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Fascinante série sur la prestigieuse compagnie

Publié le par Michel Monsay

Fascinante série sur la prestigieuse compagnie
Fascinante série sur la prestigieuse compagnie

La série L’Opéra, plongée fictive, mais inspirée de personnages existants, dans les coulisses du Ballet de l’Opéra national de Paris, renouvelle la vision du monde de la danse en montrant une entreprise sous tension, confrontée à des conflits et aux changements sociétaux. Les années de travail, les rivalités, les corps blessés, et, au final, le spectacle d’une troupe au diapason, où la grâce le dispute à la virtuosité, le Ballet de l’Opéra national de Paris fascine alors que son fonctionnement reste méconnu, voire secret. En nous plongeant non seulement dans l'envers du décor d'une troupe de danse mais également dans la complexité managériale d'une organisation pas comme les autres, en quête perpétuelle de l'excellence, cette série réussit à parler sans caricaturer de diversité, d'ascenseur social, de harcèlement et d'emprise tout en comblant nos sens grâce au cadre magnifique du Palais Garnier et des scènes de danse immersives d'une grande beauté captées à hauteur de danseur, au cœur de la chorégraphie. On a rarement filmé la danse et ses interprètes avec autant de naturel et de simplicité. Une vraie réussite grâce à une belle richesse dramaturgique, une écriture précise et documentée, des personnages complexes admirablement interprétés par une distribution parfaite, des rôles principaux aux secondaires, sur les deux saisons de cette passionnante série, sans flics, sans médecins, sans avocats, profitons-en c'est tellement rare.

A voir sur OCS en s'abonnant pour un mois sans engagement (10,99€) ici

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Une voix et des chansons inoubliables

Publié le par Michel Monsay

Une voix et des chansons inoubliables

Anthologie, album-hommage, livre-portrait, documentaire… Six ans après sa mort, de nombreuses parutions célèbrent la mémoire du génial poète et chanteur canadien. Avec cette voix unique, traînante et grave, Leonard Cohen est apparu la trentaine passée en 1967, année hippie, comme un cheveu sur la soupe pop, après avoir été poète et romancier. Pour le plaisir, voici deux de ses plus belles chansons, et il y en a énormément. La première est une chanson de rupture qui donne des frissons, il la chante dans un très beau duo avec Julie Felix. La seconde est inspirée à l’origine par le souvenir photographique des musiciens juifs que les nazis forçaient à jouer du violon près des fours crématoires dans les camps de concentration. La chanson, construite sur un rythme de hasapiko grec, réminiscence de son bonheur avec Marianne Ihlen sur l’île d’Hydra, n’en est que plus romantique. À la mort qui sépare, il oppose l’amour éternel, dans la tendre infinitude d’un long pas de deux, le corps-à-corps comme ultime parade à la folie des hommes.

Publié dans Chroniques

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La nouvelle pépite du judo français

Publié le par Michel Monsay

La nouvelle pépite du judo français

Romane Dicko s'est imposée avec la manière en finale des Championnats du monde de judo chez les +78kg face à la Brésilienne Beatriz Souza, mercredi à Tachkent (Ouzbékistan). Elle rapporte à la France sa seule médaille d'or de la compétition. Pour ses débuts sur la scène planétaire, la Française, déjà triple championne d'Europe et médaillée de bronze lors des derniers Jeux olympiques à Tokyo en 2021, est allée chercher sa première couronne mondiale à 23 ans. Presque une évidence au vu de son incroyable potentiel, et de son palmarès aussi, pour son jeune âge. Elle n'avait dû qu'aux aléas des blessures de ne pas avoir encore brillé lors des précédents Championnats du monde. Les deux leaders du judo français étant absents, Teddy Riner pour blessure et Clarisse Agbégnénou pour maternité, la jeune parisienne a magnifiquement pris le relais et se positionne comme un grand espoir de titre olympique à Paris 2024.

Publié dans Chroniques

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Léger et grave, solaire et douloureux, fragile et fort

Publié le par Michel Monsay

Léger et grave, solaire et douloureux, fragile et fort

Le premier long métrage écrit et réalisé par Sandrine Kiberlain est d’une grande beauté. Un hymne fervent, en un temps de menace et de mort, à la vie, la jeunesse et l’amour du théâtre. D’une grâce infinie, le film suggère l’époque plus qu’il ne la montre, et, centré sur la figure d’Irène, sa soif de bonheur, son désir de tout embrasser, il fait ressentir à mesure qu’il avance comment le terrible danger a pu être occulté trop longtemps, rester au second plan. Malgré les signes, malgré la conscience des plus âgés que l’ennemi est là. Précision de l’écriture, justesse du regard, et, dans cet écrin parfait, des acteurs regardés, magnifiés. André Marcon, Anthony Bajon, India Hair et Françoise Widhoff sont le chœur qui entoure et cajole cette Irène merveilleuse à laquelle Rebecca Marder, pensionnaire de la Comédie française, vive et radieuse, confère une présence impressionnante. Le film est un combat constant entre la forme, légère, le fond, extrêmement sombre, avec le spectateur, pris entre ces deux feux. Une jeune fille qui va bien installe par ce procédé un suspense tenace et terriblement douloureux. Détenteur d'une information capitale mais inconnue des personnages, le spectateur ne peut plus être passif, ne peut plus savourer les scènes légères, il sait de quoi il retourne, il ne veut pas avoir raison, mais il n'a pas le choix. Avec un goût très sûr, Sandrine Kiberlain s’est affranchie des lourdeurs de la reconstitution historique. Dans la vivacité, dans l’air du temps, elle saisit ce miracle en mouvement : Irène. Elle est la lumière, la joie, le charme, la fantaisie, le jeu, l’envie de rôles, l’ouverture au monde. Elle est tous les possibles. Mais dans l’air de 1942, il y a aussi un crime contre l’humanité, un génocide toujours plus menaçant pour ceux qui portent l’étoile jaune. En orchestrant comme un crescendo la confrontation entre l’élan de la vie et l’arrêt de mort programmé par l’idéologie nazie, le film redonne à cette période une vérité saisissante. Tourné vers la jeunesse d’hier, il la célèbre en parlant à celle d’aujourd’hui du courage d’être soi-même et de s’ouvrir à la vie, quoi qu’il advienne. La dernière image de ce film grave et lumineux, délicat et puissant, bouleverse et nous poursuit très longtemps.

A voir ici pour 4,99 €.

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Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine

Publié le par Michel Monsay

Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine
Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine

C'est incontestablement la grande exposition de la rentrée, celle qui attire les foules, c'est d'ailleurs le seul bémol, parce qu'au final après l'avoir vue, elle nous a procuré un bonheur infini. Le Musée d'Orsay consacre en effet une exposition au génial peintre norvégien, Edvard Munch, artiste de la mélancolie et explorateur de l’âme humaine dont l’œuvre immense, 60 ans de création et 1700 toiles, est trop souvent résumée à sa célèbre toile, Le cri. Son œuvre entière est un cri ! Alors inutile de chercher la toile du même nom dans l’exposition. La Norvège ne la prête plus, traumatisée par son vol en 2004. Peu importe, la puissance de la peinture d'Edvard Munch saute aux yeux dès les premiers tableaux qui nous sont proposées parmi la centaine d'œuvres qui composent cette rétrospective. L’art de Munch est un art de l’esprit qui opère une distorsion du visible par l’effet puissant des sensations intimes. Les paysages, les êtres, les couleurs sont modifiés par l’état d’âme, les circonstances, l’inquiétude, l’angoisse ou le malheur. Son œuvre occupe dans la modernité artistique une place charnière. Elle plonge ses racines dans le XIXe siècle pour s’inscrire pleinement dans le suivant jusqu'en 1944. Plus encore, sa peinture est innervée par une vision du monde singulière lui conférant une puissante dimension symboliste, mouvement qu'il dépassera pour aller vers l'expressionnisme. Douleur de la mort d'un proche, amours difficiles et malheureuses, l'émotion est au centre de cette exposition, qui s'intitule Un poème de vie, d'amour et de mort, et nous montre comment le peintre, toute sa vie, reprend les mêmes thèmes, parfois les mêmes compositions, jusqu'à l'obsession, en variant les couleurs ou la façon de peindre. Edvard Munch a aussi souvent pratiqué l'autoportrait, en forme d'introspection, où il exprime généralement le tourment, et tous ceux qui sont exposés ici sont à la fois puissants et fascinants. Ce sont d'ailleurs les deux adjectifs qui correspondent le mieux pour définir la quasi totalité, chose assez rare dans une exposition, des œuvres que le musée d'Orsay nous propose d'admirer.

A voir au Musée d'Orsay jusqu'au 22 janvier.

Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine
Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine
Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine
Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine
Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine
Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine
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Edvard Munch, un fabuleux coloriste dont l'intensité des œuvres fascine

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Figure majeure du monde des idées, dont il faut absolument s'inspirer

Publié le par Michel Monsay

Figure majeure du monde des idées, dont il faut absolument s'inspirer

Il était considéré comme l’un des plus grands philosophes contemporains. L’anthropologue, Bruno Latour, éminent penseur de notre temps, référence de l’écologie politique, est décédé samedi à l'âge de 75 ans. Tour à tour sociologue, ethnologue, philosophe des sciences, ce génial touche-à-tout, fan de Gaston Lagaffe, laisse derrière lui une œuvre protéiforme, faite de textes denses et profonds, d’essais incisifs, de spectacles et d’expositions. D'abord connu pour ses travaux sur les sciences et les techniques, il a ensuite participé à imposer de nouveaux thèmes : climat, animaux, virus, réseaux numériques, ZAD… dont se sont saisis des militants écologistes. Traduit en trente langues dont le mandarin, il a été classé en 2007 parmi les dix chercheurs les plus cités au monde en sciences humaines. Une telle trajectoire n’avait pourtant rien d’évident il y a un demi-siècle, lorsque l’enfant de la maison Latour, né en 1947 dans cette grande famille bourguignonne de négociants en vins, découvrait l’anthropologie en Côte-d’Ivoire. Depuis ce professeur émérite associé à Sciences Po, célébré dans le monde entier, est devenu une source d'inspiration pour une nouvelle génération d’intellectuels, d’artistes et de militants. Bruno Latour fut le premier à percevoir que l’enjeu de la pensée politique résidait tout entier dans la question écologique. Le philosophe a laissé une extraordinaire boîte à outils, non seulement destinée à nourrir la réflexion, mais également à imaginer de nouveaux modes d’existence et d’action. Une invitation à « devenir terrestre » en faisant preuve d’empathie avec la Terre, disait-il : « Le contraste entre le calme avec lequel nous continuons à vivre tranquillement et ce qui nous arrive est vertigineux ». Bruno Latour était malicieux, rien de pontifiant ou de sévère, chez ce grand intellectuel, mais une constante bienveillance, inspirée par une curiosité souriante et volontiers provocatrice. Une façon d’être qui ne l’a pas empêché de développer une pensée puissante, dont il est urgent de s'inspirer.

Publié dans Chroniques

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Désespérant, une nouvelle aberration écologique

Publié le par Michel Monsay

Désespérant, une nouvelle aberration écologique

On dirait un canular, mais non, les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 se dérouleront bien dans le désert d’Arabie saoudite. Ainsi en a décidé le Conseil olympique d’Asie, à l’unanimité et en pleine polémique sur le Mondial de foot au Qatar. « Les températures descendent en dessous de zéro degré en hiver », justifient mollement les promoteurs du projet Neom, la future mégapole qui accueillera les festivités. Car oui, tout reste à construire, à commencer par la délirante ville de science-fiction avec taxis volants, lune artificielle et buildings démentiels (notamment deux bâtiments de près de 500 mètres de haut et 170 kilomètres de long, prévus pour abriter 1,5 million d’habitants à l’horizon 2030 et 9 millions d’ici 2045) que le prince héritier Mohammed ben Salmane, l’homme qui a fait découper un journaliste en rondelles, rêve de faire émerger des dunes de sable. Notre maison brûle ? Soufflons sur les braises ! À ce niveau de cynisme et de bêtise, on ne sait plus trop quoi dire, les mots et les émotions nous viennent dans le désordre. Neom n’est pas une aberration écologique, c’est une obscénité. Un poison, aussi. Chacun constate à quel point le découragement gagne les esprits. Les élans se brisent face aux montagnes qu’il nous faut collectivement soulever, si l’on veut que cette planète demeure à peu près habitable. Au fond, on ne sait trop ce qui est le pire : l’impudence abyssale de ceux pour qui tout est à vendre, et peu importe les dégâts. Ou la lassitude désespérée qu’elle provoque, cette tentation de déserter le champ de bataille environnemental… Mais non, nous ne baisserons pas les bras.

Désespérant, une nouvelle aberration écologique

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La consécration d'une grande romancière féministe et sociale

Publié le par Michel Monsay

La consécration d'une grande romancière féministe et sociale
La consécration d'une grande romancière féministe et sociale

Le hasard fait bien les choses, hier je disais le plus grand bien de L'événement, le film d'Audrey Diwan adapté du livre d'Annie Ernaux, et ce 6 octobre restera le jour où pour la première fois une française s'est vue décerner le Prix Nobel de littérature. Se raconter, finement, précisément, à la première personne, pour finalement dévoiler des mécanismes collectifs, c’est l’œuvre puissante, féministe et universelle, qu'a bâtit depuis 1974 Annie Ernaux, et qui vient d'être honorée par la plus prestigieuse récompense internationale. Ce Prix vient s’ajouter aux multiples autres venus saluer son œuvre remarquable, inaugurée en 1974 par Les Armoires vides. Ont suivi notamment La Femme gelée (1981), La Place (1983), Une femme (1987), Passion simple (1992), La Honte (1997), L’Événement (2000), L’Occupation (2002), Mémoire de fille (2016)… Jalons d’un chemin d’écriture qui a vu Annie Ernaux s’éloigner rapidement de la fiction au profit du récit personnel, jamais synonyme chez elle de complaisance ou d’épanchements narcissiques. Une trajectoire au cœur de laquelle brille sans doute d’un éclat particulier Les Années (2008), l’éblouissante autobiographie impersonnelle qui a fait définitivement taire les ultimes contempteurs d’une œuvre résolument sans afféteries et, pour cela, longtemps dénigrée avec une rare violence par l’arrière-garde machiste et académique de la critique littéraire, d’une écriture qui toujours s’est efforcée de tout nommer au plus précis, au plus simple, au plus cru, les actes, les corps, les émotions : « Je suis venue au monde pour cela, pour dire ce qui m’est arrivée. C’est difficile, c’est lourd, mais c’est un devoir. Mon devoir. Pour que d’autres puissent s’avouer peut-être : vous me donnez envie de parler de moi. C’est ça, le rôle de l’écriture, quand elle mérite de s’appeler littérature. Un rôle de purification, de catharsis. » Un geste littéraire paradoxalement aussi éloigné de l’autobiographie, telle qu’on l’entend habituellement, que de l’autofiction. « Je n’ai pas le désir de découvrir les zones d’ombre de ma vie », expliquait, dans le livre d’entretiens L’Écriture comme un couteau (2003), l’admiratrice de Proust et de Bourdieu, de Tchekhov et de Beauvoir, qu’est Annie Ernaux. Précisant : « Je me considère très peu comme un être unique, au sens d’absolument singulier, mais comme une som­me d’expériences, de déterminations aussi, sociales, historiques, sexuelles, de langages, et continuellement en dialogue avec le monde (passé et présent), le tout formant, oui, forcément, une sub­jectivité unique. Mais je me sers de ma subjectivité pour retrou­ver, dévoiler des mécanismes ou des phénomènes plus généraux, collectifs. » Annie Ernaux n’a jamais visé l’aveu, cherchant bien plutôt à atteindre ce ­qu’elle appelle « la valeur collective du “je” » : parler de soi pour tendre aux autres un miroir où se reconnaître et composer de livre en livre une autobiographie qui se confonde avec la vie du lecteur. C’est cette universalité, cette ascèse, son courage et son acuité clinique qu’ont décidé de distinguer les jurés du prix Nobel de littérature, intensifiant la lumière jetée sur l’œuvre féministe et universelle, puissante et sans complaisance de l’écrivaine, aujourd’hui âgée de 82 ans. Ses livres constituent à jamais une remarquable radiographie de l'intimité d'une femme qui a évolué au gré des bouleversements de la société française depuis l'après-guerre.

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Un geste de cinéma esthétique et politique qui nous transperce

Publié le par Michel Monsay

Un geste de cinéma esthétique et politique qui nous transperce

Lion d'or à la Mostra de Venise 2021, une récompense amplement méritée à l'inverse de la Palme d'or de cette année, L'Événement est une œuvre qui affronte une douloureuse réalité avec un sens aiguisé du cinéma. En adaptant le roman autobiographique d’Annie Ernaux, Audrey Diwan signe un film percutant, sensible et engagé, avec en son centre la remarquable comédienne, Anamaria Vartolomei. La réalisatrice nous embarque dans une plongée à pic au cœur d’un conflit intime d’une violence inouïe, qu’une loi inepte a fait vivre à de nombreuses femmes françaises jusqu’en 1975, et que d’autres endurent encore aujourd’hui ailleurs dans le monde. Tout dans la facture de ce film tend à la sobriété, des décors à la lumière en passant par les couleurs, les costumes, maquillages et coiffures. En optant pour le format ramassé 4/3, qui focalise le regard, en plaçant sa caméra toujours à juste distance, et souvent au plus près du visage, de la peau, de la nuque de son actrice ; en structurant son récit tel un compte à rebours, Audrey Diwan réalise un tour de force : rendre organique, concret, palpable ce que représente le fait de mettre fin à une grossesse non désirée, et nous faire éprouver de l'intérieur ce que vit le personnage central de cette histoire poignante. La réalisatrice réussit un mélange rare de cinéma à la fois naturaliste et profondément sensoriel, quasi sensuel même, mais aussi politique dans cette France profondément patriarcale et régressive des années 60. Par le fil ténu de la pulsion de survie de son héroïne, le film, qui impressionne par sa maîtrise et sa puissance, emporte tout, au-delà des époques, et devient profondément universel.

A voir sur Canal + VOD pour 2,99€ ici ou sur Canal à la demande (pour ceux qui l'ont).

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Quand une mère s'émancipe et sort des codes de la bien-pensance

Publié le par Michel Monsay

Quand une mère s'émancipe et sort des codes de la bien-pensance

Dans un seule en scène, à la fois intime et très vivant, une femme, qui n’a plus l’âge de devenir mère, se retourne sur son passé. Son mari qu’elle aimait tant, n’est plus, et ses enfants se sont échappés, situation sans doute normale, mais toujours douloureuse. Anny  Duperey, solaire, touchante, pleine de grâce et d'humanité, se livre à une correspondance très personnelle sans fards ni tabou, parfois impudique. Elle écrit à ses enfants qu’elle voit de moins en moins. Elle tente de repousser les limites de l’âge, du naufrage inexorable de la vieillesse qui s’annonce.  « Mes chers enfants », c’est par ces mots que débute chacune de ses lettres qu’elle lit sur scène, mais qui n’attendent pas de réponses. La mise en scène évite intelligemment l'aspect routinier de cet exercice, notamment avec des belles images vidéos qui complètent avec à propos les lettres que la comédienne distille en jouant sur toutes les émotions avec sensibilité. Un charme fou, un très beau texte de Jean Marbœuf, c’est d'ailleurs touchant d’entendre les mots d’un homme sachant si bien parler de la femme, de la féminité, et de ses interrogations sur la vie qui passe, un parfum de nostalgie, une envie de liberté, une jouissance de ce qui reste de la vie. Ce sont les confidences d’une femme blessée qui ne sombre pas dans la dépression. Un être de chair et de sang qui se redresse à la faveur d’un changement de décor. La psychologie d’une veuve joyeuse, d’une femme secouée par la vie qui se rebelle contre le sort. Une réflexion sur l’amour, la liberté, les problèmes de société, la solitude, le temps de vivre, et puis tout près de nous, les migrants, sujet sur lequel Anny Duperey est vraiment crédible. D’ailleurs le texte est exactement fait pour elle, et donne à la comédienne un parfait écrin pour nous émouvoir et nous faire sourire. 

Mes chers enfants est à voir au Théâtre de Passy

Publié dans Théâtre

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