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Quand Starck revisite les diffuseurs de parfum

Publié le par Michel Monsay

Quand Starck revisite les diffuseurs de parfum

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Magnifique autoportrait sous forme de collage impressionniste de films amateur

Publié le par Michel Monsay

Magnifique autoportrait sous forme de collage impressionniste de films amateur

Ce documentaire aussi original que touchant d’André Bonzel interroge avec humour ses souvenirs et blessures d’enfance à travers les films d’archives de sa famille et ceux d’inconnus. Grand collectionneur de films amateurs qu’il déniche aux puces, archiviste de bobines personnelles et récipiendaire de pellicules familiales remontant à plusieurs générations, André Bonzel mêle toutes ces sources pour scruter son passé et celui de ses aïeux. Comme un miroir à la fois déformant et fidèle, ces frêles images de bonheur familial le renvoient à sa propre enfance, à sa trajectoire en dents de scie mais surtout à son manque originel d’amour. Dans le gouffre creusé par le désintérêt d’un père froid (un biologiste) et par le dégoût que ce dernier lui inspire, naît la soif d’un fils blessé pour un imaginaire de substitution : ce refuge sera le cinéma. Film en forme d’auto-analyse, Et j’aime à la fureur, bercé par une bande originale de Benjamin Biolay, se déploie dans les méandres des mémoires intime et cinématographique. Les deux s’emmêlent pour n’en former qu’une. La fresque que le documentariste peint, faite d’échos et de résonances entre mille bribes de vies anonymes, recèle tout à la fois une trépidante fantasmagorie familiale, une définition du cinéma amateur et une exploration du rapport intime entre le réalisateur et le septième art. Ce long métrage, son premier depuis C’est arrivé près de chez vous, en 1992, est le geste émouvant d’un éternel enfant fasciné par les images d’inconnus, sur lesquelles il projette ses propres angoisses et fantasmes. A travers ce kaléidoscope familier, ressort la conviction que la pellicule, organe sensible, enregistre sur les films amateurs plus que le réel : elle capte merveilleusement le désir, les gestes tendres, l'empreinte éphémère des jours heureux, la joie et les rêves. Ces petites choses qui n’ont l’air de rien et sont pourtant l’essence de la vie. Une mémoire collective dans laquelle André Bonzel puise son histoire singulière, tout en nous renvoyant à la nôtre, par un effet de miroir sans fin.

Pour voir Et j'aime à la fureur, c'est ici pour 2,99 € en location ou dans n'importe quelle offre de VOD.

Publié dans replay

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Une immense cinéaste

Publié le par Michel Monsay

Une immense cinéaste

Première femme à avoir remporté la Palme d’or à Cannes, pour La leçon de piano, la réalisatrice Jane Campion a su en 40 ans se tailler une place unique dans le panthéon très masculin du cinéma. La réalisatrice Julie Bertuccelli célèbre sa consœur dans cet émouvant portrait où elle a su capter ce qui caractérise Jane Campion : un mélange de force et de sérieux que viennent sans cesse égayer une douceur, une fantaisie et une légèreté d’être. Au cours du documentaire, on entend aussi Jane Campion rappeler la misogynie crasse des techniciens sur les plateaux de ses débuts, mais ce n’est pas l’essentiel du propos de Julie Bertuccelli. Car il est surtout question de cinéma : des tout débuts de la néo-zélandaise dans des courts-métrages au ton d’une liberté singulière (dont Peel, récompensé en 1986, à Cannes, d’une Palme d’or du court-métrage), jusqu’à son opus le plus récent, l'excellent The Power of the Dog (2021), sans oublier Bright star ou la merveilleuse série télévisée Top of the Lake. Le film de Julie Bertuccelli, au montage finement tressé et d’une remarquable fluidité, circule entre entretiens accordés à toutes les époques de la carrière de Jane Campion, généreux extraits de films et de tournages. Une matière que la documentariste parvient à modeler de manière vivante et inspirée, à la manière, paradoxalement, d’un journal intime, en choisissant de laisser la néo-zélandaise se raconter elle-même quasiment de bout en bout. Peut-on entrer dans la tête d’une artiste sans la rencontrer ? Sonder au plus près son univers et sa personnalité ? Julie Bertucelli le démontre brillamment. En faisant dialoguer la vie et l'œuvre de Jane Campion, ce documentaire très personnel donne le sentiment de sonder au plus profond l’imaginaire fécond et les métamorphoses d’une anthropologue des mystères féminins, dont chaque film reflète une facette, entre élans romantiques et goût pour la marge. Et le tout donne envie de revoir une filmographie somme toute peu fournie malheureusement. Comme par exemple le très beau film, Un ange à ma table, qui raconte l'histoire d'une petite fille différente, rejetée par ses camarades à cause de son drôle de physique et son drôle de caractère. Elle connaîtra l'asile psychiatrique, les électrochocs et échappera de peu à la lobotomie grâce à l'écriture. En évoquant le destin de l’écrivaine néo-zélandaise Janet Frame, Jane Campion a renouvelé radicalement l’exercice, souvent académique, qui consiste à illustrer une vie d’artiste. À travers des scènes courtes, elle recompose le milieu modeste où la petite Janet, rousse et boulotte, fait ses débuts dans l’existence, protégée par la complicité qui la lie à ses sœurs et par celle qu’elle se découvre avec les mots. Jane Campion réussit à nous faire ressentir cette place vitale de l’écriture et l’attachement à la douceur perdue de l’enfance. Une affinité élective l’attache à Janet Frame, sa compatriote et son âme sœur, femme et artiste comme elle. Un ange à ma table, sorti en 1990, a permis à l’œuvre de la cinéaste de s’affirmer, et à celle de l’écrivaine d’avoir un nouveau rayonnement. Le langage des images se veut ici aussi intime et essentiel que celui des mots. Merci à Arte de nous permettre de plonger dans l'univers de cette femme exceptionnelle.

Jane Campion, la femme cinéma est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Un ange à ma table est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

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Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité

Publié le par Michel Monsay

Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité

L'exposition Top secret, cinéma et espionnage, de la Cinémathèque française à Paris, questionne les frontières entre l'espionnage et le 7e art. Elle dévoile que les fantasmes cinématographiques et la réalité ne sont parfois pas si éloignés, comme en témoignent certains objets insolites exposés. En effet, les outils d’espionnage réels voisinent avec les inventions les plus farfelus. De Mata Hari à Jason Bourne en passant par James Bond ou OSS 117, jusqu'à Edward Snowden, l’exposition retrace un siècle d’espionnage sur grand écran et dans la vraie vie. Appareils anciens, costumes, gadgets, extraits de films, photographies, affiches, maquettes de décors, documents d’archives et œuvres d’art illustrent le propos, entre réalité et fiction, propagande et Histoire. La représentation du métier d’espion dans le septième art est tout d’abord glamour, lors des grandes heures du noir et blanc peuplé d’héroïnes vénéneuses (Greta Garbo, Ingrid Bergman, Marlene Dietrich, Hedy Lamarr). Ces deux dernières ont d'ailleurs été des actrices majeures du renseignement anti-nazi. Cette représentation est aussi inquiétante dans les films de Fritz Lang ou Hitchcock. Puis elle devient drôle et aventureuse (Sean Connery, Tom Cruise, Jean Dujardin…), avant de plonger dans l’univers sombre du cyberterrorisme contemporain. Les séries ne sont pas oubliées, du Bureau des légendes à Homeland. A travers ce double jeu savant et palpitant, cette exposition nous montre qu'il n'y a pas plus cinématographique que le métier d'espion.

Top secret, cinéma et espionnage est à voir jusqu'au 21 mai à la Cinémathèque

Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité
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Une passionnante exposition au croisement du mythe et de la réalité

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Darmanin organise le désordre et ne cesse de mentir

Publié le par Michel Monsay

Darmanin organise le désordre et ne cesse de mentir
Darmanin organise le désordre et ne cesse de mentir

Deux manifestants entre la vie et la mort. Près de deux cents blessés (dont quarante graves) côté participants, plus de quarante côté gendarmes. Tel est le bilan affolant de la manifestation de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, violemment réprimée samedi par les forces de l’ordre à coups de grenades assourdissantes et de désencerclement. Mardi 28 mars, Darmanin a décidé d’y ajouter une nouvelle strate, en déclarant vouloir dissoudre Les Soulèvements de la Terre, l’un des collectifs à l’origine de la mobilisation contre ce projet de mégabassine, aux côtés de la Confédération paysanne ou de Bassines non merci. Juridiquement complexe à mettre en place (Les Soulèvements n’étant pas une association mais un rassemblement de multiples fermes, collectifs, ONG, sections syndicales…), cette dissolution annoncée s’inscrit en tout cas dans la droite ligne de la politique affichée par le ministre de l’Intérieur : faire des militants écologistes des « éco-terroristes » et museler, par tous les moyens, les mouvements environnementaux. Et tandis que des champs en France se métamorphosent en scènes de guerre, les nappes phréatiques se vident, la sécheresse atteint des niveaux records. Les mégabassines, projets au service d’une agriculture intensive ultra vorace en eau, sont-elles la solution ? Telle est LA question vitale, essentielle, du partage de l’eau, que les militants de Sainte-Soline tentent de mettre au centre du débat… et que Darmanin fait tout pour escamoter. Parallèlement à cela, le soi-disant Plan Eau est la continuation de la fuite en avant car les principaux usagers de l’eau ne sont pas concernés ! Et le même jour, pour bien montrer qu’il ne veut rien changer à l’agriculture, le gouvernement revient sur une interdiction de pesticide cancérigène, très utilisé sur les cultures de maïs, le S-métolachlore, qui se décompose en sous-produits responsables d’une vaste pollution des nappes phréatiques françaises, comme il l'avait fait pour le glyphosate ! Rappeleons quand même que plusieurs projets de bassines ont été condamnées par la justice mais se construisent malgré tout. Au secours !

Publié dans Chroniques

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L'image comme geste politique contre l’oubli et l'injustice

Publié le par Michel Monsay

L'image comme geste politique contre l’oubli et l'injustice

Lion d'or à la Mostra de Venise, chose assez rare qu'un grand festival décerne sa plus haute récompense à un documentaire, Toute la beauté et le sang versé mêle le combat de l’artiste Nan Goldin contre la famille Sackler, responsable de la crise des opiacés aux États-Unis, au portrait sensible de cette grande photographe des marges. Il était presque inévitable qu'elles se croisent un jour. L’une, Laura Poitras, est une documentariste américaine engagée qui poursuit un travail critique sur l’Amérique post-11-Septembre. De l’occupation américaine en Irak à la surveillance de masse dévoilée par Edward Snowden, en passant par Guantanamo, sa trilogie – My Country, my Country (2006), The Oath (2010) et Citizenfour (2014), Oscar du meilleur documentaire, – dénonce la radicalisation sécuritaire de son pays, et lui a valu d’être placée sur une liste de surveillance antiterroriste par le FBI. L’autre est une artiste photographe mondialement connue, qui a fait de sa vie dans les marges la matière de son œuvre et la source de son activisme en faveur des invisibles de la société américaine. La cinéaste dresse un portrait foisonnant de Nan Goldin, figure essentielle de la scène américaine underground depuis la fin des années 1970. Avec la complicité de son modèle et avec une utilisation constamment inventive des images d'archives, Laura Poitras évoque une existence balisée par de nombreux excès et drames : drogue, prostitution, décès précoces de plusieurs proches balayés par le sida, suicide de sa sœur aînée en 1963 alors que Nan était âgée de 11 ans. Dépourvu de sensiblerie et d'apitoiement, le film ne se contente pas de retracer les grandes étapes d'une vie chaotique. Parallèlement le documentaire revient en détail sur le combat que mène depuis des années Nan Goldin avec le collectif PAIN contre la famille Sackler, propriétaire de la multinationale Purdue Pharma. Cette dernière est responsable de la commercialisation de médicaments antidouleur (dont l'OxyContin) qui ont provoqué des addictions en masse et le décès de 500 000 personnes. Or, le nom de la puissante dynastie Sackler est en tant que généreux mécène présent dans les musées du monde entier. Le film, admirablement construit, mêle plusieurs niveaux de récits allant de l’intime au politique et, à travers la trajectoire de cette artiste, donne à voir tout un autre pan de l’histoire de l’Amérique, notamment l'échec et le déni des politiques publiques en matière de santé, mais aussi les ravages du libéralisme préoccupé par le profit au détriment de la vie humaine.

Publié dans Films

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Au secours !

Publié le par Michel Monsay

Au secours !

En plus d'être totalement sourd à tout ce qui ne vient pas de lui, persuadé d'avoir raison seul et contre tous, le banquier qui nous dirige est, par son comportement depuis le début des contestations, la principale cause de la colère qui enfle dans le pays. Et maintenant il déplace le débat et ne voit que les violences lors des manifestations, s'en prend à la France Insoumise et s'érige en garant de l'ordre en étant aveugle aux violences policières. Arrestations arbitraires, violences disproportionnées, accusations d’agressions sexuelles… La brutalité du maintien de l’ordre français fait à nouveau la une, alors que la mobilisation contre la réforme des retraites et le passage en force du gouvernement s’intensifie et qu’une manifestation écologiste à Sainte-Soline contre des mégas bassines jugées pourtant illégales par la justice, dans les Deux-Sèvres, s’est terminée le 25 mars avec deux cents blessés, dont deux avec pronostic vital engagé. ONG et observateurs étrangers, dont le rapporteur de l’ONU sur les questions de libertés et le Conseil de l’Europe ou Amnesty International, s’alarment des violences policières dans les manifestations en France, documentées et condamnées depuis plusieurs années. Forcément avec Darmanin en Ministre de l'Intérieur, ça ne peut pas être autrement. Qui peut encore défendre Macron et sa clique qui, quel que soit le domaine favorise les puissants au détriment du peuple ? Vous pouvez vérifier, toutes les décisions prises depuis qu'il est au pouvoir vont dans ce sens. Le monde qu'il nous propose fait vraiment peur et sa manière de gouverner ouvre un boulevard à Le Pen !

Publié dans Chroniques

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Merveilleux hymne à la vie et à la liberté

Publié le par Michel Monsay

Merveilleux hymne à la vie et à la liberté

La vie, le douzième album d’Arthur H, est un disque-film, réalisé comme un travelling passant devant les différents stades de l’existence. Un passionnant voyage initiatique avec des chœurs et des cordes somptueuses qui nous emportent. C'est une réflexion philosophique sur la pulsion de vie et tout ce qui la met en péril : les écrans, les algorithmes, qui n’ont de rythme que la répétition. Ce magnifique album est aussi un voyage fantasmagorique qui se réécoute en boucle pour en savourer toutes les mélodies et les harmonies arrangées par l’excellent Nicolas Repac. Les mots poétiques d’Arthur H écrits avec sa compagne,  l'artiste plasticienne Léonore Mercier, laissent toute la place à l’imagination et à l’innocence. Depuis le début de sa carrière, il explore les styles d’un album à l’autre. Dans celui-ci il développe sa passion pour la musique classique et les musiques de films en déployant le vertigineux lyrisme de sa voix grave et cabossée. Ce disque d’Arthur H est un printemps de tous les instants. C’est la vie qui bat, comme une force qui ne lâche pas. Il la célèbre mais pas de façon béate, mais entière, avec ses tensions, ses incohérences, ses pulsions de mort, ses paradoxes. Avec ses chansons si particulières, sensibles et parfois spirituelles, Arthur H nous propose un univers épris de liberté et de vitalité, même dans celles qui décrivent les prisons du monde moderne : Addict et La folie du contrôle. Parce que notre société de consommation a pollué notre façon de rêver, de vivre, et d’aimer, il a écrit cette chanson Addict comme une injonction à retrouver notre liberté, et le bonheur simple d’apprécier la beauté de la vie. Secret, chanson forte et sombre, incontournable au milieu du disque, est l’évocation pudique de l’abus que son père, Jacques Higelin, disparu en 2018, a subi enfant. Orchestrations flamboyantes, poésie superbe, et cette voix reconnaissable entre toutes, à la Tom Waits, Arthur H nous offre un disque lumineux et d'une passionnante créativité.

En voici deux pépites :

Publié dans Disques

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Coup de théâtre en Terres australes

Publié le par Michel Monsay

Coup de théâtre en Terres australes

Un enseignant au cœur brisé s’embarque pour l’archipel des Kerguelen, le plus austral des territoires français, où sa vie sera bouleversée. Cet album transporte dans un ailleurs, géographique, temporel, mais également psychologique. Il souligne à quel point l’individu peut être perçu comme un grain de sable à broyer afin qu’il ne grippe pas une certaine mécanique. Installé depuis toujours à La Réunion, le scénariste de bande-dessinée Appollo connaît l’histoire de son île comme sa poche et en tire des albums incisifs et passionnants (La Grippe coloniale, Chroniques du léopard). Avec La Désolation, il quitte cette fois la douceur des tropiques pour une terre inconnue austère et hostile, biotope préservé et coupé du monde, qui abrite une importante faune sauvage. Si la première partie de l’histoire, fourmille de portraits vachards et de situations cocasses entre scientifiques et touristes de l'extrême, la seconde, elle, est totalement inattendue. Il est rare aujourd’hui qu’un scénario prenne autant ses lecteurs par surprise, qu’il les bouscule à ce point. Le dessin est au diapason du scénario, Christophe Gaultier se montrant aussi à l’aise dans les éléments à base documentaire que dans ceux de pure fiction. Il alterne grande précision et éléments esquissés, s’aventurant parfois sur le terrain du grotesque, rendant ainsi pleinement compte de la diversité des atmosphères, situations et enjeux. Épaulé par le dessin ténébreux de Christophe Gaultier, le scénario d’Appollo contracte avec jubilation les ressorts de la fable pour porter le fer dans la plaie béante des atteintes faites à la biodiversité, et interroger quant à la place de l’Homme sur la Terre, sa modernité envahissante et destructrice.

Coup de théâtre en Terres australes
Coup de théâtre en Terres australes
Coup de théâtre en Terres australes

Publié dans Livres

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Mascarade de justice et puissante charge anticolonialiste

Publié le par Michel Monsay

Mascarade de justice et puissante charge anticolonialiste

Hélier Cisterne, réalisateur de la série Le monde de demain et de plusieurs épisodes du Bureau des légendes, adapte un roman de Joseph Andras paru en 2016, qui relate un fait divers méconnu de la période des prémices de la guerre d’Algérie, en 1954. Au centre du récit, Fernand, un jeune Français installé en Algérie, militant communiste qui s’engage pour l’indépendance du pays, encore colonie française, et qui finit par être condamné pour avoir posé une bombe, impropre à faire la moindre victime, sur son lieu de travail. Ce personnage est interprété avec une belle sobriété par Vincent Lacoste, qui ajoute à sa froide détermination son éternelle lueur enfantine. Du contexte historique, le réalisateur n’évacue aucun sujet polémique, que ce soit la justice militaire aveugle et punitive, les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires, et le rôle joué par François Mitterrand, à l’époque garde des Sceaux, dans la condamnation à mort du héros. En aplomb de cet aspect très documenté déjà passionnant en soi, le film propose une poignante histoire d’amour. Ce jeune Fernand tombe amoureux d’Hélène, lumineuse Vicky Krieps. Cette romance contraste avec la violence de la lutte. La double temporalité du film associant par flash-back la rencontre du couple et l’arrestation du militant met en évidence la dualité d’une trajectoire de vie. Le contraste est aussi celui d’un pays méditerranéen dont la lumière et la chaleur sont assombries par une violence inouïe. Le film oscille entre des postures ambivalentes, tiraillé entre passion et conviction, normalité et bravoure, fragilité et puissance. Fernand est une figure de la résistance presque malgré lui, il est surtout un modeste ouvrier au tempérament instinctif pris dans la tourmente d’une période peu ordinaire. Le film montre à quel point une guerre peut révéler les individus, leur donner une grandeur comme les détruire. Pour y parvenir, le cinéaste emploie le format 35 mm, et opte pour une mise en scène sobre et rigoureuse, qui rappelle le cinéma de Jean-Pierre Melville, privilégiant le déroulement précis des événements sans chercher à éclairer les zones d’ombre et sans s’encombrer des artifices de la reconstitution historique. En même temps qu’interroger la représentation d’une guerre, Hélier Cisterne pose un regard passionnant et singulier sur l’engagement et son impact sur l’intimité d’un couple.

De nos frères blessés est à voir ici pour 2,99 € en location.

Publié dans replay

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