Un roman très cinématographique
Originaire du Pays Basque auquel elle reste très attachée et qui est souvent présent dans ses romans, Marie Darrieussecq a depuis plus d’une quinzaine d’années pris une place importante dans la littérature française. A 44 ans, l’écrivain délaisse quelque peu son style plutôt provocant pour nous offrir ce qui est peut-être son plus beau roman, dans une veine plus romantique tout en interrogeant et en faisant voler en éclats les stéréotypes racistes. Avec une très belle langue faite de phrases courtes et percutantes, elle nous plonge dans le vertige de la passion et de l’attente de l’autre. Ses descriptions sont à la fois délicieuses, troublantes voire poignantes. En arrière-plan nous découvrons Hollywood, ses soirées privées et ses villas grandioses. Les protagonistes côtoient entre autres George Clooney ou le réalisateur Steven Soderbergh, le premier ayant un rôle à part entière tout au long de cette histoire. Autre élément important, qui est à l’opposé de la capitale du cinéma et de ses paillettes, l’Afrique, où l’auteur nous emmène au cœur de la forêt équatoriale, sur un fleuve et dans un village perdu. Solange est française, Kouhouesso est canadien d’origine camerounaise, et ils sont tous deux acteurs de rôles secondaires à Hollywood. Ils se rencontrent dans une soirée chez George. Elle est tout de suite subjuguée par le magnétisme et la beauté de cet inconnu. Cet homme porte en lui un grand projet au Congo, ce qui le rend encore plus attirant mais partiellement disponible. Ce très beau roman teinté d’une certaine nostalgie explore merveilleusement le problème de l’altérité et le miracle de l’hétérosexualité, où un homme et une femme qui sont à la base si différents sur nombre de sujets, arrivent à construire tant bien que mal une relation.
Il faut beaucoup aimer les hommes – Un roman de Marie Darrieussecq – P.O.L. – 312 pages – 18 €.