Portraitiste au réalisme impressionnant de la société new-yorkaise
Le Centre Pompidou à Paris met en lumière l'art engagé d'Alice Neel, dont les toiles militantes invoquent aussi bien la lutte des classes que le féminisme ou la question des genres. Née en 1900 et décédée en 1984, cette figure majeure de l’art nord-américain a néanmoins été longtemps oubliée dans son pays d’origine, peut-être du fait de son engagement envers de nombreuses causes. Avec 75 peintures et dessins, l’exposition est esthétiquement forte. Pratiquant une peinture figurative aux couleurs vibrantes, Alice Neel a développé un art à contre-courant de la scène new-yorkaise, traversant les périodes de l’abstraction triomphante, du pop art, de l’art minimal et conceptuel. « Je n'aime pas peindre les gens ordinaires. disait-elle, J'aime peindre ceux que la vie a épuisés. Les images des gens reflètent l'époque d'une manière unique. Quand les portraits sont bons ils reflètent la culture, le temps et beaucoup d'autre chose ». Alice Neel a réussi à mettre sur toile avec une grande acuité l'esprit d'un New York désormais révolu. Et sa production est enfin très prisée. En parcourant cette exposition, au fil de ces portraits frontaux, sans compromis, dénués de sentimentalité, de ces scènes de rue d’une extraordinaire vitalité, de ces mères à l’enfant rarement épanouies, se dessine aussi la figure d’une femme libre et indépendante, adulée des artistes de son temps, et de son engagement sans faille contre la misère et la discrimination, et pour l’égalité des genres. On lit surtout dans ces toiles un bonheur de peindre qui s’accroît d’année en année. La touche se fait alors plus légère, la couleur plus intense, donnant une rare puissance à cette œuvre toujours en quête de vérité. disait-elle,