Une fresque morale d’une grande puissance
Certains le considèrent comme l’un des tous meilleurs romanciers américains de sa génération, une chose est sûre depuis son précédent livre, Freedom, Jonathan Franzen a pris une impressionnante dimension. A 56 ans, il ne s’agit pourtant que de son 5ème roman, mais chaque fois ce sont des œuvres amples et foisonnantes qui lui demandent des années de travail. A l’image de son dernier, qui nous passionne par sa richesse de narration et ses nombreux personnages admirablement sentis, dont nous découvrons les connexions au fil des pages. Purity nous saisit aussi par sa construction virtuose, l’intelligence de ses dialogues et de sa langue pour décrire l’intime comme le contexte dans lequel se déroule l’action. Le romancier nous donne à réfléchir sur la transparence, à l’heure des lanceurs d’alerte, d’un Internet de plus en plus puissant, et sur les secrets tant personnels que de nos sociétés. Également sur les conséquences des mensonges et des lâchetés dont l’humain est capable. Le livre démarre sur une des conversations téléphoniques qu’une jeune femme, Pip, a tous les jours avec sa mère, lors de la pause-déjeuner du job alimentaire qui lui permet de commencer à rembourser son prêt étudiant de 130 000 dollars. Si de son côté, elle cherche à donner une direction à sa vie, sa mère quant à elle est une déprimée chronique, quelque peu bizarre, possessive, et leur relation est faite d’amour et de chamailleries. Habitant toutes les deux en Californie mais séparées par une centaine de kilomètres, Pip lui propose de venir la voir le week-end suivant pour aborder entre autres un sujet délicat : l’identité de son père que sa mère n’a jamais voulu lui révéler. Ce formidable roman, qui nous emmène dans différentes villes des Etats-Unis, en Bolivie et dans l’ex Allemagne de l’Est, mêle habilement rebondissements, flashbacks, sens du mystère et du suspense, pour nous offrir un immense bonheur littéraire qui ne faiblit jamais d’un chapitre à l’autre.
Purity – Un roman de Jonathan Franzen – Editions de l’Olivier – 744 pages – 24,50 €.