L’élégance de la mise en scène et la lumineuse présence des trois comédiennes
Rarement Emmanuel Mouret, dont le propos sur l’amour et les relations humaines est devenu de plus en plus juste au fil du temps, aura été aussi pertinent et drôle qu’avec ce Trois Amies, triple portrait de femmes, liées par une forte amitié, que les usures et les élans de l’amour pourraient cependant mettre en danger. Il est depuis une vingtaine d'années, une des valeurs sûres du cinéma français dont on guette chaque nouveau film avec gourmandise, ce blog peut en témoigner avec Chronique d'une liaison passagère, Caprice, Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait et bien d'autres. Habitué du film choral, mêlant dans ses scénarios à la remarquable finesse d’écriture, les destins amoureux et intimes de multiples personnages, Emmanuel Mouret concocte ici un conte moderne qui évoque la douleur des séparations. Qu’elles aillent ou non jusqu’au bout, le cinéaste fait du pathétique un élément comique et crée un doux décalage autour de la notion d’amitié, qui s’avère ici toujours enracinée et stable, malgré quelques mensonges, secrets et autres trahisons. Avec ce ton léger qui le caractérise, il parvient à nous faire aimer ses personnages, dans leurs excès, leurs contradictions, leurs inquiétudes voire leur générosité. Tous capables de dialoguer de manière quasi sereine, malgré la complexité des situations, ils nous apparaissent dans des interactions des plus naturelles, offrant ainsi de jolies variations sur la conception du couple et de l’amour. Portée par ses trois formidables actrices, Sara Forestier, India Hair et Camille Cottin, sans oublier Vincent Macaigne et Damien Bonnard très touchants, la magie opère offrant de beaux moments d’émotion, lorsqu’il s’agit d’évoquer la culpabilité, la déception, ou encore le renoncement, voire le sacrifice. Faisant preuve d’un cinéma toujours aussi généreux et cocasse, Emmanuel Mouret, nous offre avec Trois Amies, une nouvelle partition haut de gamme parsemée de nuances mélancoliques.