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Un mélodrame familial intense et fascinant

Publié le par Michel Monsay

Un mélodrame familial intense et fascinant

"Frère et sœur" condense à lui seul tout ce qui fait la grandeur du cinéma d’Arnaud Desplechin. D’abord, comme à son habitude, c’est un film très écrit. L’art, le théâtre, la littérature sont présents à travers les personnages principaux, laissant libre court au cinéaste pour faire rouler son sens du romanesque. C'est un film sensuel, âpre, tourmenté, scandé de brusques instants de douceur. On y hurle et on y chuchote. La caméra, toujours merveilleusement placée, enchaîne de sublimes gros plans, scrute les tremblements d’une paupière, s’attarde sur un regard dans le vague. Les images sont la langue naturelle d'Arnaud Desplechin. Il n’a pas peur des mots non plus. C’est un athlète complet du cinéma, qui pourrait être le fils du grand Bergman. "Frère et Sœur" renoue avec la veine de "Rois et Reine" et "Un conte de Noël" autour des liens conflictuels des membres d'une famille : Secrets, mensonges, trahisons et autres blessures profondes, le cinéaste éclaire un puits de sentiments enfouis. Comme toujours chez le cinéaste, les comédiens ont une partition de haut vol à jouer, qui leur permet d'exprimer totalement l'étendue de leur talent, d'autant qu'ils sont admirablement dirigés. C'est bien sûr le cas ici avec Marion Cotillard et Melvil Poupaud, mais aussi avec les rôles secondaires qui ne sont pas en reste, à l'image de Golshifteh Farahani et Patrick Timsit. A 61 ans, Arnaud Desplechin est décidément l'un des cinéastes les plus passionnants de notre époque, outre la maîtrise et la virtuosité qui transparaît dans chacun de ses films, et celui-ci en est un parfait exemple, de même que les épisodes réalisés pour la deuxième saison de "En thérapie" avec Suzanne Lindon, il y a le magnifique regard qu'il pose sur ses comédiens tout en étant un redoutable explorateur des tréfonds de l’âme humaine.

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Touchante chronique familiale au cœur des années 80

Publié le par Michel Monsay

Touchante chronique familiale au cœur des années 80

L'un des courts-métrages de Mikhaël Hers s'inspirait librement d'un roman de Patrick Modiano, et son premier film, « Memory Lane » (2010), reprenait le titre d'un autre ouvrage de l'écrivain français, observateur si minutieux du travail incertain de la mémoire et du vacillement existentiel. Depuis ses débuts, Mikhaël Hers, un peu à la manière d'un Modiano du cinéma, donne naissance à des fictions délicates où il met en scène des protagonistes fragiles qui tentent de composer avec la violence du monde. Quatre ans après « Amanda », ce film bouleversant sur un jeune homme (Vincent Lacoste) contraint de passer à l'âge adulte après les attentats ayant endeuillé Paris, le cinéaste signe une nouvelle œuvre sensible qui confirme sa place essentielle dans le paysage du cinéma français. Mikhaël Hers, avec son art de l'ellipse et de la suggestion, reste fidèle à lui-même et, loin de toutes surenchères, filme avant tout des moments en creux qui témoignent des blessures secrètes et des états d'âme de ses personnages. C’est un puzzle humain sur les questionnements, les aspirations, la transmission et l’engagement, du tâtonnement à la révélation. La sensibilité du cinéaste se coule dans la description de ses créatures cinématographiques, au gré des jours et des nuits. Il y a de la mélancolie dans ces découvertes successives, soumises à l’abandon des couches du passé, mais il y a surtout un appétit grandissant pour le présent en marche, et pour la promesse de l’inconnu. La forme au lyrisme délicat épouse le propos. Le mélange des différents supports d’images, 16 mm, 35mm, numérique, filtres, archives urbaines des années 80, extraits de films, crée une matérialité palpable, dans laquelle les personnages évoluent avec une légèreté pourtant profonde. Charlotte Gainsbourg trouve ici l'un de ses plus beaux rôles, et Noée Abita, que l'on avait beaucoup aimé dans "Ava" et "Slalom", confirme son talent tout en sensibilité et spontanéité. Peu de cinéastes donnent l’impression, comme Mikhaël Hers, d’être en quête de douceur, sans honte ni mièvrerie, sans besoin non plus de s’en justifier. Une douce nostalgie enveloppe le film, notamment dans les très beaux plans de Paris, et on se laisse emporter par un impressionnisme envoûtant qui parvient à retenir le temps, suprême luxe, que l'on déguste avec un plaisir infini.

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Etouffant et révoltant

Publié le par Michel Monsay

Etouffant et révoltant

Il est des films dont on ressort avec la colère au ventre. Varsovie 83, une affaire d’État fait partie de ceux-là. Ce thriller politique et judiciaire polonais, inspiré de faits réels, raconte comment une bavure policière se transforme en un insupportable cauchemar orwellien, avant de devenir une affaire d’État. Le réalisateur Jan P. Matuszynski évoque dans son film les mensonges, les manipulations, les menaces, les chantages les injustices d’un régime criminel, en l'occurrence la dictature communiste de Jaruzelski, prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. Le cinéaste expose des faits, rien que des faits. Sa caméra observatrice est distanciée et le film ne cherche ni lyrisme ni sentiments. Le choix de la mise en scène, aux couleurs et lumières froides, renforce l’impression d’oppression. La peur, le soupçon et la méfiance habitent la ville, les rues, les immeubles. Grâce à un nombre conséquent de seconds rôles plus vrais que nature, le film révèle les différentes facettes de cette sombre machination. La reconstitution de cette époque est impressionnante jusqu'au moindre détail et participe à la tension qui se dégage de chaque plan. Même si l'on enrage tout au long de cette histoire glaçante, il faut voir ce genre de film pour ne pas oublier, et comme le dit le réalisateur : « C'est en ravivant la mémoire que nous pouvons espérer que l'histoire ne se répète pas »

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Hymne à la famille burlesque, mélancolique et déchirant

Publié le par Michel Monsay

Hymne à la famille burlesque, mélancolique et déchirant

Panah Panahi, le fils de Jafar Panahi à qui l'on doit les très beaux "Trois visages", "Taxi Téhéran" ou "Le ballon blanc, livre un premier film débordant d’humanité, de tendresse et de poésie en adoptant le format de la tragi-comédie. "Hit the road" est un road-movie qui réjouit autant qu'il bouleverse par l’intelligence et l’originalité avec lesquelles il traite le sujet douloureux de l’exil. Comme son père, Panah Panahi utilise la voiture et ses passagers en guise de microcosme de la société iranienne. Un lieu d’échanges pour suggérer plutôt que montrer les ravages d’un régime autoritaire. Il a certes hérité d'un sens aigu de la composition du cadre, une expertise dans l’euphémisme et le non-dit, et une maîtrise de la direction d’acteurs, il n'y a qu'à voir ce qu'il arrive à obtenir du jeune garçon (insupportable et hilarant) et de la mère (bouleversante), mais le ton burlesque, le dialogue pétaradant, l’intrusion d’un onirisme débridé et le goût pour les intermèdes musicaux font preuve d’une liberté de création rafraîchissante. A travers les beaux paysages du Nord de l'Iran, le film évoque l’exil forcé de nombreux jeunes iraniens qui préfèrent se tourner vers l'Occident pour une vie meilleure, mais doivent accepter l'arrachement à leur pays, à leur famille, à leur langue. Constamment surprenant, bourré d'astuces visuelles et de beaux plans soigneusement composés, « Hit the Road » slalome sans cesse entre légèreté et tristesse pour composer un premier film singulier et touchant.

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Un très beau film sensuel et engagé

Publié le par Michel Monsay

Un très beau film sensuel et engagé

Caméra d'or au Festival de Cannes 2021, qui récompense la meilleure première œuvre toutes compétitions confondues, Murina envoûte par sa beauté et son ambiguïté. C'est le premier long-métrage d'Antoneta Alamat Kusijanovic, une réalisatrice croate de 36 ans vivant à New-York. Le film, qui fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs, élabore un récit où le paradis et l’enfer s’affrontent dans la splendeur infertile des îles Kornati en Croatie. A la fois éden et prison pour la jeune héroïne qui, depuis sa naissance, n’a jamais quitté ces terres ceintes par l’Adriatique, et y a grandi sous le joug despotique de son père. A travers un subtil récit d'émancipation contre le machisme ambiant et la toxicité de ce géniteur tyrannique et rétrograde, ce premier film captive avec son intrigue tendue, ses virées sous-marines, sa photographie lumineuse de la française Hélène Louvart, et ses personnages bien dessinés, chargés de regards et de non-dits qui trahissent des émotions à vif. Désir, frustration, embarras, amour, colère... Le voyage est intense. Dès lors, ce n'est plus seulement l'adolescente qui nage en apnée dans ces eaux troubles, c'est le spectateur, accroché par le suspense. Coproduit par Martin Scorsese, ce très beau film signe des débuts fracassants pour Antoneta Alamat Kusijanovic, et impose une personnalité artistique qui rappelle déjà celle de Jane Campion, qui, comme elle, plébiscite la nature sauvage, une mise en scène physique et sensuelle, et une héroïne en guerre. On pense aussi au Mustang de Deniz Gamze Ergüven, et la lutte contre ce patriarcat archaïque que l'on aimerait voir disparaître à jamais.

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Le désir et la passion filmés avec une intelligence rare

Publié le par Michel Monsay

Le désir et la passion filmés avec une intelligence rare

Depuis 2015, le cinéaste japonais Ryusuke Hamaguchi a pris une dimension impressionnante avec "Senses", "Asako" et récemment "Drive my car", qui vient d'obtenir l'Oscar du meilleur film étranger. Son nouveau film "Contes du hasard et autres fantaisies", dont la sortie a été retardée à cause du Covid, avait obtenu le Grand Prix du jury au Festival de Berlin 2021. Œuvre d'apparence plus légère que "Drive my car", ces Contes du hasard infusent aussi plus lentement. Passé une première saveur un peu frivole, ils se déploient dans toute leur majesté en une œuvre riche, sensuelle et attachante. En deux heures, Hamaguchi tresse trois histoires autour de personnages féminins dans une mise en scène merveilleusement harmonieuse, une direction d'actrices et d'acteurs impeccable, et une fluidité qui se glisse dans des dialogues brillants, violents ou troublants. Un art de la parole qui culmine dans la longue lecture d'un texte érotique, jeu de balle verbal entre une élève et un prof figé comme une pierre volcanique. Si la parenté avec Eric Rohmer est évidente, le cinéaste japonais est décidément un virtuose du portrait féminin. Ceux qu'il dresse dans ce nouveau film sont des femmes complexes, modernes, libres, et s'ancrent dans des variations sur le thème du hasard et de la séduction, les sentiments amoureux sont ainsi passés au crible. Paré de longs plans-séquences, filmant les visages comme des paysages, le film est aussi une ode aux mots échangés, qui apaisent ou réveillent, revigorent les âmes et font avancer les corps. C'est une douce enquête sur nos tumultes intérieurs que le cinéaste peint avec une mélancolique et cruelle délicatesse. Entre joie et tristesse, tout le film, d’une profondeur vertigineuse, d’un climat et d’une tonalité sans cesse changeants, est nourri de ces paradoxes, et confirme une nouvelle fois la beauté du regard de Ryusuke Hamaguchi.

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Une histoire d'amour pudique et émouvante

Publié le par Michel Monsay

Une histoire d'amour pudique et émouvante

Quelque part entre la littérature d’Emily Brontë et le cinéma de Jane Campion, l'acteur et réalisateur Bouli Lanners nous raconte une histoire d'amour douce et urgente sur l’île sauvage de Lewis, en Écosse, entre landes inhospitalières et rochers éternels. Cette île est régie par la très austère Église presbytérienne au rigorisme implacable, pratiquant un calvinisme fondamentaliste. De ce monde dur et cruel à la religiosité étriquée, le personnage féminin de cette histoire, tout en maladresses hésitantes et confusion des sentiments, s’émancipe sans éclats. L’actrice Michelle Farley nuance avec une finesse précise ce rôle de femme à la dignité constante. Elle n’est pas enrôlée en porte-drapeau d’un féminisme de vindicte et de renversement radical. La liberté de cette femme est une conquête tranquille et secrète. La romance touchante qui nait sous nos yeux, presque naïve à force de retenue et de pudeur, ne s'épanche jamais à un débordement amoureux. Une forme de timidité adolescente retient les élans. Bouli Lanners n’exhibe pas une sensualité démonstrative : c’est un entrelacement de gestes suspendus, de regards de côté, de frôlements. Les étreintes épousent l’ascétisme de ce monde insulaire, clos sur lui-même. Les paysages d’une grande beauté, ciselés par l’Atlantique, mordus par un soleil pâle, parcourus par une herbe frissonnante, dialoguent avec les personnages. Laissant de côté son humour pince-sans-rire qui a marqué d’une plaisante fantaisie ses précédents films, le cinéaste Bouli Lanners s'abandonne aux sentiments avec une infinie délicatesse. Quant à l'acteur Bouli Lanners, que l'on avait adoré récemment dans "C'est ça l'amour" et la saison 2 de la série "Hippocrate", il livre ici également une interprétation très touchante. L’urgence occupe le film, plane comme un danger imminent sans qu’il soit nécessaire de le signifier. Au contraire, c’est une économie de mots, une rigueur baignée de douce mélancolie qu’observent à la fois le scénario et la mise en scène. Ce mélodrame, qui jamais ne cède à la tristesse, ressemble à son auteur, à l’humilité nécessaire qu’il pose en idée essentielle de son cinéma, et à une belle humanité.

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Magnifique portrait d'une héroïne ordinaire

Publié le par Michel Monsay

Magnifique portrait d'une héroïne ordinaire

César de la meilleure actrice en 2021 pour "Antoinette dans les Cévennes, Laure Calamy éblouit une nouvelle fois mais dans un registre plus dramatique, où elle confirme ici toute l'étendue de son talent. Elle incarne jusque sur son visage, traits tendus, regard aux abois, sourire forcé, à la limite de la rupture, la surcharge mentale et le surmenage dont se plaignent tant de femmes, plus encore dans les familles monoparentales. Tendue mais toujours digne, Laure Calamy offre avec ce rôle une visibilité bienvenue à toutes les femmes qui se battent au quotidien, cette cohorte de fourmis invisibles, essentielle dans le rouage général, et jamais gratifiée de la moindre reconnaissance. Conçu comme un film d'action, ce drame social admirablement réalisé par Eric Gravel, dont c'est le deuxième long-métrage, suit au plus près son personnage central avec une caméra vivante, nerveuse et une grande liberté de mouvement, du plus fluide au plus saccadé. Il filme Paris, comme un William Friedkin l’avait fait de Marseille et New-York pour le polar "French Connection", en l’adaptant au social avec un parti pris de rendre la ville froide et anxiogène. De cette vie à cent à l’heure naît un suspense du quotidien, soutenu par une excellente musique électronique qui accentue cette tension palpable. Un film coup de poing et oppressant, sans aucun misérabilisme, qui aborde avec justesse le déclassement social, le regard des autres, celui qu’on porte sur soi aussi, beaucoup plus éloquent et convaincant que bien des discours pour comprendre la déshumanisation de notre société néolibérale.

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Fascinant thriller crépusculaire

Publié le par Michel Monsay

Fascinant thriller crépusculaire

Sombre, dense, délesté des attendus du film de super-héros, The Batman fait aujourd’hui figure de singularité par sa puissance et sa vision plus réaliste qu'à l'accoutumée d’un monde désenchanté qui ne demande plus à être sauvé, asphyxié par toutes ses angoisses, témoin privilégié de sa propre destruction. Vision on ne peut plus actuelle où retentissent les plus grands troubles de notre époque. À la différence des blockbusters inoffensifs de la franchise Marvel, le réalisateur Matt Reeves propose une version noire, vertigineuse, viscérale et poisseuse de Batman. Il nous plonge dans un puits sans fond de ténèbres dans lequel on peut sentir la peur à chaque coin de rue, et son chef opérateur, l'excellent Greig Fraser, sculpte une cathédrale de noirceur dont émergent de brutales saillies de couleurs saturées. Une ambiance qui se situe quelque-part entre le Seven de David Fincher, le Batman de Tim Burton avec Michael Keaton, et le cinéma de Scorsese, avec une très légère pincée de Sin City. Un autre point fort du film réside dans sa distribution : notamment avec l’impeccable interprétation livrée par Robert Pattinson, qui joue plus sur les non-dits et les silences que sur les répliques dans un mélange de violence et de vulnérabilité tout en sobriété, faisant de Batman un personnage torturé, presque asocial, totalement fascinant. Citons aussi Zoé Kravitz sulfureuse et charismatique, John Turturro parfait en mafieux ambigu, et Paul Dano qui est carrément terrifiant, jouant la folie avec une justesse glaçante, nous donnant l'impression d’être réellement en présence d’un type qui pourrait commettre le pire à tout moment, une performance saisissante d’ambiguïté qui installe un malaise durable. Ce film est aussi une étude de personnage en forme de cri primal qui a le mérite de ne pas figer Batman dans le marbre mais de lui offrir un arc intelligent et humain, aux profondes résonances sociopolitiques. Réinventer une icône déjà magnifiée par Tim Burton ou Christopher Nolan, ne voilà pas la moindre des qualités de Matt Reeves, qui a réussi l’exploit de réaliser le meilleur Batman depuis The Dark Knight, donnant un vrai coup de neuf à un univers et des personnages vus et revus, et explorant les zones sombres de la ville de Gotham d’une façon encore jamais vue. Tant sur le plan scénaristique que plastique, ce film est une totale réussite.

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Magnifique et douloureux éveil des sens d'un enfant de 10 ans

Publié le par Michel Monsay

Magnifique et douloureux éveil des sens d'un enfant de 10 ans

Caméra d'or en 2014 pour "Party girl" qu'il avait coréalisé, Samuel Theis revient cette fois pour son premier film en solo, "Petite nature", un récit d’apprentissage bouleversant, porté par un gamin qui crève l'écran. En grande partie autobiographique, ce récit qui a pour cadre la Lorraine, région natale du cinéaste, et en particulier Forbach, explore l'éveil affectif, intellectuel et sexuel d'un enfant de dix ans. Rien n’est lourd ni malaisant dans ce portrait vivifiant, bien au contraire. Le pouls bat fort dans chaque seconde de l’aventure, de la captation de l’intériorité des êtres à la révolte enfantine. Samuel Theis filme avec humanité un drame social pétri de vérité dans l’évocation des petites gens, mais aussi dans le réalisme de ses images et l’interprétation de ses trois comédiens principaux, deux non-professionnels impressionnants de justesse, Aliocha Reinert avec sa bouille d'angelot à la longue chevelure blonde, ses yeux bleus, et son allure androgyne, et Mélissa Olexa, un mélange de féminité et de virilité, quant à Antoine Reinartz, il nous touche à chaque nouvelle prestation depuis "120 battements par minute". Le cinéaste capte le contexte social au plus prés dans des décors de banlieue filmés en écran large, et des appartements modestes, il s'inscrit dans les traces des frères Dardenne ou de certains films de Maurice Pialat. Envisagé à hauteur d'enfant, ce très beau film aborde avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité la question de la honte sociale et celle du désir d'émancipation chez un jeune garçon qui veut de toutes ses forces s'arracher à son milieu.

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