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Luxe et soirée de gala

Publié le par Michel Monsay

A travers deux vidéos savoureuses, pénétrons le domaine du luxe et invitons-nous à une soirée de gala exceptionnelle en 1958 à l'Opéra de Paris en présence des plus grands du monde politique et artistique. D'abord une vidéo de l'excellent documentariste et chroniqueur de mode, Loïc Prigent, qui nous fait visiter la nouvelle exposition du Musée des arts décoratifs, "Luxes", démarrée le 15 octobre mais vite arrêtée à cause de la pandémie et que l'on aura le bonheur de découvrir à partir du 15 décembre si tout va bien. Les magnifiques pièces qu'il nous présente avec les commentaires des commissaires de l'exposition nous transportent à travers le temps et la géographie vers l'origine de ces chefs-d’œuvre, en les contextualisant et en nous apportant tous les précieux détails qui permettent de les apprécier encore plus. 

Puis, rendez-vous à l'Opéra de Paris en tenue de soirée pour la montée des marches du gratin politico-mondain de la fin des années 1950 et début des années 1960, de Brigitte Bardot à De Gaulle en passant par la reine Elizabeth II ou Gérard Philippe, Grace de Monaco, Jean Cocteau et tant d'autres, qui sont venus voir et écouter la divine Maria Callas. Tout comme Loïc Prigent, le réalisateur de ce petit documentaire, l’ukrainien Sergei Loznitsa, adopte un ton décalé assez jubilatoire même si à l'inverse il n'y a aucun commentaire dans celui-ci, qui est un montage d'archives des soirées de gala de cette époque, comme on en voit plus, où les grands de ce monde croisaient artistes et vedettes devant des milliers de badauds ébahis. L'humour du cinéaste, qui se moque du côté répétitif et conformiste du protocole notamment, n'empêche l'aspect fascinant des images. Cela étant, le diamant de cette nuit à l'Opéra est indiscutablement la performance de Maria Callas, qui chante magistralement l'air de Rosine du Barbier de Séville, et fait rapidement oublier tous les protocoles et vanités qui ont précédé.

Publié dans Chroniques

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Trouvailles du confinement

Publié le par Michel Monsay

D'abord, deux nouveaux morceaux de Lou Doillon, qui nous avait enchanté en 2012 avec la sortie de son premier album et la découverte de sa voix troublante, grave, magnétique, et depuis on attendait une suite à la hauteur mais ses deux disques suivants n'apportaient pas la même émotion. Voilà pourquoi on est ravis à l'écoute de ces deux chansons enregistrées lors d'une tournée en Australie juste avant la crise sanitaire, dont on peut voir des images dans le clip ci-dessous, où elle nous propose un rock à la Patti Smith qui lui va merveilleusement bien.

Puis un sourire, avec notre Premier Ministre que l'on a décidément beaucoup de mal à prendre au sérieux !

Publié dans Chroniques

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Histoire du fils

Publié le par Michel Monsay

Histoire du fils

Ce onzième roman de Marie-Hélène Lafon vient de recevoir le Prix Renaudot, et on ne peut que s'en réjouir tant la langue pure et riche de cette écrivaine de 58 ans nous enchante par les images, les senteurs, les sons qu'elle évoque merveilleusement. Professeure agrégée de lettres née dans une famille paysanne du Cantal et dont l’œuvre est enracinée dans les territoires, notamment le sien, elle nous conte dans ce livre court mais dense une fresque familiale qui traverse le XXe siècle de 1908 à 2008 dans le Lot, le Cantal et à Paris, à travers une série de petits chapitres qui obéissent à un ordre romanesque plutôt que chronologique, donnant une tension intérieure au roman. L'histoire de cette famille est faite de lourdes absences, de silences, d’infinies douceurs, d'audaces, d’une insupportable tragédie, avec au centre André, un fils de père inconnu et de mère lointaine et intermittente. Cette mère préférant vivre une vie d'amoureuse à Paris en laissant sa sœur, mère de famille aimante, mariée à un homme profondément gentil, tous deux parents de trois filles à Figeac dans le Lot, élever ce fils qu'elle considère comme un accident. Toute une ribambelle de personnages gravitent dans cette galerie de tableaux que la romancière met en scène sans fioritures, avec une étonnante économie de mots et des ellipses narratives. Ce très beau roman suit le parcours de cette famille où les non-dits, les secrets et les manques n'empêchent pas ce fils d'avoir une vie admirable, et nous procure à nous lecteurs une émotion charnelle qui fait appel à tous nos sens.

Publié dans Livres

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VGE

Publié le par Michel Monsay

VGE

Valéry Giscard d'Estaing, que j'ai photographié à plusieurs reprises à l’Académie française dont il était membre depuis 2003, vient de mourir à l'âge de 94 ans des suites du Covid-19. Si l'homme n'a pas toujours été aimé des français, on peut lui reconnaître les mesures importantes qu'il a engagées au début de son mandat de Président de la République en 1974. Évidemment la loi qui légalise l'avortement avec la Ministre de la santé Simone Veil, le remboursement de la pilule par la Sécurité sociale et sa délivrance aux mineures sans le consentement des parents, la création d'un Secrétariat à la condition féminine qu'il confie à Françoise Giroud, le divorce par consentement mutuel, l’abaissement de la majorité civique à 18 ans au lieu de 21, ouvrant le droit de vote à 2,5 millions de jeunes… majoritairement à gauche, le démantèlement de l’ORTF qui abolit le monopole public de la radio et de la télévision. Faisant face au premier choc pétrolier de 1973, il indemnise les récents licenciés économiques sur la base de 90 % de leur dernier salaire pendant un an, il met aussi fin aux écoutes téléphoniques, à la censure dans le cinéma, et la France sort ainsi peu à peu du Moyen Âge. Il instaure également le collège unique afin de favoriser un égal accès de tous les enfants à l’enseignement, généralise la mixité dans les écoles, il crée le contrat de travail à durée déterminée, une loi d'orientation en faveur des handicapés. Toutes ces mesures ont heurté une bonne partie de l’électorat de droite et ont fait dire au quotidien communiste L'Humanité : «Valéry Giscard d’Estaing a l’intelligence de s’adapter, de prendre l’air du temps.» On peut citer aussi d'autres réformes ou initiatives : Pour la première fois de son histoire, Paris aura un maire élu et non désigné par les autorités de l’État. VGE lance le chantier du TGV (le premier, entre Paris et Lyon). Les parlementaires, 60 députés ou 60 sénateurs, peuvent désormais saisir le Conseil constitutionnel. Européen convaincu, il propose l’élection du Parlement européen au suffrage universel, et impulse, avec son complice allemand Helmut Schmidt, le Système monétaire européen (SME), l’ancêtre de l’euro, la création du Conseil européen et œuvre à la réconciliation franco-allemande. Malheureusement la suite du septennat de cet homme brillant et moderne ne sera pas toujours à la hauteur de toutes ces réformes, et au-delà de la politique qu'il mènera, son arrogance et ses manières aristocratiques lui seront souvent reprochées, malgré quelques tentatives pour apparaître plus humain.

VGE
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Publié dans Chroniques

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Ecoutons ces merveilleux anciens

Publié le par Michel Monsay

Ecoutons ces merveilleux anciens

A la fois dialogue et interview croisée très bien menée par le journaliste Denis Lafay, cette rencontre exceptionnelle entre l’indispensable Edgar Morin, philosophe et sociologue de 99 ans à la pensée claire et lumineuse, et Pierre Rabhi, paysan de 82 ans, pionnier de l’agroécologie en France, poète, penseur, conteur, expert pour l’ONU sur les questions de sécurité alimentaire, est un moment qu'il ne faut rater sous aucun prétexte. Tout y est dit sur l'évolution de l'humanité des tout débuts jusqu'à nos jours avec cette pandémie. Leur analyse est remarquable d'intelligence et répertorie les innombrables dysfonctionnements induits par les hommes au fil du temps, notamment la modernité qui était censée apporter le meilleur à l'humain et s'est révélée une source de méfaits comme l'individualisme, le matérialisme, le néolibéralisme, la mondialisation, mais aussi la science et la technique qui n'ont pas été maîtrisées par la conscience humaine. Ces deux frères d'âme nous délivre une formidable leçon de vie avec une vivacité et une lucidité impressionnantes, en appelant à tourner le dos à cette civilisation du profit et de l'égoïsme, pour aller vers plus de fraternité, de conscience écologique,  et savoir se servir des extraordinaires aptitudes des humains avec intelligence afin d'éviter le pire. Cela commence par un changement fondamental du système éducatif pour tendre vers un autre paradigme dès le plus jeune âge. Prenez le temps d'écouter ces grands hommes, leur simplicité, leur générosité, leur humanité, leur sagesse, et les enseignements qu'ils tirent de ce qu'ils ont vécu personnellement ou dans le monde qui les a entourés. C'est à méditer et à mettre en pratique le plus vite possible, mesdames et messieurs les politiques mais aussi les citoyens.

Publié dans Chroniques

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Actualités du confinement

Publié le par Michel Monsay

Actualités du confinement

Tout d'abord, le discours émouvant d'Agnès Jaoui aux assisses du collectif 50/50, qui lutte en faveur de la parité et de la diversité. La cinéaste et comédienne évoque les agressions qu’elle a subies, les injonctions faites aux actrices, la représentation et les conditions de travail des femmes dans le monde du cinéma, le diktat de la beauté, l'immense influence des images, ... En tirant le fil de sa vie en 6 minutes, ses paroles intimes et féministes ne peuvent que nous toucher et nous interpeler, elle conclut en citant la psychologue allemande Ute Ehrhardt : "Les filles obéissantes vont au ciel, les autres vont où elles veulent"

Puis l'excellent Soulcié toujours aussi pertinent :

Pour finir, la chanteuse et violoncelliste franco-algérienne Nesrine Belmokh, qui vient de sortir un premier album solo et nous en offre un extrait, où sa musique est un savant mélange de sonorités arabes et jazz.  Dès l'âge de six ans, elle apprend la musique et le chant, puis se spécialise dans le violoncelle, elle travaille avec Daniel Barenboim, Lorin Maazeel, le cirque du Soleil, joue dans un groupe de tango puis fonde un trio, Nes, avant de s'émanciper en solo. A l'écoute de ce très beau morceau, la voix et le violoncelle envoûtants de Nesrine nous donnent envie d'en découvrir davantage, tant sa musique hybride nous transporte

Publié dans Chroniques

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Bouche cousue

Publié le par Michel Monsay

Bouche cousue

Ce documentaire poignant sur les violences faites aux enfants est construit sur les témoignages glaçants de trois adultes qui ont subi des maltraitances durant leur enfance, et sur des mineurs accompagnés de leurs parents auditionnés par Édouard Durand, juge des enfants du tribunal de Bobigny. Ce magistrat formidable est totalement axé sur l'intérêt de l'enfant, et sa manière de les écouter, de les regarder, de les mettre en valeur, de les rassurer de sa voix douce, de mettre des mots sur leurs émotions ou souffrances, est fascinante. La préparation de ce documentaire a nécessité un an d'attente pour avoir l'autorisation de filmer dans le bureau du juge, puis ensuite parvenir à se faire le plus discret possible afin de ne gêner ni le juge, qu'il a fallu convaincre d'être à l'image, ni les enfants et parents, même si on ne les voit jamais et dont les noms et prénoms ont été modifiés, la caméra étant sur Édouard Durand ou sur les pieds ou les mains des enfants, qui en racontent déjà beaucoup en les observant. Ce juge, qui voit chaque année 536 mineurs en protection de l'enfance, travaille depuis des années sur la question des enfants témoins et covictimes de violences conjugales, et ses travaux ont inspiré Xavier Legrand dans l’écriture du film "Jusqu'à la garde". "Bouche cousue" interroge sur la difficulté de nos institutions à suspendre le lien parental lorsque celui-ci nuit à l’enfant, voire même dans certains cas, comme le pense le juge, d'arrêter les visites des parents lorsque les enfants sont placés dans une famille d'accueil. Autre qualité de cet excellent documentaire, il nous permet de mieux comprendre la complexité pour un enfant maltraité de parler, il est à la fois en état de sidération, mais il veut aussi paradoxalement protéger ses parents, il a aussi peur d'empirer la situation. Voilà pourquoi tous ces témoignages sont essentiels afin de sortir les enfants de leur isolement, et abandonner cette culture patriarcale qui est imprégnée de l'idée qu’un enfant appartient à ses parents et que la société n’a pas à s’en mêler. N'oublions pas qu'en France, un enfant meurt tous les quatre jours sous les coups de ses parents.

Ce documentaire puissant est à voir ici

Publié dans replay

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