Considéré comme l'un des plus grands artistes contemporains, Georg Baselitz, qui vient d'entrer à l’Académie des Beaux-Arts, est célébré depuis le mois d'octobre au Centre Pompidou à travers la plus vaste rétrospective jamais organisée dans le monde. Le peintre et sculpteur allemand de 84 ans a connu les Nazis durant son enfance, les terribles bombardement de Dresde, sa ville de naissance, et le communisme de la RDA. Par son style brutal, ses couleurs vives, sa radicalité, il a restitué cette violence tout au long de son œuvre. Cette exposition est un remarquable condensé de 60 ans de création que l'on découvre dans une suite de tableaux marquée par les influences, les recherches, les obsessions ; une suite forcément changeante au gré du temps, des événements politiques et sociaux, des rencontres ; une suite ponctuée de ruptures liées à des prises de conscience, à des découvertes, à des réactions. Baselitz a toujours cherché à dépasser les limites formelles et idéologiques. Inclassable, oscillant entre figuration, abstraction et approche conceptuelle, il peint des images qui n’ont pas encore existé, et exhume ce qui a été rejeté dans le passé. Intimement liée au vécu et à l’imaginaire de l’artiste, son œuvre puissante révèle son interrogation concernant les possibilités de la représentation de ses souvenirs, et les variations des formes esthétiques établies en peinture. Cette représentation de la réalité éclate, se décale, se morcelle et finalement, à partir de 1969, se renverse. Ce fameux renversement, que l'on retrouve dans une grande partie de ses tableaux, est la méthode qu'a trouvé l'artiste pour affirmer sa liberté artistique et vider ce qu'il peint de son contenu, où dès lors aucune interprétation littérale n'est possible. Éternel provocateur, Georg Baselitz se démarque radicalement des formalismes dictés par les différents régimes politiques des 20e et 21e siècles. Son œuvre, aux techniques sans cesse renouvelées, démontre la complexité d’être un artiste peintre dans l’Allemagne d’après-guerre. Foisonnant de références à l’histoire de l’art et d’éléments autobiographiques, ses peintures et sculptures nous parlent de notre condition humaine avec une puissance visuelle et émotionnelle, qui nous happent tout au long de cette exposition marquante.
A voir jusqu'au 7 mars au Centre Pompidou.