Superbe paysage tourmenté du Greco
On ne connaît que deux paysages peints par le Greco : l’énigmatique Vue et plan de Tolède (vers 1610-1614) et cette Vue de Tolède (vers 1596-1600). Les autres vues de la ville où vivait le Greco, comme dans Le Saint Joseph et l’Enfant Jésus (1597-1599), sont des arrière-plans. Celle-ci est particulièrement curieuse, presque cézannienne. Le Greco y mélange les points de vue et, par conséquent, dans cette vue censée montrer l’est de la ville depuis un point situé au nord, on ne devrait pas voir la cathédrale, l’Alcazar devrait être ailleurs, le cours du Tage a été détourné et les reliefs accidentés exagérés. Il joue aussi avec les distances, révélant des détails que seul un œil proche devrait pouvoir distinguer. Comme Cézanne, il est partout à la fois : en haut de la colline, sur le pont, au pied des arbres, etc. Le sublime ciel d’orage restitue le sentiment de grandiose que cette perturbation météorologique suscite. Tout l'art du Greco dans ce magnifique paysage.