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Enfin un hommage national

Publié le par Michel Monsay

Enfin un hommage national
Enfin un hommage national

Ce mardi 9 août 2022, pour la première fois la France commémorait l’attentat de la rue des Rosiers, 40 ans après, avec la présence du Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. pour mémoire, le 9 août 1982, un commando attaquait le restaurant casher «Jo Goldenberg», en plein quartier juif de Paris, rue des Rosiers. Il est 13h15 ce 9 août. Une cinquantaine de personnes sont présentes dans le restaurant, situé dans une petite rue très passante du vieux quartier juif de Paris, dans le IVe arrondissement. Un commando de trois à cinq hommes arrive rue des Rosiers, en deux groupes. Le premier groupe jette une grenade en direction du restaurant. Le second pénètre dans l’établissement et ouvre le feu avec des pistolets-mitrailleurs «WZ-63» de fabrication polonaise. Quelques instants plus tard, les assaillants remontent en courant la rue des Rosiers. Ils tirent sur des passants affolés, qui cherchent désespérément un refuge et courent en tous sens en hurlant. Des corps ensanglantés gisent sur les trottoirs et la chaussée. Au total cette attaque, qui aura duré trois minutes durant lesquelles 70 coups de feu ont été tirés, fait six morts et vingt-deux blessés. En France, où l’on a encore en mémoire l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic (quatre morts le 3 octobre 1980), le choc est immense. Le président François Mitterrand interrompt ses vacances dans le Sud-Ouest et assiste le soir même du drame à un office organisé dans la synagogue de la rue Pavée, toute proche de la rue des Rosiers. Il sera conspué par une centaine de manifestants. Le restaurant baptisé du nom de son propriétaire, Jo Goldenberg, lieu emblématique de la vie communautaire juive parisienne, devient un symbole du terrorisme antisémite international. L’une des victimes dont la jambe a été pulvérisée confie : « Un hommage national, c’est bien et vous m’en voyez ravi. Mais il est temps que mon pays, la France, et son gouvernement, prenne ses responsabilités, afin que tous ceux qui ont participé à cet odieux attentat, puissent comparaître devant un juge ». Seul l’un des suspects se trouve actuellement sur le sol français. Incarcéré, il attend son procès après avoir été extradé en 2020 par la Norvège. Les trois autres suspects sont eux en Jordanie et en Cisjordanie mais aucune extradition vers le territoire hexagonal n’est à l’ordre du jour.

Publié dans Chroniques

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Disparition d'un grand créateur

Publié le par Michel Monsay

Disparition d'un grand créateur

Formé aux Beaux-Arts de Tokyo, Issey Miyake arrive à Paris en 1965 pour travailler dans les maisons de haute couture. Il va révolutionner la mode en recherchant l’épure et en passant maître de l’art du plissé. Le couturier japonais vient de s'éteindre à l'âge de 84 ans. Liberté, fluidité et plissé caractérisent ses créations avec des silhouettes amples et souples, et des vêtements tout en légèreté. Deux ans après la disparition du génial Kenzo Takada, avec lequel il était ami, l'autre grand nom japonais de la mode quitte la scène. C’était un homme de concept, qui se différenciait des autres créateurs par son approche à la fois ultra géométrique et libre, fluide et mathématique, graphique et fonctionnaliste. Une ligne qu’il a réussi à maintenir durant toute sa carrière, ce qui est un fait rare dans la mode. Né à Hiroshima en 1938, Issey Miyake a 7 ans lorsque la bombe atomique s’abat à 3 kilomètres de son école. Sa mère décède trois ans plus tard des séquelles dues aux radiations. Lui réchappe d’une maladie osseuse à l’âge de 10 ans. Il a longtemps cru, comme nombre de rescapés, mourir avant 30 ans. Une angoisse de mort que celui dont le prénom signifie « une vie » en japonais a dès lors transformée en incroyable moteur. « Je ne me servirai pas de la bombe atomique comme excuse », expliquait-il au quotidien japonais Yomiuri Shinbun dans l’une de ses rares interviews. Après avoir travaillé avec Hubert de Givenchy et Guy Laroche, il partage sa vie entre Paris, New-York et Tokyo et crée sa propre marque au début des années 1970. Résistant contre vents et marées au tourbillon des tendances, il privilégie à partir de 1976 la coupe à plat, à la manière du kimono traditionnel nippon. Puis viendront les plissés, qu’il introduit progressivement dans son travail, grâce à de multiples innovations techniques. Ils deviendront sa marque de fabrique, et plus encore à partir de 1993 avec sa ligne Pleats Please, au succès retentissant. Ses pièces, tout en plis, se démocratisent de par le monde, alors que le milieu de la mode, corseté par les diktats, est encore bien trop fermé à la diversité des formes. À l’origine destinées à habiller les danseurs du ballet de Francfort, elles s’adaptent à tous les corps sans distinction de taille, véritable appel d’air pour celles et ceux qui les portent. Optimisme et insouciance, le maître du plissé faisait de ces deux vertus son mantra. A la fois une somme impressionnante de liberté, de fantaisie, d'originalité, d'audace, de technologie, de tradition et une magnifique union et fusion entre est et ouest, Issey Miyake restera dans l'histoire de la mode un des plus grands créateurs. L'importance de ses créations demeure à (re)découvrir.

Disparition d'un grand créateur
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On peut en rire ... mais il est plus que temps d'agir !

Publié le par Michel Monsay

On peut en rire ... mais il est plus que temps d'agir !
La 4e vague de canicule de l'été est annoncée cette semaine. Merci aux multinationales des énergies fossiles et aux banques qui les financent. Merci aux responsables politiques pour leur inaction. Merci aux ultra-riches pour leur mode de vie indécent.

Publié dans Chroniques

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Une œuvre fascinante qui se mérite

Publié le par Michel Monsay

Une œuvre fascinante qui se mérite

Eugène Leroy a traversé avec discrétion le XXe siècle (né en 1910 et mort en 2000), hors des modes, des mouvements, et des circuits traditionnels. Cette liberté a évidemment retardé sa reconnaissance. Faite d’épaisses couches de peinture, son œuvre capture l’ineffable mystère de la présence humaine. Ni abstrait, ni vraiment figuratif, il a cherché toute sa vie à peindre le réel en faisant disparaître l'image dans la matière tout en lui donnant une essence étonnante. Dans la très belle exposition que propose le Musée d'art moderne de Paris, la traversée de l'œuvre d'Eugène Leroy, proposée en 150 tableaux et dessins, est une expérience sensitive à nulle autre pareil. L'artiste peint de façon classique, à l'huile, et visite les sujets traditionnels, le paysage, le portrait, le nu, la nature morte, mais loin de tout académisme, à la fois unique et inclassable. Au début de sa carrière, on reconnaît distinctement les figures, peintes en couches successives fines. Puis, progressivement, elles disparaissent sous des épaisseurs ajoutées les unes aux autres pendant des mois, parfois des années. Ses toiles refusent au regard la commodité d’une reconnaissance immédiate du motif. Celui-ci est indubitablement présent dans la gestation de l’œuvre, et Eugène Leroy travaille souvent d’après modèle, que ce soit son épouse Valentine, la mer du Nord, la campagne de Flandres ou des fleurs. Il lui est nécessaire de les avoir près de lui. Mais ce qu’il en fait est extrêmement éloigné de toute représentation, au sens commun du mot. Ce ne sont pas des images des êtres et des choses, mais les inscriptions, dans la matière picturale, des sensations successives qu’ils suscitent en lui. Les notations de couleur et de lumière se superposent longuement jusqu’à recouvrir entièrement la surface. Celle-ci est accidentée, creusée ou écrasée. De près, c’est une paroi marquée d’aspérités et d’irrégularités, et il est impossible de déchiffrer des formes. D’un peu plus loin, elles commencent à se dégager, et les contrastes chromatiques permettent de distinguer le spectre d’un corps à la peau claire ou une masse de feuillages aux nuances de verts et d’ocres. De plus loin encore, apparaissent plus nettement un visage, un poisson ou la campagne. Le rapport au sujet s’accomplit ainsi alternativement entre apparition et dispersion et entre vue et toucher. On a l'étrange impression, en revenant plusieurs fois devant les tableaux, que les figures semblent en émerger plus clairement. Un phénomène qui confirme qu'il faut passer du temps à regarder la peinture d'Eugène Leroy, dont certains considèrent qu'elle est l'une des plus remarquables de la seconde moitié du XXe siècle.

A voir au Musée d'art moderne de Paris jusqu'au 28 août.

Une œuvre fascinante qui se mérite
Une œuvre fascinante qui se mérite
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Une œuvre fascinante qui se mérite

Publié dans Expos

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Un auteur compositeur interprète majeur

Publié le par Michel Monsay

Un auteur compositeur interprète majeur

Le 2 août 1992, Michel Berger décédait d’une crise cardiaque. Si ses chansons ont traversé le temps, elles restent sous-estimées au regard d’autres répertoires de la même époque. Et pourtant… Voici deux merveilleuses chansons à réécouter pour le plaisir :

Publié dans Chroniques

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Le contagieux art de la joie de Chantal Thomas

Publié le par Michel Monsay

Le contagieux art de la joie de Chantal Thomas
Le contagieux art de la joie de Chantal Thomas

C'est dans une vague de joie pure que Chantal Thomas nous propose de plonger dans son tout nouveau livre. Il s'agit d'un journal qu'elle a tenu au sortir du confinement. Elle avait déjà raconté dans "Souvenirs de la marée basse" sa passion de l'eau, passion héritée de sa mère Jackie, qui se baignait à Arcachon et avait même un jour crawlé dans le grand canal du château de Versailles. Ici, la nouvelle académicienne nage dans la Méditerranée matin et soir et associe ses bains de mer avec la littérature de Kafka, Patrick Deville, Victor Hugo, Lord Byron,... ou les estampes d'Hokusai. La prose de Chantal Thomas, que l'on a tant aimée dans "Les adieux à la reine" ou "L'échange des princesses", a comme une limpidité d’évidence, souple et souvent joyeuse, mais son sillon dessine aussi un drôle d’accès vers des profondeurs plus tristes de nos vies. Un journal, le genre peut faire un peu peur, quand on sait qu’il s’origine dans l’expérience d’un confinement de sinistre mémoire, au début de l’épidémie de Covid-19, dont les consignations littéraires n’ont pas toujours été très réussies. Heureusement, nous sommes chez Chantal Thomas, dans un parcours presque mira­culeux de grâce et d’intelligence ­lucide, elle évite tous les pièges d’un narcissisme possiblement indécent, en des temps ­assombris. Si on aime comme elle les bains de mer, on comprend à quel point nager peut aussi signifier penser, se mouvoir dans un espace où l’on s’évade, mystérieusement, loin des chronomètres de la natation ou des lourdeurs logiques du présent, et qui a peut-être à voir, de façon essentielle, avec l’expérience de l’écriture. Fraîche académicienne rétive à tout enfermement, elle a été reçue sous la Coupole en juin et j'ai eu le bonheur de la photographier à cette occasion, Chantal Thomas a préféré à l’épée traditionnelle le symbole merveilleux d’un éventail japonais : elle ne fend pas les flots, ainsi, mais les ouvre au vent et au partage, avec la générosité malicieuse d’un poisson d’or.

Publié dans Livres

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Une fois de plus le gouvernement se moque du monde

Publié le par Michel Monsay

Une fois de plus le gouvernement se moque du monde

Tant d’amateurisme et de désobligeance sont confondants. Après des heures de débats houleux, la disparition de la contribution à l’audiovisuel public (CAP, ex-redevance) a été adoptée par les députés en plein cœur de l’été par moins d’un tiers de la représentation nationale alors en séance. Elle sera remplacée par une fraction de la TVA votée par le Parlement chaque année. Joli tour de passe-passe qui consiste à remplacer un impôt par un autre, le tout au nom du pouvoir d’achat et dans une joyeuse improvisation. On rembobine. Au départ, il y a la promesse de campagne du candidat Macron de supprimer la CAP pour alléger les impôts des Français. Problème... par quoi la remplacer ? Le budget de l’État, pardi. Simpliste et irresponsable. Faire dépendre le financement des télévisions et radios publiques du bon vouloir de l’État, c’est remettre en cause leur indépendance et, en prime, risquer de se voir censurer par le Conseil constitutionnel. Tollé général et reculade désorganisée. Dans la pagaille, Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale et fine connaisseuse de l’audiovisuel, sort de son chapeau la cartouche TVA, et la fait avaliser par son groupe et ses alliés sans vrai débat. Malin. À première vue, du moins. Un prélèvement sur la TVA isole les ressources allouées à l’audiovisuel public du budget de l’État. On conserve ainsi un système de taxe affectée, et avec lui des ressources garanties et le principe de l’indépendance des chaînes publiques. Sauf que continuer à présenter la suppression de la CAP comme une mesure de défense du pouvoir d’achat tout en la remplaçant par une fraction de la TVA relève de la démagogie. Non seulement les Français vont continuer à payer pour leurs télévisions et radios publiques, mais les quelque cinq millions de foyers modestes qui en étaient jusqu’ici exonérés vont désormais devoir mettre au pot. Supprimer un impôt visible pour le remplacer par un impôt invisible et plus injuste, c’est du grand art. Les Français et leur audiovisuel public méritaient mieux que ce mauvais numéro de prestidigitation.

Publié dans Chroniques

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Une voix et une musique irrésistibles

Publié le par Michel Monsay

Une voix et une musique irrésistibles

Dans le cortège des grandes voix au timbre voilé si caractéristique que le Sénégal a offertes au monde, il faudra désormais compter avec celle de Lass, nouvelle étoile de 37 ans qui nous offre aujourd’hui son premier album comme une petite bombe de vie. Ce chanteur né sans ressources dans la banlieue de Dakar, et mûri par moult galères, transcende dans ses textes en wolof et des mélodies aussi poignantes que lumineuses les avaries d'une vie qui n'allait pas de soi. Lass a en effet bravé l’océan des doutes pour assouvir sa passion : chanter. De la tradition afro-cubaine à l’afro-pop, du reggae à l'électronique, sa musique enthousiasme dès les premières notes et nous entraîne sur treize morceaux que l'on écoute avec un bonheur intense. Et puis il y a sa voix, elle brille comme un feu d'artifice, apaise sur des mélodies plus douces, elle est d'une élégance rare, à la fois puissante, émouvante et souple, on ne peut que tomber sous son charme. On tient ici l'album de l'été.

En voici un aperçu dans les trois clips ci-dessous :

Publié dans Disques

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Disparition d'une artiste glamour, trash, rock'n'roll, libre et indépendante

Publié le par Michel Monsay

Disparition d'une artiste glamour, trash, rock'n'roll, libre et indépendante
Disparition d'une artiste glamour, trash, rock'n'roll, libre et indépendante

Hommage émouvant d’Étienne Daho à son amie Dani, qui vient de mourir à 77 ans, victime d'un malaise dans sa maison près de Tours, alors qu'elle préparait un nouvel album. Chanteuse, comédienne, mannequin, meneuse de revue à l'Alcazar, reine de la nuit dans son club près de l’Étoile, créatrice de l'enseigne "Au nom de la rose", Dani aura vécu plusieurs vies avec des hauts et des très bas dans l'enfer de la drogue, qu'elle a raconté dans un livre. Heureusement la musique lui avait permis de s'en sortir et elle était revenue sur le devant de la scène avec "Comme un boomerang" en 2001, chanson inédite que Serge Gainsbourg lui avait écrite en 1975, grâce à la ténacité d’Étienne Daho avec lequel elle avait enregistré ce magnifique duo :

Publié dans Chroniques

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Captivante plongée dans l'Italie des années de plomb

Publié le par Michel Monsay

Captivante plongée dans l'Italie des années de plomb

Adaptée du troisième tome de la fresque sociale d’Elena Ferrante, la saison 3 de L’Amie prodigieuse conserve une esthétique naturaliste, un souffle romanesque et en plus se révèle plus passionnante et puissante que les deux premières. Mariage, maternité, passions amoureuses, élévation sociale, politisation, affirmation du droit à disposer de son corps, à s’affranchir du patriarcat… Les destinées parallèles, et finalement pas si opposées, des deux jeunes femmes symbolisent à merveille la convergence des luttes dans l’Italie des années de plomb. Liées par les révolutions féministe et prolétarienne, sur fond de guerre sanglante entre fascistes et communistes ou de violences de la mafia napolitaine, Elena et Lila vont traverser la décennie avec autant de panache que de courage. Chacune à sa manière exprime un désir d’émancipation, d’exister par soi-même, par-delà son milieu et son sexe. Incarnée par les touchantes Margherita Mazzucco et Gaia Girace, les huit épisodes de cette saison sont réalisés par Daniele Luchetti, formidable directeur d’acteurs, mal connu en France, ses films ne sortant pas tous sur nos écrans, ­le dernier en date, l'excellent "Les liens qui nous unissent" est sorti en fin d'année dernière directement en DVD et sur Canal+, victime indirect du Covid, après avoir fait l’ouverture de la Mostra de Venise 2020. La série, adopte un léger grain vintage, navigant des immeubles décatis de Naples aux monuments fastueux de Pise ou Florence. Prolétariat contre bourgeoisie. Les cheveux des garçons ont poussé, les jupes raccourci et partout, des Fiat 500 multicolores marquent l’époque. C’est renversant et indéniablement la meilleure saison par la beauté des lumières, des gros plans, la fluidité de la caméra, et la parfaite transposition du roman d'Elena Ferrante entre accomplissement des destins personnels et grande histoire.

A voir sur Canal + ou sur Canal VOD ici (accessible à tous sans abonnement)

Publié dans replay

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