne de série est quelque part un acte politique.

Joan est à voir ici pour 9,99 € en location, ou ici pour 12,99 € un mois d'abonnement résiliable à tout moment à Ciné+ OCS via Canal + et profitez en plus des autres contenus.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la minisérie vous aurez les sous-titres en français.

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Belles performances du biathlon français

Publié le par Michel Monsay

Belles performances du biathlon français

Cinq courses ont été disputées depuis le début des championnats du monde de biathlon en Suisse et cinq médailles pour l'équipe de France, dont deux en or. Justine Braisaz-Bouchet est devenue championne du monde de sprint sous le vent et la neige. Après une faute sur le tir couché, la biathlète des Saisies (Savoie) a réalisé un sans-faute sur le tir debout, puis s’est montrée impressionnante sur les skis pour rattraper son retard sur l’Allemande Franziska Preuss. Auteure d’un excellent dernier tour, Justine Braisaz-Bouchet termine avec neuf secondes d’avance sur l’actuelle leader du classement général de la Coupe du monde, qui doit se contenter de l’argent. La Finlandaise Suvi Minkkinen s’adjuge le bronze. Justine Braisaz-Bouchet a conquis ce vendredi son quatrième titre de championne du monde, le deuxième en individuel après son succès sur l'épreuve de la mass start l'année dernière, dont elle est également championne olympique en titre, ayant gagné à Pékin en 2022. Elle a complété sa moisson lors de ces championnats du monde 2025 avec une médaille de bronze dimanche sur la poursuite. Tout comme Eric Perrot, qui a, lui, offert au clan tricolore une cinquième médaille en cinq courses lors de ces Mondiaux. Le biathlète de 23 ans, parti en 15e position à 1 min 11 s du plus grand biathlète de tous les temps, Johannes Boe, a effectué une belle remontée grâce à un 19/20 au tir pour finir troisième. A la lutte au début du dernier tour avec Sturla Laegreid, il a rapidement distancé le Norvégien et a d'ailleurs signé le meilleur temps de tous les participants sur les skis. Il avait commencé de la plus belle des manières ces championnats du monde avec ses collègues de l'équipe de France, en remportant le relais mixte mardi dernier.

Belles performances du biathlon français
Belles performances du biathlon français
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Belles performances du biathlon français
Belles performances du biathlon français
Belles performances du biathlon français

Publié dans Chroniques

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Huis clos saisissant avec trois actrices très inspirées

Publié le par Michel Monsay

Huis clos saisissant avec trois actrices très inspirées

Esthétique travaillée, huis clos new-yorkais, actrices épatantes, Carrie Coon, Natasha Lyonne et Elizabeth Olsen, voilà un drame indépendant qui se présente comme l’un de ces films de grande qualité que Netflix sait parfois nous proposer, la plateforme ayant surtout un intérêt pour ses séries. Ces trois femmes réunies dans un appartement new-yorkais au chevet de leur père agonisant sont les descendantes des Trois Sœurs, d’Anton Tchekhov. Assumant sans complexe sa dimension théâtrale, le réalisateur Azazel Jacobs filme avec délicatesse l’émerveillement qui naît du spectacle des variations de la condition humaine au sein d’une fratrie. La mise en scène n’a qu’un but : offrir aux actrices l’espace qui leur permettra de déployer leurs personnages. Ses trois filles se présente alors comme un portrait de femmes qui masquent leurs appréhensions et leurs émotions de multiples manières : par le sourire, le mépris ou l’indifférence. Malgré leurs divergences, ces sœurs restent unies par une cause qui leur est commune et qui consolide leur relation. Ainsi, les scènes de disputes donnent lieu à plusieurs moments poignants d’échanges dans lesquels les sœurs fonts part de leurs sentiments et tentent de se pardonner. Structuré par ses dialogues intelligents et très travaillés, ce drame intimiste peint un portrait très bien vu des dysfonctionnements familiaux. Il capture parfaitement un instantané de vie grâce à l'alchimie entre les actrices et leurs prestations. Véracité et émotion sont donc les qualités principales de Ses trois filles, qui explore avec justesse et pudeur le processus de deuil. Loin d’être sombre ou déprimant, le film parvient à toucher durablement en se concentrant sur la manière dont la perte d’une personne aimée fait ressortir au final ce qu’il y a de plus beau en nous : l’amour.

Ses trois filles est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub et 13,49 € sans pub, un mois d'abonnement sans engagement.

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Une fiction coup de poing sur le drame des migrants

Publié le par Michel Monsay

Une fiction coup de poing sur le drame des migrants

Prix spécial du jury à la Mostra de Venise, le somptueux dix-huitième long métrage de la cinéaste polonaise Agneszka Holland pose un regard à la fois frontal et subtil sur la question migratoire. C’est peu dire que Green Border et sa réalisatrice, ont été violemment attaqués par les plus hauts dirigeants polonais ultra conservateurs à la sortie du film. Et comment ne pas évoquer les menaces de mort et autres insultes sur les réseaux sociaux. Ce n’est malheureusement pas la première fois que la cinéaste est prise à partie pour ses films. Agnieszka Holland, cinéaste de la quête d’identité et des abjections de l’Histoire (Europa, Europa, l’Ombre de Staline), raconte le voyage d’une famille d’immigrants syriens vers l'Europe. Les événements à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie ont commencé à la fin de l’été 2021 et, immédiatement, une zone dite de la mort s’est créée entre les deux pays, dans une forêt marécageuse interdite aux regards extérieurs. C’est là que des milliers de réfugiés désirant mettre un pied dans une Europe aux allures de forteresse ont été ballottés, rejetés, sacrifiés. Filmé dans un noir et blanc tout autant magnifique que funèbre, Green Border est l’œuvre bouleversante d’une réalisatrice révoltée qui, sans prendre de gants, décrit l’horreur et ausculte les dilemmes silencieux. D’une puissance narrative redoutable, l'éclatement des points de vue permet d’opérer une analyse structurelle, plus à froid et moins manipulatrice qu’une simple stratégie immersive nous mettant exclusivement à la place des victimes. A 75 ans, Agnieszka Holland n'a pas renoncé à dénoncer, avec les moyens du cinéma, les douloureux paradoxes de notre époque. Quand on se demande, ces temps-ci, ce que peut le cinéma dans ce monde perdu : réveiller la rage et la révolte si elle s’assoupissent.

Green border est à voir ici pour 4,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

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Un troublant récit initiatique à l’énergie explosive

Publié le par Michel Monsay

Un troublant récit initiatique à l’énergie explosive

Après avoir réalisé l'excellente minisérie Oussekine et plusieurs épisodes des séries Le Bureau des légendes et Baron noir, c'est dans son village d'enfance, à Longué-Jumelles dans le Maine-et-Loire, qu'Antoine Chevrollier a choisi de camper l'intrigue de son premier film. Il ausculte la complexité d’un territoire et participe de ce cinéma français qui décale son regard vers les zones rurales, à l’instar de Vingt DieuxLa fluidité de La Pampa emporte le regard. Fluidité de la narration, qui suit un personnage vecteur, fluidité de la mise en scène, déterminée, qui décoche sa flèche avec l’énergie de la première scène, et ne la lâche plus jusqu’à la résolution du parcours. Entre les deux, les bouleversements émotionnels rythment le vécu des protagonistes et la chronique d’une amitié fusionnelle. Nourri de sensations autobiographiques, sans pour autant retracer à la lettre la jeunesse de son auteur, La Pampa baigne dans un monde où l’injonction et l’exclusion s’avèrent tragiques et marquent au fer rouge. Conditionnement et déterminisme peuvent étouffer les êtres en train de grandir, et l’unique solution à leur salut reste parfois la sortie de route. Quelle qu’elle soit. Le titre de l’œuvre vient du nom du véritable terrain de motocross qu’observait le jeune Antoine Chevrollier, retourné filmer dans son village angevin d’origine. Précis dans sa direction d’acteurs, le réalisateur a rappelé l’interprète de sa mini-série Oussekine, Sayyid El Alami, qui était déjà très bien dans le rôle de Malik Oussekine, et qui ici confirme une présence et un talent évident en incarnant le personnage central, observateur et déterminé, capable de passer du doute à la colère, de la fébrilité à la résilience. Citons également, Damien Bonnard, épatant d’aveuglement bouillonnant, Florence Janas qui confère une subtilité touchante à son personnage, et Artus, le réalisateur d’Un p’tit truc en plus, inattendu à tous égards. La Pampa envahit l’écran par son humanité, à hauteur d’adolescence, par sa puissance émotionnelle, et par sa capacité à embrasser la vigueur malgré la douleur.

Publié dans Films

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Émouvant amour maternel dans l'enfer de la guerre

Publié le par Michel Monsay

Émouvant amour maternel dans l'enfer de la guerre

Les aventures du jeune héros métis de Blitz sont frappées par la violence, la mort, la faim et le racisme, à mi-chemin entre les récits de Charles Dickens, des frères Grimm et Pinocchio, et elles le mènent à une conscience terrible de la cruauté du réel de Londres en septembre 1940. Dans un geste romanesque, le cinéaste anglais Steve McQueen, dont on avait adoré 12 years a slave, le confronte peu à peu aux mensonges des adultes, à la cruauté du monde qui l’entoure et finalement à une triste vérité, où son innocence d’enfant ne pourra rien face à l’horreur de la réalité. Et au film de gagner encore en force lors du déferlement chaotique touchant Londres, lorsque le jeune garçon est véritablement aspiré par une guerre intraitable dont il est une victime collatérale. Steve McQueen déploie toute l’envergure de sa mise en scène pour sublimer l’ensemble, notamment en reconstituant le Londres bombardé de 1940. Qu’il filme la rude bataille de pompiers pour éteindre un bâtiment en feu, l’inondation angoissante d’une bouche de métros, la chute stridente des bombes dans la Tamise ou filme l’ampleur des dégâts dans un magnifique plan aérien, le cinéaste offre un choc visuel absolu. Empruntant à tous les genres (le mélodrame, le film de guerre, le conte, le récit initiatique, le fantastique), il signe une fiction qui a le bon goût de ne ressembler qu'à elle-même. Inventif et virtuose au cœur de chaque plan, Steve McQueen met en scène dans le même geste de cinéma la calamité d'une époque et l'univers mental d'un enfant confronté au pire. En parallèle des tribulations du jeune garçon, le réalisateur fait aussi le portrait de sa mère et de ses amies, qui triment à l'usine, se serrent les coudes et vont danser le soir, la joie étant décuplée en temps de guerre. Un des talents les plus inattendus chez un cinéaste venu des arts plastiques est cette qualité de la direction d’acteur. Steve McQueen sait aussi bien utiliser les pouvoirs prodigieux de Saoirse Ronan, capter l’intensité de jeu du jeune Elliott Heffernan, qu’éveiller en Paul Weller une présence à l’écran, qu’on n’aurait pas soupçonnée chez l’ancien chanteur de The Jam et du Style Council. L'excellent Stephen Graham terrifiant en pilleur opportuniste ou un autre musicien, Benjamin Clementine, qui incarne avec un charisme étonnant un policier militaire venu du Nigeria, s’ajoutent à la cohorte des seconds rôles qui peuplent cette ville en feu dont le spectacle nous ramène inlassablement à la vie quotidienne de tant d’endroits sur Terre, au XXIe siècle.

Blitz est à voir ici sur Apple Tv+ pour 9,99 € un mois sans engagement ou en profitant de l'essai gratuit.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la série sur Apple Tv+ vous aurez les sous-titres en français.

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La révolution Dylan portée par le talent de Timothée Chalamet

Publié le par Michel Monsay

La révolution Dylan portée par le talent de Timothée Chalamet

Après avoir raconté Johnny Cash dans le formidable Walk the Line avec Joaquin Phoenix, James Mangold s’attaque à un mythe vivant, Bob Dylan, aujourd’hui âgé de 83 ans. Son film est porté par Thimothée Chalamet qui livre une prestation exceptionnelle. À 29 ans, il confirme que son ascension fulgurante dans le cinéma américain n’était pas une course d’étoile filante. Il est d’ailleurs sélectionné pour la deuxième fois aux prochains Oscars dans la catégorie meilleur acteur. Plus qu’un biopic traditionnel, Un parfait inconnu est un film sur la jeunesse, ses rêves et ses contradictions. Il rend très actuels la musique de Bob Dylan et son message. De quoi réunir aujourd’hui les générations. Thimotée Chalamet adopte les côtés énigmatique, cassant, charmeur, drôle et totalement génial de cet artiste atypique qui, guitare sur les genoux et clope au bec, écrivait frénétiquement à la machine ce qui formera le début de son œuvre. Mieux, l’acteur pousse le perfectionnisme jusqu’à chanter lui-même, avec sa propre voix toutes les chansons en prise directe, tout en s’accompagnant à la guitare, et c'est proprement bluffant, tout comme Edward Norton, qui interprète superbement Pete Seeger, et la magnifique Monica Barbaro qui joue et chante Joan Baez. Sans oublier Elle Fanning qui prête son visage diaphane au plus émouvant personnage de cette histoire, jeune femme condamnée à rester sur le côté de la route quand l'homme qu'elle aime chante que les temps changent. Le film s'intéresse aux débuts de l'insaisissable Bob Dylan, et dans ce temps circonscrit, à la naissance d'un poète, d'un chanteur, d'un mythe. À travers cet épisode fondateur et marquant de la vie de Dylan, le film raconte le combat en musique d'un nouveau monde contre l'ancien. Un parfait inconnu nous plonge dans une époque, celle d'une révolution de la musique, mais plus largement de la société. Dans un contexte politique marqué par la lutte pour les droits civiques ou la guerre du Vietnam, la jeunesse avide de liberté est désireuse de faire table rase des carcans du passé. Une révolution annoncée et portée par la poésie d'un musicien hors normes, avec une plume d'or. La musique de Dylan, ses chansons et ses mots inondent le film, qui restitue avec une justesse saisissante, le processus créatif, la naissance et la construction d'un artiste surdoué, et son chemin pour affirmer sa propre singularité. Dans des décors minutieusement reconstitués, en se focalisant sur cette tranche de la vie de Bob Dylan (1961-1965), James Mangold filme magistralement son sujet et cette époque en évitant l'écueil d'un biopic bavard et en parvenant à saisir une part de l'âme de ce musicien poète, le seul de l'Histoire récompensé par un prix Nobel de Littérature.

Publié dans Films

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Incroyable Violette Dorange

Publié le par Michel Monsay

Incroyable Violette Dorange

À 23 ans, Violette Dorange devient la plus jeune navigatrice à terminer le tour du monde à la voile en solitaire, sans assistance et sans escale, homme et femme confondus. Elle a reçu un fantastique accueil à son arrivée hier comme si elle avait gagné le Vendée Globe. Désarmante jusqu'au bout. À son arrivée au ponton, dimanche sur le coup de 13 heures, Violette Dorange a été telle qu'en elle-même : naturelle, sincère, authentique. Cette fraîcheur rafraîchissante a engendrée durant trois mois une vague populaire rarement vue sur une course au large, même Le Monde l'a suivie durant tout son périple. Au-delà de sa très belle performance, Violette Dorange a communiqué avec beaucoup de spontanéité pour partager son aventure sans cacher ses peurs et faire part de ses joies en toute simplicité. Le vainqueur de ce tour du monde, Charlie Dalin, lui prédit, entre les lignes, un bel avenir. « Je me garderai bien de donner des conseils à Violette, car elle mène parfaitement sa barque. J’ai fait mon premier Vendée Globe à 36 ans et elle vient de terminer le sien à 23, elle me met donc treize ans dans la vue, constate-t-il avec le sourire. Un phénomène est né.

Publié dans Chroniques

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Thriller psychologique, cette minisérie très cinématographique se mue en un pur mélodrame

Publié le par Michel Monsay

Thriller psychologique, cette minisérie très cinématographique se mue en un pur mélodrame

Le grand cinéaste mexicain Alfonso Cuarón, de retour à la réalisation six ans après le magnifique Roma (Lion d’or 2018 à la Mostra de Venise), orchestre Disclaimer avec maîtrise et bouscule avec cette nouvelle œuvre hors norme les codes des séries, en s’appuyant sur un casting de haute volée : Cate Blanchett et Kevin Kline, grandioses en tête de ce jeu de massacre, mais aussi Lesley Manville, dans un rôle de mère inconsolable et amère ou encore Sacha Baron Cohen, aussi inattendu que crédible dans la peau du mari de l'héroïne, dévasté par les révélations sur son épouse, sans oublier Leila George, belle et talentueuse révélation de la série. Au-delà du thriller psychologique, qui joue sur la diversité des points de vue pour brouiller habilement les cartes, Disclaimer brasse des thèmes forts : les injonctions de bonne moralité faites aux femmes, l’aveuglement des parents sur leurs enfants et la difficulté parfois à nouer des liens, mais aussi les secrets et la confiance dans le couple. En point d’orgue, une révélation finale qui nous cueille et nous bouleverse. Cette minisérie est une remise en question fondamentale de la façon dont nos à priori nous gangrènent, voire nous rendent complices des maux du monde et en particulier ceux subis par les femmes. Disclaimer est une œuvre troublante, palpitante, provocatrice, imprévisible, qui nous enfonce dans un labyrinthe tortueux et torturé de fausses pistes en faux-semblants, à travers un récit vertigineux sur la fiction et notre position de spectateurs. Alfonso Cuarón insuffle sa patte tout en douceur, avec de longs plans sans coupure et en lumière naturelle, des scènes filmées avec une caméra à l’épaule. Là où d’autres seraient tombés dans la surenchère pour coller au thriller, le récit puise une pudeur bienvenue, le cinéaste capte les gestes, les sensations et les regards pour illustrer l’évolution des personnages. Chaque plan est minutieusement pensé, travaillé, du cadre aux déplacements, en passant par l’usage de la couleur. Plus qu’une série d’auteur, Disclaimer est une série de cinéaste, qui lorgne ouvertement du côté du septième art tout en célébrant la liberté d’écriture et l’ampleur du format sériel.

Disclaimer est à voir ici sur Apple Tv+ pour 9,99 € un mois sans engagement ou en profitant de l'essai gratuit.

La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la série sur Apple Tv+ vous aurez les sous-titres en français.

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Un propos fort servi par la grande maîtrise d'un jeune cinéaste

Publié le par Michel Monsay

Un propos fort servi par la grande maîtrise d'un jeune cinéaste

Ce premier film du belge Leonardo Van Dijl, qui s’intéressait déjà dans ses courts métrages au monde du sport et à sa rigidité, prend pleinement en charge le désir d’absolu, de perfection du geste de son héroïne, pour l’inscrire dans une mise en scène performative. Parallèlement, on comprend vite que Julie est captive d’un secret, celui de l’abus qu’elle a subi par son entraîneur et qu’elle tait. Au moment où le film s’ouvre, l’homme a déjà été évincé du club après le suicide d’une autre jeune joueuse qu’il entraînait aussi. Dans les couloirs, les discussions forment une rumeur lointaine, comme une tempête prête à éclater. Le film, très délicat, nous dit tout cela sans qu’aucun mot ne soit prononcé, nous place dans une connivence secrète avec sa jeune héroïne, et évite tout effet d’attente d’une révélation. Nous ne savons rien de Julie, pourtant nous devinons tout ce qui s’agite derrière la placidité de ses traits et le mouvement fuyant de son regard triste. Le silence est toujours un aveu, semble nous dire le film dont le dispositif sonore est là pour nous laisser écouter son bruit à elle, ausculter son malaise, entendre son souffle court. La maîtrise dans Julie se tait, c’est aussi celle de l’emprise qui perdure, de ses effets indicibles. En nommant l’agresseur de Julie, en lui donnant une consistance, un visage, une voix douce et enveloppante, Leonardo Van Dijl fait le choix, très fort, de démystifier la figure du supposé monstre pour en faire un être terriblement banal et interchangeable. Si l’héroïne est plutôt taiseuse, sa présence constante raconte beaucoup, et le film est riche de sens. En une heure et demie, il immerge le public dans une portion de vie dont il ne ressort pas indemne. La particularité de cette expérience immersive est d’assister en direct à une prise de conscience progressive, à une réappropriation de soi, à une résilience en marche. Proposition cinématographique singulière, tant les récits d’abus privilégient souvent de traiter frontalement ledit abus, ou par l’angle de la défense, de la vengeance, ou du processus judiciaire. Leonardo Van Dijl choisit de coller à une protagoniste qui entend, écoute, perçoit, devine, intègre, digère, et vit une compréhension a posteriori, à son rythme et en silence. Le cinéaste a eu de l’instinct en choisissant son actrice, évidemment très bonne joueuse de tennis et douée d’une présence saisissante. La compréhension intérieure de Tessa Van den Broeck transcende son incarnation, sans une once de performance forcée. La place de l’objectif, les plans fixes, le montage, tout relève d’un dosage minutieux et puissamment signifiant. La très belle nouvelle de ce premier long métrage est aussi de témoigner d’un sujet de société sans en faire un film à dossier, mais en atteignant son but par l’accomplissement artistique. Et de révéler un jeune réalisateur à la précision d'orfèvre, sans qu’il étouffe son sujet, ni l’émotion en jeu, organique. Elle rejaillit une fois le générique fini. Julie se tait infuse dans les regards. Dans les tripes. Dans l’esprit. L’héroïne palpite, elle est bien vivante.

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