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Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer

Publié le par Michel Monsay

Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer

Harriet Backer (1845-1932) a été la peintre la plus renommée dans son pays, en Norvège, à la fin du XIXe siècle, une époque où les femmes n’étaient pas considérées comme des citoyennes à part entière. Cette exposition est la première rétrospective consacrée à l'artiste en France. Célèbre pour son usage de coloris riches et lumineux, l'artiste puisait aussi bien son inspiration dans le courant réaliste que dans les innovations de l’impressionnisme. Elle se démarquait par la liberté de sa touche et son très grand intérêt pour les variations de la lumière. Cette très belle exposition du Musée d'Orsay comprend 89 œuvres, dont nombre de peintures d'intérieurs rustiques, des portraits sensibles du monde rural, d'intérieurs d’églises,...  Agencée de manière thématique, elle retrace la formation de l’artiste dans les grandes capitales culturelles de l’époque et ses engagements féministes partagés avec plusieurs autres artistes femmes scandinaves, comme Kitty Kielland. Si le nom d'Edvard Munch est le seul qui vienne à l'esprit quand on évoque la peinture norvégienne, Harriet Backer bénéficie pourtant du même statut d'idole que l'auteur du célèbre Cri dans leur pays, et on peut s'étonner dans ces conditions de n'en avoir jamais entendu parler. Ou qu'aucune de ses œuvres, célébrées par les grands noms de la peinture française du XIXe siècle, ne soit jamais passée en vente dans les grandes maisons d'enchères internationales. À une époque où les femmes ne peuvent accéder à la profession, Harriet Backer est parvenue non seulement à s'imposer comme une artiste de carrière, mais aussi à gagner le respect de ses pairs. Le sérieux professionnel dont Harriet Backer et ses amies artistes font preuve, à Munich puis à Paris, va surprendre ces messieurs. Son art se construit hors du passage obligé de la masculinité avec un regard très lucide et espiègle sur la féminité. C'est une peinture qui ne cherche pas à faire la guerre mais plutôt à créer la paix avec des lumières très fortes et des couleurs vives, mais aussi avec des scènes intimistes à la douce sérénité. Ses tableaux représentent des scènes d'intérieur mais aussi quelques scènes en plein air. L'artiste ne peint les êtres qu’en compagnie des choses de leur foyer et de la lumière du jour ou des lampes, toutes aussi importantes que le personnage. Célibataire endurcie, elle militera toute sa vie pour le droit des femmes et ouvrira, en 1891, la première école de peinture mixte à Oslo. Cette passionnante exposition nous fait découvrir une artiste qui, par la beauté de ses peintures et sa détermination à exister à la force du pinceau, est sans aucun doute une pionnière discrète de la reconnaissance des femmes dans l’art.

Harriet Backer, La musique des couleurs est à voir au musée d’Orsay jusqu’au 12 janvier.

Vous pouvez cliquer sur les photos pour les voir en grand, et ensuite avec les flèches les faire défiler.

Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer
Le charme délicat et magnifiquement coloré de la peintre norvégienne Harriet Backer

Publié dans Expos

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Un émouvant récit d’apprentissage tendrement rude

Publié le par Michel Monsay

Un émouvant récit d’apprentissage tendrement rude

Second long-métrage du réalisateur japonais de 28 ans, Hiroshi Okuyama, récit d’apprentissage aux forts accents autobiographiques, My Sunshine brille par son charme et sa délicatesse. La pudeur mène la danse dans ce trio hivernal sur l’île nippone d’Hokkaido. C’est l’histoire de trois personnages qui se rencontrent et allient leur solitude, au moment où le paysage se recouvre de neige. La trame émouvante du film naît des projections de chaque protagoniste sur un autre. Assurant l’écriture, la mise en scène, la direction de la photographie et le montage, Hiroshi Okuyama articule une intrigue précise mais sans esbroufe ni maniaquerie. Son sens du cadrage en format carré célèbre les nappes de ouate blanche autant que les silhouettes qui s’entraînent et glissent sur la glace. Tout un art du chromo sans vieillerie et de la vignette sans l’ampleur du CinémaScope, pour rester à hauteur modeste des êtres qu’il croque à l’écran. Le subtil équilibre triangulaire fonctionne dans un état de grâce suspendu mais s’avère humainement fragile, autant que la neige vouée à fondre. Sous couvert de douceur ambiante, le cinéaste raconte l’injonction sociétale, la résignation, et l’homophobie ordinaire, dans un monde où la force apparente l’emporte sur la vulnérabilité, et le hockey sur le patinage. Que fait-on de ses désirs et de ses rêves ? Jusqu’où peut-on les vivre et les assumer ? La tendresse et la mélancolie se donnent la main dans ce jeu de regards. La retenue et la frontalité aussi, dans un puzzle existentiel qui avance par touches, sans explication psychologisante ni lourdeur de sens. La grâce du film repose aussi sur deux jeunes novices, Keitatsu Koshiyama et Kiara Nakanishi, qui allient aisance sur patins comme dans le jeu des émotions. Comme il l’a fait dans la magnifique série Makanai en participant à l'écriture aux côtés du grand Hirokazu Kore-eda, Hiroshi Okuyama capte délicatement et sans effusion les petits gestes du quotidien, les réactions timides, les fou-rires tonitruants, les hésitations, les silences aussi, tout ce qui constitue ses personnages et leur interaction, et en fait un matériau absolument romanesque, beau, humain, simple. Le cinéaste fait de nous les témoins de la naissance d’un instant forcément fugace dans l’existence de son trio, et se dégage de son regard une infinie tendresse pour ces trois personnages. Ce joli film baigné de mélancolie gagne à trouver sa place au milieu du pimpant et du bruit, comme un ami qui veut du bien.

Publié dans Films

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Le manège diabolique d’un tueur de femmes dans les années 1970

Publié le par Michel Monsay

Le manège diabolique d’un tueur de femmes dans les années 1970

Premier film réalisé par l'actrice Anna Kendrick, également devant la caméra, Une femme en jeu a pour point de départ un épisode anecdotique mais marquant dans le parcours d'un tueur en série américain particulièrement sadique : Rodney Alcala, également connu sous le nom de « Dating Game Killer » car il avait participé en 1978 à un jeu télévisé qui n'était autre que la version originale de notre célèbre Tournez manège ! des années 1980. Ce thriller intelligemment mené, s’inspirant d’une histoire vraie, fait froid dans le dos, autant pour les féminicides de Rodney Alcala que pour la tragique surdité des autorités. La réussite du film est plurielle. Grâce à une solide interprétation, l’effroi des victimes, quand elles réalisent qu’elles sont prises au piège, glace véritablement le sang. Le choix de l’acteur américano-costaricain Daniel Zovatto, dans le rôle du psychopathe, est particulièrement judicieux, avec son visage doux et son regard qui passe, en un battement de cils, de la complicité à la menace sourde. Quant au montage, il retranscrit efficacement l’horreur des crimes commis selon un système redoutable. Surtout, le film expose avec pertinence la réduction au silence systématique de la parole des femmes à l'époque, qui a permis au tueur de poursuivre ses meurtres pendant plusieurs années.

Une femme en jeu est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub et 13,49 € sans pub, un mois d'abonnement sans engagement.

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Bonne année culturelle

Publié le par Michel Monsay

Bonne année culturelle

Publié dans Chroniques

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Très bel hommage à un photographe essentiel mais méconnu

Publié le par Michel Monsay

Très bel hommage à un photographe essentiel mais méconnu

Ernest Cole naît en 1940 dans un township d’Afrique du Sud. Il apprend la photographie puis fixe le quotidien de l’apartheid à l’aide de clichés souvent pris au vol pour ne pas se faire arrêter par la police, et publie en 1967 un livre, House of Bondage, aussitôt interdit, qui l’oblige à quitter le pays. Il se réfugie à New York, plein d’espoir. Mais, comme beaucoup d’immigrés sud-africains, il ne parvient jamais à s’adapter à ce pays où les relations entre les Blancs et les Noirs, soi-disant pacifiées, sont faussées. Il réalise un reportage dans le Sud des États-Unis noir et pauvre, mais il est méprisé : Le photographe retrouve une autre forme de ségrégation, des regards malveillants, le racisme systémique. Il sombre dans la misère à 40 ans, vend ses appareils, se dissout peu à peu dans le brouillard de New York et meurt à 49 ans, quelques jours après la sortie de prison de Nelson Mandela, qui augure pourtant une nouvelle ère. Ernest Cole a toujours souffert de n’avoir jamais pu retourner dans son pays, qu’il décrivait pourtant comme un “enfer”. Quelques années après sa disparition, une banque en Suède, où il avait fait plusieurs séjours, confie au neveu du photographe 60 000 négatifs stockés dans un coffre. Qui a payé pour leur conservation ? Personne ne le sait, de plus 524 clichés d'Ernest Cole, parmi les plus connus, restent encore bloqués en Suède. Le documentaire admirable et déchirant de Raoul Peck, au montage basé en grande majorité sur des images du photographe, est comme le pendant tragique de son portrait de l'écrivain James Baldwin, le miraculeux I Am Not Your Negro, César du meilleur documentaire en 2018 : Ernest Cole photographe est un film sur un loser génial, figure majeure de la lutte contre l'apartheid, qui aurait dû devenir riche et célèbre tant son talent est éclatant sur toutes les photos qui défilent dans le film. Ernest Cole se raconte à la première personne par la voix de Raoul Peck lui-même, qui s'est servi des écrits du photographe et des témoignages de ses proches. Depuis ses débuts le cinéaste haïtien Raoul Peck n’a de cesse de ressusciter une parole noire déniée, interdite et effacée par le pouvoir blanc. Il fait des films pour recréer une mémoire et développer une narration différente de l’histoire académique. En isolant des détails, il enquête sur l’image, mettant en lumière la puissance esthétique et politique des photos d'Ernest Cole. C’est dans le drame de l’exil que Raoul Peck, qui n’a jamais pu guérir des tragédies d’Haïti, s’est reconnu pour tisser la matière d’un récit sensible et captivant. Les photos d'Ernest Cole n’ont commencé à être exposées en Afrique du Sud qu’une dizaine d’années après sa mort. Raoul Peck leur offre aujourd’hui le plus bel écrin, pour qu’elles voyagent enfin.

Publié dans Films

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Passionnant roman graphique délicieusement satirique de la grande Posy Simmonds

Publié le par Michel Monsay

Passionnant roman graphique délicieusement satirique de la grande Posy Simmonds

Connue pour ses romans graphiques Gemma Bovery et Tamara Drewe, tous deux adaptés au cinéma, la dessinatrice anglaise Posy Simmonds épingle ici le milieu conservateur. Commencé avant le Brexit et sorti en 2019, Cassandra Darke est le portrait d’une galeriste londonienne avare et acariâtre, qui pointe avec humour les fractures de la société britannique. À travers cet excellent roman graphique, l’auteure britannique réaffirme son talent de chroniqueuse acérée des mœurs de ses contemporains et compatriotes. Quatrième album de bande dessinée pour adultes traduit en français de l’illustratrice de 79 ans, qui est aussi dessinatrice de presse, Cassandra Darke marque une légère rupture dans sa carrière. Si son personnage central est de nouveau une femme, celle-ci n’a aucun point commun, physiquement, avec ses pulpeuses devancières. Aussi caustique à souhait qu’il soit, son procès des inégalités qui se creusent ne verse pas dans le manichéisme. La grande prouesse de la satiriste reste toutefois d’avoir fait venir à la bande dessinée un public qui n’en lisait jamais. Ses ventes n’ont cessé de grimper, album après album. Reconnaissance ultime : celle qui découvrit la BD, enfant, grâce à des histoires de super-héros qui circulaient dans une base militaire américaine située non loin de la ferme de ses parents, dans le Berkshire, est devenue, en 2004, le second auteur de récit graphique, après Raymond Briggs, à rejoindre la Royal Society of Literature, l’équivalent de l’Académie française. Une narration impeccable, où textes et dessins forment un tout parfaitement cohérent. La dessinatrice croque Londres et ses habitants, traque les postures, peint les décors et les objets avec une précision de documentaliste. On est happé par l'intrigue, on se régale des détails, l'écriture est fluide, et l’atmosphère allégée par l'humour de la dessinatrice. Cachée derrière son odieuse antihéroïne, Posy Simmonds distribue des claques tous azimuts, et le plaisir qu’elle y prend s’avère hautement communicatif. Égoïsme des riches, inconséquence des jeunes, poison des réseaux sociaux, misère sociale, violences faites aux femmes, bêtise et cupidité à tous les étages, la plus acérée des moralistes british n’oublie personne. Même la bien-pensance, vertu cardinale de la bonne éducation anglaise, en sort égratignée. On retrouve avec ce roman graphique la méthode Posy Simmonds qui fait merveille, ce style foisonnant, cette écriture dense qui accompagne savamment le dessin sans que l’un prenne le pas sur l’autre. En début d'année 2024, à l’occasion de la 51e édition du fameux Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, le Grand prix a été décerné à Posy Simmonds, pour ses albums piquants et finement observés, à la croisée de l’illustration, la littérature et le cinéma.

Publié dans Livres

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Des vies ordinaires face à la justice

Publié le par Michel Monsay

Des vies ordinaires face à la justice
Des vies ordinaires face à la justice

Accused, est une série britannique inédite en deux saisons datant de 2010 et 2012, dont les 10 épisodes sont indépendants les uns des autres sauf sur le plan de la structure : tous débutent dans une cellule où patiente un ou une accusée au moment où débute son procès, tous se terminent par le verdict. A chaque fois la même question : pourquoi et comment ces gens se sont-ils retrouvés là ? Dans le genre très encombré des séries sur la justice, Accused fait le choix de montrer le minimum possible de la machine judiciaire, pas de grandes joutes oratoires, ni d’incidents d’audiences. Elle préfère se concentrer sur des vies ordinaires qui dérapent ou déraillent et viennent se fracasser sur le droit. Le tout est d’une grande sobriété, avec un casting impeccable. Sous des apparences de fiction judiciaire, Accused impose, en réalité, une mécanique de drame psychologique particulièrement angoissante. L’intrigue, construite en flash-back, repose sur les dilemmes et tourments infligés à des personnages pris dans un engrenage infernal. À chaque épisode, on plonge dans une nouvelle histoire, c'est donc très différent des séries habituelles où l'on s'attache à des personnages que l'on retrouve au fil d'une saison voire de plusieurs, et pourtant dans Accused, on est très rapidement pris et passionné par l'intrigue, les excellents comédiens et la réalisation y sont aussi pour beaucoup.

Accused est à voir ici pour 6,99€ en s'abonnant un mois sans engagement à Canal+ séries ici.

Ci-dessous la bande-annonce en anglais, mais sur Canal+ séries il y a des sous-titres en français.

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Des formidables champions

Publié le par Michel Monsay

Des formidables champions
Des formidables champions
Des formidables champions
Des formidables champions
Des formidables champions
Des formidables champions
Des formidables champions

Léon Marchand est vraiment le plus grand athlète de notre époque, il a été élu Champion des champions France et Monde, seuls Zidane et Lavillenie du temps de sa splendeur avaient eu cette double récompense. La merveilleuse Cassandre Beaugrand a été élue Championne de championnes France avec ses titres de championne olympique et championne du monde de triathlon en 2024. Dans la catégorie para-sport, Alexandre Léauté, qui a remporté quatre médailles paralympiques en cyclisme à Paris, dont deux en or, est élu Champion des champions France, et Marie Patouillet, également en cyclisme, championne paralympique en poursuite à Paris, a été élue Championne des championnes France. Celle qui redeviendra médecin généraliste a fini sa carrière en beauté. Sans oublier nos héros des océans, Yoann Richomme et Charlie Dalin, qui sont au coude à coude après 46 jours de course en solitaire autour de la terre pour remporter le Vendée globe. Notre admiration va aussi aux 34 autres partcipants.

Publié dans Chroniques

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Puissant réquisitoire contre les dérives du jeunisme et la dictature des apparences

Publié le par Michel Monsay

Puissant réquisitoire contre les dérives du jeunisme et la dictature des apparences
Puissant réquisitoire contre les dérives du jeunisme et la dictature des apparences

The Substance résonne comme une véritable déflagration dans les cœurs et les esprits. À la fois film politique et coup de force féministe jusqu’au-boutiste, monstrueux, décapant et régénérant. Sans comparaison aucune avec la vacuité du faible Titane de Julia Ducournau, la réalisatrice française Coralie Fargeat, dont c'est le deuxième film, démonte par le menu l’asservissement d’une femme, ex-actrice qui a connu la gloire de Hollywood et star télé d’aérobic vieillissante mais pourtant toujours très en forme, sous le joug de son image et d’un producteur avilissant. La cinéaste pointe les hommes et la société de consommation avec sa kalachnikov pour une seule revendication : l’arrêt immédiat de l’idolâtrie du jeunisme et des femmes-objets. Avec The Substance, Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes, Coralie Fargeat se révèle la digne héritière d'un David Cronenberg, en mettant au centre de son film le sujet du corps qui est au cœur de l'œuvre du réalisateur canadien. Écrit au cordeau avec une progression narrative qui ne laisse aucun répit, la réalisatrice met aussi en garde contre le star-système, et peut-être tous les milieux du business, qui cultivent l’exception corporelle à travers des jeunes femmes qui doivent être filiformes, toujours souriantes, d’une beauté universelle, dans un système où l’on n’a pas le droit de vieillir, de s’affadir et de se montrer vulnérable. Bien qu’il ne s’agisse que de son second long-métrage, Coralie Fargeat fait montre d’une maîtrise absolue de son sujet et de la mise en scène. Le montage est ingénieux, permettant d’explorer au quotidien toutes les facettes de la monstruosité humaine. Impressionnante Demi Moore, sublime Margaret Qualley et Dennis Quaid en roue libre, s’immiscent parfaitement dans cet univers qui pourrit de l’intérieur à cause d’un capitalisme ravageur qui n’a jamais assez d’argent et d’une jeunesse qui se voudrait toujours plus éternelle. Si des influences propres à Shining, Carrie, Elephant man et autres films d’horreur, pointent leur nez par-ci par-là, ce n’est que pour rajouter au plaisir provoqué par un film aussi cérébral que visuel, servi par une très belle photographie, des cadrages sensoriels, ainsi que des effets spéciaux et maquillages très réussis. Malgré ses sujets très sérieux, le film est d’autant plus rafraichissant que Coralie Fargeat n’oublie pas de conserver un humour féroce, l’ensemble surfant sur une atmosphère grand-guignolesque au milieu de ses élans de violence, lui conférant une valeur politique bien plus importante.

Publié dans Films

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Magnifique Glenn Gould

Publié le par Michel Monsay

Regardez entièrement cette petite vidéo et vous sentirez plus léger après ! On a bien besoin de ça en ce moment ...

Magnifique Glenn Gould

Publié dans Chroniques

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