Fascinante héroïne de série inspirée par une vraie femme gangster
Ce récit grisant d’une Arsène Lupin prolétaire, qui essaye de survivre dans le Royaume-Uni ultralibéral de Thatcher, semble romanesque. Tout dans cette histoire est pourtant vrai. Joan avait bien habitude d’avaler les pierres précieuses qu’elle cachait, une fois régurgités, dans une boîte à biscuits. Elle est aussi rapidement devenue une experte en falsification des chèques. Celle qui arbore épaulettes, manteau de fourrure et une ribambelle de perruques saura s’imposer dans des bas-fonds très machistes, frayant même avec les terroristes de l’IRA. Adapté du récit autobiographique d’une voleuse de joyaux, Joan Hannington, Joan détaille les étapes de la mutation d’une jeune mère délaissée par un compagnon violent et instable en marraine de la pègre londonienne. C’est à la fois une victime, broyée par son enfance où elle a subi des violences, et en même temps une femme incroyablement courageuse et intrépide. Joan est aussi le produit de son époque : Une décennie où tout le monde courrait après l’argent, la réussite et le statut social. Sophie Turner (Game of Thrones) prête sa fougue et sa révolte à cette héroïne abîmée par la vie, qui refuse de se laisser rabaisser. Sa Joan est un parfait concentré de charisme et d’aplomb dans une série qui retranscrit à merveille la frénésie et l’exubérance du Londres des années 1980. La scénariste Anna Symon s’empare de cette trajectoire hors normes pour brosser un complexe portrait de femme. Sans jamais verser dans l’apologie des activités illicites de son héroïne, elle en éclaire les zones d’ombre et de lumière. Un parti pris également adopté par Richard Laxton dont la caméra prend tout son temps pour laisser jaillir l’humanité de Joan Hannington. Dans les polars, neuf fois sur dix, les femmes sont des victimes disparues, étranglées ou violées. Quand elles ne le sont pas, elles incarnent des détectives mais rarement des hors-la-loi. La vraie Joan Hannington a raconté qu’aucun de ses « collègues » gangsters ne la prenait au sérieux. Elle était toujours sous-estimée. Somme toute, elle était confrontée aux mêmes préjugés que les femmes dans le monde du travail. C’est la raison pour laquelle en faire une héroïne de série est quelque part un acte politique.
Joan est à voir ici pour 9,99 € en location, ou ici pour 12,99 € un mois d'abonnement résiliable à tout moment à Ciné+ OCS via Canal + et profitez en plus des autres contenus.
La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la minisérie vous aurez les sous-titres en français.