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Passionnante plongée au cœur du pouvoir russe

Publié le par Michel Monsay

Passionnante plongée au cœur du pouvoir russe

Giuliano da Empoli, italo-suisse de 51 ans, né en France à Neuilly-sur-Seine, connaît bien les rouages de la politique. Il a été le conseiller de Matteo Renzi, ancien président du conseil italien et de Francesco Rutelli, ministre de la Culture italien. L’écrivain, par ailleurs journaliste, est enseignant à Science Po Paris et préside le think tank Volta, basé à Milan. Le mage du Kremlin est son premier roman, mais pas son premier livre, loin de là : Giuliano da Empoli a déjà publié de nombreux essais et s’est fait plus largement connaître en 2019 avec Les Ingénieurs du chaos, traduit en douze langues. Un essai qui dévoilait les coulisses du populisme, de Donald Trump à Matteo Salvini et revenait déjà sur le rôle des spin-doctors, ces conseillers en image qui influencent l'opinion publique. Dans Le Mage du Kremlin, Giuliano da Empoli retrace fidèlement les grandes lignes de la carrière politique de Vladislav Sourkov, longtemps éminence grise de Poutine. De la montée en puissance du Tsar jusqu’au dossier ukrainien, dont le conseiller fut chargé quelques mois avant l’annexion de la Crimée par les Russes, en mars 2014, et l’intervention militaire dans le Donbass. En représailles, les États-Unis puis l’Union européenne lui ont interdit leurs territoires et ont gelé ses avoirs. Giuliano da Empoli prête à Sourkov une vie privée et des propos imaginaires. Rebaptisé Vadim Baranov dans le roman, quand les autres membres de l’entourage de Poutine conservent leur nom, le personnage s’affranchit notamment de son modèle par son ascendance moscovite et aristocratique. Ce livre analyse la pratique du pouvoir très verticale, ainsi que l’évolution de la société russe de la fin du XXe siècle à aujourd’hui. Un récit impitoyable avec pour décor principal la ville de Moscou. Les dialogues fascinants entre le conseiller et le président sont fictifs, mais les faits mentionnés sont bien réels. Un roman captivant, éclairant, Grand Prix du roman de l'Académie française 2022, rédigé avant l'invasion russe en Ukraine du 24 février 2022, mais plus que jamais d'actualité. Dans un tourbillon de violence plus ou moins feutrée, de virilité toxique et de puissance sans limite, Le Mage du Kremlin écrit la chronique brillante d’un règne funeste, désosse chaque rouage de l’implacable pouvoir du Tsar et revisite de l’intérieur des épisodes connus. Il nous permet d’imaginer ce qu’il peut se passer dans la tête de Vladimir Poutine. Avec ce passionnant premier roman, Giuliano da Empoli franchit avec virtuosité la frontière entre politologie et littérature.

Publié dans Livres

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L'élégance existentielle d'Alain Chamfort

Publié le par Michel Monsay

L'élégance existentielle d'Alain Chamfort

Le dandy Alain Chamfort partage dans son dernier album sorti il y a un an, avec une sincérité désarmante, ses très belles mélodies serties de piano, de cordes et d’électronique. C’est son ultime album. Du moins, sa dernière proposition musicale sous ce format qu’il ne juge plus adapté à la manière dont il a envie de s’exprimer désormais. Qu’on se rassure : à 75 ans, Alain Chamfort n’a pas de panne d’inspiration, seulement envie d’une Apocalypse heureuse, du nom de la superbe ouverture façonnée par Benjamin Lebeau. Si la deuxième piste, Dans mes yeux, témoigne de la dextérité électro de Benjamin Lebeau, Alain Chamfort conjure l’âge incompressible grâce à son timbre en mêlant, dans Vanité vanité, le chanté parlé à un refrain suave et malin. Artiste perfectionniste mais jamais carriériste, il dresse un constat mélancolique sur À l’aune : “Après la vague reste l’écume/Après le naufrage la brume/Après la boucherie la coutume/Nous ne fîmes que ce que nous pûmes”. Il y a aussi la pop Motown de Tout s’arrange à la fin, aux cuivres enlevés et à l’optimisme mordant sur lequel Alain Chamfort retrouve son parolier de jadis, Jacques Duvall. “Saurais-je partir en beauté ?”, demande-t-il ici.  Dans cette “vie qui tabasse”, Alain Chamfort a su prendre une place singulière, à la fois populaire et élitiste, car avec cet album, il synthétise autant qu’il sublime son art ourlé de la chanson, ses calmes avant la tempête, ses victoires humbles et sa fragilité assumée. L’éphémère gravé dans le marbre, le piano chic, le bonjour à la tristesse. Les larmes aux yeux, mais avec le sourire, et la pop anglo-saxonne toujours en ligne de mire pour le plus élégant des chanteurs français. Le désir de terminer en beauté trouve sa conclusion avec La Grâce. Les affres artistiques qui ont saisi Alain Chamfort condensées en quelques strophes : « Ne serait-ce même qu’en surface/Avec le bout de la godasse/Comme on pousse une vieille carcasse/Aurais-je su toucher la grâce ? » La réponse est apportée par cette chanson d’une infinie délicatesse.

Publié dans Disques

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L'esprit visionnaire d'un danseur chorégraphe de génie

Publié le par Michel Monsay

L'esprit visionnaire d'un danseur chorégraphe de génie

De Gene Kelly, il reste cette image, mythique, extraite de Chantons sous la pluie : accroché à un lampadaire, en costume et chapeau sous une pluie battante, il tient son parapluie fermé à bout de bras. C’est cette image qui apparaît en premier dans Google à la faveur d’une simple recherche sur l’insatiable chorégraphe et danseur de génie. Le formidable et passionnant documentaire de Claudia Collao, narré avec délice par Laurent Stocker, de la Comédie-Française, met l’accent sur l’esprit visionnaire de celui qui comprit très vite que la caméra devait s’adapter aux chorégraphies afin de mettre en scène des comédies musicales modernes et éclatantes. Pour La Reine de Broadway, l’enfant de Pittsburgh aux origines modestes s’impose comme chorégraphe dans l’un des plus grands succès de l’année 1944 aux États-Unis. Et donne surtout naissance au duo mythique qu’il formera plusieurs années durant avec Stanley Donen. Riche d’extraits de films et d’interviews, ce passionnant documentaire met en lumière les duos inoubliables que Gene Kelly a créé avec Fred Astaire, Cyd Charisse ou Leslie Caron pour ne citer qu'eux. Le film montre aussi en arrière-plan tout un pan de l’histoire des États-Unis : celle de la ségrégation, du maccarthysme et des studios tout-puissants à Hollywood. Autant de difficultés pour ce démocrate, qui participe très tôt à des manifestations pour les droits civiques et contre le racisme. Et puis en plein maccarthysme, alors que la chasse aux sorcières s’abat sur Hollywood, il décide de soutenir publiquement sa femme, militante communiste. Ce soutien l’obligera un temps à quitter son pays et à s’exiler à Londres. Comme Charlie Chaplin ! Et ce, juste après le succès de Chantons sous la pluie. Cet exil marquera injustement un coup d’arrêt dans sa carrière. Il continuera de danser et de créer, mais il n’arrivera plus à renouer avec ses succès d’antan. Gene Kelly restera à tout jamais comme l’un des artistes les plus flamboyants de l’âge d’or des comédies musicales. Un visionnaire, qui a fait de chacun de ses pas une déclaration d’amour à la liberté, à la créativité et à l’audace. Sous la pluie… et jusqu’au firmament.

Gene Kelly mène la danse ici ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Magnifique Dominique Reymond dans un texte ensorcelant de Duras

Publié le par Michel Monsay

Magnifique Dominique Reymond dans un texte ensorcelant de Duras

La metteuse en scène franco-suisse, Émilie Charriot, propose sa lecture personnelle et féministe de L’Amante anglaise de Marguerite Duras. Porté par un excellent trio d’acteurs, la pièce met subtilement en lumière les mécanismes du patriarcat ordinaire avec des allures de roman noir décalé. Inspirée d’un fait divers réel sordide survenu en France en 1949 à Savigny-sur-Orge, il y a dans L’Amante anglaise une dimension vertigineuse. On est dans une enquête, mais sans résolution, face à un crime dont on ne saura jamais vraiment les motivations. Ce n’est pas une pièce policière classique où tout est expliqué, c’est une plongée dans l’opacité de l’âme humaine. Marguerite Duras est une auteure qui travaille dans la tension entre l’absence et la présence, entre le dit et le non-dit. Son écriture semble à la fois simple et extrêmement élaborée. Elle fait de la langue un espace de révélation et de dissimulation. Chaque phrase semble porter un poids énorme, chaque silence est habité. Elle ne se contente pas de raconter une histoire, elle nous oblige à entrer dans la tête des personnages, à nous heurter à leur incompréhensibilité, à ressentir leur solitude et leur enfermement. Pour incarner ce texte radical, où la langue est à la fois musique et tension, Nicolas Bouchaud et Laurent Poitrenaux trouble à souhait, en grands comédiens de théâtre qu'ils sont, se glissent fort bien dans les rôles de l'interrogateur et du mari. Mais ce qui contribue pleinement à la réussite de la pièce, outre la mise en scène très épurée et originale d'Émilie Charriot, c'est Dominique Reymond. Comédienne caméléon extraordinaire et lumineuse, elle a l’aptitude de pouvoir passer d’un âge à l’autre, de l’enfant à l’adulte, en une fraction de seconde de la banalité à la tragédie, faire entendre le quotidien autant que l’extraordinaire. Elle a cette profondeur qui fait d’elle une Claire bouleversante, cette capacité à s’effacer derrière le texte tout en lui donnant une intensité rare de sa voix dense, abrasive, ironique, magnétique. Sa présence scénique est captivante, elle peut tenir un plateau avec un simple regard, une simple intonation. Depuis son premier succès, King Kong Théorie de Virginie Despentes, la metteuse en scène Emilie Charriot a toujours affectionné un théâtre réduit à cet essentiel : un texte, des personnages, l'intensité du jeu des comédiens, de la lumière, rien de plus. Avec ingéniosité et une forme de légèreté, elle se glisse dans les interstices, les non-dits. Au-delà de l’horreur du crime, elle dresse un portrait savoureux de ce couple désunit et en dissèque habilement les moindres failles. Lui est assis dans le public. Il est un quidam comme un autre, avant de venir sur scène roder autour de sa femme. Elle, toute vêtue de noire, telle une petite fille, reste stoïque face aux questions insistantes de l’interrogateur. Deux mondes s’affrontent. Le mari ne demande qu’à être blanchi pour retourner dans l’anonymat de son sexisme latent. Elle à être écoutée même dans ses silences. Émilie Charriot insuffle un vent nouveau et frais aux mots de Duras, elle refuse le pesant du tragique et fait vibrer l’humanité exsangue de ce couple dysfonctionnel.

L'amante anglaise est à voir au Théâtre de l'Odéon, Ateliers Berthier jusqu'au 13 avril.

Publié dans Théâtre

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Concentré d'affects blessés dans une bouleversante minisérie

Publié le par Michel Monsay

Concentré d'affects blessés dans une bouleversante minisérie
Concentré d'affects blessés dans une bouleversante minisérie

Time capte sobrement la souffrance psychologique de personnages bouleversants, hantés par les fantômes de leurs victimes. Son suspense efficace ne diminue en rien son intensité émotionnelle, que le scénariste Jimmy McGovern parvient à insuffler jusqu'aux seconds rôles, humanisés en quelques traits, d’une main précise. Time dessine un tableau sombre et une critique du monde carcéral avec finesse et beaucoup de psychologie. Que ce soit le prisonnier ou le geôlier, tous deux se retrouvent piégés dans un engrenage implacable. Grâce à toute l’humanité qui se dégage de la performance des acteurs, le récit est particulièrement poignant. Stephen Graham et Sean Bean, en héros aux trajectoires opposées, sont tous deux remarquables. La première saison intense de cette minisérie de quatre épisodes se passe dans une prison pour hommes. Moins radicale dans sa démarche, la saison 2 transpose son intrigue dans une prison pour femmes, où se rencontrent trois détenues d’âge et d’origine différents, mais qui ont en commun d’être moins coupables que victimes d’une société qui ne leur veut pas du bien. Selon les codes de la série sociale britannique telle que la BBC la pratique avec application, chaque personnage est soigneusement construit pour révéler les dysfonctionnements d’un service public exsangue. Cette saison 2 de Time dessine patiemment le portrait de trois « mauvaises mères » frappées par une double peine : enfermées pour leurs crimes, elles subissent les attaques du système judiciaire et de leurs codétenues, poussées à s’en prendre à celles qui n’ont pas su aimer « correctement » leurs enfants. Jodie Whittaker, Bella Ramsey sont très justes et Tamara Lawrance est bouleversante dans le rôle d’une prisonnière surnommée la tueuse d’enfants. Cette excellente minisérie en deux saisons dit beaucoup des douleurs de la société anglaise, sur laquelle plane l’ombre déprimante d’une forme de résignation collective.

Time est à voir ici  pour 6,99€, un mois sans engagement à Canal+ séries à souscrire ici.

Publié dans replay

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Une fresque rocambolesque à hauteur d’enfant sur Cosa Nostra

Publié le par Michel Monsay

Une fresque rocambolesque à hauteur d’enfant sur Cosa Nostra

À travers les souvenirs du petit Salvatore âgé de 10 ans, cette série tragi-comique retrace le destin d’une famille sicilienne confrontée au crime organisé dans les années 1970. Ses souvenirs, contés avec la voix d’un adulte facétieux, serviront de fil à rouge à cette série sur l’histoire sanglante de l’Italie. Si la corruption gangrène Palerme, les exécutions sommaires se multiplient en pleine rue. Journalistes, policiers, politiques, syndicalistes, magistrats ou simples citoyens y meurent chaque jour pour avoir défié à Cosa Nostra. Un souffle romanesque domine cette fresque en douze épisodes. Avec ses personnages truculents incarnés par des acteurs tous plus attachants, ses dialogues enlevés, sa réalisation élégante, son grain subtilement vintage et ses reconstitutions bluffantes du Palerme des années 1970, La mafia tue seulement l’été éblouit par sa fougue comme par son réalisme. De véritables images d’archives lui confèrent çà et là une dimension documentaire. Se soumettre ou se rebeller ? Les questionnements intimes du petit Salvatore sur la toxicité sociale et les crimes de Cosa Nostra donnent lieu à une réflexion politique aussi décalée que percutante. Avec une candeur et une lucidité désarmantes, l’enfant interroge l’infamie tout en révérant les rares adultes qui osent s’y opposer. Cette série très réussie se révèle alors un puissant hymne à la résistance et à la liberté. Son créateur l’a d’ailleurs dédiée aux hommes et aux femmes qui, avec courage, ont combattu et combattent la mafia.

La mafia tue seulement l'été est à voir ici ou ci-dessous ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Cette tragicomédie réussit ce prodige d’être un geste politique et un moment suspendu

Publié le par Michel Monsay

Cette tragicomédie réussit ce prodige d’être un geste politique et un moment suspendu

Mahin a 70 ans, son mari est mort depuis longtemps, elle voit de temps à autres ses copines, téléphone à sa fille qui a peu de temps à lui consacrer. Ses jours et ses nuits sont semblables depuis la nuit des temps. Le temps : c’est ce qu’elle a de plus dans sa vie. Le temps de dormir. Le temps d’attendre. Mais attendre quoi ? Le film suit sans esbroufe cette femme ordinaire. Mais peu à peu, au détour d’un plan de Mahin solitaire dans le bar chic d’un hôtel, à la faveur d’une phrase échangée avec une jeune femme qu’elle a sorti des griffes de la police, tout le contexte de l’Iran d’aujourd’hui s’immisce dans le quotidien de cette femme normale. Et il est clair que rien n’est normal. Mahin a connu le temps où une femme pouvait chanter, danser, se maquiller, sortir seule, boire un verre. Mahin a connu le temps d’avant la police des mœurs qui depuis 2005 veille au respect des lois de l’Islam. Maryam Mighadam et Behtash Sanaeeha nous offrent un film tendre et iconoclaste porté par la lumineuse actrice Lili Farhadpour et l'attachant Esmaeel Mehrabi. Le duo de cinéastes, dont c'est le deuxième film, a voulu montrer le quotidien des femmes de la classe moyenne en Iran. Une fenêtre rarement entrouverte. Pour dresser ce portrait, ils ont franchi toutes les lignes rouges des restrictions. Trois ans de travail pour dénoncer la mainmise de la République islamique sur la gent féminine. Leur talent est de le faire avec finesse et humour. C’est beau, c’est joyeux et ça vous brise le cœur. Pour cette folle audace, ils sont menacés de prison et assignés à résidence en attente de leur procès pour « propagande contre le régime ». Femme ! Vie ! Liberté !, la révolution qui a embrasé l’Iran suite à l’assassinat de Jina Mahsa Amini n’est jamais citée ici, mais elle respire dans chaque plan du film, comme un cœur qui bat. Mon gâteau préféré est une courageuse célébration des sentiments et de la liberté.

Publié dans Films

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Wax, une belle exposition riche en couleurs

Publié le par Michel Monsay

Wax, une belle exposition riche en couleurs
Wax, une belle exposition riche en couleurs
Wax, une belle exposition riche en couleurs

Le musée de l'Homme explore les enjeux culturels du wax, un tissu coloré emblématique des tenues africaines. L'exposition Wax, entre héritage et réappropriation, mélange les regards d'artistes, de couturiers, d'anthropologues, d'historiens de l'art et de designers, pour créer un parcours passionnant et pédagogique. Très populaire de nos jours en Occident, le wax a longtemps été lié à l'Afrique, et plus particulièrement à l'Afrique de l'Ouest, où ce tissu est très utilisé pour les vêtements du quotidien. Pourtant, le wax trouve ses origines en Indonésie. Les colons et marchands hollandais ont fait voyager les tissus indonésiens jusqu'en Afrique de l'Ouest, où ils ont vite été appropriés et adaptés. Les Européens ont profité de ce nouveau filon industriel et commercial jusqu'à la fin de la période coloniale, date à laquelle les entreprises africaines reprennent la main sur le marché. L'exposition met ainsi en lumière les Nanas Benz, des femmes du Togo qui ont su s'enrichir grâce au commerce du wax dans les années 1960. De nos jours, le wax s'est mondialisé, et la qualité des tissus varie grandement en fonction de sa provenance. Le musée de l'Homme évoque également les cultures liées au wax. Couleurs, formes, motifs : les tissus changent en fonction des pays, des religions, des communautés, ou même des revendications politiques. Un vêtement devient alors presque une carte d'identité, pour ceux qui savent déchiffrer les symboles. Cette belle exposition permet aussi d'admirer des créations de mode et des œuvres multidisciplinaires. Tissu stéréotype ou emblème identitaire ? Différents artistes remettent en question le rôle du wax aujourd'hui, en Afrique et dans le monde. Près d’un siècle et demi après son invention, le wax a conquis les vestiaires et les intérieurs des Européens. Il s’est même hissé sur les podiums des grands couturiers, de Jean-Paul Gaultier à Maria Grazia Chiuri (pour Dior). Dans l’imaginaire collectif, ce tissu aux graphismes reconnaissables en un clin d’œil symbolise l’Afrique et son exubérance joyeuse. Chaque motif de wax raconte une histoire et porte un nom. Cette dimension communicationnelle fait du wax un véritable langage textile, qui séduit par sa beauté.

Wax est à voir au Musée de l'Homme jusqu'au 7 septembre.

Wax, une belle exposition riche en couleurs
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Wax, une belle exposition riche en couleurs
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Publié dans Expos

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Les images de l'effroi lors d'un moment charnière du journalisme télévisé

Publié le par Michel Monsay

Les images de l'effroi lors d'un moment charnière du journalisme télévisé

Une journée de septembre à jamais gravée dans les mémoires meurtries. L’impensable capturé pour l’éternité. Un attentat en temps réel à la télévision. Pour beaucoup d’entre nous, c’est à 2001 que l’on pense immédiatement, à ces deux tours réduites en poussières sur l’autel du fanatisme. Pourtant trente ans auparavant, le 5 septembre 1972, l’horreur avait déjà trouvé son visage en direct sur les postes de millions de foyers. Pour la première fois, grâce à l’arrivée des technologies satellites, les Jeux Olympiques allaient pouvoir être suivis sans discontinuité, dans le monde entier. La dernière compétition en Allemagne, en 1936, avait servi de tremplin à la propagande nazie. Cet évènement sera celui de la réconciliation, une célébration festive de l’esprit sportif et de la camaraderie. Mais un groupe terroriste en décidera autrement. Alors que les caméras de la planète sont braquées sur eux, ils vont prendre en otage des athlètes israéliens pour réclamer la libération de 234 prisonniers palestiniens. La suite est dans les livres d’histoire ou dans les souvenirs voilés de larmes de ceux qui étaient en âge de fixer un écran à l’époque. Ce n’est pas la première fois que le cinéma s’empare de cet épisode. On pense notamment au Munich de Steven Spielberg. L’angle de Tim Fehlbaum est de raconter le drame par le prisme de la régie en charge de le télédiffuser. Huis clos passionnant et saisissant, le film est un thriller qui laisse l’atrocité en arrière-plan. Sans surligner les ponts évidents avec notre époque, 5 Septembre interroge notre propre regard face aux images, questionnant la déontologie, la morale et l’éthique à un moment clé de l’audiovisuel, où ne pouvant s’appuyer sur aucun précédent, des reporters ont dessiné les limites de la décence. Dans notre ère de la violence omniprésente, où on l’on ne prend plus le temps de flouter l’infamie pour quelques vues et clics en plus, ce témoignage proche du docu-vérité n’en devient que plus captivant. Emportés dans un tourbillon frénétique, les protagonistes ne cessent de crier, paniquer, essayer tant bien que mal de garder le contrôle face à une situation sur laquelle ils n’ont aucune emprise ni maîtrise. Pourtant, dans cette effervescence permanente, c’est un silence qui choquera le plus, celui des protagonistes après avoir appris l’étendue de la tragédie. Car là-aussi, les mots n’auraient pas été à la hauteur. Plus d'un demi-siècle après les faits, ce film puissant, non content de revenir sur un épisode capital de l'histoire moderne, interroge aussi notre époque où les surenchères médiatiques, sur les chaînes d'info comme ailleurs, sont devenues des normes accablantes. Intelligent, minutieux, épuré, précis, et servi par une distribution impeccable, notamment Leonie Benesch, que l'on avait adorée dans La salle des profs, 5 Septembre est une réflexion pleine d’intelligence sur les enjeux éthiques de la fabrique de l’information en continu.

Publié dans Films

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Le grand écrivain turc joue de toutes les cordes de l’amour dans ce magnifique roman

Publié le par Michel Monsay

Le grand écrivain turc joue de toutes les cordes de l’amour dans ce magnifique roman

L’épreuve de la détention, Ahmet Altan l'a connue pendant plus de quatre ans pour des raisons politiques, de 2016 à 2021. L’auteur prévenait à l'époque les pleutres à la botte du président turc Erdogan : « Vous pourrez me jeter en prison, vous ne m’enfermerez jamais, car comme tous les écrivains, j’ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles. » Rédigé pendant son incarcération, Madame Hayat est la preuve vivante de cette irréductible ­liberté d’écrire. Faciles à identifier, chargées d’émotion, pétries d’intelligence, les métaphores de sa situation personnelle y abondent. Étudiant en lettres, le héros voit sa vie dorée bouleversée après la faillite et la mort de son père. Soudain confronté à la pauvreté, Fazil doit s’installer dans une chambre aux dimensions d’une cellule carcérale. Il cherche le salut chez Mme Hayat, plantureuse amatrice de documentaires, fascinant personnage sensuel et mystérieux, doué de sagesse et de fantaisie. Ses cours à l’université forent par ailleurs son esprit de questions existentielles, tout en lui apportant un réconfort sans pareil, alors que des arrestations arbitraires se multiplient dans son entourage. Qu’il décrive par le menu la devanture d’une confiserie, la sensualité des femmes, les foules errant dans les rues, le pouvoir magique d’Ahmet Altan pour briser son enfermement brille de mille feux. Palpable jusque dans son écriture, simple, aérienne, tournoyante, l’ivresse de sa résistance porte le livre, traversé de fulgurances à la gloire de la littérature. « La littérature a besoin de courage, et c’est le courage qui distingue les grands écrivains des autres », déclare une professeure, dans l’amphi où Fazil boit ses paroles. Comment ne pas y voir le fondement de tout l’engagement d’Ahmet Altan ? Ce magnifique livre est à la fois un roman engagé, un essai de philosophie morale, une charge politique contre le régime, mais aussi un grand roman d’amour. Majestueux, limpide et profond comme les eaux du Bosphore qu'il évoque au détour d'une page, Madame Hayat, Prix Fémina étranger 2021, est aussi une fable qui conjugue le récit d'une éducation sentimentale et d'une prise de conscience politique. Peut-on concilier l'amour et l'engagement politique ? Peut-on vivre dans un pays qui sombre dans la nuit ? La littérature est-elle le remède à tous les maux ? Ahmet Altan pose ces questions avec une sérénité qui impressionne, sans donner de réponses toutes faites. Roman peuplé de personnages secondaires attachants, Madame Hayat parle autant à la tête qu'au cœur. Un livre universel, rempli de finesse et de subtilité, trempé dans l'encre de l'humanisme et de la liberté.

Publié dans Livres

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