À l'Opéra de Paris, la diversité avance à petits pas

Publié le par Michel Monsay

À l'Opéra de Paris, la diversité avance à petits pas

Les parcours de l'excellent danseur étoile Guillaume Diop et la contrebassiste Sulivan Loiseau montrent à quel point la diversité est un sujet sensible au sein de l'Opéra. 11 mars 2023, à l'issue de la représentation de Giselle, à Séoul, et pour la première fois de son histoire, l’Opéra de Paris nomme un jeune homme noir danseur étoile. Guillaume Diop a alors 23 ans. Son couronnement est salué par des réactions de folie dans le monde entier. Non seulement ce jeune interprète hyper doué crée la surprise en sautant un grade de la hiérarchie de la troupe, mais il devient le symbole de la diversité au cœur de l’institution parisienne. De ce titre, il en tire une grande fierté, mais aussi une immense responsabilité. Lui qui a manqué de modèle au cours de son apprentissage, mesure à quel point il devient un symbole pour les tout jeunes danseurs, et danseuses, qui rêvent d'entrer à l'Opéra. Dans ce très bon documentaire, Guillaume Diop se livre, raconte ce sentiment d’illégitimité qui le pousse à travailler toujours plus et la violence des mots assénés. Être noir à L'Opéra nous emmène ainsi dans les réunions du comité consultatif diversité de l’Opéra. Séquences sans commentaire qui ne manqueront pas d’en provoquer chez les téléspectateurs. Car l’Opéra semble figé dans une temporalité d’un autre siècle. Mais admettons, les choses bougent. Un tout petit peu. Au sein de l’orchestre, une jeune femme noire a fait son entrée : Sulivan Loiseau, contrebassiste, une pionnière, dixit une de ses amies. C’est aussi la nécessité de changer un regard, et de redéfinir le répertoire. La question est : comment remettre en cause les codes esthétiques de l’opéra ? En arrêtant, par exemple, d’utiliser du maquillage pour exagérer les traits des personnes racisées, en oubliant aussi les collants de couleur chair conçus uniquement pour les peaux blanches, ou en acceptant qu’un danseur noir porte des tresses plutôt que devoir se lisser les cheveux. L’évolution de la réflexion sur le sujet à l’Opéra national de Paris est passée par des étapes cruciales. En 2020, après l’affaire George Floyd et les manifestations Black Lives Matter aux États-Unis, Guillaume Diop et ses amis Letizia Galloni, Jack Gasztowtt, Awa Joannais et Isaac Lopes Gomes écrivent le manifeste De la question raciale à l’Opéra de Paris, qui sera signé par 400 collègues. Dans la foulée, en 2021, l’institution présente un rapport sur la diversité au sein de l'institution. Intime, le documentaire met en lumière le parcours du combattant des artistes de couleur pour faire leur place dans ce monde très homogène. Il pointe aussi les efforts menés par l'Opéra de Paris pour casser les stéréotypes en adaptant notamment certaines œuvres du répertoire. On mesure toutefois le chemin qu’il reste encore à parcourir.

Être noir à l'Opéra est à voir ci-dessous ou sur le replay d'Arte.

Publié dans replay

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