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Un mélodrame bienveillant et subtil, lumineux et douloureux

Publié le par Michel Monsay

Un mélodrame bienveillant et subtil, lumineux et douloureux

Avec ce cinquième long métrage, Rebecca Zlotowski signe à la fois un très beau portrait de femme et une histoire d’amour où la bienveillance l’emporte sur la rivalité, où la masculinité accepte sa part féminine et où les archétypes se déconstruisent par un pas de côté. Avec l’intelligence qu’on lui connaît et une délicatesse plutôt nouvelle, la cinéaste interroge sur les liens du cœur aussi forts que ceux du sang, sur le besoin de maternité, sur les multiples façons de créer une famille, à travers le cas d’une fille simple et généreuse qui ne renonce jamais. Une histoire plutôt banale, mais la justesse des situations et la bienveillance des personnages la transforment en une fugue sentimentale follement touchante, avec une fois n'est pas coutume un rôle de belle-mère qui n'est ni caricatural ni secondaire, mais profond et bouleversant. On vibre à l’unisson des émotions de Virginie Efira, magnifique de talent et de volupté, d'une justesse désarmante, trois semaines après Revoir Paris, d'Alice Winocour, l'actrice touche à nouveau en plein cœur. En face d'elle, Roschdy Zem, joue, lui, un autre versant de la masculinité pour la cinéaste, après l’autorité et le charisme au cœur de son rôle de président de la République dans la formidable mini-série télévisée Les Sauvages. L’auteure l’envisage ici dans la pulsation paternelle et dans la sensualité tranquille, et l’alchimie entre les deux embrase l’objectif. Du premier au dernier plan, Rebecca Zlotowski, aussi inspirée quand elle met en scène l'ivresse sentimentale de ses personnages ou les dialogues entre l'héroïne et la fille de 5 ans de son amoureux, excelle à enregistrer ces petits riens qui font parfois les plus beaux films, et qui racontent notamment la mélancolie des rendez-vous ratés avec l'existence, mais aussi l'excitation des rendez-vous réussis avec le désir, l'érotisme et la joie consolatrice. Rebecca Zlotowski allie une grande maturité dans son travail et dans sa vision des fils qui unissent les êtres. L’élégance, la fluidité sans chichis de sa mise en scène, et la combinaison d’un classicisme formel avec un regard contemporain font tout le sel de ce film remarquable.

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Une chronique familiale à l'énergie torrentielle

Publié le par Michel Monsay

Une chronique familiale à l'énergie torrentielle

Avec l'impressionnant La loi de Téhéran, qui avait marqué l’été 2021, Saeed Roustaee s’était révélé aux yeux du monde entier, suscitant ainsi de grandes attentes quant à la suite de sa carrière. Un an plus tard, le jeune réalisateur iranien de 33 ans confirme tout le bien que l’on pensait de lui avec Leila et ses frères, fresque familiale aussi ample et captivante que son opus précédent. Il part de la violence des rapports sociaux entre les individus afin de dévoiler la part d’humanité qui se niche chez eux, nous offrant un regard riche et nuancé sur l’Iran. Ce que dénonce ici le cinéaste, à travers le portrait de cette famille marquée par le dénuement, c’est la vacuité morale qui menace la population iranienne, la perte de ses idéaux. Saeed Roustaee pense que la crise vécue par l’Iran est la source de la vitalité de sa cinématographie, concentrée sur les problématiques sociales, et compare cette situation à celle qui a vu l’émergence du néoréalisme en Italie. La remarque, judicieuse, confirme que la trajectoire de cette chronique familiale rappelle celle de Rocco et ses frères dans son souffle tragique mâtiné de tendresse. Force est de constater l’importance et la richesse de la production iranienne depuis quelques années. À cet égard, l’interdiction de la sortie du film en Iran, et surtout le récent emprisonnement de Jafar Panahi, qu'on ne présente plus, et de Mohammad Rasoulof (Le diable n'existe pas, Ours d'or à Berlin), nous rappellent le grand danger qui pèse sur ces artistes et le courage dont ils font preuve à chacun de leur nouveau projet. Ces tristes événements nous obligent également à porter avec encore plus d’ardeur ces œuvres, surtout lorsqu'elles sont aussi réussies, qui parviennent à échapper à la main de ce régime pour nous offrir la puissance de leur discours, aussi bien politique que poétique. Au centre de cette famille, il y a Leila, cette femme voilée, qu'on pourrait croire soumise, qui est la seule à incarner véritablement la recherche du progrès et à remettre en cause les fondements d’un système patriarcal et hiérarchique à bout de souffle gouvernant toujours la société iranienne. Son personnage, magnifiquement interprété par Taraneh Alidoosti, met en évidence un contraste, un paradoxe même, entre l’image de tradition qu’elle dégage et sa modernité, son intelligence, sa clairvoyance. Ce film remarquablement mis en scène avec une incandescence sacrément féroce, s’avère un puissant et attachant portrait de famille, mais aussi le tableau d'une société plongée dans l’obsession du paraître, qui préfère aujourd’hui se réfugier dans le factice et le mensonge pour conserver un minimum de dignité. Espérons que la colère et les manifestations courageuses qui ont lieu aujourd'hui en Iran, suite à la mort d'une jeune femme arrêtée par la police des mœurs pour un voile jugé mal ajusté, parviendront à faire bouger les choses.

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Un drame pudique et poignant

Publié le par Michel Monsay

Un drame pudique et poignant

En retraçant l’enquête intérieure d’une rescapée d’un attentat parisien atteinte d’amnésie, Alice Winocour tisse un bouleversant récit sur la fragilité de l’existence et la force du collectif. La cinéaste, dont on avait beaucoup aimé son précédent film "Proxima", aborde le sujet délicat des attentats de 2015 avec sensibilité, intelligence et retenue. Miroir d'une brûlure encore vive, "Revoir Paris" a la puissance des instantanés. Dans quelques mètres carrés, l'espace martyr de la brasserie où a lieu l'attentat regroupe tout ce qui fait la capitale : cuisiniers sans papiers, touristes de passage, serveuses précaires, bourgeois biens installés… Alice Winocour, dont le frère est un rescapé du Bataclan, parvient avec une émouvante justesse à raconter le désarroi qui survient après la violence et la peur. Si le spectre des attentats du 13 novembre 2015 plane sur l'ensemble de son film, Alice Winocour choisit de ne jamais les mentionner, contournant le point de vue strictement factuel. A la fois plus universel et plus intime, l'angle que choisit la cinéaste pour rendre compte de l’impact d'un tel traumatisme, sur ceux qui ont survécu ou sur les proches des victimes, épouse la subjectivité de sa protagoniste, dont le point de vue guide autant notre cheminement dans le récit que la mise en scène. Passée la scène de l'attaque, saisissante de réalisme, le film montre non pas la difficulté de continuer à vivre après le choc d’un attentat, mais bien la difficulté de revenir à la vie, au monde. Les comédiens apportent leur talent avec une pudeur de chaque scène et un refus obstiné de la sensiblerie, qui contribue pleinement à la force émotionnelle du film, notamment Virginie Efira une nouvelle fois remarquable.

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Un cinéma à la fois militant et divertissant

Publié le par Michel Monsay

Un cinéma à la fois militant et divertissant

Cinq ans après l'excellent "Get out", le cinéaste américain Jordan Peele revient avec "Nope", un film tout aussi angoissant et maîtrisé dont il ressort une foudroyante étrangeté. Dans un mélange permanent des genres, du western à la science-fiction en passant par l'horreur, Jordan Peele passe de l'effroi au merveilleux dans un bouillonnement créatif. Il emprunte la virtuosité de Spielberg avant de lui opposer sa vision de l'industrie hollywoodienne, jouant autant de nos peurs que de nos nostalgies, avec finesse et psychologie. Nope est le petit-fils spirituel et stylistique des Dents de la mer, E.T., Rencontres du Troisième type et Alien, avec un passage par Premier Contact, de Denis Villeneuve, pour la grâce et la symbolique. Le tout est passé au tamis du western, avec l’humour et l’insolence comme pépites de taille. Le travail sur l’image et sur le son mérite d’être admiré en salle, avis à tous les pantouflards. Fidèle à sa direction éditoriale éminemment politique, le réalisateur vise toujours l’invisibilisation et l’exploitation des Noirs dans l’Histoire et dans le cinéma. Il poursuit ici son antiportrait de l’Amérique par ses marges. En seconde grille de lecture, on trouve la commercialisation de nos sociétés ainsi que la mercantilisation de nos traumas à travers la société du spectacle et la fascination pour les images, dont le film apporte une formidable critique. 

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Un thriller rural suffocant et admirablement interprété

Publié le par Michel Monsay

Un thriller rural suffocant et admirablement interprété

Le cinéaste espagnol Rodrigo Sorogoyen, dont on avait adoré ses trois premiers films sortis en France, change à nouveau d’environnement dans son dernier. Après les rues caniculaires de Madrid dans l'oppressant Que Dios nos perdone (2016), les bureaux feutrés et les coulisses de la politique dans le haletant El Reino (2018), ou le littoral landais dans le tendre-amer Madre (2020), c’est dans un village montagnard laissé pour compte de Galice qu’il pose le décor d’As Bestas. Ce dernier a quelque chose de la synthèse de tous les films qu'a réalisés Rodrigo Sorogoyen par le passé. Il confirme une fois encore les talents de faiseur d'images du cinéaste, qui n'hésite pas à explorer la monstruosité humaine à travers certains plans-séquences redoutables, mais aussi de conteur hors pair. En mêlant les genres et les tonalités, il autopsie les maux qui rongent une Espagne coupée en deux, entre ville et campagne, les mondialisés et ceux qui n'ont plus le droit qu'aux miettes. Une œuvre d'une puissance et d'une acuité remarquables sur la peur et la haine de l'autre, dans lequel les comédiens sont impressionnants de justesse et d'incarnation, notamment Denis Ménochet et Marina Foïs qui jouent en espagnol le plus souvent, mais aussi Luis Zahera sidérant de magnétisme et de violence sourde. Chaque dialogue devient une confrontation d'une intensité inouïe, d'une énergie semblable à celle dégagée par le théâtre. Le film ne se contente pas de captiver par la seule force oppressante de son récit. II frappe aussi par l’incroyable sentiment de vérité qu’il dégage sur deux mondes qui s'opposent et leur incapacité à communiquer. L'excellent Rodrigo Sorogoyen poursuit son investigation de ce qu’on pourrait appeler les limites du jeu social, ce moment où ce qui fait l’évidence bien réglée des relations professionnelle, amicale ou familiale se trouble et se réorganise autour d’un noyau, non plus de concorde, mais d’angoisse et de violence plus ou moins contenue. Rares sont les films qui, comme As Bestas, parviennent à installer un trouble dès les premières images et à ne jamais l'éteindre. Il s'ouvre en effet sur une scène dans laquelle des aloitadores attrapent des chevaux sauvages pour les dompter et couper leur crinière afin de les protéger des parasites. Filmé au ralenti, au plus près des corps comme dans une danse, le moment est tendu, féroce, et annonciateur d'une histoire inquiétante, dérangeante, comme celles que le cinéaste aime arpenter avec un talent sans cesse renouvelé.

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Splendeur et misère du roi du rock

Publié le par Michel Monsay

Splendeur et misère du roi du rock

Réalisateur généreux dans ses mises en scène démesurées, parfois excessives, l'Australien Baz Luhrmann (Moulin Rouge !) s'offre un morceau de choix en réalisant Elvis. Il y raconte l'ascension et le déclin d'Elvis Presley à travers les yeux de son manager pour le moins controversé. Disons le colonel Tom Parker, faute de mieux. Car il n’était pas colonel, pas américain, pas plus Tom que Parker. Sous les traits d’un Tom Hanks rembourré, il est tantôt un salaud détrousseur, tantôt un papy cyniquement protecteur, en tout cas un parasite méprisable trop content d'avoir trouvé une poule aux œufs d'or pour éponger ses dettes de jeu, dont il profitera allègrement tout au long de la carrière du King, mais en plus il est aussi responsable de choix artistiques qui gommeront le côté rebelle et rock du chanteur. Du coup, cet angle choisi par le réalisateur est plutôt regrettable tant Elvis voua un amour-haine à son impresario, qui le propulsa en haut de l'affiche, puis lui coupa les ailes. Heureusement le film ne se résume pas à cette relation et comporte de nombreuses très belles séquences. Dans la première heure, Baz Luhrmann explore l’enfance et la jeunesse du King, ses racines gospel et blues, puis la manière dont sa musique et son attitude, scandaleuse, bousculent l’ordre établi américain, du puritanisme à la ségrégation raciale. Cette heure forme un spectacle rock bouillonnant de sons et d’images, de reconstitution et d’archives, de scènes remarquables (la découverte du gospel et d’une vocation quasi divine), de concerts mémorables (Elvis chante « Trouble » et défie un gouverneur), d’idées pertinentes (rappeler les racines noires de la musique rock) ou hilarantes (la réaction orgasmique du public). Fascinant, hypnotique, Austin Butler est la grande révélation d'Elvis. Il arrive à parfaitement incarner celui qui a fait rêver toute une génération et plus encore. De son déhanché endiablé mondialement célèbre aux micro-expressions du visage et mouvements de cheveux, l'acteur est plus que fidèle à celui qu'il personnifie. Car oui, quand on joue Elvis Presley, on n'interprète pas qu'une célébrité, on incarne une légende. De la même manière qu'Elvis attirait tous les regards, Austin Butler attire la caméra à la manière d'un aimant, et ce jusqu'à la fin, même quand le visage du King a changé et qu'il n'est plus que le fantôme de lui-même. Les séquences musicales sont particulièrement réussies. Baz Luhrmann a l’intelligence de faire entendre les chansons dans leur intégralité au cours de deux reconstitutions de concerts bluffantes. Difficile de ne pas avoir envie de se lever avec les spectateurs de l’International Hotel de Las Vegas quand la rock star, plus sensuelle que jamais, inaugure sur scène Suspicious Minds. Difficile, aussi, de ne pas être ému aux larmes quand le King, empâté et l’air hagard deux mois avant sa mort, retrouve un bref instant l’énergie du showman pour une reprise magnifique d’Unchained Melody. Que l’on soit fan d’Elvis ou pas, ce film rappelle, pour ceux qui l'avaient oublié ou ne le connaissent pas, la puissance scénique, le charisme et la voix exceptionnelle de cet artiste.

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Un polar mélancolique, habité et suffocant

Publié le par Michel Monsay

Un polar mélancolique, habité et suffocant

Dominik Moll, que l'on a découvert en 2000 avec "Harry, un ami qui vous veut du bien", un thriller brillant et dérangeant qui avait obtenu quatre Césars, est un cinéaste rare et précieux, seulement six films, dont l'excellent "Seules les bêtes" il y a trois ans et deux participations à des séries en 22 ans. Il revisite ici adroitement le polar et dresse un vibrant plaidoyer contre la violence faite aux femmes en posant une réflexion très mélancolique, d’ordre presque philosophique, sur l’apparente et triste impossibilité systémique, irrationnelle, d’une égalité entre le masculin et le féminin. Cinquante nuances de misogynie, de la plus claire à la plus foncée. Chaque interrogatoire de l'enquête menée prive un peu plus d’air le spectateur. La précision du tableau inscrit le film dans la lignée de L.627 de Bertrand Tavernier, modèle de ces films criminels réalistes qui montrent le travail quotidien de la police, très éloigné de la mythologie longtemps véhiculée par le cinéma. Tous les comédiens participent à la justesse de ton de la première à la dernière image, et les deux principaux, Bastien Bouillon et Bouli Lanners sont particulièrement remarquables. Dans les décors naturels à la fois sublimes et oppressants des Alpes, un territoire qu’il filme comme une sorte de prison à ciel ouvert, Dominik Moll, loin des conventions du genre exploitées dans un nombre incalculable de films poussifs et de séries prévisibles, entraîne le spectateur dans les méandres d’une enquête où l’identité du meurtrier importe moins que les interrogations des policiers sur leur métier et sur la sauvagerie des hommes. Dominik Moll et son co-scénariste de toujours Gilles Marchand orchestrent une comédie humaine qui ne nous épargne rien de nos aberrations contemporaines, à travers des dialogues empreints de finesse, de force et de férocité. On rit parfois du bon mot d'un suspect, de la bêtise d'un prévenu, ou de l'impasse injuste dans laquelle s'enferre l'institution policière, qui fait état aussi de la dégradation d’un service public dénué de moyens . Admirablement amené, tout en rupture de ton, le rire est ici d'autant plus douloureux qu'à la manière d'une pointe de cristal, il a pour qualité première son tranchant, et les immondices par trop humaines qu'il dévoile. On sort sonnés d’y avoir appris, comme pour la première fois, que la misogynie est le sujet fondamental du polar. Qu’à travers nos films policiers, nos romans noirs et nos faits divers, s’écrit encore et toujours l’effarante biographie de la gent masculine. Des hommes y enquêtent sur les meurtres commis majoritairement sur des femmes, par des hommes.

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Un délice de raffinement et d'intelligence

Publié le par Michel Monsay

Un délice de raffinement et d'intelligence

Park Chan-wook s’est imposé depuis près de vingt ans comme l'un des plus passionnants représentant d’un cinéma sud-coréen à la fois exigeant et populaire, d'abord avec des films assez violents comme "Old boy", puis il a infléchi son style vers plus de douceur et de subtilité il y a six ans avec le magnifique "Mademoiselle". "Decision to Leave" prolonge brillamment le mouvement. En remportant le Prix de la mise en scène il y a un peu plus d'un mois au Festival de Cannes, amplement mérité aux dires de tous les observateurs, le cinéaste a été récompensé pour son niveau de maîtrise dramaturgique et esthétique, avec une inventivité visuelle qui saute aux yeux à chaque plan et dans une chorégraphie narrative vertigineuse. Il tord et réadapte en permanence les codes du polar, afin de donner à l'investigation au centre de l'intrigue un arrière-goût de sensualité, et à l'étrange romance, qui nait entre les deux personnages principaux, des airs suspicieux. Les sentiments sont d’une photogénie constante. L’intrigue serpente, avec ses pièges, ses impasses. C’est un dédale de suppositions, un océan de beauté bercé par la 5e Symphonie de Mahler, dans lequel on se perd avec enchantement. On pense au "Vertigo" (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock dans cette relecture du mythe de la femme fatale et dans un jeu de manipulations hitchcockien hautement ambivalent, propice à tous les renversements. Park Chan-wook poursuit ici le geste de cinéma qu’il avait déjà initié avec son chef-d’œuvre "Mademoiselle", en composant une toile de maître d’une extrême précision, où chaque rupture de ton fait sens dans une réalisation d'une élégance rare et une narration virtuose qui bouscule nos repères habituels. Il faut juste accepter de se laisser emporter corps et âme dans un mouvement lyrique fascinant, comme une lame de fond impétueuse, sur un amour impossible, celui de deux êtres qui ne peuvent se quitter.

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La puissance inégalée du grand écran

Publié le par Michel Monsay

La puissance inégalée du grand écran

On n’avait pas ressenti cela depuis un moment : l’excitation éprouvée devant le spectacle d’une grande machinerie qui se met en route, le petit vertige suscité par la mise en orbite d’un blockbuster inspiré et inspirant. Le film évite le piège du simple coup de peinture censé rafraîchir une façade intacte, bien au contraire, il donne un sacré coup de vieux au "Top Gun" original, avec ses effets de style tenant du clip vidéo dont l’impact sur leur époque n’a d’égal que leur ringardise, une certaine idée de la masculinité toxique, et plus généralement une vision très macho d’une Amérique triomphante. Même si le scénario de "Top Gun : Maverick" n'est pas révolutionnaire, l'arrogance du personnage central a disparu et il y a même un peu d'autodérision et d'ironie par-ci par-là, et surtout le film transpire cette envie de ressusciter les films d’action où les effets spéciaux n'étaient pas la règle. Point d'image de synthèse ici, afin de livrer l’expérience la plus authentique possible, les acteurs, grâce à un entraînement intensif de cinq mois, se sont habitués aux principes fondamentaux du vol et de la force G, et ont tourné eux-mêmes leurs séquences dans de vrais F-14 en plein vol, pilotés par des militaires. Plus de 800 heures de rushs ont été emmagasinés afin d'offrir un résultat ébouriffant qui nous colle littéralement à notre siège. Dans la continuité de ses cascades folles sur les derniers Mission : Impossible, Tom Cruise redéfinit avec "Top Gun : Maverick" la notion de grand spectacle, portée ici par un vrai point de vue de mise en scène à l’intérieur de cockpits d’avions lancés à pleine vitesse, et non sur l’expansion toujours plus grande des effets spéciaux. Voilà un message clair adressé à Hollywood par l’une des ultimes stars d’action à l’ancienne : remballez vos fonds verts et vos doublures numériques. A bientôt 60 ans, Tom Cruise continue de repousser ses limites physiques, le temps ne semble pas avoir de prise sur lui. Que l'on aime ou pas l'acteur, force est de constater qu'il n'a pas de rival pour les films de pure action avec de vraies cascades, comme Belmondo à son époque.

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Hilarante comédie à tiroirs qui rend hommage à l’artisanat du cinéma

Publié le par Michel Monsay

Hilarante comédie à tiroirs qui rend hommage à l’artisanat du cinéma

"Coupez !" est une magnifique déclaration d’amour au cinéma mais aussi à ceux qui le font. Avec une structure narrative complexe qui réserve son lot de rebondissements, l’ovni brille par son écriture aux petits oignons, qui manie un humour absurde savoureux dans les dialogues et les situations en décalage complet, et par sa mise en scène inventive, précise et rythmée. Michel Hazanavicius, à qui l'on doit "The artist" et ses innombrables récompenses, mais aussi les deux premiers OSS 117 avec Jean Dujardin, nous offre un bijou de comédie où les vannes fusent aussi rapidement que le grand guignol prend possession de chaque situation. On est dans l’absurde, le burlesque, un grand bazar où chaque personnage arrive à briller dans l’unique but de nous faire rire. Et à ce jeu-là, Romain Duris est désopilant, ainsi que toute la troupe qui s'en donne à cœur joie. Michel Hazanavicius est un cinéaste qui aime le cinéma, dans toute sa dimension, sous toutes ses coutures. Roi du pastiche, du détournement et du montage, il s’attaque avec "Coupez !" au film de genre. Mais un genre peut en cacher un autre. En nous racontant la laborieuse mise en œuvre d’un film de zombies, le réalisateur nous offre une incroyable comédie de cinéma. Les OSS étaient un clin d’œil aux séries B d’espionnage et "The Artist", aux grands mélos made in Hollywood. " Coupez !" est un hommage à ses petites troupes qui fabriquent un film, le bricolent, l’imaginent, se surpassent quand survient la catastrophe, l’imprévu qui ne figure pas dans le scénario. Beauté de l’engagement, on y croit, on tourne, quoi qu’il advienne, quoi qu’il en coûte. Michel Hazanavicius s’amuse de cette mise en abîme en réalisant trois films en un, sans accroc, raccord parfait. Ce film délirant, qui a fait l'ouverture du Festival de Cannes, confirme le talent du cinéaste et de Romain Duris pour la comédie, et offre au spectateur une expérience unique des plus réjouissantes.

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