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Les terrifiants dessous de la cyberguerre

Publié le par Michel Monsay

Les terrifiants dessous de la cyberguerre

En six épisodes addictifs, cette minisérie à la John Le Carré mais version 2.0 montre le nouveau visage de l’espionnage. Guerre virale de la désinformation, sites internet bidons, fake News, manipulation des images… La paranoïa est désormais poussée à son extrême, gangrénant de l’intérieur la sécurité intérieure des démocraties. Parmi les nombreuses qualités de cette série, signalons le personnage principal Saara interprétée avec une belle intensité par Hannah Khalique-Brown, l'ensemble de la distribution est d'ailleurs impeccable avec notamment Mark Rylance, qui avait obtenu un Oscar pour Le pont des espions, et Simon Pegg, un des personnages centraux de Mission impossible. Le personnage de Saara est d'autant plus intéressant que c'est une anti héroïne, femme de l’ombre indienne, musulmane, introvertie et geek silencieuse, clairement engagée dans les renbseignements britanniques pour des questions de diversité. Autre qualité de la série : sa mise en scène, qui plutôt que de filmer des écrans d’ordinateur, convertit les colonnes de chiffres en autant de labyrinthes et dédales mentaux dans lesquels s’égare Saara. Donnant ainsi naissance à des séquences visuelles ludiques, où Saara évolue dans des tunnels, bâtisses et autres décors, reposant sur de faux raccords et images manquantes qui distordent de notre logique et exacerbent notre curiosité. Peter Kosminsky, l'un des plus grands réalisateurs de la télévision britannique, auteur de remarquables séries et téléfilms, a enquêté trois ans pour lever le voile sur ces conflits qui se déroulent par claviers interposés. Comme dans Le Serment (2011), sa série sur la responsabilité anglaise dans le conflit israélo-palestinien, ou The State (2017), centrée sur des adolescents britanniques qui partent faire le djihad en Syrie, c’est à travers le regard de la jeune génération que l’ex-reporter et documentariste questionne la possibilité d’un monde meilleur dans The Undeclared War. Une fois encore le créateur anglais s’empare de la fiction pour ausculter le monde et constater le chaos géopolitique contemporain. The undeclared war alerte ainsi sur cette guerre de l’information qui sévit, et sur les réseaux sociaux qui peuvent être détournés pour influencer les opinions publiques, en se livrant au passage à une prédiction malheureusement réaliste aussi sombre que frappante.

The undeclared war est à voir ici en choisissant l'offre Canal + séries  à 6,99 €, un mois sans engagement.

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Une délicieuse fantaise décalée pour incarner la grâce du désespoir

Publié le par Michel Monsay

Une délicieuse fantaise décalée pour incarner la grâce du désespoir

Après un premier film et une série remarqués, Perdrix et Sous contrôle, Erwan Le Duc mêle ici très habilement le drame et la fantaisie autour de la relation entre un jeune père solo et sa fille, et du moment délicat où cette dernière envisage de quitter leur foyer. Il peaufine son style tragi-comique dans une évocation subtile et intense de cet amour filial inconditionnel, comme rarement vu au cinéma. Nahuel Pérez Biscayart, qui nous avait déjà conquis dans 120 battements par minute et Au revoir là-haut, interprète le père avec grâce. Puissant dans sa manière de bouger comme s’il dansait, insufflant de la poésie à son jeu, il invente un monde autour de lui et demeure sous certains aspects enfantin. Face à lui, Céleste Brunnquell, que l'on avait adorée dans En thérapie et Les éblouis, marie magnifiquement la rugosité et la douceur. Derrière son attitude désinvolte, son personnage fait preuve d’une étonnante maturité. Le tandem fonctionne sur le contraste. Leurs envies divergentes et leurs avis complémentaires sur les études, l’amour, le travail et le quotidien créent un mélange de discorde et d’harmonie, et donnent lieu à des scènes drolatiques ou émouvantes. Par leurs contraires, chacun peut bousculer l’autre et le faire avancer. Comme une inversion des rôles, les jeunes dans ce film sont des êtres de parole et de sagesse à travers des dialogues très écrits. L’amour sous toutes ses formes est en filigrane le sujet du film, comme celui que le père éprouve toujours pour la mère de sa fille 17 ans après, mais souhaite-t-il la revoir par amour, ou pour sa fille à qui il veut redonner une mère ? Erwan Le Duc aime changer de registre, mélanger la romance et le burlesque, aborder avec légèreté des sujets graves. Le film demeure imprévisible, chute et rebondit constamment avec un sens de l’absurde et du gag visuel, comme cette équipe de foot au complet qui sort d’une voiture. Mais La fille de son père est aussi bouleversant dans sa manière de connecter chaque situation à l’émotion d’un père aux faux airs de clown triste. Le charme irrésistible de cette odyssée familiale et sentimentale repose sur la finesse de l’écriture et de la mise en scène d'Erwan Le Duc, tout autant que sur le talent de ses interprètes.

Publié dans Films

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Parfait mélange de satire, d'émotion et de mélancolie

Publié le par Michel Monsay

Parfait mélange de satire, d'émotion et de mélancolie

Paru en 2017, ce magnifique roman de Jay McInerney, l'un des plus grands écrivains américains contemporains, est le dernier en date d'un auteur qui se fait rare. Bien que Les jours enfuis puisse très bien se lire sans avoir lu les deux précédents romans de cette trilogie composée de Trente ans et des poussières en 1992 et La belle vie en 2006, Jay McInerney continue d'explorer le mariage à travers le couple Calloway, en fin scrutateur des choses humaines en ce qu'elles ont de plus intime, de plus évanescent, de plus instable, de plus insaisissable et précieux. Avec une égale empathie pour l'un et l'autre des deux personnages centraux, il sonde de l'intérieur l'énigme du lien conjugal, le mettant à l'épreuve pour en éprouver les faiblesses, mais aussi dans l'espoir de déclencher ses capacités de résistance, sa nostalgie de la stabilité. Jay McInerney, admirateur de Raymond Carver et ami de Bret Easton Ellis, parle toujours avec lucidité de la trahison, du désir, de la mélancolie dans un New York aux multiples visages. Ses personnages jouent avec le feu et se promènent sur la ligne de crête. Son style léger ne l'empêche pas de rendre compte du mélange des émotions et des sentiments dans un affleurement de scènes puissantes et poignantes. Le ton est à la fois satirique et romantique. Les descriptions psychologiques sont plus nombreuses que dans ces précédents ouvrages, pour cerner les agissements d'un couple au bord de l'effondrement. Les Jours enfuis interrogent avec acuité ce que l'on perd, ce que l'on sauve au milieu du torrent de sa vie, mais aussi les erreurs, les fautes et les sentiments qui demeurent. Jay McInerney saisit une nouvelle fois les mutations profondes d’une époque à travers son couple iconique. Après la frénésie et le désenchantement du New-York des années 80, puis le 11-Septembre, cette fois il est question de la faillite financière de 2008 et l'élection de Barack Obama. Cette formidable comédie humaine et sociale, peuplée de nombreux personnages secondaires très bien sentis, contient tout le talent de ce grand romancier, également anthropologue de sa ville, en nous passionnant de la première à la dernière page.

Publié dans Livres

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Déracinement et des ailes

Publié le par Michel Monsay

Déracinement et des ailes

En 2021, Lina Soualem présentait son premier documentaire poignant, Leur Algérie, centré sur les parents de son père, l’acteur Zinedine Soualem. Deux ans plus tard, la réalisatrice de 33 ans s’attaque au côté maternel et choisit de partir d’un récit individuel fort pour raconter une histoire collective. C’est d’ailleurs la première fois que sa mère, Hiam Abbass, apparaît dans un film documentaire. L’actrice palestinienne à la carrière internationale, qui a notamment tourné pour Cédric Klapisch, Jim Jarmusch, Steven Spielberg ou encore Denis Villeneuve, est devenue aussi une figure familière du petit écran, entre l'excellente minisérie Oussekine (sur Disney+), Succession ou Tout va bien. Depuis trente ans, elle jongle entre films palestiniens, européens et américains. Une carrière lancée après avoir quitté, un peu avant ses vingt-cinq ans, sa Palestine natale et son village de Deir Hanna, où elle est née en 1960. Lina Soualem entraîne sa mère dans un voyage sur les lieux perdus de son enfance, près du lac de Tibériade, et dans la mémoire familiale. Peu à peu, au fil de questions assez directes et d’approches subtiles faites de poèmes et de scènes jouées, elle cerne la force déployée par sa mère pour s’affranchir de la tradition patriarcale et assumer son choix de liberté. Revenir à Deir Hanna, c’est aussi mettre en lumière les figures féminines de la lignée, elles aussi marquées par le déracinement. Um Ali, l’arrière-grand mère, a été expulsée de son village natal lors de la Nakba, (« catastrophe » en arabe, qui désigne l’exode forcé de sept cent mille Palestiniens lors de la création d’Israël). Nemat, la grand-mère, est devenue institutrice, malgré les obstacles dressés par la guerre. Entrelacement d’images du présent, de films familiaux, d’archives historiques, Bye bye Tibériade navigue entre le récit intime et l’histoire, ravivant les douleurs mais aussi la capacité de résistance de quatre générations de femmes palestiniennes. Son regard tendre embrasse le chagrin comme les moments de drôlerie, et compose une méditation émouvante sur la liberté d’être soi, la transmission et la puissance des héritages.

Bye bye Tibériade est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Le besoin vital du regard de l'autre

Publié le par Michel Monsay

Le besoin vital du regard de l'autre

On connaissait Stéphane de Groodt comédien et chroniqueur, qui n’a pas son pareil pour jouer avec les mots à la vitesse de l’éclair souvent dans le registre de l'absurde, désormais il est également auteur. Dans sa première pièce, Un léger doute, il joue aux côtés de l'excellent Éric Elmosnino, ainsi que Constance Dollé et Bérangère McNeese, toutes deux très à l'aise dans le dédoublement de leurs personnages et dans les situations décalées que provoquent le texte. C’est un voyage en absurdie, selon son expression, que nous propose de découvrir Stéphane de Groodt. Il explore avec finesse et ingéniosité la vie d’un acteur lorsque le public sort de la salle, laissant ses personnages sans vie. Le rideau se baisse, les spectateurs s’en vont et ensuite ? Quand le rideau se relève, s’agit-il de la comédie qui se joue ou de la vie qui reprend ses droits ? Entre fiction et réalité, on ne sait plus qui est qui… Avec ce scénario original, ce Léger Doute nous emmène dans le monde singulier, mais pluriel de Stéphane De Groodt, sur les traces d'un Ionesco ou d'un Beckett. L’idée de cette pièce lui est venue pendant le confinement. Quand il n’y a pas de public, qu’il n’y a personne pour regarder les personnages, les comédiens, que deviennent-ils ? Eh bien, les personnages meurent… Quand il n’y a pas un regard porté sur eux, qui sont-ils ? Comme le dit l'auteur : Si vous vivez seul sur une île déserte, vous ne savez pas si vous êtes grand, petit, intelligent, drôle… On a besoin du regard de l’autre. C'est une espèce de mise en abyme du théâtre, une pièce dans la pièce. Dans un laisser-aller progressif, les comédiens incarnent parfaitement exaspérations, mesquineries et dégoûts suscités peu à peu par la vie de couple, et se retrouvent dans des quiproquos hilarants qui démantèlent les règles du savoir-vivre. Avec cette acuité loufoque, qui fait tout le charme de son style, Stéphane De Groodt embarque avec lui les doux rêveurs que nous sommes, ceux qui aiment la bizarrerie et la poésie burlesque, dans cette pièce où le rire est au rendez-vous.

Un léger doute est à voir au Théâtre de la Renaissance jusqu'au 7 janvier.

Le besoin vital du regard de l'autre
Le besoin vital du regard de l'autre

Publié dans Théâtre

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Une fable mélancolique, drôle et poétique

Publié le par Michel Monsay

Une fable mélancolique, drôle et poétique

Pour bien commencer l'année, ce très beau film sur l'amitié. Mon ami robot, c'est l'histoire d'un chien qui souffre de solitude et trouve de la compagnie auprès d'un gentil robot commandé sur internet. C'est mignon dit comme ça, et avec ses traits arrondis et ses contours noirs, sans oublier les bouilles enfantines et innocentes de ses personnages anthropomorphes, le film de Pablo Berger est effectivement adorable, mais c'est loin d'être la seule qualité de ce film au charme irrésistible. Le cinéaste espagnol, qui avait réalisé trois fictions jusqu'à présent, se lance dans son premier film d'animation et c'est une totale réussite. Le récit est mélancolique mais ne tombe jamais dans un lyrisme trop appuyé. À l'inverse, il est même plutôt dans la retenue, presque timide et modeste, soit deux traits de caractère que partage le chien, le personnage central de cette histoire. Ce robot et ce chien débordent d'humanité et de sagesse dans ce conte contrarié tellement universel et cristallin que sa narration fonctionne sans le moindre dialogue. C'est aussi une lettre d'amour au New York des années 80-90. Le design minimaliste et épuré des personnages contraste ainsi avec des décors très détaillés, mais aussi familiers entre les reproductions de Manhattan, d'East Village, de Chinatown, de la Cinquième Avenue, de Coney Island ou encore de Central Park. Et de la même façon qu'il a puisé dans ses souvenirs pour représenter son New York, où il a vécu plusieurs années, Pablo Berger a également mis sa cinéphilie au service de l’œuvre. Celle-ci fourmille ainsi de références et détails ludiques. Il nous offre tout à la fois une comédie fantaisiste, un conte mélancolique sur l'amitié et la solitude des grandes villes, une aventure urbaine et intime peuplée d’animaux anthropomorphiques, où l’humour à la fois ironique et candide nous fait craquer.

Publié dans Films

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Superbe livre où la poésie de Sempé fait merveille

Publié le par Michel Monsay

Superbe livre où la poésie de Sempé fait merveille

Pour finir l'année en beauté et avec le sourire, les magnifiques dessins du grand Sempé. En quarante ans de collaboration, de 1978 à 2019, il est devenu une icône new-yorkaise en signant 114 couvertures du prestigieux The New Yorker. Le magazine des élites culturelles et intellectuelles américaines, fondé en 1925, a bâti sa réputation grâce à la rigueur de ses analyses, reportages, critiques, essais, nouvelles et dessins. Il a quasiment toujours mis une illustration en couverture, le plus souvent sans lien avec l’actualité. Au fil de ces 114 couvertures sans compter les illustrations intérieures, Sempé trace sa joie de vivre dans cette mégapole qu’il sillonne à pied et à vélo par tous les temps, sans parler anglais, émerveillé par ses couleurs, son énergie, ses chats, ses humains minuscules face au gigantisme urbain, sa mosaïque communautaire, ses musiques et ses espaces verts. Pour faire la Une du New Yorker, il faut savoir créer une ambiance. Et ça, Sempé savait faire. Il a su comme personne capter l’essence de New York. Une ville dans laquelle chacun, parmi la multitude est unique. De cet homme qui contemple tranquillement une nature morte avec dans son dos l’agitation de la rue, à une danseuse, juchée sur un balcon au milieu des buildings en passant par ce musicien de jazz (l’une des grandes passions du dessinateur) qui répète à sa fenêtre, ou à ces deux messieurs qui se saluent au beau milieu d'un labyrinthe,… Sempé avait ce don de placer l’humain au cœur de ses illustrations, de confronter le minuscule au gigantesque. Des esquisses muettes qui racontent la ville bien mieux que les mots ne sauraient le faire. Par son trait fragile et délicat, il a capturé un large éventail des plaisirs simples de la vie. Ce superbe livre raconte la vision amoureuse de New York que Sempé a eu tout au long de sa vie, jusqu'à la dernière Une du New Yorker (ci-dessous) quelques jours après la mort du dessinateur.

Superbe livre où la poésie de Sempé fait merveille

Publié dans Livres

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Une honte de plus pour Macron

Publié le par Michel Monsay

Une honte de plus pour Macron

Le gouvernement n'a pas renouvelé l'agrément de l'association anticorruption Anticor, créée en 2002, actuellement impliquée dans plus de 160 procédures. "Nous sommes bien conscients que nos actions contre la corruption agacent profondément le gouvernement", a réagi l'association. L'agrément lui permettant d'intervenir dans des dossiers de lutte contre la corruption et d'atteinte à la probité n'a pas été renouvelé. Stupéfiant, révoltant, inquiétant. À l'heure où la corruption reste un des fléaux de notre vie économique ! Ce gouvernement sera donc celui de toutes les hontes et indignités. La lutte contre la corruption devrait pourtant mobiliser tous les démocrates sincères. Cette décision constitue une entrave à l'action de centaines de bénévoles qui luttent partout en France contre les abus de pouvoir. François Molins, procureur général honoraire près la Cour de cassation, estime qu'il "serait plus sain pour notre démocratie" que ce soit "une autorité administrative indépendante comme la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) qui statue sur les demandes d'agrément des associations". François Molins estime que "la lutte contre la corruption doit constituer une priorité et nécessite une tolérance zéro". Pour rappel, de nombreuses plaintes n’ont pas épargné la Macronie : Richard Ferrand, Alexis Kohler, Eric Dupond-Morett, Alexandre Benalla,... Faut-il en déduire un rapport avec ce non-renouvellement ...?

Agnès Firmin Le Bodo, qui vient d'être nommée ministre de la Santé, est visée par une enquête sur les cadeaux de la multinationale Urgo. En tant que pharmacienne, elle est soupçonnée d’avoir reçu pour 20 000 euros de bouteilles de champagne, montres de luxe, etc.

Une honte de plus pour Macron

Publié dans Chroniques

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Entre thriller apocalyptique et huis clos étouffant

Publié le par Michel Monsay

Entre thriller apocalyptique et huis clos étouffant

Troublant, terrifiant par moments, Le Monde après nous questionne notre rapport aux outils de communication modernes, à la nature et surtout aux autres. Créateur des séries Mr. Robot et Homecoming, Sam Esmail signe ici un long-métrage dont la structure en chapitres du scénario, sa mise en scène sinueuse tissée de longs plans, distillent leur angoisse, ce sentiment de glissement inéluctable. Dans le corpus des représentations de la fin des temps, Le Monde après nous a l'originalité de ne pas s'apparenter au film catastrophe. Le monstre, dans ce film, c’est l’inconnu, et le danger est d'autant plus pesant qu'il est invisible. Pour les personnages comme les spectateurs, ne pas savoir ce qui va se produire la scène suivante, si les protagonistes vivent une crise intime ou mondiale, c’est ce qui crée de l’angoisse. Le film explore l'impact de la technologie sur les relations humaines, la façon dont on est hyperconnectés et paradoxalement totalement déconnectés les uns des autres, et comment dans ces moments où on aurait besoin de rester ensemble, on perd notre humanité. Sam Esmail réussit, grâce à sa maitrise du cadre et son audace visuelle entre des zooms, travellings, effets de torsion et de rotation, jeux sur le hors-champ, à créer une tension durable. Le Monde après nous est un récit de mise en garde, dépourvu de trajectoire de héros ou de leçon de morale. Il décrit la situation dans laquelle se trouve le monde, la direction qu'il pourrait prendre et ses possibles conséquences. À signaler que le film est produit par la société du couple Obama. L'ancien président en personne se serait montré très impliqué dans l'écriture du projet. Comme Adam McKay l'avait fait avec Don't Look Up, Sam Esmail signe avec Le Monde après nous le portrait d'une civilisation occidentale au bord du précipice : Addictions numériques, tensions raciales, misanthropie, peur de l'effondrement ou d'un chaos provoqué par des États voyous, nouvelles armes encore inconnues,... La fiction semble plus proche que jamais du réel dans Le Monde après nous, et venant d'un thriller apocalyptique, ça n'a rien de rassurant. Impossible de voir ce film très bien fait et interprété, notamment par l'excellent Mahershala Ali doublement oscarisé pour Green book et Moonlight, sans songer à l'état d'un monde qui se décompose toujours un peu plus sous nos yeux sans que personne ne trouve bon de réagir.

Le monde après nous est à voir ici sur Netflix pour 5,99 € avec pub ou 13,49 € sans pub, un mois sans engagement.

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L’homme qui n’a pas voulu être président

Publié le par Michel Monsay

L’homme qui n’a pas voulu être président

Edgar Morin : Hommage ému à Jacques Delors le plus estimable homme politique français qui ne séparait pas éthique et politique.

Yannick Jadot : Nous pleurons un immense Européen, un visionnaire pragmatique pour qui notre Union était le grand projet politique qui continue de nous inspirer… à défaut d’être abouti. C’est peu dire qu’aucun de ses successeurs ne l’a remplacé !

Pascale Clark : La disparition de Jacques Delors rappelle une époque où il était possible d’admirer un homme politique.

Publié dans Chroniques

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