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L’élégance de la mise en scène et la lumineuse présence des trois comédiennes

Publié le par Michel Monsay

L’élégance de la mise en scène et la lumineuse présence des trois comédiennes

Rarement Emmanuel Mouret, dont le propos sur l’amour et les relations humaines est devenu de plus en plus juste au fil du temps, aura été aussi pertinent et drôle qu’avec ce Trois Amies, triple portrait de femmes, liées par une forte amitié, que les usures et les élans de l’amour pourraient cependant mettre en danger. Il est depuis une vingtaine d'années, une des valeurs sûres du cinéma français dont on guette chaque nouveau film avec gourmandise, ce blog peut en témoigner avec Chronique d'une liaison passagère, Caprice, Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait et bien d'autres. Habitué du film choral, mêlant dans ses scénarios à la remarquable finesse d’écriture, les destins amoureux et intimes de multiples personnages, Emmanuel Mouret concocte ici un conte moderne qui évoque la douleur des séparations. Qu’elles aillent ou non jusqu’au bout, le cinéaste fait du pathétique un élément comique et crée un doux décalage autour de la notion d’amitié, qui s’avère ici toujours enracinée et stable, malgré quelques mensonges, secrets et autres trahisons. Avec ce ton léger qui le caractérise, il parvient à nous faire aimer ses personnages, dans leurs excès, leurs contradictions, leurs inquiétudes voire leur générosité. Tous capables de dialoguer de manière quasi sereine, malgré la complexité des situations, ils nous apparaissent dans des interactions des plus naturelles, offrant ainsi de jolies variations sur la conception du couple et de l’amour. Portée par ses trois formidables actrices, Sara Forestier, India Hair et Camille Cottin, sans oublier Vincent Macaigne et Damien Bonnard très touchants,  la magie opère offrant de beaux moments d’émotion, lorsqu’il s’agit d’évoquer la culpabilité, la déception, ou encore le renoncement, voire le sacrifice. Faisant preuve d’un cinéma toujours aussi généreux et cocasse, Emmanuel Mouret, nous offre avec Trois Amies, une nouvelle partition haut de gamme parsemée de nuances mélancoliques.

Publié dans Films

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Le batteur de génie Roy Haines a définitivement rangé ses baguettes

Publié le par Michel Monsay

Le batteur de génie Roy Haines a définitivement rangé ses baguettes

Témoin privilégié de l'histoire du jazz et de la révolution be-bop, Roy Haines a joué avec tous les plus grands. Le géant de la batterie moderne, à la carrière exceptionnelle par sa qualité et sa longévité, s’est éteint le 12 novembre 2024 à l'âge de 99 ans. Des musiciens qui pouvaient se targuer d’avoir joué avec Duke Ellington, Louis Armstrong, Charlie Parker, Billie Holiday et Lester Young, il était le dernier survivant. Roy Haynes fut en outre l’un des inventeurs de la batterie moderne et un leader débordant d’énergie dont la carrière aura duré 70 ans. Né à Boston en 1925, Roy Haynes apprend la batterie en autodidacte, prenant pour modèle le père de tous les percussionnistes de son temps, « Papa » Jo Jones, alors membre de l’orchestre de Count Basie. Dès le début des années 1940, il se fait remarquer et adouber par des batteurs à peine plus âgés que lui mais déjà renommés, Max Roach et Art Blakey. En 1945, il débarque à New York et intègre le big band de Luis Russell avant d’être engagé par Lester Young. Il s’avère si bon qu’à la fin de la décennie Charlie Parker en personne lui propose d’occuper le poste laissé vacant par Max Roach. Il devient ainsi un membre régulier des groupes de « Bird », le genre de promotion qui vous fait entrer pour toujours dans la grande histoire du jazz. Un cliché célèbre, pris à New York en 1953, le montre en train de jouer avec Charlie Parker, Thelonious Monk et Charles Mingus, excusez du peu. Cette activité prestigieuse ne l’empêche pas d’accompagner aussi Bud Powell, Stan Getz et Miles Davis, puis de prendre place dans l’orchestre de Sarah Vaughan. Un tel parcours, auprès de tels monstres sacrés, comblerait les rêves de n’importe quel musicien. Roy Haynes l’a accompli en moins de dix ans, avant d’atteindre la trentaine. Et il lui reste beaucoup, beaucoup à faire. Au cours des années 1950, Roy Haynes, loin de ralentir le rythme de ses engagements, continue d’être employé par les plus grands : Sonny Rollins, John Coltrane, Thelonious Monk, Lee Konitz… Homme simple et peu porté sur l’introspection, doté d’un solide bon sens et d’une personnalité radieuse, il traverse son temps avec l’imperturbabilité d’un personnage de conte de fées. Il ne fume pas, ne consomme pas de drogues, ne boit pas avec excès, ne subit pas la misère, le désespoir ou la violence. Derrière sa bonne humeur, c’est un être discipliné qui a le souci d’arriver à l’heure aux concerts et préfère prendre soin de sa famille que nourrir sa légende d’excentricités. Tous les musiciens avec lesquels Roy Haines a joué savent pouvoir compter sur son oreille extraordinaire, son swing véloce et tendu, sa technique précise, sa spontanéité baguettes en main avec lesquelles il fait parler sa batterie. Salué à l’unanimité pour son style unique, Roy Haynes a encore quelques chapitres de l’histoire du jazz à écrire. Il va d’abord faire partie du trio tout en muscles et en élasticité de Chick Corea avec Miroslav Vitous à la contrebasse, puis rejoindre Michel Petrucciani et Pat Metheny dans de nouvelles formules à trois. Sa puissance et son jeu très mélodique en font un accompagnateur hors pair, toujours capable de stimuler les improvisateurs les plus expérimentés.  À 80, puis à 90 ans, il continue de jouer, vieillard embelli par les années, toujours doté d’une sagesse et d’un humour exempts d’amertume. À l’approche de son centenaire, n’ayant guère perdu que ses cheveux, il restait d’une fraîcheur d’esprit incroyable, avouant tranquillement bénir chaque nouveau lever de soleil. Sa carrière, monumentale, et qui ne peut qu’inspirer un respect sans réserve, il la résuma un jour en trois mots désarmants : « Depuis mon adolescence jusqu’à aujourd’hui, j’ai simplement aimé jouer. » Merci Monsieur Haynes de nous avoir fait profiter de votre talent durant sept décennies et 1500 concerts.

Regardez l'impressionnant solo qu'il effectue ci-dessous lors d'un concert avec Stan Getz, puis une prestation à 80 ans où il n'a rien perdu de son swing.

Publié dans Chroniques

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Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock

Publié le par Michel Monsay

Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock

En se concentrant sur les premières années de sa carrière, de 1934 à 1947, l'exposition consacrée à Jackson Pollock au Musée Picasso explore tout le parcours artistique et intellectuel du peintre à ses débuts. Influencé par le maître espagnol, il sera comme lui un artiste expérimentateur. Sont réunies une quarantaine de ses peintures et de nombreux dessins, ce qui est remarquable car la difficulté d’obtenir le prêt de ses œuvres est directement proportionnelle à sa célébrité et à sa valeur financière, très hautes toutes deux, puisque Jackson Pollock a été hissé au rang de héros américain. Né dans les plaines du Wyoming, au nord-ouest des États-Unis, il a grandi aux environs de Los Angeles. En 1930, il rejoint son frère aîné Charles, artiste peintre lui aussi, à New York. Plusieurs galeries y exposent les œuvres de Picasso. En 1939, une grande rétrospective est organisée au MoMA, le musée d'art moderne de New York, portant sur ses quarante premières années de création. On sait que Jackson Pollock est allé la voir à plusieurs reprises. La première partie de l’exposition qui lui est consacrée au Musée Picasso montre des dessins et tableaux, reprenant le motif du masque, du cheval ou du taureau, dont le mimétisme avec ceux de Picasso est troublant. Une série de dessins réalisés par l’artiste américain, atteint de troubles bipolaires et alcoolique, destinés à son psychanalyste comme support thérapeutique, constituent un autre témoignage étonnant de l’influence du grand Pablo. Le propos de l’exposition est de montrer comment Jackson Pollock s’en extrait peu à peu, jusqu’à devenir le peintre des drippings, ces fameuses chorégraphies de lignes de couleurs projetées sur la toile placée au sol. Il n’y a pas que Picasso qui a influencé Jackson Pollock, également l'art natif américain, les muralistes mexicains, Thomas Benton, peintre réaliste américain dont il a été l’élève, mais aussi des surréalistes. Cette belle exposition nous permet de suivre le cheminement d’un artiste sur le fil du rasoir, vacillant entre deux mondes, celui des arts amérindiens et celui des avant-gardes européennes, un aspect méconnu et très intéressant de l'œuvre du peintre américain.

Jackson Pollock, les premières années est à voir au Musée Picasso jusqu'au 19 janvier.

Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
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Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
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Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock
Beau coup de projecteur sur les premières années de Jackson Pollock

Publié dans Expos

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Benjamin Millepied pose sa danse sur la sublime voix de Jeff Buckley

Publié le par Michel Monsay

Benjamin Millepied pose sa danse sur la sublime voix de Jeff Buckley

Avec Grace, son spectacle le plus ambitieux à ce jour, le chorégraphe Benjamin Millepied, ancien directeur de la danse de l'Opéra de Paris, a créé les tableaux de son spectacle au plus près des chansons de Jeff Buckley. De ses années américaines au New York City Ballet, Benjamin Millepied a gardé en mémoire que la danse est une expression de la musique. Danseur choyé alors, il y a interprété des chorégraphies de Jerome Robbins et Twyla Tharp, traits d'union entre le ballet et la comédie musicale. Grace, Jeff Buckley Dances, sa nouvelle création, est riche de ces accords parfaits. S'appropriant le répertoire du prodige rock américain mort à l'âge de 30 ans en 1997, et tellement regretté depuis, le chorégraphe réussit son pari. Un peu plus qu'une biographie dansée ou un simple show rock, Grace met en mouvement les émotions du chanteur à travers ses propres mots dits en scène, et surtout ses magnifiques compositions chantées avec cette voix miraculeuse, mais aussi des reprises, comme la chanson du film Bagdad café ou bien sûr le célèbre Hallelujah de Leonard Cohen. On retrouve toute la palette gestuelle de Benjamin Millepied, des portés efficaces, des corps en extension, des pas de deux sensibles, mais comme augmentée de courses ou de tours en l'air. Avec des parois mobiles et quelques meubles en guise de décor, le spectateur navigue à vue entre une chambre d'ado, un studio d'enregistrement ou un rêve éveillé. La caméra virtuose d'Olivier Simola filme en live les interprètes, détaillant ici un visage, là une envolée. Dans le très beau final, Loup Marcault-Derouard, qui incarne Jeff Buckley, est seul face au monde. Ce soliste venu du Ballet de l'Opéra de Paris fait des étincelles, fort et doux à la fois. D'ailleurs, l'idée n'est pas tant d'incarner Jeff Buckley, ses fêlures et ses démons, mais plutôt de donner à voir l'humain dans toute sa complexité. D'Ulysse Zangs à Eva Galmel, ou David Adrien Freeland et Caroline Osmont, également de l'Opéra de Paris, Benjamin Millepied a réuni une troupe de danseurs à la belle unité. Certains se révèlent même doués au chant, à l'image de Oumrata Konan dans un magnifique gospel électrique. Les danseurs tournent, virevoltent, se frôlent et se confrontent, en duo, solo ou ballet dans un spectacle d’une douceur infinie, d’une poésie absolue, qui berce autant qu’il électrise, qui envoûte autant qu’il transperce, où chaque détail célèbre le talent immense d’un chanteur à la voix inimitable et à la vie bien trop courte. Et une chose est absolument certaine, on ressort de là touché par la grâce.

Grace, Jeff Buckley Dances est à voir aux Nuits de Fourvière à Lyon les 17 et 18 juin prochain. Les représentations du spectacle sont malheureusement terminées à la Seine musicale. Voici un extrait filmé du spectacle avant sa création à Paris :

Publié dans Spectacles

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Fable écologique d'anticipation au très beau graphisme

Publié le par Michel Monsay

Fable écologique d'anticipation au très beau graphisme
Fable écologique d'anticipation au très beau graphisme

Le Robot Sauvage poursuit le réjouissant retour en grâce de Dreamworks aux sommets de l'animation américaine. Pour mémoire, cette société créée par Steven Spielberg pour la production de films d'animation, qui depuis est devenue indépendante, a damé le pion de Disney et Pixar les deux géants américains dès son premier essai avec Fourmiz en 1998, et ce durant de nombreuses années avec Shrek, Madagascar, Kung-fu Panda, ... mais cette réussite s'est essoufflée. Avec Le robot sauvage, Dreamworks retrouve enfin de l’ardeur et pousse dans ses retranchements les techniques d’animation 3D et 2D qu'il mêle astucieusement. Réalisé par Chris Sanders, ancien animateur de Disney, ce long-métrage très touchant suit l'histoire de Rozzum 7134, un robot qui a fait naufrage après un typhon sur une île luxuriante mais déserte d'humains et de technologie. Riche en couleurs vives et en superbes contrastes, le travail sur l'animation tend à faire de chaque image un morceau de bravoure. Alors que les blockbusters d'animation, tels que Disney et Pixar peuvent les concevoir, favorisent aujourd'hui le photo-réalisme et l'accumulation d'effets spectaculaires dans l'espoir de garder le spectateur aux aguets, Le Robot Sauvage semble prôner un retour à un art plus délicat, proche de l'impressionnisme. Il choisit de faire transparaître par l'image les émotions traversées par ses personnages et comment leur expérience de la vie a le pouvoir de transformer le monde dans son ensemble. Au milieu de la cascade de suites et de films dérivés de franchises qui assomment régulièrement le cinéma d'animation, Le Robot Sauvage n'est pas qu'une extraordinaire anomalie, qui mérite d'être chérie et vue par le plus grand nombre, mais aussi un véritable soulagement qui émeut autant qu'il offre à espérer.

Publié dans Films

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Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société

Publié le par Michel Monsay

Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société

L'ex-directeur de l'Odéon, Stéphane Braunschweig, propose en guise d'au revoir une mise en scène choc de la pièce de Tchekhov. Dans un décor désolé, il pousse les feux tragiques et écologiques allumés par l'auteur russe avec la complicité d'une troupe habitée. Le metteur en scène et scénographe part en beauté avec cette relecture sombre et émouvante du chef-d’œuvre de Tchekhov. Le parti pris, audacieux, de remettre au centre de La mouette la pièce dans la pièce, cette œuvre avant-gardiste créée et donnée par le personnage de Konstantin Treplev avec la jeune Nina, est parfaitement tenu. En faisant de l'univers apocalyptique imaginé par le jeune écrivain maudit Treplev, le décor de La mouette, Stéphane Braunschweig décale habilement le propos. Exit l'ambiance datcha et samovar : les personnages se déchirent au sujet de l'amour et de l'art dans une atmosphère de fin du monde, sur les rives d'un lac asséché semé de quelques rochers blancs et d'une barque funèbre. Entre Konstantin, qui désespère d'inventer le futur de l'art, sa mère Arkadina, actrice vieillissante qui se raccroche à ses triomphes passés, Trigorine, l'amant de celle-ci, écrivain à succès en mal de génie, et Nina, la Mouette, dont le rêve de théâtre se transforme en cauchemar, la machine infernale est en marche. Les affres de la création mêlées aux frustrations amoureuses poussent la pièce vers une tragédie existentielle que la traduction tranchante d'André Markowicz et Françoise Morvan fait résonner avec le monde anxiogène d'aujourd'hui. Cultivant l'épure avec brio, Stéphane Braunschweig s'autorise quelques effets spectaculaires comme cette volée de mouettes tombant soudainement des cintres. Sa direction d'acteurs est très juste, les dix rôles sont finement distribués. Chloé Réjon incarne une Arkadina ardente et terrifiée, Denis Eyriey un Trigorine beau gosse, veule à souhait, Jules Sagot, le jeune geek du Bureau des légendes, un Konstantin au bord de l'implosion, et avec naturel, Eve Pereur se met dans la peau fragile de Nina, elle y est touchante surtout dans la deuxième partie. On a connu des Tchekhov plus contrastés offrant davantage de respirations comiques. Mais en mettant en relief la dimension écologique visionnaire de la pièce et en lui conférant une gravité nouvelle, Stéphane Braunschweig fait voler La Mouette très haut et donne aussi une dimension nouvelle à des rôles féminins.

La mouette est à voir au Théâtre de l'Odéon jusqu'au 22 décembre.

Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société
Tchekhov revisité à l'aune des changements qui touchent la société

Publié dans Théâtre

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Génial Raymond Devos

Publié le par Michel Monsay

Génial Raymond Devos

Publié dans Chroniques

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Un film sensoriel sur l’apprentissage du collectif face à une catastrophe climatique

Publié le par Michel Monsay

Un film sensoriel sur l’apprentissage du collectif face à une catastrophe climatique

De décors fabuleux (forêts immenses, ville semi-engloutie d’une beauté saisissante, sculptures géantes abandonnées au beau milieu des paysages, montagnes et perspectives vertigineuses) en rencontres fantastiques (entre autres, une inoubliable et étrange baleine à crêtes), Flow offre une ode hypnotique à la nature, dans sa toute-puissance ambiguë, création et destruction. Mais aussi une fable touchante sur le rapport à l’autre, le bonheur et la nécessité d’apprendre à vivre ensemble. Le réalisateur letton Gints Zilbalodis, artiste surdoué d’à peine 30 ans, après un premier film en 2020, Ailleurs, entièrement créé en solitaire, de l’animation à la musique originale devant un simple ordinateur, collabore désormais avec une équipe de jeunes animateurs, entre la France, la Lettonie et la Belgique. On retrouve ici sa passion pour les univers oniriques somptueusement inquiétants et l’influence de l'immense Hayao Miyazaki. Œuvre sans paroles, Flow n’est pas muet pour autant. Voyage bruissant, il est porté par une bande-son à la fois épique et contemplative. Il faut saluer la restitution très réaliste des mouvements des animaux. On admirera aussi le niveau de détail avec lequel sont représentés les feuillages ou les prairies fleuries, chaque brise de vent permettant le mouvement de secteurs entiers, sans parler de l'inexorable montée des eaux qui submerge tout sur son passage. Gints Zilbalodis se place dans une optique diamétralement opposée à celle qui règle normalement les rapports entre animation et animaux, à savoir un anthropomorphisme simplificateur qui s’échine à gommer les différences entre eux et les humains. Il nous fait ressentir la course, les chocs, chutes, sauts, contacts de l’animal à travers des mouvements de caméra avant, arrière, circulaire ou aérienne. Le cinéaste letton signe un film d'animation impressionnant, où mis à part le pelage des bêtes le reste est sublime et, à travers ces animaux, un portrait de notre humanité.

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Saisissant portrait universel et intemporel de la condition des femmes quel que soit leur rang dans la société

Publié le par Michel Monsay

Saisissant portrait universel et intemporel de la condition des femmes quel que soit leur rang dans la société

Sujet fondamental et traumatique de l’Histoire britannique, annonciatrice de l’unité du royaume, le destin de Marie Stuart a l’étoffe d’une tragédie de son contemporain William Shakespeare. Adaptation de la biographie de Marie Stuart par l’historien britannique John Guy II, Marie Stuart, reine d’Écosse de Josie Rourke, dont c'est le premier film, dévoile la complexité du règne de la souveraine, en soignant une splendide reconstitution de l’époque élisabéthaine. Ce qui intéresse Josie Rourke, c’est la place de ces femmes couronnées, fortes, déterminées, mais isolées, étouffées, manipulées par un marigot de conseillers et de conspirateurs exclusivement masculins. Voilà ce qui rassemble Marie Stuart la veuve catholique, monarque inattendue bousculant l’ordre établi, magnifiquement interprétée par Saoirse Ronan, et Élisabeth I la protestante, reine sans mari, sans enfant, défigurée par la variole et ravagée par l’idée de voir sa cousine s’imposer dans la succession. Au-delà de son talent, la pureté singulière du visage de Saoirse Ronan incarne bien la beauté sauvage de l’Écosse, et contraste avec la violence de son destin. Depuis quelque temps, le féminisme a tendance, et c’est heureux, à se réapproprier l’Histoire. Josie Rourke, première femme à avoir dirigé une grande institution théâtrale londonienne, le Donmar Warehouse, ne cède pas à la facilité d’un énième portrait de Marie Stuart en reine martyre, pas plus qu’elle ne fait d’Elizabeth I, sa cousine et rivale, un impitoyable bourreau. Plutôt que sur leur affrontement, elle insiste sur la gémellité de leurs destins de souveraines, toutes deux maudites d’avoir accédé au trône avec le mauvais sexe. Leur unique scène en commun résume bien l’esprit de ce film visuellement splendide, dont la mise en scène de Josie Rourke, qui vient du théâtre, contient un vrai sens de la scénographie et de l'espace . Au milieu de nulle part, traquée par ses ennemis, Marie, diaphane et fière dans son dénuement, demande de l’aide à Elisabeth. Puissante mais vulnérable, celle-ci apparaît en collerette dentelée et perruque fauve, les lèvres rouge sang comme des plaies ouvertes sur un visage de craie, plus clown triste que Reine de cœur. Au lieu du duel de rousses attendu, cette rencontre s’impose comme un sommet d’émotion et dit l’impossibilité tragique d’une solidarité féminine au faîte du pouvoir. Cernées par l’ambition criminelle des hommes de leur cour, les deux femmes n’ont, pour garder leur trône, pas d’autre choix que de gouverner à la façon des mâles dominants. Un beau premier film qui fait d’une tête couronnée une héroïne certes sacrifiée, mais batailleuse, vaillante et très touchante.

Marie Stuart, reine d'Écosse est à voir ici pour 2,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

Publié dans replay

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Une immersion totale dans les différents univers de cette passionnante expression artistique

Publié le par Michel Monsay

Une immersion totale dans les différents univers de cette passionnante expression artistique

Jamais la bande dessinée n’avait été célébrée de la sorte par une grande institution culturelle. Il manquait un événement global, mêlant patrimoine et création contemporaine, le Centre Pompidou l'a proposé à travers cette très belle exposition qui vient de se terminer. L'exposition principale couvrait l'histoire de la BD de 1964 à nos jours avec tous les maîtres du 9ème art, et à la bibliothèque publique d'information du Centre, Corto Maltese était à l'honneur sous l’angle de sa dimension romanesque, et c'était tout simplement magnifique. Riche de 750 œuvres, réunissant 130 artistes issus du Japon, des États-Unis et d’Europe, les trois territoires majeurs de la bande dessinée, la rétrospective a traversé avec brio soixante ans de création à travers 12 thématiques. Entre planches originales, œuvres numériques, carnets, documents et créations murales inédites, la rétrospective a offert une large variété de supports. Initier une rétrospective historique de la BD en 1964, traduit l’ambition de mettre en lumière le foisonnement et l’effervescence d’une production marquée par la libération des carcans graphiques et narratifs qui permit l’entrée du médium dans l’âge adulte. Une époque où l’insolence du propos et la provocation ont permis l’avènement d’un art tourné davantage vers le réel et l’introspection, thèmes qui irriguent largement la création contemporaine. 1964, c’est aussi la sortie de Barbarella, premier roman graphique, la création de la revue underground Garo au Japon et aussi l'invention du terme de neuvième art. Véritable caverne d’Ali Baba, cette exposition présente autant des couvertures de Hara-Kiri réalisées par Fred, journal à l’humour explosif qui sut aussi explorer une poésie de l’absurde, que des planches et dessins de Tardi, Enki Bilal, Art Spiegelman, Moebius, Nicolas de Crécy, Joann Sfar, et bien d'autres. Cerise sur le gâteau, à la BPI du Centre, l'exposition consacrée à Corto Maltese éblouit par la beauté des dessins et peintures d'Hugo Pratt, son créateur. Ce génie de la BD se définissait comme un écrivain qui dessine, ou comme un dessinateur qui écrit. Pour lui, dans la bande dessinée, textes et images allaient de pair. S’il est marqué par le cinéma d’aventure, Hugo Pratt était aussi épris des classiques littéraires du genre : ceux de Stevenson, Joseph Conrad, Herman Melville, Emilio Salgari, Dos Passos, Hemingway, Borges, Kipling…  Curieux et voyageur, le dessinateur ne pouvait visiter une ville sans se rendre dans les librairies à la recherche de sources pour ses écrits. Preuve de son imprégnation littéraire, on croise des écrivains dans les aventures de Corto Maltese : Jack London, mais aussi Henry de Monfreid, Gabriele d’Annunzio… Don Quichotte ou les récits d’Arthur Rimbaud sont carrément cités et des œuvres comme Le petit prince ou À la recherche du temps perdu sont représentées. On l’oublie parfois tant ses livres sont devenus emblématiques, mais voir des planches de BD d’Hugo Pratt procure un ressenti immédiat, physique. On ne peut être que bluffé par la grâce des aquarelles et le pouvoir évocateur propice à la rêverie de ses coups de crayon. Son œuvre permet de découvrir des valeurs, des cultures différentes abordées avec respect, elle peut donner aussi envie d’aller vers l’autre. Se plonger dans le monde de Corto Maltese donne toujours envie de partir en voyage, pas seulement physique, mais aussi mental. Avec un représentant comme Hugo Pratt, parti trop tôt en 1995 à l'âge de 68 ans, et les créateurs présents dans la grande exposition évoquée en premier, la bande dessinée est plus que jamais un art majeur.

À défaut d'avoir pu voir cette ces deux très belles expositions, en voici un large aperçu :

Une immersion totale dans les différents univers de cette passionnante expression artistique
Une immersion totale dans les différents univers de cette passionnante expression artistique
Une immersion totale dans les différents univers de cette passionnante expression artistique
Une immersion totale dans les différents univers de cette passionnante expression artistique
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