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Le jazz dans tous ses états

Publié le par Michel Monsay

Le jazz dans tous ses états

A l’occasion de son 53ème album de la collection « 100 photos pour la liberté de la presse », Reporters sans frontières (RSF) s’associe à la célèbre agence Magnum afin de nous proposer une superbe sélection de moments insolites, émouvants ou simplement beaux mettant en scène des musiciens de jazz. Cette musique qui se conjugue forcément en noir et blanc apparaît ici à travers ses plus grands interprètes, que les photographes de Magnum ont saisis merveilleusement en concert ou lors de moments plus intimes. On sent dans ces clichés toute la spontanéité du jazz, l’improvisation, la performance, les gestes, les postures, on entend presque les notes s’envoler des instruments. En plus de ces très belles photos qui nous racontent le jazz sous toutes ses formes, il y a dans l’album des textes d’amoureux de cette musique fascinante comme Jean-Pierre Marielle, Jacques Gamblin ou la grande romancière Toni Morrison et un sublime dessin de Sempé. Enfin pour compléter l’ensemble et comme dans chaque album de RSF, l’organisation fait le point sur la liberté de la presse dans le monde à travers une carte, des reportages, un dossier sur le journalisme d’infiltration et l’interview d’un grand journaliste d’investigation allemand. En 2016, 74 journalistes sont morts dans l’exercice de leur métier, RSF se bat quotidiennement contre cela et la vente de ces albums constitue une ressource essentielle pour l’ONG.

 

Jazz – 100 photos pour la liberté de la presse – Reporters sans frontières – 144 pages – 9,90 €.

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Emouvant hommage à travers une quête de la vérité d’une vie

Publié le par Michel Monsay

Emouvant hommage à travers une quête de la vérité d’une vie

En remportant le Prix des prix littéraires, qui récompense depuis 2011 le meilleur livre parmi les huit grands prix littéraires attribués à l’automne, « Laëtitia ou la fin des hommes » confirme qu’il est bien l’une des plus belles réussites de 2016. Egalement lauréat du Prix Médicis et du Prix littéraire Le Monde, Ivan Jablonka, écrivain et historien de 43 ans, a écrit un livre hybride entre roman, récit et essai qui démontre parfaitement ce que la littérature peut apporter au réel tout en lui étant d’une fidélité scrupuleuse. L’auteur a mené une enquête auprès des proches de Laëtitia Perrais, cette jeune fille de 18 ans sauvagement assassinée en janvier 2011 près de Pornic, mais aussi auprès des magistrats, avocats, journalistes, gendarmes et autres personnes ayant été mêlées à cette affaire. Il a aussi dépouillé les archives concernant la victime et a assisté au procès de son meurtrier. Le résultat est sidérant autant pour la reconstitution glaçante de la vie et la mort de Laëtitia, que pour la radiographie implacable d’une certaine société française à la périphérie des villes, faite d’inégalités et de pauvreté. Le constat se fait à plusieurs niveaux, celui de l’environnement de Laëtitia, qui a passé sa courte vie dans une insécurité quasi permanente entre alcoolisme, violence, inceste, et qui malgré tout tentait de s’en sortir. Celui de l’Etat avec un Président qui s’empare avec populisme de la vive émotion d’un fait divers pour incriminer la justice. Mais aussi d’un point de vue social, où les hommes continuent à faire tant de mal aux femmes voire aux enfants. Admirablement construit, ce livre essentiel redonne vie à Laëtitia pour la faire exister au-delà de ce crime abject dont elle a été victime et du meurtrier qui l’a commis. Pour une fois qu’un écrivain n’est pas fasciné par le prédateur mais s’emploie à restituer sa dignité à l’absente, on ne peut que remercier Ivan Jablonka, qui a rendu Laëtitia inoubliable.

 

 

Laëtitia ou la fin des hommes – d’Ivan Jablonka – Editions du Seuil – 366 pages – 21 €.

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L’effondrement des certitudes

Publié le par Michel Monsay

L’effondrement des certitudes

Passionné d’art sous toutes ses formes, après de brillantes études littéraires, Luc Lang en parallèle de sa carrière d’écrivain enseigne l’esthétique à l’Ecole nationale supérieure d’arts. A 60 ans, il sort un magnifique onzième roman à lire, à voir, à entendre tant son pouvoir sensoriel est éclatant. La langue de cet écrivain est un pur bonheur. Avec une utilisation de la ponctuation très originale, un incroyable sens du rythme, cette histoire puissante, admirablement mise en mots et construite, est dotée d’un pouvoir de fascination irrésistible qui nous enchaîne à son héros comme pour vivre au plus près le cataclysme qu’il doit affronter. On le suit de Paris en Normandie, puis dans les Pyrénées et jusqu’au Cameroun dans une tension quasi permanente, où l’on peut mesurer la fragilité du bonheur, la méconnaissance de l’autre, le poids des secrets de famille, la capacité humaine à rebondir, à se reconstruire, à se remettre en question. Les descriptions d’une précision virtuose aussi bien lorsqu’il s’agit de paysages, de l’univers dans lequel évoluent les protagonistes, que de la géographie intérieure du personnage central et de ses relations avec les autres, tout contribue à donner un relief impressionnant à cette histoire. Nous sommes un vendredi soir, un homme de 37 ans est au téléphone avec sa femme lorsque la communication se coupe, il essaie de la rappeler mais impossible de la joindre. Elle a un poste important au Havre et rentre le vendredi dans sa maison à Saint-Mandé, tout près de Paris, pour retrouver son mari et ses deux enfants. Sauf que cela fait plusieurs semaines qu’elle ne rentre que le samedi en fin de matinée. Déçu, il espérait que pour leurs dix ans de mariage, même s’ils ne doivent le fêter que le lendemain, elle rentrerait vendredi soir. Après avoir dîné avec ses enfants et avoir cogité sur la raison de ce dérèglement, il s’endort devant son ordinateur. A 4h du matin, il est réveillé en sursaut par le téléphone, c’est la gendarmerie qui lui annonce que sa femme a eu un grave accident de voiture. C’est beau un écrivain au sommet de son art, on se demande vraiment quels sont les critères d’attribution des prix littéraires et comment les différents jurys ont pu oublier une telle merveille.

 

Au commencement du septième jour – Un roman de Luc Lang – Editions Stock – 538 pages – 22,50 €.

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Tout pour réussir sa vie, et pourtant …

Publié le par Michel Monsay

Tout pour réussir sa vie, et pourtant …

Pour son douzième roman, Catherine Cusset rend un vibrant hommage à son meilleur ami qui s’est suicidé en 2008 à l’âge de 39 ans. Elle élabore sans concessions un portrait vivant, bouleversant et très original en s’adressant directement à lui. Le livre est écrit à la deuxième personne du singulier, comme si la narratrice qui n’est autre que Catherine Cusset s’était mise dans la tête de son ami, pour revivre sa vie en se servant de la fiction afin de combler les ignorances. A 53 ans la romancière française vivant à New-York, qui est en lice pour le prix Goncourt pourrait bien cette année décrocher le gros lot tant cet autre qu’on adorait nous touche profondément. Son écriture brillante, son style direct, rapide, parfois cruel mais qui sait se faire tendre, nous entraîne sur les traces d’un homme qui a tout pour réussir et être heureux, mais dont le caractère imprévisible par moments, les maladresses, les mauvais choix vont peu à peu assombrir son horizon. En nous dévoilant dès le prologue la fin de l’histoire, l’auteure nous invite à essayer de comprendre avec elle ce qui a poussé son ami à en arriver là. Une jeune femme de 22 ans reçoit le prix du meilleur mémoire de fin d’études lors d’un cocktail dans une université à Richmond aux Etats-Unis. Si elle aperçoit le sourire chaleureux d’une amie au premier rang, elle ne voit pas son petit ami, professeur de 39 ans dans cette université, pourtant repérable avec son mètre quatre-vingt-dix. Les deux femmes s’éclipsent à la fin des discours et se rendent au domicile de Thomas, qu’elles découvrent mort avec un sac sur la tête et les copies de ses étudiants répandues à ses pieds. Ce tableau en clair-obscur explore avec une saisissante lucidité et une intensité psychologique la descente aux enfers de cet ami qui dévore la vie, passionné de musique, de cinéma, naturellement doué, entouré d’amis, de femmes, mais se heurtant à de nombreuses désillusions qui le fragilisent chaque fois un peu plus.

                                                                                                                      

 L’autre qu’on adorait – Un roman de Catherine Cusset – Gallimard – 291pages – 20 €.

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Une fresque morale d’une grande puissance

Publié le par Michel Monsay

Une fresque morale d’une grande puissance

Certains le considèrent comme l’un des tous meilleurs romanciers américains de sa génération, une chose est sûre depuis son précédent livre, Freedom, Jonathan Franzen a pris une impressionnante dimension. A 56 ans, il ne s’agit pourtant que de son 5ème roman, mais chaque fois ce sont des œuvres amples et foisonnantes qui lui demandent des années de travail. A l’image de son dernier, qui nous passionne par sa richesse de narration et ses nombreux personnages admirablement sentis, dont nous découvrons les connexions au fil des pages. Purity nous saisit aussi par sa construction virtuose, l’intelligence de ses dialogues et de sa langue pour décrire l’intime comme le contexte dans lequel se déroule l’action. Le romancier nous donne à réfléchir sur la transparence, à l’heure des lanceurs d’alerte, d’un Internet de plus en plus puissant, et sur les secrets tant personnels que de nos sociétés. Également sur les conséquences des mensonges et des lâchetés dont l’humain est capable. Le livre démarre sur une des conversations téléphoniques qu’une jeune femme, Pip, a tous les jours avec sa mère, lors de la pause-déjeuner du job alimentaire qui lui permet de commencer à rembourser son prêt étudiant de 130 000 dollars. Si de son côté, elle cherche à donner une direction à sa vie, sa mère quant à elle est une déprimée chronique, quelque peu bizarre, possessive, et leur relation est faite d’amour et de chamailleries. Habitant toutes les deux en Californie mais séparées par une centaine de kilomètres, Pip lui propose de venir la voir le week-end suivant pour aborder entre autres un sujet délicat : l’identité de son père que sa mère n’a jamais voulu lui révéler. Ce formidable roman, qui nous emmène dans différentes villes des Etats-Unis, en Bolivie et dans l’ex Allemagne de l’Est, mêle habilement rebondissements, flashbacks, sens du mystère et du suspense, pour nous offrir un immense bonheur littéraire qui ne faiblit jamais d’un chapitre à l’autre.                         

                                                                                                                      

Purity – Un roman de Jonathan Franzen – Editions de l’Olivier – 744 pages – 24,50 €.

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Un petit roman noir comme on les aime

Publié le par Michel Monsay

Un petit roman noir comme on les aime

Sans superflu ni fioritures, ce polar très original est mené tambour battant de la première à la dernière page dans un style direct assez jouissif. Ecrivaine américaine de 47 ans dont c’est le onzième roman mais seulement le premier à être traduit en France, Christa Faust a un parcours pour le moins atypique puisqu’elle a travaillé dans l’industrie du porno et des peep-shows durant une dizaine d’années. C’est d’ailleurs de cet univers dont il s’agit en arrière-plan et par moments au premier plan de l’intrigue remarquablement construite, qui nous réserve moult rebondissements et une progression sans concessions ni ménagements. Cette histoire plus vraie que nature qui laisse entrevoir le marché inhumain entre pornographie et prostitution, que développe des sales types au détriment de très jeunes femmes venues de l’Est, fait froid dans le dos et donne des envies de meurtres. L’auteure avec un vrai sens du rythme et de l’humour nous conte à la première personne les déboires d’une femme qui pourrait être son jeune double, aux prises avec une galerie de personnages haut en couleurs ou patibulaires. Cela commence dans le coffre d’une voiture où se trouve une ancienne star du X attachée, bâillonnée, laissée pour morte et qui peu à peu refait surface. Elle s’est pourtant tenue à l’écart de la drogue et a su raccrocher à tant pour monter sa propre agence de filles qui officient dans ce domaine, mais elle s’est laissée tenter par un retour alléchant qui a mal tourné. La romancière joue avec les clichés du polar en leur donnant un sacré coup de fraîcheur, elle nous fait aimer son héroïne dès les premières lignes et l’empathie envers cette femme qui ne s’en laisse pas compter malgré les apparences, ne fait que s’accentuer au fil des épreuves qu’elle doit affronter.

                                                                                                                      

Money shot – Un roman de Christa Faust – Editions Gallmeister – 238 pages – 17,50 €.

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Dans les entrailles de New-York

Publié le par Michel Monsay

Dans les entrailles de New-York

Il y a d’un côté ses romans, le premier d’entre eux, « Les seigneurs » publié en 1974 à l’âge de 24 ans, avait déjà été très remarqué et adapté au cinéma. Puis de l’autre ses scénarios, notamment « La couleur de l’argent » de Martin Scorsese. Par ses deux activités, Richard Price est l’un des plus grands écrivains de l’Amérique urbaine, celui pour qui les rues de New-York n’ont pas de secret, même les plus mal famées. A 66 ans, ce natif du Bronx nous éblouit dans son neuvième roman par sa capacité à retranscrire le quotidien sordide d’une brigade de nuit de la police newyorkaise avec une incroyable justesse, mais aussi et peut-être surtout par son talent à dépasser les limites du polar pour creuser ses personnages et les confronter au sens de leur vie. Au fil de la passionnante double intrigue, l’auteur questionne la notion de justice, d’amitié, de vengeance, du devoir, dans un style réaliste et direct mais avec une touchante humanité que l’on n’attend pas forcément dans un tel contexte. Richard Price se sent bien au milieu de ces gens de l’ombre qui peuplent ses romans, les policiers bien évidemment, leurs familles mais aussi les criminels et les victimes. Tout au long de sa vie il les a côtoyés, observés et la description de leurs faits et gestes est minutieuse et fascinante. Nous pénétrons au cœur de Manhattan à une heure du matin en compagnie de Billy Graves, qui dirige la brigade de nuit du NYPD censée couvrir tous les délits criminels de ce quartier newyorkais. Comme chaque nuit, il ne sait pas ce que lui réservent les prochaines heures et espère au fond de lui le moins possible d’échauffourées voire de meurtres en cette nuit de la Saint-Patrick. Mais après quelques interventions bénignes, il est appelé sur une scène de crime et pas n’importe laquelle puisqu’il reconnait le cadavre d’une sinistre connaissance, coupable d’un homicide huit ans plus tôt qui s’en était sorti sans une condamnation. Remarquablement construit et dialogué, ce roman puissant nous tient en haleine d’un bout à l’autre, tout en mettant en perspective un questionnement moral à travers de nombreux personnages plus complexes qu’il n’y paraît et fort bien dessinés.

                                                                                                                      

The whites – Un roman de Richard Price – Presses de la Cité – 415 pages – 21 €.

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Un suspense sentimental d’une rare délicatesse

Publié le par Michel Monsay

Un suspense sentimental d’une rare délicatesse

A contretemps de notre époque où tout va très vite, Patrick Lapeyre, à la fois dans son approche du métier de romancier et dans le contenu de ses écrits, aime prendre son temps et cultive merveilleusement la patience et l’attente. Pour son huitième roman, cet écrivain de 66 ans nous offre une histoire toute en délicatesse, elle aussi en décalage avec le pragmatisme et le culte de la réussite qui caractérisent notre société. Ses protagonistes sont des antihéros qui hésitent, manquent de confiance en eux, préfèrent la conversation ou le silence au passage à l’acte, et aiment se promener  dans la nature. La construction utilisée par Patrick Lapeyre, que beaucoup de romanciers aujourd’hui ont adoptés qui consiste à alterner les récits, a un réel intérêt ici puisqu’elle nous permet de mieux comprendre Homer, le personnage principal. Fait de courts chapitres d’une très belle écriture, le roman nous fait revivre en alternance des épisodes de l’enfance d’Homer ainsi que la vie de ses parents, et sa rencontre avec une femme que leurs conjoints respectifs ont quitté pour vivre ensemble. Le livre démarre justement lorsque ce grand dégingandé d’origine suisse alémanique vivant à Paris, la quarantaine, plutôt maladroit et timide, arrive dans la maison en Seine et Marne de cette femme pour faire sa connaissance. D’emblée, ils parlent de leurs anciens compagnons pour savoir s’ils ont des nouvelles depuis un an et demi qu’ils sont partis ensemble, puis évoquent les dégâts causés par leur histoire respective et leur capacité à tourner la page. Au fil de l’intrigue, une étrange relation se noue entre eux, qui va évoluer progressivement, lentement, à la manière d’adolescents qui n’osent pas, qui se frôlent. A l’opposé de cette touchante naissance du désir, on assiste ponctuellement au délitement de deux couples, celui de leurs ex et celui des parents d’Homer. Par son indolence, ses manières d’un autre temps, ses personnages atypiques, son écriture sensible, son humour discret, ce roman fait un bien fou par les temps qui courent.

                                                                                                                      

La splendeur dans l’herbe – Un roman de Patrick Lapeyre – P.O.L. – 378 pages – 19,80 €.

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Du grand art

Publié le par Michel Monsay

Du grand art

Finaliste du Prix Pulitzer, ce roman est un pur chef-d’œuvre mêlant habilement les genres, de l’espionnage au thriller en passant par le roman sentimental de haut-vol, avec en toile de fond la guerre et ses dérives mais aussi les manœuvres géopolitiques des Etats-Unis et leurs conséquences. Écrivain américain de 64 ans qui a été correspondant de guerre et membre de l’agence américaine pour la paix « Peace Corps », Bob Shacochis aura eu besoin de dix années de travail pour concocter ce roman impressionnant, tant par la virtuosité de son architecture que par l’intelligence de son écriture, la maîtrise du contexte politique et historique sur plus de 50 ans, et enfin la multitude de personnages tous admirablement conçus. En particulier cette femme, au centre de toutes les attentions, fascinante de beauté, d’intelligence, de liberté, de folie, de force et de fragilité enfouie, bref un personnage inoubliable. Cette histoire passionnante est tout à la fois ample, foisonnante, complexe, elle nous convie autant dans l’intimité des relations entre les personnages qu’à travers une trame plus large où les protagonistes sont confrontés à des tragédies du XXe siècle, que ce soit en Haïti et en Croatie ou aux premiers actes de terrorisme à Istanbul et ailleurs. Le roman démarre en 1998 à Miami, où un avocat qui travaille dans l’humanitaire, est approché par un détective privé qui enquête sur le meurtre d’une américaine en Haïti. Connu notamment pour avoir mis en place une commission de la vérité dans ce pays, suite au coup d’état de 1991 et à l’intervention américaine trois ans plus tard, l’avocat se laisse convaincre d’accompagner le détective pour reconstituer sur place ce qui s’est passé. Il est des livres qui restent à jamais dans notre mémoire de lecteur, celui-ci en fait absolument partie pour sa faculté à nous surprendre tout au long de ses presque 800 pages. Sa fascinante construction, son propos ambitieux et sa puissance romanesque en font un des fleurons de la littérature américaine.

 

                                                                                                                     

La femme qui avait perdu son âme – Un roman de Bob Shacochis – Editions Gallmeister – 789 pages – 28 €.

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Une enquête totalement envoûtante

Publié le par Michel Monsay

Une enquête totalement envoûtante

Après un premier roman qui avait fait sensation en 2007, la romancière américaine surdouée Marisha Pessl a pris le temps de peaufiner son second, qui était forcément très attendu, pour nous offrir une merveille de thriller où la noirceur, le mystère et l’effroi sont parsemés avec virtuosité. A 38 ans, la ravissante américaine a décidément tout pour elle, son intelligence, son imagination nous éblouissent tout au long des 700 pages de ce roman, où elle crée de toutes pièces un cinéaste culte, sa filmographie d’une précision incroyable jusque dans les moindres détails, et son univers personnel très secret. Cet artiste charismatique, qui peut faire penser à Polanski, Kubrick ou Coppola mais en plus sombre, plus terrifiant, semble ne pas mettre de limite entre réalité et fiction dans sa vie. La romancière, en plus de son style qui nous rend très vite dépendants, de la construction impeccable de l’intrigue et de tous ses ressorts, renforce l’aspect réel de son personnage en incorporant des pages Internet plus vraies que nature, des photos et articles de presse qui participent à l’étrangeté de cette histoire fascinante. Un journaliste d’investigation, en faisant son jogging à 2 heures du matin dans Central Park à New-York, aperçoit une jeune femme mystérieuse qui ne semble pas être au meilleur de sa forme, puis la perd de vue avant qu’elle ne réapparaisse sur le quai du métro, mais après que les portes se soient refermées. Le journaliste, frustré, a la nette impression que la jeune femme voulait lui parler. Après ce prologue, nous apprenons que la fille du célèbre cinéaste, sur lequel le journaliste avait enquêté 5 ans plus tôt, ce qui lui avait coûté 250 000 dollars pour calomnie et avait ruiné sa carrière, a été retrouvée morte à 24 ans dans un entrepôt désaffecté. Nous sommes happés dès les premières lignes et la tension ne retombe quasiment jamais dans ce roman époustouflant, qui baigne par moment dans une atmosphère suffocante et nous entraîne dans l’univers inquiétant d’un artiste hors normes.

                                                                                                                     

Intérieur nuit – Un roman de Marisha Pessl – Gallimard – 710 pages – 24,90 €. 

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