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L'indispensable grand-mère de la Nouvelle vague

Publié le par Michel Monsay

L'indispensable grand-mère de la Nouvelle vague

La réussite d’un portrait repose sur un équilibre. Il s’agit de poser un regard sur un parcours professionnel et intime et tenter de décrypter une personnalité à travers ses qualités et ses travers. Le portrait d’Agnès Varda par le réalisateur Pierre-Henri Gibert y parvient avec délicatesse. Varda, la femme libre, grande gueule, créatrice se foutant des conventions réapparaît ainsi au gré de sa voix issue d'archives et affirmant "Je suis à pieds dans le cinéma, pas en limousine". Casser le réalisme, inventer un genre entre la fiction et le documentaire, c’était ça le cinéma de Varda, porté par un engagement politique et poétique. Capable de filmer les Black Panthers, de revendiquer son féminisme, et de mener une « drôle de vie » avec Jacques Demy, l'homme de sa vie. Malgré leur séparation, ils restèrent très proches. Varda le soutenant jusqu'au bout, réalisa un film sur son enfance "Jacquot de Nantes". Le cinéaste meurt du sida en 1990 et Agnès Varda mit du temps à se relever de cette épreuve. Elle a tout dévoré, multipliant les projets jusqu’à la fin de sa vie. Il y a chez elle une énergie presque enfantine, un anticonformisme réjouissant, une malice jusque dans sa coupe de cheveux que décrit Sandrine Bonnaire en riant, et une immense poésie. Pas besoin de connaître par cœur le cinéma de Varda pour profiter de ce documentaire. Un voyage dans l’univers d’une cinéaste éprise de liberté et de beauté, dont les films ont marqué les esprits : Lion d'or à la Mostra de Venise pour Sans toi ni loi, Oscar d'honneur, Palme d'honneur à Cannes et César d'honneur pour l'ensemble de son œuvre. La grande qualité de ce documentaire très dense est de laisser la parole à la réalisatrice qui n’a pas la langue dans sa poche. Au fil d’interviews qu’elle a données tout au long de sa carrière, on l’écoute raconter sa version des faits de société et des événements de sa vie, l’air de rien, avec malice le plus souvent. Sous les sourires, les danses improvisées et le ludisme érigé en art de vivre, ce beau documentaire rappelle ainsi la radicalité sans compromis de cette pionnière de la Nouvelle Vague, qui revendiqua sa liberté dans chaque domaine de sa vie.

Viva Varda ! est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Ci-dessous, un petit extrait du documentaire :

Publié dans replay

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Encore une victoire pour les lobbies et une défaite pour l'environnement et notre santé

Publié le par Michel Monsay

Encore une victoire pour les lobbies et une défaite pour l'environnement et notre santé

L’histoire retiendra qu’après la promesse de Macron d’interdire le glyphosate en 3 ans en 2017, puis en Octobre 2018, celle de créer une start-up d’État pour sortir du glyphosate, six ans plus tard, la Commission européenne vient de ré-autoriser l'utilisation du pesticide pour dix ans. Et que dit la France ? Elle s'abstient. Bravo, et merci pour cette nouvelle trahison M. Macron.

En 2015, alors que l’Europe était déjà en plein débat sur son renouvellement, le glyphosate a été classé cancérogène probable par l’Organisation mondiale de la santé. En 2021, une expertise collective menée par l’Inserm, mettant en évidence des présomptions fortes de liens entre certaines pathologies et l’exposition aux pesticides, a notamment établi un risque accru entre l’utilisation de glyphosate et certains types de cancers. Tout cela bien évidemment sans parler des ravages sur l'environnement et la biodiversité, mais ça tout le monde s'en fout !
Maladie de Parkinson, lymphomes non hodgkiniens, maladies chroniques, cancers… l’abstention de la France sur ce vote majeur contre le glyphosate est une nouvelle lâcheté pour la santé et l’environnement d'autant que les alternatives existent et fonctionnent. Honte à Macron et son gouvernement, mais aussi à l'Union européenne.

Publié dans Chroniques

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Une plongée passionnante dans ce que le journalisme a de plus noble

Publié le par Michel Monsay

Une plongée passionnante dans ce que le journalisme a de plus noble

Sobre et minutieux, le beau film choral de Maria Schrader retrace l’enquête du New York Times sur les accusations de viols et d’agressions sexuelles d’Harvey Weinstein. Troublante expérience d’hyperréalisme, sans quête de sensationnel, il donne à voir la solitude des victimes qui sortent du silence, juste avant la tempête #MeToo. She said se nourrit d'une grande sophistication au sein d’une grande austérité. Une certaine ampleur froide et une distance formelle sont travaillées pour alimenter le propos avec le plus de minutie possible. She Said appartient à cette famille de films, construits à partir d’événements réels, reconstitués pour donner à voir et à comprendre les étapes d’une enquête journalistique ou juridique. En questionnant le système dans son entièreté, l’équipe du New York Times décide de passer à la loupe la culture du silence complice de toute une industrie, au-delà des agissements de celui qui régna sur le cinéma indépendant, et terrorisa des femmes, souvent très jeunes, pendant presque trois décennies. Le film explore aussi l’éthique journalistique et la pugnacité professionnelle des reporters Jodi Kantor et Megan Twohey, qui recevront le Prix Pulitzer pour leur travail. Si She Said est aussi prenant et évocateur, c'est aussi parce que la cinéaste Maria Schrader n'y raconte pas seulement une longue investigation, mais un récit passionnant sur les femmes et leur condition dont le quotidien aura rarement été filmé avec autant d'intelligence et de subtilité. L'excellente distribution contribue à la puissance du message, notamment Zoé Kazan, la petite-fille du grand Elia Kazan, dont le jeu minimaliste à la force discrète impressionnante parvient à créer de l'émotion, de la délicatesse, de la complexité, sans jamais éclipser la vraie douleur et l'incroyable courage des victimes de Weinstein. Par clairvoyance et pudeur, Maria Schrader ne met jamais en avant sa caméra et refuse toute forme de sensationnalisme pour mieux laisser vivre les personnages d'eux-mêmes, laisser leurs témoignages infuser les esprits via leur simple puissance, comme celui magistralement interprétée par Samantha Morton. La manière de filmer cette sororité naturelle et tangible, où une femme en écoute une autre, simplement, est bouleversante. Parmi les choix inspirés de la mise en scène, celui de poser le récit des agressions sur des natures mortes (des vêtements au sol, un peignoir blanc sur un lit, d’interminables travellings dans des couloirs d’hôtels déserts…)  fait aussi forte impression. She Said est un film important sur la parole et sur ce que son absence produit. Les plans sur les visages déformés par la souffrance du silence y sont poignants, mais ceux où la parole finit par advenir le sont encore plus. She said confirme s’il en était besoin la sidérante capacité du cinéma américain à évoquer l’histoire récente et d'en faire des grands films.

She said est à voir ici pour 4,99 € en location ou sur toute plateforme de VOD.

Publié dans replay

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Une comédie romantique et sociale drôle et mélancolique

Publié le par Michel Monsay

Une comédie romantique et sociale drôle et mélancolique

Après La Femme de mon frère et Babysitter, la cinéaste québécoise Monia Chokri signe une comédie romantique qui interroge le couple, l’amour et les normes sociales. Aime-t-on, désire-t-on ce qui nous est étranger ou ce qui nous ressemble, ce que l’on nous a appris à aimer ? Les questions sont posées sans que le film n’ambitionne d’y répondre et c’est avec une infinie habileté que Monia Chokri les déploie. Simple comme Sylvain épouse les codes de la comédie romantique, quand son héroïne succombe sciemment aux fantasmes charnels de “l’homme”, et les stéréotypes de la dissociation entre l’homme-physique et l’homme-cerveau. Mais il ramène également sans cesse le genre à une contemporanéité féministe et à une lecture politique où l’enjeu d’une relation à deux est complexifiée par un conflit de classes. La cinéaste ne se montre d’ailleurs pas toujours très tendre avec l’équation périlleuse d’une histoire entre un prolo et une intello, les deux clans en prennent pour leur grade, mais on sent qu’elle le fait non par mépris ou refus catégorique d’une possible utopie, plutôt par souci émancipateur pour une héroïne écartelée entre deux visions binaires des rapports amoureux hétérosexuels. Le film sait d’ailleurs aussi très bien capter, avec beaucoup d’allant, le surgissement dans le corps de son interprète d’un retour d’érotisme et de sensualité. Monia Chokri croque comme personne sa génération, jeunes hipsters à la dérive sentimentalement, entre humour trash et tourments existentiels, le tout sans tabou et avec une furieuse fantaisie. Dans le rôle principal, la lumineuse Magalie Lépine-Blondeau constitue une véritable révélation. Juste, intense, touchante et pétillante, elle campe admirablement une femme libre et indépendante, mesurant progressivement la difficulté à se défaire des injonctions qui lui sont faites. La réalisatrice québécoise montre dans ce joli film un don d’observation, un sens de la satire et du tempo, une écriture drôle, virevoltante et crue, une approche franche et impertinente du désir féminin, des aléas sentimentaux et des rapports de classe. Elle démonte de manière cinglante les clichés et les préjugés, et personne n’est épargné par ce petit jeu de massacre social impitoyable, à la vacherie jubilatoire.

Publié dans Films

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Belle Une de Libé

Publié le par Michel Monsay

Belle Une de Libé

En marge de cette indispensable manifestation, le très juste message du cinéaste Éric Rochant, ci-dessous, dit bien la terrible déception qu'inspire Jean-Luc Mélenchon depuis quelques temps. S'il lui reste un minimum de dignité et de cohérence avec les idées qu'ils défendaient, il serait grand temps qu'il se retire s'il ne veut pas que son parti se discrédite définitivement. François Ruffin ou Clémentine Autain, qui étaient présents à la manifestation contre l'antisémitisme à Strasbourg, pourraient redonner un réel élan à une union de la gauche dont notre démocratie a besoin, plutôt que subir le fiel de ce triste sire devenu une mauvaise caricature de ce qu'il était.

Éric Rochant sur Twitter : Je ne pardonnerai jamais à JLM de nous avoir traité d’amis du soutien inconditionnel au massacre. Cette ignominie le rend aussi infréquentable que JML en son temps. Ses calculs cyniques salissent la gauche. Son fiel quotidien sera heureusement sa perte politique.

Publié dans Chroniques

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Étonnante série à l'humour noir qui navigue sur la frontière entre le bien et le mal

Publié le par Michel Monsay

Étonnante série à l'humour noir qui navigue sur la frontière entre le bien et le mal

Utopia est un thriller conspirationniste et picaresque aux teintes saturées du Technicolor, un pamphlet électrisé par ses airs de comic book sur la nocivité débridée de l’humanité, qui inocule la parano et excite le nerf optique. Cette série tournée il y a 10 ans a indéniablement une dimension visionnaire. Son intrigue sur fond de pandémie et de campagne de vaccination résonne aujourd’hui avec une force troublante, ou comment un club des cinq, version geeks dégourdis et lucides, se retrouve pris au piège, sur fond d’épidémie mondiale, d’un complot tentaculaire qui a pour expédient un vaccin aux effets bien cachés. Catastrophe sanitaire et écologique, explosion démographique, armes biochimiques font le lit d’Utopia. L’effet de réel hurle particulièrement à nos oreilles alors que le scénario tisse en toile de fond les opérations de communication autour du vaccin, les mesures sanitaires de surveillance, l’ultralibéralisme et la dislocation du système de santé, l’ombre de Big Pharma, les revirements du politique, ou l’inégalité d’accès aux traitements. Le créateur de la série, Dennis Kelly, fouille avec subtilité la cruauté et l'éthique  en minant ses textes de petites bombes à retardement dont le souffle est redoutable. Une exigence de mise à nu qui ne va pas sans tendresse ni sans humour, seul recours possible face au tragique. Cette série culte en deux saisons mélange les penchants trash de Tarantino et les personnages étranges façon Twin Peaks. Utopia déstabilise à chaque seconde de chaque épisode, en prenant constamment une direction visuelle ou scénaristique inattendue. C'est une expérience à part entière, pour qui veut bien s’y risquer, mais le jeu en vaut la chandelle.

Utopia est à voir ici ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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Voix et odyssée musicale splendides sur des textes à la beauté profonde

Publié le par Michel Monsay

Voix et odyssée musicale splendides sur des textes à la beauté profonde

Clara Ysé, talentueuse auteure, compositrice, interprète, est la nouvelle pépite de la chanson française, dont le bouleversant premier album Océano Nox est sorti en septembre. Musicienne et chanteuse depuis l’enfance, cette ancienne étudiante en Philosophie est également écrivaine, dont le premier roman Mise à feu est sorti en 2021. Dans ce superbe album on entend parfaitement tout le travail émotionnel, la catharsis et le don de Clara Ysé pour transformer ses poèmes en envolées oniriques, sur des musiques inspirées par des artistes autant issus de la musique orientale, baroque que géorgienne, rap ou électronique. Inclassable, Clara Ysé l’est indéniablement. D'abord sa magnifique voix puissante de soprano, laisse entendre les accents lyriques que l’apprentissage du chant classique, entamé à 8 ans, a forgés. Puis on note l’élégance des mots articulés, sans que rien ne sonne anachronique. Les syllabes se déposent sur des mélodies entraînantes, parfois épiques, ou hypnotiques. Les orchestrations en appellent aux cordes et aux cuivres autant qu’aux synthés et à l’électro pour habiller des textes forts, simples et directs. L'album est hanté par le drame qu'a vécu Clara Ysé en 2017, lorsque sa mère Anne Dufourmantelle, philosophe, romancière et psychanalyste, est morte dans des circonstances tragiques en portant secours au fils d’une de ses amies âgé de 10 ans, qui était en train de se noyer. Au cours de ce sauvetage, elle a succombé à un arrêt cardiaque à 53 ans. Clara Ysé embrase tout sur son passage par la force et l’étendue de son timbre de voix pénétrant. Elle trouble aussi par sa fragilité soudaine, son souffle vulnérable, à la manière de Barbara. La passion coule dans ses vers. C’est dense, organique, rugueux, sensuel. Une grande artiste est née.

Ci-dessous quatre chansons de l'un des plus beaux albums de l'année :

Publié dans Disques

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Une petite merveille de poésie et d'invention

Publié le par Michel Monsay

Une petite merveille de poésie et d'invention

Le Garçon et le héron éblouit par la vitalité créatrice de son génial auteur octogénaire, Hayao Miyazaki, et se trouve être la synthèse complète de son univers toujours surprenant et profondément bouleversant. Le maître du film d'animation japonais n'avait pas réalisé de long-métrage depuis le beau et mélancolique Le Vent se lève en 2013, qui à l'époque avait été annoncé comme le point final de son œuvre cinématographique. Le récit s’inscrit dans un premier temps dans la réalité la plus difficile : la guerre, celle durant laquelle est né Hayao Miyazaki, et qui a irrigué la quasi-totalité de son œuvre. Elle frappe le personnage central de plein fouet, qui assiste à distance à la destruction de Tokyo par les bombardements de la capitale japonaise lors de la première moitié de l’année 1945, et par ricochet, à distance, à la mort de sa mère, hospitalisée et certainement annihilée par le déluge de feu américain, dans une séquence d’ouverture, qui suit la course effrénée du jeune garçon Mahito à l’intérieur du chaos, saisissante par sa force graphique et émotionnelle. Cette force que l'on retrouve tout au long du film, où Mahito, tel Alice aux pays des merveilles, glisse d’espace onirique en corridors fantastiques, et que l'on suit avec émerveillement. Le Garçon et le héron est le long-métrage d'Hayao Miyazaki qui a nécessité le plus de temps de travail, sept ans très exactement. Cette longue production témoigne bien du travail d'orfèvre du cinéaste et de ses exigences plastiques, qui atteignent ici des sommets après des années de maturation. Pendant près de deux heures, le film fait ainsi défiler quantité d'images subjuguantes, que ce soit des paysages désolés ou des fragments et détails particulièrement soignés. Le dessin est toujours aussi délicat, les couleurs vives et les idées foisonnantes et extravagantes. D'une technicité sans faille, cet artisanat animé à la main et à l’ancienne, dévoile toute sa grandeur et sa puissance de la première à la dernière image. On plonge avec ravissement dans cette poésie, cet imaginaire foisonnant d'une beauté rare qui compose ce conte d’apprentissage à portée philosophique, où le patrimoine culturel japonais est entremêlé de références occidentales. Harmonie contre chaos, retenue contre débordement, calme contre agitation : toute l’œuvre du maître de l’animation est présente dans ce superbe film, régi par ces oppositions de phases qui s’y déploient à chaque strate dans une éblouissante fantasmagorie.

Publié dans Films

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Magnifique collection permanente du Centre Pompidou

Publié le par Michel Monsay

Magnifique collection permanente du Centre Pompidou

On se rend au Centre Pompidou, ce lieu que l'on aime tant, pour voir une exposition temporaire, sans penser à aller voir la collection permanente du musée, la plus grande collection d’œuvres d’art moderne et contemporain d’Europe, soit pas moins de 140 000 pièces. Pourtant que de chefs-d'œuvres parmi les œuvres exposées ! De Matisse à Kandinsky en passant par Chagall, Picabia, Delaunay, Kupka, Otto Dix, Fernand Léger, De Chirico, August Macke, pour ne citer qu'eux, sans oublier la reproduction à l'identique de l'atelier bureau d'André Breton. On en ressort ébloui.

Voici quelques uns de ces chefs-d'œuvres :

Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou
Magnifique collection permanente du Centre Pompidou

Publié dans Expos

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Magistral pamphlet contre l'autorité abusive et intégriste de l'Église au XIXe siècle

Publié le par Michel Monsay

Magistral pamphlet contre l'autorité abusive et intégriste de l'Église au XIXe siècle

Témoin actif de l’Histoire d’une Italie qu’il n’aura eu de cesse d’évoquer, explorer, étudier, interroger et provoquer à travers son cinéma, le grand Marco Bellocchio n’a rien perdu à 83 ans de sa rage, en vigueur depuis ses débuts précoces à 26 ans avec Les poings dans les poches. Il continue d’enrichir avec régularité et pertinence, une filmographie dense et protéiforme, en variant les registres, sans jamais donner l’impression de stagner ou se répéter. Il y a quatre ans on avait adoré Le traitre, son admirable film sur la mafia sicilienne, et entre temps sa minisérie Esterno notte, diffusée sur Arte il y a six mois et consacrée à l’affaire Aldo Moro (vingt ans après l’avoir abordé via un autre prisme dans l'excellent Buongiorno Notte). Une fois de plus reparti bredouille de la croisette en mai dernier, la Palme d’honneur reçue en 2021 ne suffit assurément pas à souligner l’importance de l’auteur dans le paysage cinématographique. L'enlèvement, d'un classicisme sublime loin de tout académisme, maniant magistralement l’ampleur et l’intimisme, réussit un premier tour de force, celui de proposer une reconstitution d’envergure d'une beauté sidérante, notamment dans cette lumière claire-obscure qui baigne le film, guidée par un désir d’immersion effaçant immédiatement toute forme de distanciation temporelle. La précision et la propension de l’auteur à poser synthétiquement son contexte, rendre intelligible ses enjeux en une poignée de plans, relater une période définie tout en universalisant sa portée, attestent d’une impressionnante maîtrise qui se confirme jusqu'au plan final. L’Enlèvement, contient une charge anticléricale puissante et dénuée de complaisance, il symbolise  la volonté désespérée, ultraviolente, d’un pouvoir déclinant qui essaie de résister à son propre effondrement, en contrattaquant. Les régimes totalitaires ont souvent de tels soubresauts qui leur donnent, pour un temps seulement, l’illusion de la victoire. Véritable plaidoyer contre toute forme de fanatisme, ce nouveau chef-d'œuvre de Marco Bellocchio, remarquablement interprété par toute la troupe de comédiens notamment le jeune Enea Sala, bouleverse et marque durablement les esprits avec un mélange d’aisance et d’évidence. 

Publié dans Films

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