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Un électrochoc essentiel et déchirant au-delà des mots

Publié le par Michel Monsay

Un électrochoc essentiel et déchirant au-delà des mots

Ce documentaire plus que bouleversant témoigne comme jamais de l'horreur de la guerre pour la simple et bonne raison qu'elle a été vécue et filmée par une femme au péril de sa vie durant 5 ans à Alep en Syrie. Entre les premières manifestations contre le régime du dictateur Assad que Waad  Al-Kateab capte avec son téléphone sans aucun projet en tête, et rapidement la dégradation de la situation qu'elle filme avec une caméra jusqu'à son exil forcé sous ultimatum avec son mari et sa petite fille en décembre 2016, la jeune femme nous fait partager son quotidien terrifiant, néanmoins traversé par quelques tranches d'humanité, d'amour, d'amitié, et elle le fait comme un acte de résistance, pour continuer à vivre et arriver à supporter ce cauchemar épouvantable. Outre l'incroyable courage de cette femme qui continue de filmer même lorsque ce qui se passe devant sa caméra devient effroyable, celui de son mari est héroïque, jeune médecin urgentiste, il opère sans discontinuer dans des conditions on ne peut plus précaires et tente de sauver des vies qui ne tiennent souvent qu'à un fil, y compris celles de jeunes enfants. Si ce film, qui provient de 500 heures de rushs et que Waad Al-Kateab a réalisé ensuite avec l'aide d'un documentariste anglais, est adressé à sa fille Sama née dans ce chaos, il constitue aussi la preuve de l'enfer qu'a vécu la population syrienne sous les bombardements du régime d'Assad et de ses alliés russes. La jeune femme, qui intervient régulièrement en voix off durant le film, ne comprend pas que le monde ait pu laisser perpétuer de telles atrocités sans réagir. Il est à espérer que "Pour Sama" servira un jour de pièce à conviction lors d'un procès, devant la Cour pénale internationale, de ces criminels qui ont massacré des hommes, des femmes et des enfants, pour se maintenir au pouvoir. Ce moment de cinéma est d'autant plus inouï que l'on est dans la réalité et non la fiction, au cœur de cette guerre qui a fait 388 000 morts et poussé à l'exil 12 millions de personnes, le vertige que l'on ressent en voyant ces images nous transperce littéralement et nous marque à jamais.

Ce film indispensable est accessible à la location sur la VOD de votre box pour 3 €.

Publié dans Films

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Une merveille de rock littéraire dans un sublime habillage électronique

Publié le par Michel Monsay

Une merveille de rock littéraire dans un sublime habillage électronique

Avec ce troisième album, Feu! Chatterton confirme qu'il est bien l'un des tous meilleurs groupes français, si ce n'est le meilleur. Les textes d'une puissance poétique inouïe explorent finement notre société dans toutes ses dimensions et nos comportements avec un lyrisme dont ils ont le secret. Le génial Arthur Teboul, à la fois à l'écriture et au chant, est non seulement l'un des poètes actuels les plus émouvants, ses textes sont parfois beaux à pleurer, mais en plus son interprétation est éblouissante de sa sublime voix grave et vibrante. Écrits avant la pandémie, ses textes d'une rare acuité sur notre époque prennent une dimension supplémentaire à l'aune de cette année que nous venons de vivre. Feu! Chatterton ne se résume pas à Arthur Teboul, malgré la place essentielle qu'il y occupe, il est accompagné par quatre très bons musiciens totalement investis dans les compositions du groupe, d'une richesse et d'une splendeur musicale encore plus fortes que dans leurs deux premiers albums. Ils ont fait appel à l'excellent Arnaud Rebotini pour réaliser l'album, maître de la musique électronique à qui l'on doit la bande originale du film "120 battements par minute", il s'est adjoint pour l'occasion les services de l'ingénieur du son Boris Wilsdorf, et à deux ils ont façonné l'envoûtant habillage sonore où la voix d'Arthur Teboul et la musique s'expriment dans toutes leurs nuances et leurs puissances. On ressort complètement bouleversé par la perfection de cet album, qui restera quoiqu’il advienne comme un fleuron de la chanson rock française.

Publié dans Disques

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Une animation métaphorique très puissante

Publié le par Michel Monsay

Une animation métaphorique très puissante

Ce petit film d'animation de treize minutes est tout à la fois inquiétant, mystérieux, poétique et fait appel à tous nos sens. Le César du meilleur court-métrage d'animation qu'il vient d'obtenir, récompense autant l'histoire de la colère d'un enfant face à l'intrusion du petit ami de sa mère, aux allures de mâle dominant, dans sa relation privilégiée avec celle-ci, que le graphisme des dessins faits d'aquarelle sur papier noir. Ce récit œdipien évoque les contes pour enfants à l'atmosphère sombre, sans l'édulcoration que l'on y trouve souvent, avec un effet cathartique, et explore la psyché de cet enfant à travers des visions mentales voire cauchemardesques où l'on navigue entre fantasme et réalité. L'ours, mélange de douceur et de sauvagerie, est au centre de la révolte de cet enfant contre l'injustice qu'il ressent, cette colère qui va rejoindre celle d'autres enfants dans la deuxième partie du film. La réussite de "L'heure de l'ours" d'Agnès Patron tient évidemment à son univers épique, tourmenté et ses dessins touchants et expressionnistes, mais aussi à la fabuleuse bande son où l'absence de dialogues laisse toute la place au moindre bruit de criquets, de vent dans les herbes hautes, ... et à la très belle musique de Pierre Oberkampf, où les instruments à vent et les percussions répondent aux violons et violoncelles lorsque la colère de l'enfant s'intensifie.

Publié dans Films

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Bonheurs musicaux

Publié le par Michel Monsay

Bonheurs musicauxBonheurs musicaux

Il y a 40 ans, Rickie Lee Jones sortait son deuxième album, "Pirates", une merveille qui n'a pas pris une ride, d'une grâce infinie tant dans les compositions que par la voix sublime de cette artiste américaine. Dans un mélange des genres dont elle a le secret, "Pirates" est son chef-d’œuvre absolu où huit morceaux s'enchaînent sans que l'on décroche un dixième de seconde, où l'on passe du jazz au folk, puis au blues, à la pop, à la soul. Ce disque est un miracle avec ses changements de rythme, ses envolées, ses apaisements, le piano de Rickie Lee Jones et tous les excellents musiciens qui l'accompagnent.

En voici un extrait, "Living it up" qui donne toute la mesure du génie de l'artiste et de l'atmosphère cinématographique de l'album. Ce morceau monte crescendo, explose, redescend puis remonte ... dans un tourbillon de six minutes qui nous transporte totalement.

Le premier album de ce groupe sud-africain, qui vient de sortir, est un savoureux métissage de modernité et de musique traditionnelle zoulou. Urban Village, ce sont quatre musiciens de Soweto, dont un chanteur multi-instrumentiste à la très belle voix, ce sont aussi des chœurs avec de magnifiques harmonies vocales, une folk-pop entraînante ou émouvante selon les morceaux, ou des rythmes afro-jazz. Urban Village chante autant l'apartheid que les transformations qui se sont opérées depuis en Afrique du Sud, mais aussi l'avenir à construire dont il est question dans le morceau que le groupe joue ci-dessous.

Plus bas, un très beau clip évoque les Men’s Hostels, où, pendant l’apartheid, vivaient des employés noirs attirés en ville par le travail, notamment des mineurs, isolés entre hommes dans des conditions de vie affligeantes, et s’entraidant chacun comme ils pouvaient. C'était une stratégie du régime de l’apartheid pour séparer les pères de leur famille. Où sont les pères, où sont les figures nobles ? Là dans ces maisons, raconte la chanson.

Publié dans Chroniques

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Quand Vincent Lindon interprète Robert Badinter

Publié le par Michel Monsay

Quand Vincent Lindon interprète Robert Badinter

L'un des tous meilleurs acteurs français, Vincent Lindon, incarne les mots d'un homme exceptionnel, Robert Badinter, dans une pièce de théâtre qu'il vient d'écrire, "Cellule 107", où il imagine ce qu'ont pu se dire deux personnages exécrables, Pierre Laval et René Bousquet, tous deux responsables de crimes contre l'humanité, quelques heures avant que Laval soit exécuté dans la prison de Fresnes et où Bousquet a été la dernière personne à lui rendre visite. Dans cette pièce, Robert Badinter fait ressurgir les fantômes des victimes de Laval, en l’occurrence une jeune fille de 11 ans qui va revivre son arrestation et celle de ses parents par la police française, et interpelle Laval en le mettant face à ses crimes.

Neuf minutes d'émotion intense dans l'interprétation de Vincent Lindon, sobre et juste comme à son habitude, qui nous plongent dans l'horreur de cette période. C'est à voir ici

Publié dans Chroniques

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Insupportable !

Publié le par Michel Monsay

Insupportable !

Pour incarner Napoléon et Joséphine de Beauharnais, Ridley Scott a choisi Joaquin Phoenix, l'un des plus grands acteurs vivants, et Jodie Comer, que l'on avait adoré dans Killing Eve. Ce n'est donc pas le talent de ces artistes qui pose problème, mais une fois de plus ce jeunisme et cette misogynie qui continuent d'être la règle à Hollywood malgré le mouvement #MeToo et tout ce qui a été dénoncé depuis 2017. Jodie Comer a 19 ans de moins que Joaquin Phoenix, alors que Joséphine de Beauharnais avait 6 ans de plus que Napoléon. Au-delà du non-sens historique et de ne pas tenir compte de la spécificité très rare de cette relation où la femme est plus âgée, on ne peut que déplorer le côté pathétique de rester dans les vieux schémas et clichés hollywoodiens. Comme s'il n'existait pas d'actrices belles et talentueuses dans la quarantaine voire cinquantaine pour incarner le rôle, mais ces messieurs qui dirigent les studios ou les réalisateurs qui ont un pouvoir de décision préfèrent toujours afficher le visage d'une jeune femme dans leurs superproductions. Il est vrai que l'âge des femmes est un gros problème depuis longtemps dans l'industrie du cinéma. Les actrices sont souvent considérées comme "périmées" passées 40 ans et cantonnées aux rôles de mères plus vraiment désirables, où la moindre ride est jugée disgracieuse de même que les cheveux blancs qui doivent être teints. Alors que pour les hommes, comme d'habitude c'est l'inverse. Plus ils vieillissent, plus ils deviendraient des fantasmes d'hommes matures aux cheveux grisonnants hyper sexy. Un exemple frappant est celui de Maggie Gyllenhall, fascinante interprète de la série "The Deuce", qui à 37 ans a été jugée trop vieille pour jouer une femme amoureuse d'un homme de 55 ans ! Le problème ne se cantonne pas à Hollywood, en France également les écarts d’âge entre deux partenaires sont systématiquement dans un sens et peuvent aussi atteindre jusqu'à 29 ans dans le pire des cas. Non pas que ces différences d'âge me dérangent dans la vraie vie, à partir du moment où elles sont choisies par les deux protagonistes et non imposées d'une manière ou d'une autre mais aussi qu'elles ne soient pas toujours dans le même sens. En cette journée de cérémonie des Césars et bientôt des Oscars, il serait grandement temps d'arrêter de réduire une actrice à son physique et son attrait sexuel. A force d'en parler, peut-être que cette vision rétrograde et sexiste disparaîtra !

A lire aussi cet article ici

Publié dans Chroniques

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Magnifique nouvel album de Raphaël

Publié le par Michel Monsay

Magnifique nouvel album de Raphaël

Depuis son troisième album, "Caravane" paru en 2005, Raphaël est l'un des chanteurs français les plus enthousiasmants, par la qualité de ses compositions et sa capacité à se renouveler en explorant des nouveaux sons. Avec son neuvième disque, dont la richesse et la diversité musicales font merveille, il confirme être le digne héritier de Christophe et Bashung, particulièrement le premier dont l'ombre plane sur plusieurs morceaux. Traversé d'ambiances vaporeuses, atmosphériques, électroniques ou plus rock avec une touche orientale sur "La jetée", cet album accueille par ailleurs plusieurs collaborations très réussies avec Arthur Teboul, le chanteur de Feu! Chatterton, Clara Luciani, Pomme. Superbes mélodies, ruptures de tons, à la fois percutante et intimiste, la musique de Raphaël est toujours en mouvement, libre de sortir du format classique, elle se réinvente en permanence et nous envoûte. La fidélité, qu'elle soit en amour ou en amitié, est au centre des textes de cet album, les paroles sont baignées de romantisme, de spleen et de poésie. Un disque intense, ramassé, seulement 39 minutes, autobiographique, dans lequel Raphaël livre à 45 ans une somptueuse partition.

Voici deux chansons de l'album, "Le train du soir" avec un clip où l'on retrouve sa compagne Mélanie Thierry, 16 ans après "Caravane", le seul clip où elle figurait. Puis "La jetée", écoutez ce formidable morceau rock à couleur orientale où intervient Arthur Teboul qui chante un psaume en hébreu.

Publié dans Disques

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Deux minutes de bonheur avec Cyd Charisse

Publié le par Michel Monsay

Deux minutes de bonheur avec Cyd Charisse

Séquence magistrale de "Beau fixe sur New-York" de Stanley Donen, où Cyd Charisse est une nouvelle fois éblouissante. La musique originale a été remplacée par celle du groupe américain Thievery Corporation, et ça fonctionne merveilleusement bien. Une autre manière d'appréhender le talent et la classe intemporelle de Cyd Charisse.

Publié dans Chroniques

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Un téléfilm essentiel et glaçant

Publié le par Michel Monsay

Un téléfilm essentiel et glaçant

Le fait divers révoltant, que raconte ce téléfilm admirablement construit et très prenant, a eu lieu en 2006 en Angleterre où une jeune femme de 20 ans d'origine kurde irakienne disparaissait. Honour retrace l’affaire du point de vue de l’inspectrice en chef de la brigade criminelle de Londres, perspicace, opiniâtre et à fleur de peau, qui enquête sur cette disparition. Remarquablement interprétée par Keely Hawes, que l'on avait déjà apprécié en ministre de l'intérieur qui avait une relation avec son garde du corps dans la série Bodyguard, l'actrice apporte avec subtilité ce mélange de force et de sensibilité qui caractérise cette policière, décorée par la suite de la plus haute distinction de la police britannique. La comédienne anglaise qui a été terriblement affectée par ce fait divers, l'a été tout autant par le tournage de ce téléfilm qui lui laissera indéniablement des traces. Honour lève le voile sur les crimes d'honneur, ces pratiques épouvantables et arriérées pour préserver la réputation d'une famille, qui font 5000 victimes chaque année dans le monde. Il pointe aussi les graves défaillances de l’institution policière en Grande-Bretagne, qui n'a pas réagi alors que la jeune Kurde s’est rendue dans un commissariat à cinq reprises et a même fourni une liste de personnes de son entourage voulant sa mort. Ce téléfilm précieux et poignant met aussi en lumière la terrible condition de nombreuses femmes kurdes, mais malheureusement cela existe dans de nombreux pays, mariées de force, réduites au silence, humiliées et maltraitées, en toute impunité.

Honour est à voir ici

Publié dans replay

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Très émouvant podcast qui redonne vie à une juive déportée

Publié le par Michel Monsay

Très émouvant podcast qui redonne vie à une juive déportée

Journaliste gastronomique, Zazie Tavitian découvre par le biais d'une de ses cousines, le cahier de recettes de son arrière-arrière-grand-mère Jeanne écrit dans les années 1930. La journaliste décide de partir sur les traces de cette femme juive française déportée au camp d'extermination de Sobibor en 1943 à l'âge de 58 ans, en précisant : « J’ai pensé pour la première fois qu’avant d’être morte, Jeanne était vivante ; elle cuisinait, elle a eu une vie. » Elle mène son enquête en allant interroger des membres de sa famille en France et en Israël, en allant explorer l'immeuble où a vécu son aïeule dans le 16ème arrondissement de Paris, ou en faisant appel à des historiens pour comprendre ce que signifiait être juif à cette époque et mettre des mots sur ce qu'ils ont vécu. Tabou et silence autour de la Shoah se sont installés au lendemain de la guerre, notamment dans la famille de la journaliste où Jeanne Weill est une sorte de mythe que l’on évoque sans jamais en dire trop. En mêlant intelligemment reportages, récits, ambiances, archives d'époque et scènes ou lettres authentiques jouées par des comédiens, Zazie Tavitian fait revivre son aïeule et se rend compte que son appétit de vivre, son appartenance à la bonne bourgeoisie, ni même sa nationalité française n’ont sauvé Jeanne du sort terrible réservé aux juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. En cinq épisodes de 20 à 30 minutes, la journaliste qui partage la passion de la cuisine avec Jeanne, sort de l'oubli un nom sur la liste interminable des victimes du nazisme, et s'interroge sur la transmission de la mémoire de la Shoah. D'ailleurs la judéité dans cette famille a beaucoup évolué au fil des générations, puisqu'elle a disparu chez certains membres quand elle est restée vivace chez d'autres. Ce podcast très touchant et enlevé, dans un habillage sonore créatif, raconte avant tout l'histoire d'une femme, de la tendresse infinie qu'elle partageait avec son mari, de sa descendance, de tout ce qui lui arriva jusqu'au 7 août 1942, où Jeanne est arrêtée chez elle par les nazis et emmenée au camp de Drancy. Huit mois plus tard, elle monte dans le convoi n°53 en direction de Sobibór, en Pologne. Elle est gazée à son arrivée.

Pour écouter le podcast, vous avez les cinq épisodes ci-dessous ou vous pouvez suivre ce lien

Publié dans Podcasts

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