Quand la musique n’a pas de frontières
En hommage à Rachid Taha, cet artiste que j'aimais tant, mort cette semaine à l'âge de 59 ans, voici la chronique de son dernier album sorti en 2013.
Dans le domaine de la pop-rock orientale, il y a Rachid Taha et les autres, tant cet artiste a merveilleusement réussi depuis 30 ans à mêler comme nul autre les sonorités envoutantes de l’Orient, à celles plus électriques de la musique anglo-saxonne avec souvent une petite touche française. A 54 ans pour son neuvième album solo, il nous régale une nouvelle fois d’une collection de 11 morceaux à l’éclectisme savoureux, allant d’une ballade langoureuse dans le style d'Elvis Presley, à un rock endiablé ou un blues, mais aussi un hommage à la diva égyptienne Oum Kalthoum, et un tango reggae que n’auraient pas renié les Clash. D’ailleurs Rachid Taha se paie le luxe d’avoir Mick Jones sur trois morceaux, le guitariste et deuxième chanteur du groupe légendaire anglais, dont nous retrouvons la voix et les riffs avec bonheur. Un autre plaisir traverse l’ensemble du disque, lorsque le luth arabe rencontre une guitare au son country ou plus rock, et quand les percussions orientales répondent à la rythmique basse et batterie. Auteur compositeur interprète, Rachid Taha s’est entouré de très bons musiciens et quelques invités talentueux, notamment une chanteuse de jazz et une autre de raï, pour donner forme à la miraculeuse alchimie de son univers. Artiste rebelle qui a toujours eu son franc-parler, ses chansons en arabe, en anglais et en français sont empreintes de liberté, de poésie et s’érigent contre toute forme d’intolérance. Ce superbe album qui procure toute une palette d’émotions, tend des passerelles entre Orient et Occident au travers d’un délicieux métissage musical entraînant et ensorcelant.
Rachid Taha – Zoom – Naïve – 1 CD : 13,99 €.