Quand la passion de la danse est plus forte que la douleur
C’est l’histoire d’un danseur étoile très doué qui a cru ne plus jamais pouvoir remonter sur une scène. Miracle de la volonté, du travail et du courage, Steven McRae a remis les chaussons. Danseur étoile du Royal Ballet de Londres, Steven McRae est tombé un soir de 2019 en plein spectacle : rupture du tendon d’Achille. Le rideau est tombé. Un autre danseur a terminé la représentation de Manon. Après l’opération et le temps d’immobilisation, Steven a dû tout réapprendre : à se muscler, à marcher. À patienter. À croire en un retour possible. En racontant dans ce beau documentaire son parcours du combattant, le réalisateur Stéphane Carrel fait le portrait d’un homme et d’un artiste. Mais aussi celui d’un athlète à la vocation précoce et qui, comme il l’admet, a poussé trop loin son propre corps pour rester une étoile. La beauté de la danse classique, son exigence aussi, sont partout et le film fait la part belle aux ballets. Mais il y a tout ce qu’on s’inflige à soi-même pour atteindre le sommet. Puis pour y rester. Né en Australie, Steven McRea a développé dès son plus jeune âge un don pour la danse. Il a quitté ses parents, son pays, pour étudier sur un autre continent et intégrer l’un des plus prestigieux corps de ballet du monde. Tout au long de Resilient Man, on observe l’énergie et le travail, la complicité des coachs, chorégraphes, professeurs et partenaires. La famille aussi : car Stephen est marié à une danseuse qui a renoncé à sa carrière et ils sont parents de trois enfants. On constate ainsi tout le monde qu’il faut pour aider un homme à se remettre debout. En cela le film touche à l’universel, raconte le dépassement dont tout être humain est capable. A ses yeux, cette blessure, avec laquelle il doit apprendre à vivre 24 heures sur 24, ne doit pas dicter son existence. On est au plus près de l'artiste. Gros plan sur un pied ou regard dans le vague, rien n'échappe au réalisateur. Le format du film est le plus souvent celui d'une confession où Steven McRae se décrit comme un enfant à charge de plus pour sa femme, humour british bienvenu. Il lui faudra un an pour se sentir confortable en marchant. Et plus encore pour espérer danser. Une éternité tant la carrière de ce genre de solistes est courte. Parmi les instants les plus prenants du film, le danseur, face aux élèves de la Royal Ballet School, évoque ses défauts : ne penser qu'à danser mais sans passion jusqu'au point de rupture, bourré de médicaments et incapable de prévenir la blessure. Un documentaire aux somptueuses images, où la danse est reine, et la narration, qui frôle parfois la fiction pour mieux explorer les enjeux dramatiques, est au plus proche de ce fabuleux danseur.
Resilient man est à voir ici pour 2,99 € en location sur Canal VOD en créant un compte sans abonnement.