Du grand art

Publié le par Michel Monsay

Du grand art

Finaliste du Prix Pulitzer, ce roman est un pur chef-d’œuvre mêlant habilement les genres, de l’espionnage au thriller en passant par le roman sentimental de haut-vol, avec en toile de fond la guerre et ses dérives mais aussi les manœuvres géopolitiques des Etats-Unis et leurs conséquences. Écrivain américain de 64 ans qui a été correspondant de guerre et membre de l’agence américaine pour la paix « Peace Corps », Bob Shacochis aura eu besoin de dix années de travail pour concocter ce roman impressionnant, tant par la virtuosité de son architecture que par l’intelligence de son écriture, la maîtrise du contexte politique et historique sur plus de 50 ans, et enfin la multitude de personnages tous admirablement conçus. En particulier cette femme, au centre de toutes les attentions, fascinante de beauté, d’intelligence, de liberté, de folie, de force et de fragilité enfouie, bref un personnage inoubliable. Cette histoire passionnante est tout à la fois ample, foisonnante, complexe, elle nous convie autant dans l’intimité des relations entre les personnages qu’à travers une trame plus large où les protagonistes sont confrontés à des tragédies du XXe siècle, que ce soit en Haïti et en Croatie ou aux premiers actes de terrorisme à Istanbul et ailleurs. Le roman démarre en 1998 à Miami, où un avocat qui travaille dans l’humanitaire, est approché par un détective privé qui enquête sur le meurtre d’une américaine en Haïti. Connu notamment pour avoir mis en place une commission de la vérité dans ce pays, suite au coup d’état de 1991 et à l’intervention américaine trois ans plus tard, l’avocat se laisse convaincre d’accompagner le détective pour reconstituer sur place ce qui s’est passé. Il est des livres qui restent à jamais dans notre mémoire de lecteur, celui-ci en fait absolument partie pour sa faculté à nous surprendre tout au long de ses presque 800 pages. Sa fascinante construction, son propos ambitieux et sa puissance romanesque en font un des fleurons de la littérature américaine.

 

                                                                                                                     

La femme qui avait perdu son âme – Un roman de Bob Shacochis – Editions Gallmeister – 789 pages – 28 €.

Publié dans Livres

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