Cette passionnante minisérie est le miroir grossissant, effrayant, de notre société
La Fièvre est une passionnante plongée dans le monde d’aujourd’hui, sans fioriture, où une brindille peut enflammer la société. Eric Benzekri, le scénariste, avait déjà touché juste avec Baron noir, qui parlait de la France d'aujourd'hui en essayant d'ausculter le milieu politique. Dans cette nouvelle série, c'est un peu le contrechamp de Baron noir, en déplaçant la caméra pour filmer la société, et notamment la description des manipulations possibles sur les réseaux sociaux. En six épisodes captivants et à l’écriture ciselée, cette fiction, très réaliste, imagine comment la peur et l’enfermement communautaire, exacerbés par les réseaux sociaux, peuvent, par une simple étincelle, conduire à l’embrasement. Jamais série hexagonale n’aura battu si fort à l’unisson avec nos inquiétudes. La fièvre nous entraîne dans la fabrique de l’opinion, sur les pas de deux héroïnes : l'excellente Nina Meurisse, toute en densité qui nous touche autant par ses fulgurances que par sa fragilité, spécialiste en communication de crise, engage toute son intelligence à contrer les ambitions délétères d'Ana Girardot, spectaculaire, humoriste réac surmédiatisée qui attise les luttes identitaires. Comment ne pas entendre l’écho criant de nos propres tourments, la réalité qui se dissout dans la spectacularisation de la politique, les institutions attaquées, le débat public qui s’extrême-droitise ? La série amplifie la tension jusqu’à un terrifiant point de bascule, un « et si ? » qui offre au téléspectateur l’occasion rare de s’engager dans une authentique expérience de pensée politique. Ou quand les forces de la fiction exaltent la liberté intellectuelle et ravivent l’esprit de la démocratie. La réalisation très efficace est comme pour Baron noir, l'œuvre de Ziad Doueiri, à qui l'on doit aussi deux films marquants, L'insulte et L'attentat, et cette nouvelle minisérie fait froid dans le dos au regard de ce qui se passe actuellement dans notre pays. N'oubliez pas de voter demain pour le candidat ou la candidate du Nouveau Front populaire de votre circonscription pour éviter que notre pays bascule dans la haine.
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