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L'époustouflant Paris de la modernité

Publié le par Michel Monsay

L'époustouflant Paris de la modernité

Le Petit Palais retrace l’entrée de Paris dans la modernité, de la Belle Époque jusqu’aux Années folles, une période qui voit la capitale devenir un foyer culturel bouillonnant, attirant de nombreux artistes venus du monde entier. L’exposition Le Paris de la modernité (1905-1925) dresse un panorama du tourbillon créatif qui emporte Paris, touchant tous les domaines de la création : peinture, sculpture, arts décoratifs, mode, théâtre, danse, photographie, cinéma, architecture,… Cette superbe exposition fait cohabiter entre autre des tableaux de Matisse, Picasso, Van Dongen ou Modigliani, des robes de Paul Poiret ou de Jeanne Lanvin, des bijoux de la maison Cartier, avec un aéroplane  de 1911, une automobile Bébé Peugeot de 1913 et ce qui est sans doute le premier vélo pliant ! Près de quatre cents pièces en tout qui racontent une histoire complexe, rafraîchissante souvent, glaçante parfois durant la Grande guerre, un peu folle toujours. Ambitieuse, cette exposition aborde avec originalité cette période fascinante, en faisant ressortir les ruptures et les incroyables avancées tant artistiques que technologiques. Épicentre mondial de l'art pendant vingt ans, de Montmartre à Montparnasse, Paris a vu l'éclosion de chefs-d’œuvre qui ont marqué l'Histoire de l'art, dont on retrouve ici un certain nombre avec émerveillement. Ainsi, par leur audace et leur radicalité, s’opposant au goût commun pour amener de nouvelles esthétiques, artistes, artisans et ingénieurs ont fait de Paris un laboratoire esthétique et humain en phase avec les mutations de la cité et de la société moderne. Ici, durant les folles années du XXe siècle naissant, une façon de vivre la ville s’est inventée avec, et non malgré les différences. En 1913, près de la moitié des artistes actifs dans la capitale sont étrangers. Pendant et après la Première Guerre mondiale, ils continueront d’affluer, poussés par la révolution soviétique, la censure d’outre-Manche, l’ordre moral, la prohibition et la ségrégation raciale américaine, faisant notamment éclore, dans le champ des arts, l’école de Paris ou, dans celui du musical-hall, la Revue nègre et le jazz. Piet Mondrian, Marc Chagall, Chana Orloff, Ossip Zadkine, Marie Vassilieff,  Foujita ou Chaïm Soutine sont du nombre, au même titre que Hemingway, Man Ray ou Joséphine Baker. Tous font de Paris une fête exubérante et joyeuse où les identités se complètent au lieu de s’opposer, en étant tous animés d’un même élan : celui de la liberté, que cette exposition indispensable retranscrit admirablement.

Le Paris de la modernité est à voir au Petit Palais jusqu'à dimanche 14 avril.

L'époustouflant Paris de la modernité
L'époustouflant Paris de la modernité
L'époustouflant Paris de la modernité
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L'époustouflant Paris de la modernité
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Publié dans Expos

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Touchante chronique d’un amour au temps de la pandémie

Publié le par Michel Monsay

Touchante chronique d’un amour au temps de la pandémie

Cinéaste de la délicatesse, Jérôme Bonnell, à qui l'on doit déjà de très beaux films comme Le temps de l'aventure ou À trois on y va ou la minisérie Les hautes herbes, signe un huis clos amoureux, vibrant d'émotions, de sensibilité et de charme, une comédie délicate, à la fois légère et dramatique, drôle et troublante. Il filme avec la précision et la finesse qu’on lui connaît cette romance à huis clos, sensuelle et singulière, à l’issue pleine de surprises. Une variation emballante sur la fragilité du sentiment amoureux et la magie de l’imprévu, portée par un tandem de comédiens en état de grâce, la lumineuse révélation Amel Charif et Marco Pauly, qui nous avait épaté dans Patients. Jérôme Bonnell a commencé à écrire son scénario dans l'état de sidération du premier confinement. De là, sans doute, la justesse de l'arrière-plan, son aspect aberrant, surréaliste même : la gestion de la crise par les politiques, son rendu anxiogène par les médias, les masques, les files d'attente devant les magasins et les pénuries de différents produits, les applaudissements le soir à 20h pour le personnel de santé dont tout le monde se fout aujoud'hui, à commencer par le gouvernement, la notion du temps qui disparaît… toutes ces situations improbables que l'on a tous vécues. La grâce des visages et des corps de ces amants de la pandémie de Covid-19, l’élégance de la mise en scène font d’À la joie un moment intense et doux, qui regarde en face aussi bien le désir que la douleur.

À la joie est à voir ici ou en allant sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs

Publié le par Michel Monsay

Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs

C’est à une expérience exceptionnelle que nous convie le chef japonais Shinsuke Nakatani. Son antre entre le Bon marché et Duroc, dans un décor blanc minimaliste, reflète bien l’exigence de raffinement d’une culture millénaire. Car il s’agit bien, là encore, d’un excellent chef nippon exilé dans notre pays et féru de cuisine française. Né à Kyoto, Shinsuke Nakatani grandit avec l’image de sa mère faisant la cuisine. Il décide d’intégrer une école hôtelière à Osaka et choisit d’étudier la cuisine européenne. Fasciné par les produits et les techniques français, un voyage avec son école dans l'hexagone achève de le convaincre de se consacrer à la cuisine française. Il travaille d’abord dans plusieurs établissements à Kyoto et Osaka puis il part pour la France en 2001. Après quelques expériences en province, il travaille aux côtés d'Hélène Darroze pendant 9 ans, dont 3 en tant que chef cuisinier. Puis, il ouvre son restaurant Nakatani en 2014. Il obtient sa première étoile Michelin en 2016 et l’a conservée depuis. Tout dans son approche de la gastronomie exprime une sensibilité artistique exacerbée, jusqu’à ses délicats dressages de plats où l'on sent sa délicate fibre japonaise. Ses assiettes proposent bien sûr des produits de très haute volée, et chacune d’elles organise avec brio une rencontre toujours réussie entre de multiples ingrédients et condiments, parfois quatre ou cinq à la fois. L’harmonie de la composition impressionne, des amuse-bouches jusqu'aux desserts, le tout dans une superbe vaisselle japonaise de la maison Monohanako. Déjeuner inoubliable à un prix somme toute raisonnable au vu de la qualité du moment que nous propose Shinsuke Nakatani, comparé aux prix de certains concerts classique ou pop, voire de soirées à l'Opéra.

Quelques exemples de l'art de Nakatani :

Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs
Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs
Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs
Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs
Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs
Une finesse d'exécution dans un tourbillon de sublimes saveurs

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Captivant et implacable huis clos dans un collège allemand

Publié le par Michel Monsay

Captivant et implacable huis clos dans un collège allemand

Ce thriller haletant du réalisateur allemand Ilker Catak brosse le magnifique portrait d’une enseignante, sans rien dévoiler de son intimité et de son quotidien hors du collège. Tourné en huis clos à Hambourg, ce film interroge les dérives de la bien-pensance dans un collège dit progressiste où le personnel a surtout tendance à manquer de discernement. L’intrigue pourrait se réduire au cas de conscience d’une enseignante idéaliste, qui croit aux valeurs du dialogue et à la cohésion du groupe à la faveur de l’apprentissage des choses de la vie. Le film vise plus loin, en se servant du collège pour dépeindre les tourments de nos sociétés. La mise en scène procède d’un face-à-face entre la professeure, dont les propos nuancés restent inaudibles par les tenants du politiquement correct, et le reste du collège, pris dans une transe inarrêtable qui le pousse à œuvrer sans réfléchir. Cette fable philosophique sur la pensée unique dit aussi beaucoup du racisme ordinaire envers les Polonais (l'héroïne vient d’une famille polonaise de Westphalie) en cours en Allemagne. Alors qu’à chaque moment on sent poindre l’explosion, la force du film consiste à conférer suffisamment d’impondérables à son récit pour maintenir l’attention. Dans une mise en scène au cordeau, La Salle des profs, rivé au visage de l’actrice principale, parfaite Leonie Benesch, de plus en plus isolée, se maintient à la frontière de la réalité et du mensonge. Caméra sans cesse en mouvement, plans-séquences, image au format 4/3 : le réalisateur enferme les personnages dans le huis clos du collège et maintient une tension permanente : Faux coupable, apparences trompeuses, multiplication des points de vue, solitude du héros dans un microcosme hostile. Beau succès public en Allemagne, récompensé dans plusieurs festivals, La salle des profs a remporté cinq Lola, l’équivalent germanique de nos César. Ce film glaçant et très efficace s'intéresse moins à l'enseignement qu'à la façon dont un lycée forme une petite société. A l'échelle d'un bâtiment labyrinthique, Ilker Çatak nous raconte les réseaux sociaux, la poudre des fausses nouvelles et cette foule constamment à la recherche de héros à célébrer et de proies à dévorer. La classe est à la fois l'endroit où s'invente le monde de demain et un reflet impitoyable de celui d'aujourd'hui. 

Publié dans Films

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Superbe retour d'un monument de la musique pop rock

Publié le par Michel Monsay

Superbe retour d'un monument de la musique pop rock

Depuis le 1er décembre 2023, le neuvième album studio de chansons originales, intitulé I/O, de l'immense et trop rare Peter Gabriel est arrivé, 21 ans après le précédent. Entre-temps, il y a eu d'autres projets musicaux, et des engagements humanitaires et environnementaux, mais pas d'album de chansons nouvelles. Égrenés tout au long de l’année dernière à chaque pleine lune, il n'y a que lui pour faire ça, les douze nouveaux morceaux du musicien et chanteur anglais à la voix vibrante sont proposées dans cet album chacun en deux versions, une brillante et colorée, l'autre plus sombre. Peter Gabriel, c'est 55 ans de carrière depuis le premier 45 tours avec le groupe Genesis dont il a été l'âme et le premier chanteur, avant que le groupe ne perde de son ambition et de sa créativité après le départ de son leader en 1975. Puis une magnifique carrière solo, toujours à l'affût des innovations technologiques, il n'a eu de cesse d'habiller sa musique de nouveaux sons, climats et textures. En 1980 par exemple, il a popularisé le synthétiseur Fairlight CMI, et plusieurs artistes lui ont emboîté le pas, de Kate Bush à Daniel Balavoine. Fasciné par les musiques et rythmes d'autres continents, notamment africains, Peter Gabriel a été l'une des premières rock stars à promouvoir les musiques du monde pour lesquelles il a créé un festival, Womad, puis un studio et un label, Real World. Tantôt atmosphériques, tantôt rythmées, ses douze nouvelles chansons abordent différents thèmes, comme la justice, l'environnement, la technologie, le pardon, le temps qui passe, la mort, l'âge, la place de l'homme dans l'univers,... Et bien sûr il y a la voix, unique, magistrale, celle qui illuminait Solsbury Hill ou Don’t Give Up est toujours bien là, et par conséquent le charme et la magie Gabriel, chantre éternel d’une quête de sagesse et d’amour à l’aune d’un avenir certes inquiétant mais aussi stimulant. Alliance de l’acoustique et de sonorités électriques, de programmations en ornementations rythmiques ou mélodiques, ces superbes compositions varient les tempos, avec une impression d’apaisement, une étrangeté rêveuse. À 74 ans, il y a peu de chances que vingt années s'écoulent de nouveau entre cet album et le prochain, mais si I/O devait être le dernier disque de Peter Gabriel, ce que l'on ne souhaite pas, il constituerait une magnifique conclusion à sa carrière, et surtout un disque synthétisant tout le talent de cet artiste essentiel qui n'a toujours suivi que son instinct sans se préoccuper des modes et du qu'en-dira-t-on.

Extraits de I/O, voici 5 exemples de la magie Peter Gabriel :

Publié dans Disques

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Passionnante minisérie policière, existentielle et poétique

Publié le par Michel Monsay

Passionnante minisérie policière, existentielle et poétique

Brit Marling et Zal Batmanglij, scénaristes, réalisateurs et même actrice pour la première, se saisissent de leur anxiété face au monde avec une énergie poétique. Des étendues glacées où délire un mégalo des algorithmes à la poussière chaude de l’Ouest américain où sévit un tueur de femmes, capitalisme et patriarcat sont dans le viseur. Pourtant aucun reste de didactisme ne survit à l’imaginaire grand ouvert des deux scénaristes, qui laisse leurs visions offertes à l’interprétation et les questions sans réponse univoque. Comment protéger nos enfants ? Faut-il se déconnecter ? L’IA est-elle un danger ou une solution ? Si la série s’empare de ces sujets brûlants avec acuité, c’est sans se départir d’une grâce rêveuse, reliant chaque idée à sa pelote d’émotions versatiles, qui l’empêche de se figer dans le marbre. Cette fluidité circule aussi entre les deux principaux protagonistes, touchant binôme égalitaire, où chacun porte sa part mouvante de masculin et de féminin. Cette passionnante minisérie s'interroge également sur l'emprise, les violences faites aux femmes, l'écoanxiété, l'innocence perdue des premiers combats militants, notre dépendance à la technologie qui isole autant qu'elle ouvre des milliers d'horizons. Sur le papier, Un meurtre au bout du monde ressemble à une histoire telle qu’Agatha Christie l’a théorisée au fil de ses romans, mais les scénaristes en ont fait une œuvre bien plus complexe qui s'intéresse autant à l'enquête que mène l'héroïne qu'à tous les sujets abordés. D'autant que tout au long des sept épisodes, deux récits s’enchevêtrent, l'un s'étant déroulé quelques années avant l'autre, soulignant l’opposition entre deux types d'approche de la technologie : celle des hackers, collaborative, qui permet de réparer le passé, et celle des milliardaires égocentriques à la Elon Musk, dont la mégalomanie n’a d’égale que l’absence de vision. Ce sont deux perceptions du monde qui s’affrontent et entre les deux, la série choisit sans sourciller le camp de l’humanisme.

Un meurtre au bout du monde est à voir ici sur Disney + pour 5,99 € avec pub un mois sans engagement ou 8,99 € sans pub.

Publié dans replay

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Il y a 30 ans, il se suicidait à l'âge de 27 ans

Publié le par Michel Monsay

Il y a 30 ans, il se suicidait à l'âge de 27 ans
Il y a 30 ans, il se suicidait à l'âge de 27 ans

Le 5 avril 1994, Kurt Cobain se donne la mort dans sa maison de Seattle, moins d’une semaine après s’être échappé d’un établissement spécialisé de Los Angeles où il tentait de soigner son addiction à l’héroïne. Trois jours plus tard, un électricien retrouve le corps sans vie du leader de Nirvana, âgé de seulement 27 ans. L’onde de choc est planétaire, à la hauteur de la fulgurante carrière du groupe originaire d’Aberdeen, dans le nord-ouest des États-Unis. Trois décennies après la déflagration grunge et ses 75 millions de disques vendus, que reste-t-il de Nirvana ? Une discographie officielle aussi concise que rageuse, résumée en trois albums (Bleach, Nevermind, In Utero), et un concert culte (MTV Unplugged in New York). Avec sa formule singulière : paroles cryptiques, urgence mélodique, Converse basses… Kurt Cobain, anti-rock star rongée par le succès de masse, a su mettre en musique les maux d’une époque dans une œuvre radicalement engagée, au croisement du punk, du metal et de la pop.

Deux superbes morceaux du fameux concert acoustique et un autre plein de rage deux mois avant sa mort sur le plateau de Nulle part ailleurs, sans oublier le choc qu'avait produit Smells like teen spirit en 1991.

Publié dans Chroniques

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Savoureuse comédie au doux parfum de libertinage

Publié le par Michel Monsay

Savoureuse comédie au doux parfum de libertinage

Le deuxième long métrage de Michel Deville, qui date de 1962, est libre, inventif et joyeux. Tout le Deville des débuts, si proche de Marivaux, se retrouve ici : une gaieté naturelle alliée à une sensibilité discrète, une écriture élégante, aisée, subtile, une impeccable direction d'acteurs. Tout le film est construit autour des manigances d'une jolie demoiselle, sublime Marina Vlady, solaire, épanouie, sensuelle, qui pétille de vie, de charme et d'humour, dont le plus grand plaisir est de vivre en équilibre sur des échafaudages de mensonges. La mise en scène est parfaitement accordée au sujet, fluide, légère, fertile en inventions cocasses, en détails savoureux et d'une infaillible justesse de ton. Plus encore qu'à Marivaux, à qui il a souvent été comparé, Michel Deville fait penser ici au Musset des Caprices de Marianne par son mélange de frivolité et de relative gravité dans sa deuxième partie. Le film suit donc les aventures de Juliette, menteuse obsessionnelle, et de sa sœur Sophie (Macha Méril), fausse ingénue, qui, toutes deux, badinent trop avec l'amour. La caméra virevoltante papillonne avec grâce autour des deux sœurs. Tous les acteurs ont l'air de beaucoup s'amuser, et le spectateur avec. Coécrit avec Nina Companeez, Adorable menteuse est un bel exemple de film ludique, rafraîchissant, et de cinéma qui fait vivre une jeunesse un peu libertine, un peu cruelle, dont les manières affranchies laissent toute sa place au désir féminin.

Adorable menteuse est à voir ici pour 2,99 € en location.

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Magnifiques sculptures de Chana Orloff

Publié le par Michel Monsay

Magnifiques sculptures de Chana Orloff

Figure du Montparnasse des Années folles, moderne et émancipée, la sculptrice franco-ukrainienne Chana Orloff (1888-1968) a été témoin malgré elle des plus grands drames du XXᵉ siècle, notamment du nazisme responsable du saccage de son atelier et du vol de 145 œuvres lors de son exil pour échapper aux camps de la mort. Une centaine de ses sculptures ont été exposées jusqu’au 31 mars au Musée Zadkine, à Paris. Égérie de l’école de Paris, (Picasso, Chagall, Modigliani…) qui dans la première moitié du XXᵉ siècle, ont fait de la capitale un centre de création artistique, Chana Orloff était aussi une femme avant-gardiste aux multiples identités, très indépendante, qui a construit sa vie comme bon lui semblait. Elle est la huitième d’une grande famille juive de neuf enfants. Ses parents sont commerçants près de Marioupol, et sa mère s’occupe aussi des rites funéraires dans le village. Jeune fille, elle accompagne sa grand-mère Léa, sage-femme, lors des accouchements. Bien avant de se lancer dans la sculpture, elle a donc été confrontée très tôt à la réalité du corps humain, de la naissance à la mort. Elle a 17 ans, en 1905, quand sa famille, qui a déjà vu sa maison incendiée en 1881 lors d’un pogrom, décide de partir pour la Palestine, et s’installe près de Tel-Aviv. Cinq ans plus tard, Chana Orloff part seule à Paris à 22 ans, alors qu'elle est une excellente couturière, et va devenir sculptrice après avoir étudié le dessin à l’École des arts décoratifs. Aujourd'hui peu connue du grand public, Chana Orloff est pourtant une artiste essentielle au vu des superbes sculptures que cette exposition a révélées. Au cœur de son œuvre foisonnante, s’imposent plus de trois cents portraits d’artistes et d’intellectuels ainsi que leur famille. Le Tout-Paris de l’entre-deux-guerres. La plupart sont des amis, parmi lesquels Modigliani, Soutine et Chagall. C’est précisément cet art du portrait sculpté, genre alors délaissé, qui lui a très tôt apporté la reconnaissance et la célébrité, avant qu’elle ne tombe dans l’oubli. Dans cet art, qui était traditionnellement réservé aux hommes, Chana Orloff a fait merveille en sachant saisir un trait, retranscrire une expression, dans un style alliant l’épure à un certain réalisme, et avec parfois un humour bienveillant. L’artiste s’est aussi essayé à la gravure sur bois où son sens graphique saute aux yeux. Parmi les œuvres exposées, Dame à l’éventail, avec ses formes subtiles, douces et rondes, d’où émane paradoxalement une force sereine et une élégance avant-gardiste, est un bronze qui fut particulièrement remarqué au Salon d’automne de 1920. L’exposition du musée Zadkine portait le beau titre Chana Orloff Sculpter l’époque. C’était l’ambition de cet artiste majeure, qui a non seulement sculpté son temps en bronze, bois, ciment, plâtre ou terre cuite, mais surtout marqué l'histoire de l'art par son grand talent de portraitiste.

Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff
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Magnifiques sculptures de Chana Orloff
Magnifiques sculptures de Chana Orloff

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Briser un mur de silence et de solitude

Publié le par Michel Monsay

Briser un mur de silence et de solitude

En 2021 et alors qu’elle achève les épreuves du Voyage dans l’Est, Christine Angot s’en voit proposer un autre, de voyage dans l’Est, par son éditeur pour la promotion du livre. À Strasbourg, là où elle a rencontré son père et là où il a commencé à la violer à treize ans. Elle a l’intuition qu’il y a là quelque chose à filmer, ce coup du hasard n’en est peut-être pas un. Cette caméra, ou plutôt ses caméras qui suivront ses pas, elle ne les confie pas à n’importe qui, puisqu’il s’agit des cheffes opératrices Caroline Champetier et Inès Tabarin. L’acte fondateur du film se joue lorsqu’elles se rendent ensemble au domicile de la belle-mère de Christine Angot, vivant seule depuis le décès de son mari et père de Christine Angot en 1999, deux mois après la parution de L’Inceste. Dans cette séquence à la fois prodigieuse et sidérante, on voit l’écrivaine sonner à la porte de la veuve de son père, pour tenter d’avoir avec elle une discussion que l’écrivaine réclame en vain depuis des années. Au début de cette séquence, alors que la tension dramatique atteint un pic, une archive vidéo personnelle s’invite au montage, les images d’aujourd’hui et celles d’autrefois étant tissées les unes aux autres tout au long du film, où Christine Angot part en quête d’un dialogue avec celles et ceux qui l’ont vue grandir, évoluer, de près ou de loin, en taisant des décennies durant, l’inceste dont elle fut victime. Une famille est un film de guerre intime, à portée collective, d’une grande force émotionnelle, qui raconte aussi la solitude abyssale à laquelle l’auteure de L’Inceste ou Pourquoi le Brésil ? est confrontée depuis son adolescence, où elle a hurlé seule dans le désert jusqu'à récemment avec les livres de Camille Kouchner ou Neige Sinno. Le cinéma vient emboîter le pas de l’écriture pour mettre la lumière sur des zones d’ombre impossibles à tolérer et donner à cette voix plus de portée encore. Une voix qui longtemps fut raillée, et le film exhume un épisode télévisuel insupportable, sur le plateau de ces deux abrutis de Thierry Ardisson et Laurent Baffie, où la vulgarité, l’irrespect et l’inconséquence faisaient rage dans les années 1990. À vomir ! Une famille apparaît comme la chambre d'échos d'une douleur, d'une colère à faire entendre et d'un désir d'entendre ce que les autres ont à dire. "J'en ai marre de parler de l'inceste. J'en ai marre que mon travail soit envahi par ça", dit Christine Angot. Avec ce film, elle interroge une fois encore cette question, mais d'une manière plus directe, qui fait surgir et donne à voir une vérité, sans détours, sans filtre et sans littérature. Il aura fallu un prix Médicis pour Le Voyage dans l’Est puis ce film poignant pour que la parole de Christine Angot soit largement entendue. En acceptant de montrer ses larmes, son angoisse, sa terreur de petite fille sans rabattre sa radicalité, elle œuvre pour le collectif mais n’attend aucune réparation. On ne guérit pas de l’inceste.

Publié dans Films

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