Passionnant documentaire sur la fabrication d'un mythe
Il fut l’une des stars les plus fascinantes et intemporelles d'Hollywood. Travaillant avec les réalisateurs les plus talentueux de son époque, celui qui s’appelait Archibald Leach a joué dans soixante-douze films, dont plusieurs chefs-d'œuvre, de Blonde Venus ou Sylvia Scarlett dans les années 30 jusqu'à Charade en 1963. Durant une trentaine d'années, il alterne rôles comiques révolutionnaires (La Dame du vendredi pour Howard Hawks, Arsenic et vieilles dentelles pour Frank Capra, Cette sacrée vérité pour Leo McCarey,…) et classiques inoxydables comme L’Impossible monsieur bébé (Howard Hawks) ou Indiscrétions (George Cukor), sans parler des personnages plus sombres et inoubliables d'Alfred Hitchcock (Soupçons, Les enchaînés, La Mort aux trousses, La Main au collet). L’angle de ce documentaire a le mérite de l’originalité, quitte à frustrer ceux qui, depuis des décennies, spéculent sur la vie privée de Cary Grant. Sans négliger sa biographie, Sebastian Perez Pezzani préfère se livrer, et il a mille fois raison, à la stimulante étude actorale d’un des grands mythes cinématographiques. Ou comment Archie Leach, petit prolétaire anglais, privé d’une mère que son père a fait interner en lui faisant croire qu’elle était morte, s’est créé une identité rêvée à Hollywood, sous le nom de Cary Grant. D’abord substitut à Gary Cooper, il s’affranchit assez vite du modèle imposé en quittant la Paramount et en prenant son indépendance. Ambitieux et intelligent, le playboy amidonné devient véritablement acteur sous la direction de George Cukor, avant que Leo McCarey l’aide à trouver son personnage et fasse émerger son talent comique, en 1937, dans Cette sacrée vérité. Si Howard Hawks révèle son exceptionnel sens du timing, il revient à Alfred Hitchcock d’exploiter la face sombre de l'acteur, son rôle d’espion des Enchaînés, qui puise dans sa propre expérience d’agent du MI6, ira même jusqu’à inspirer Ian Fleming pour sa création de James Bond. Avec, toujours dans l’esprit de Cary Grant, ce conseil donné par Mae West et qui le rendait irrésistible : « Tu dois être celui qui est désiré. Pas celui qui désire. » Ce portrait analyse finement la manière dont la star est parvenue à définir une masculinité moderne, virile sans agressivité.
Cary Grant, l'homme qu'il rêvait d'être est à voir ici en vous abonnant à OCS pour 10,99 € sans engagement et profiter ainsi d'un large choix de films et séries.