La révolution Dylan portée par le talent de Timothée Chalamet

Publié le par Michel Monsay

La révolution Dylan portée par le talent de Timothée Chalamet

Après avoir raconté Johnny Cash dans le formidable Walk the Line avec Joaquin Phoenix, James Mangold s’attaque à un mythe vivant, Bob Dylan, aujourd’hui âgé de 83 ans. Son film est porté par Thimothée Chalamet qui livre une prestation exceptionnelle. À 29 ans, il confirme que son ascension fulgurante dans le cinéma américain n’était pas une course d’étoile filante. Il est d’ailleurs sélectionné pour la deuxième fois aux prochains Oscars dans la catégorie meilleur acteur. Plus qu’un biopic traditionnel, Un parfait inconnu est un film sur la jeunesse, ses rêves et ses contradictions. Il rend très actuels la musique de Bob Dylan et son message. De quoi réunir aujourd’hui les générations. Thimotée Chalamet adopte les côtés énigmatique, cassant, charmeur, drôle et totalement génial de cet artiste atypique qui, guitare sur les genoux et clope au bec, écrivait frénétiquement à la machine ce qui formera le début de son œuvre. Mieux, l’acteur pousse le perfectionnisme jusqu’à chanter lui-même, avec sa propre voix toutes les chansons en prise directe, tout en s’accompagnant à la guitare, et c'est proprement bluffant, tout comme Edward Norton, qui interprète superbement Pete Seeger, et la magnifique Monica Barbaro qui joue et chante Joan Baez. Sans oublier Elle Fanning qui prête son visage diaphane au plus émouvant personnage de cette histoire, jeune femme condamnée à rester sur le côté de la route quand l'homme qu'elle aime chante que les temps changent. Le film s'intéresse aux débuts de l'insaisissable Bob Dylan, et dans ce temps circonscrit, à la naissance d'un poète, d'un chanteur, d'un mythe. À travers cet épisode fondateur et marquant de la vie de Dylan, le film raconte le combat en musique d'un nouveau monde contre l'ancien. Un parfait inconnu nous plonge dans une époque, celle d'une révolution de la musique, mais plus largement de la société. Dans un contexte politique marqué par la lutte pour les droits civiques ou la guerre du Vietnam, la jeunesse avide de liberté est désireuse de faire table rase des carcans du passé. Une révolution annoncée et portée par la poésie d'un musicien hors normes, avec une plume d'or. La musique de Dylan, ses chansons et ses mots inondent le film, qui restitue avec une justesse saisissante, le processus créatif, la naissance et la construction d'un artiste surdoué, et son chemin pour affirmer sa propre singularité. Dans des décors minutieusement reconstitués, en se focalisant sur cette tranche de la vie de Bob Dylan (1961-1965), James Mangold filme magistralement son sujet et cette époque en évitant l'écueil d'un biopic bavard et en parvenant à saisir une part de l'âme de ce musicien poète, le seul de l'Histoire récompensé par un prix Nobel de Littérature.

Publié dans Films

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