Émouvant amour maternel dans l'enfer de la guerre
Les aventures du jeune héros métis de Blitz sont frappées par la violence, la mort, la faim et le racisme, à mi-chemin entre les récits de Charles Dickens, des frères Grimm et Pinocchio, et elles le mènent à une conscience terrible de la cruauté du réel de Londres en septembre 1940. Dans un geste romanesque, le cinéaste anglais Steve McQueen, dont on avait adoré 12 years a slave, le confronte peu à peu aux mensonges des adultes, à la cruauté du monde qui l’entoure et finalement à une triste vérité, où son innocence d’enfant ne pourra rien face à l’horreur de la réalité. Et au film de gagner encore en force lors du déferlement chaotique touchant Londres, lorsque le jeune garçon est véritablement aspiré par une guerre intraitable dont il est une victime collatérale. Steve McQueen déploie toute l’envergure de sa mise en scène pour sublimer l’ensemble, notamment en reconstituant le Londres bombardé de 1940. Qu’il filme la rude bataille de pompiers pour éteindre un bâtiment en feu, l’inondation angoissante d’une bouche de métros, la chute stridente des bombes dans la Tamise ou filme l’ampleur des dégâts dans un magnifique plan aérien, le cinéaste offre un choc visuel absolu. Empruntant à tous les genres (le mélodrame, le film de guerre, le conte, le récit initiatique, le fantastique), il signe une fiction qui a le bon goût de ne ressembler qu'à elle-même. Inventif et virtuose au cœur de chaque plan, Steve McQueen met en scène dans le même geste de cinéma la calamité d'une époque et l'univers mental d'un enfant confronté au pire. En parallèle des tribulations du jeune garçon, le réalisateur fait aussi le portrait de sa mère et de ses amies, qui triment à l'usine, se serrent les coudes et vont danser le soir, la joie étant décuplée en temps de guerre. Un des talents les plus inattendus chez un cinéaste venu des arts plastiques est cette qualité de la direction d’acteur. Steve McQueen sait aussi bien utiliser les pouvoirs prodigieux de Saoirse Ronan, capter l’intensité de jeu du jeune Elliott Heffernan, qu’éveiller en Paul Weller une présence à l’écran, qu’on n’aurait pas soupçonnée chez l’ancien chanteur de The Jam et du Style Council. L'excellent Stephen Graham terrifiant en pilleur opportuniste ou un autre musicien, Benjamin Clementine, qui incarne avec un charisme étonnant un policier militaire venu du Nigeria, s’ajoutent à la cohorte des seconds rôles qui peuplent cette ville en feu dont le spectacle nous ramène inlassablement à la vie quotidienne de tant d’endroits sur Terre, au XXIe siècle.
Blitz est à voir ici sur Apple Tv+ pour 9,99 € un mois sans engagement ou en profitant de l'essai gratuit.
La bande-annonce ci-dessous est en vo, mais en regardant la série sur Apple Tv+ vous aurez les sous-titres en français.