Le Centre Pompidou propose, en plus de 120 tableaux, sculptures et installations, une rétrospective de l'œuvre de Gérard Garouste, l'un des plus célèbres peintres français au monde, dont le style inclassable puise aux sources de la mythologie, la littérature, la Bible et les études talmudiques. Toute la première partie de l’exposition, montée par Sophie Duplaix, conservatrice en cheffe des collections contemporaines au Musée national d’art moderne, fait la part belle à ses Don Quichotte, sainte Thérèse d’Avila et autres personnages de la Bible ou de la Kabbale. Elle rappelle les interventions de Gérard Garouste au Palace, temple des nuits parisiennes dans les années 1980, au Palais de l’Élysée, où l’artiste crée un ensemble de fresques pour la chambre à coucher de Danielle Mitterrand, ou encore au théâtre du Châtelet lorsqu’il répond à la commande de la Ville de Paris d’un nouveau rideau de scène dans le cadre du bicentenaire de la Révolution française. A 76 ans, Gérard Garouste bénéficie enfin d'une exposition digne de ce nom, axée sur le rêve et la magie des contes, et où l'on reconnait ses personnages espiègles, un nez allongé, un regard rieur, un sourire malicieux. Une œuvre théâtralisée et tourmentée pour cet artiste génial qui se joue des apparences dans un coup d’éclat digne d’un magicien virtuose. L'exposition résume près d’un demi-siècle de création, où l'on admire cette capacité incroyable de celui que l’on surnomme l’intranquille à puiser dans des imageries grinçantes, légendes et autres fables pour inventer un monde nouveau, faisant du spectateur le complice d’une vaste descente aux enfers au cœur d’un imaginaire mêlant cruellement le rêve au cauchemar. La couleur est toujours somptueuse chez Garouste. Soyeuse, envoûtante, parfois brûlante, elle séduit immédiatement le spectateur, l’accroche pour mieux l’aider à entrer dans l'œuvre du peintre, truffée de références. Qu’importe si l’on ne comprend pas tout, si ces allusions nous échappent. C’est parce que ses tableaux regorgent de mystères, d’énigmes irrésolues, de secrets impossibles à percer qu’on les regarde, et qu’ils finissent toujours par nous emporter et nous éblouir.
L'exposition Gérard Garouste est à voir au Centre Pompidou jusqu'au 2 janvier 2023.